L Anti-jésuitisme
174 pages
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L'Anti-jésuitisme , livre ebook

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Description

En 1762 apparaissait un opuscule de 112 pages, qui s'en prenait avec aigreur aux jésuites de France, qui étaient sur le point d'être bannis de France en 1763-64, déjà chassés du Portugal en 1759, puis le seraient de l'Espagne en 1767. Loin de toute problématique ontologique, ce Nouveau Catéchisme sur les affaires présentes des jésuites, à l'usage des disciples de la grâce, ou l'anti-jésuitisme, exposé familièrement, par demandes et réponses se préoccupait davantage du gallicanisme et de l'influence accaparante des jésuites sur l'autorité de l'Église et sur celle du pouvoir royal. Cet ouvrage livre une édition commentée de ce brûlot anonyme et décrypte la démarche de l'auteur. Quelle pouvait bien être la cause de l'auteur du libelle ? Érudit mais hargneux, prenant le parti des jansénistes mais sans jamais aborder le sens même, ni l'action, dans la vie spirituelle, d'une allégeance janséniste, le portrait que dresse l'étude de Constant Venesoen soulève de nombreux points et vient éclairer d'un jour nouveau un édifiant témoignage d'époque.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 juillet 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342162479
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Anti-jésuitisme
Constant Venesoen
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'Anti-jésuitisme

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
À la mémoire de mon père, jadis élève au collège Saint-Jean-Berchmans.
 
Mes remerciements à mon fils, Paul Venesoen, M.A., pour sa contribution informatique et iconographique.
Nouveau catéchisme sur les affaires présentes des jésuites, à l’usage des disciples de la grâce, ou l’anti-jésuitisme, exposé familièrement, par demandes et réponses
 
À Nancy
Chez Jean-Baptiste Cusson
M D C C L XII
 
Édition critique et commentaires par Constant Venesoen
 
Avant-propos
L’étude d’un libelle anti-jésuite que nous proposons ne relève en rien d’une familiarité personnelle avec un membre de l’ordre des jésuites. En fait, nous n’avons jamais côtoyé un jésuite, et notre motivation relève strictement d’une comparaison raisonnable entre l’activité apostolique de l’ordre des jésuites et celle des jansénistes des xvii e et xviii e  siècles, ces derniers étant leurs ennemis jurés, soutenus occasionnellement et sans doute involontairement, par les philosophes du siècle des Lumières.
Un autre point de vue que nous voulons souligner, c’est que nous négligeons tout sur la spiritualité propre aux jésuites et de celle, différente, des jansénistes. En effet, leur seul point en commun est la conviction ontologique de la divinité de Jésus-Christ et de l’existence de Dieu, comme elle apparaît dans la Méditation cinquième de Descartes 1 (voir Œuvres et Lettres de Descartes , p. 310-316). Cette dialectique métaphysique est néanmoins absente, à la fois chez les jésuites et chez les jansénistes. Inutile de dire que la problématique ontologique n’est pas abordée dans le libelle anonyme. Nous sommes théoriquement dans une querelle autour du rapport affectif et spirituel entre l’homme et Dieu. Mais en réalité, ce qui importe pour le libelliste dont nous reprenons le texte, c’est davantage l’influence accaparante des jésuites sur l’autorité de l’Église et sur celle du pouvoir royal. Le gallicanisme est également au fond du problème. L’entente entre la France et Rome est fragile.
Un autre conflit sous-jacent surgit également entre les philosophes du xviiie siècle et la force intellectuelle des jésuites. La supériorité des uns fait ombrage à celle des autres, et crée une réticence persistante à toute entente à l’amiable.
Introduction 2
En 1762 apparaissait un opuscule de 112 pages, qui s’en prenait avec aigreur aux jésuites de France, qui étaient sur le point d’être bannis de France en 1763-64, déjà chassés du Portugal en 1759, puis le seraient de l’Espagne en 1767. Enfin, en 1773 la Compagnie de Jésus fut supprimée par le pape Clément XIV. Cet enchaînement de rejets ferait croire que les jésuites étaient devenus des malfaiteurs dangereux qui cherchaient à écraser l’autorité papale et à détruire les fondements de l’Église catholique.
Revenons aux Affaires présentes des Jésuites , à l’usage des Disciples de la grâce, ou l’anti-jésuitisme, exposé familièrement, par Demandes & par Réponses , publié à Nancy, chez Jean-Baptiste Cusson 3 . Faisons remarquer que l’écrit en question risquait de se noyer dans le flot des pamphlets anti-jésuites de l’époque 4 . Remarquons que les jésuites n’hésitaient pas pour contre-attaquer leurs ennemis 5 .
Il va de soi que le Nouveau catéchisme en question avait été écrit par un janséniste (hargneux), comme il ressort de la mention « disciples de la grâce ». Ce dernier détail nous ramène aussitôt aux interventions de Voltaire ou de d’Alembert, tous deux actifs dans la dénigrement des jésuites, et pas plus charitables par ailleurs à l’enseigne des jansénistes.
Les défenseurs des jésuites ont néanmoins insisté sur la bienveillance de Voltaire, telle qu’elle apparaît dans ses lettres au Père Porée 6 . Dans une lettre datée de 1728, on lit des passages attendrissants :
Si vous vous souvenez encore, mon révérend père, d’un homme qui se souviendra de vous toute sa vie avec la plus tendre reconnaissance et la plus parfaite estime, recevez cet ouvrage avec quelque indulgence, et regardez-moi comme un fils qui vient, après plusieurs années, présenter à son père le fruit de ses travaux dans un art qu’il a appris autrefois de lui.
La flagornerie, bien que courante au temps de Voltaire, n’en reste pas moins suspecte 7 , tout comme dans une lettre datée du 17 novembre 1738, au même Père Porée, où on lit :
Je vous dois plus d’une sorte d’hommage, c’est vous qui m’avez appris à penser. La sorte d’éloquence dont vous faites profession, n’étant que l’ornement de la vérité conduit naturellement à la philosophie, […] Je vous suis non seulement dévoué avec tendresse, mais je le suis à votre société qui m’a élevé.
Et Voltaire en remettra, d’abord en 1739, le 15 janvier, toujours au Père Porée :
Je vous conjure de dire à vos amis combien je suis attaché à votre société.
Relevons encore quelques passages d’une lettre datée de 1746 au Révérend Père de la Tour, jésuite, principal du collège de Louis-le-Grand :
J’ai été élevé pendant sept ans chez des hommes qui se donnent des peines gratuites et infatigables à former l’esprit et les mœurs de la jeunesse. Depuis quand veut-on que l’on soit sans reconnaissance pour ses maîtres ? [...] Si des jésuites ont un procès au Malabar avec un capucin, pour des choses dont je n’ai point connaissance, que m’importe ? Est-ce une raison pour moi d’être ingrat envers ceux qui m’ont inspiré le goût des belles-lettres, et des sentiments qui feront jusqu’au tombeau la consolation de ma vie ? [...] [et au sujet du Père Porée] Jamais homme me rendit l’étude et la vertu plus aimables. [...] [et au sujet des querelles théologiques] C’est sur quoi je ne cesse de m’étonner qu’on puisse les accuser d’enseigner une morale corruptrice.
Enfin, dans la même lettre, Voltaire entre dans le vif du sujet en rappelant la querelle entre jésuites et jansénistes :
Qu’on mette en parallèle les Lettres provinciales et les Sermons du Père Bourdaloue 8 , on apprendra dans les premières l’art de la raillerie, celui de présenter des choses indifférentes sous des faces criminelles, celui d’insulter avec éloquence ; on apprendra, avec le Père Bourdaloue, à être sévère à soi-même, et indulgent pour les autres. Je demande alors de quel côté est la vraie morale, et lequel de ces deux livres est utile aux hommes 9 .
Le camp de Voltaire est net : il soutiendrait la cause des jésuites. tonnamment, plusieurs années plus tard, en 1761, lorsque Voltaire réside à Ferney, il ne semble plus avoir autant de sympathie pour les jésuites. En effet, il écrit à Helvetius le 2 janvier :
Vous aurez peut-être ouï-dire à quelques frères que j’ai des jésuites tout auprès de ma terre de Ferney ; qu’ils avaient usurpé le bien de six pauvres gentilshommes, de six frères, tous officiers dans le régiment de Deux-Ponts ; les jésuites, pendant la minorité de ces enfants, avaient obtenu des lettres patentes pour acquérir à vil prix le domaine de ces orphelins ; que je les ai forcés de renoncer à leur usurpation, et qu’ils m’ont apporté leur désistement. [...], mais je vous répète qu’il ne faut pas plus craindre ces renards que les loups de jansénistes, et qu’il faut hardiment chasser aux bêtes puantes. Ils ont beau hurler que nous ne sommes pas chrétiens, je leur prouverai bientôt que nous sommes meilleurs chrétiens qu’eux.
Le 11 mai, la même année, Voltaire durcit le ton, mais avec des nuances :
Les jansénistes, les convulsionnaires, gouvernent donc Paris ! C’est bien pis que le règne de jésuites ; il y avait des accommodements avec le ciel du temps qu’ils avaient du crédit ; mais les jansénistes sont impitoyables. Est-ce la proposition honnête et modeste d’étrangler le dernier jésuite avec les boyaux du dernier janséniste ne pourrait amener les choses à quelque conciliation ?
Enfin, en mai 1761, Voltaire écrit à d’Alembert :
On se plaignait autrefois des jésuites ; mais saint Médard devient plus à craindre que saint Ignace. Si on peut étrangler le dernier moliniste avec les boyaux du dernier janséniste, rendons ces perturbateurs du repos public ridicules aux yeux des honnêtes gens. [...] Notre f… Académie a donné pour sujet de son prix les louanges d’un chancelier janséniste, persécuteur de toute vérité, mauvais cartésien, ennemi de Newton, faux savant et faux honnête homme.
On sait que d’Alembert 10 , plus que Voltaire, s’était déchaîné contre les jésuites, autant que contre les jansénistes, dans son ouvrage de 1765, Sur la destruction des Jésuites en France 11 . On y lit :
Les jésuites étaient les troupes régulières et disciplinées luttant sous l’étendard de la Superstition [...] Les jansénistes ne sont que des cosaques dont la Raison va vite se débarrasser maintenant qu’ils doivent se battre seuls.
Tel était le ton agressif des philosophes au xviii e  siècle, avant et au lendemain du bannissement des jésuites de France 12 . Il va de soi que de part et d’autre l’argumentation était plus viscérale que rationnelle. Ni Voltaire, ni d’Alembert, ni même Diderot 13 , le plus violent de tous 14 , dans le siècle de la raison, n’ont jugé l’action des jésuites avec une sérénité « cartésienne ».
Pour mieux comprendre l’antagonisme au xviiie siècle entre les deux partis, il faut remonter au xvie siècle et à la guerre de religion, im

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