L Ankylose - Conte chimérique
40 pages
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L'Ankylose - Conte chimérique , livre ebook

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Description

« Combien n'aurait-il pas préféré être derrière l'une de ces fenêtres, à humer le fumet d'un bon rôti ! Quel tourment le poussait, lui, à braver les intempéries, à préférer les audaces, à préférer l'ombre à la lumière, à se sentir bien de faire ce qui lui plaisait plutôt que ce qu'il faudrait, fuir la compagnie de ceux dont il n'était pas sûr, plutôt que de s'abriter dans la sécurité d'un groupe établi, à accepter de se singulariser au besoin, plutôt que de se fondre dans la foule inepte. Il était là, frissonnant de froid à la vue de la neige, et d'aise à la fois de se sentir si bien protégé contre elle. » Loin de la chaleur domestique, le soir du 31 décembre, un homme brave la morsure du froid. Il attend la venue de quelqu'un. Être réel ou imaginaire, l'inconnu du rendez-vous tarde à venir. L'heure des comptes a pourtant sonné et, dans ce paysage féerique, l'attente le pousse à ouvrir sa boîte à souvenirs. Marcel Lutin nous transporte dans un conte chimérique où la neige, rayonnante et froide, est éphémère comme la vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 janvier 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342158458
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Ankylose - Conte chimérique
Amer Llunict
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'Ankylose - Conte chimérique
 
Avant-propos
Cet homme attendait sous la neige. Je le percevais très bien et très nettement dans l’atmosphère du moment.
Dès qu’il commença à s’exprimer, je le perdis de vue. Tous les efforts pour le rattraper, pour le réintégrer, restèrent vains. C’était comme s’il s’était évanoui, comme une pensée fugace, comme un rêve, comme une fumée au souffle d’un vent changeant, et j’ai dû conter son conte sans lui.
 
L’homme, emmitouflé dans ses chauds vêtements de classe (pas de marque, il n’a jamais apprécié cette bêtise) attendait, tantôt campé sur ses deux solides jambes, tantôt prenant la pose à la James Bond, dans la nuit noire et glacée. Au loin, il voyait scintiller les lumières de la ville, où chaque quartier dans son agglomération, où chaque immeuble dans son quartier, où chaque foyer dans son immeuble paraissait tranquille, où dans chaque foyer, il y avait des âmes au parcours tracé et protégé.
Et dire que là ou brillait chacune de ces lumières, il y avait des dindes rôties, des cailles rôties, des agneaux rôtis, des jambons, des champagnes, des vins fous, des cuisinières affairées ou attentives, des sourires, même des curés qui s’affûtaient la langue… et la panse dans les presbytères en attendant le sermon de minuit, et la restauration qui suivrait. Et comme celui qui attendait dans la nuit et sous la neige avait tout son temps, pour tuer le temps, il se rappela par association d’idées ce personnage de Victor Hugo qui disait à son cheval : « Viens, rentrons mon fidèle alezan, je te baille, pour ripaille, plus de paille, plus de son, qu’un gros frère, gai, friand, ne peut faire, mendiant par les places où tu passes, de grimaces en priant » ; cela l’avait toujours fait rigoler.
Derrière ces fenêtres éclairées, il y avait aussi les enfants anxieux et toutes ces victuailles, tout ce monde attendant l’horloge qui poussait le temps. Pas assez vite, pensaient certains ce soir-là derrière ces fenêtres éclairées. Dame, ce n’était pas tous les jours !
L’homme dans le froid attendait aussi l’horloge, qui poussait l’inconnu vers le rendez-vous. Combien n’aurait-il pas préféré être derrière l’une de ces fenêtres, à humer le fumet d’un bon rôti !
Quel tourment le poussait, lui, à braver les intempéries, à préférer les audaces, à préférer l’ombre à la lumière, à se sentir bien de faire ce qui lui plaisait plutôt que ce qu’il faudrait, fuir la compagnie de ceux dont il n’était pas sûr, plutôt que de s’abriter dans la sécurité d’un groupe établi, à accepter de se singulariser au besoin, plutôt que de se fondre dans la foule inepte.
Il était là, frissonnant de froid à la vue de la neige, et d’aise à la fois de se sentir si bien protégé contre elle. Mais quel drôle d’endroit où se donner rendez-vous et à pareille heure !
Et d’ailleurs, qui attendait-il ? On était le 31 décembre : c’était le jour des comptes. Lequel des deux devait rendre des comptes à l’autre ?
Il avait certainement rempli sa part du contrat : les examens et l’apprentissage. Il s’était passionné pour les matières ardues, s’élevant dans sa propre estime, quand il sentait son esprit, mais il pouvait dire son corps tout entier, digérer et assimiler les difficultés et les connaissances qui le portaient au fur et mesure au-dessus du niveau moyen. Pas comme tout le monde, rechercher et attaquer les difficultés au lieu de les fuir, passer en force et dédaigner la souplesse et les méandres, il avait toujours fait cela. Cela ne veut pas dire qu’il avait toujours été un brillant conquérant : les coups avaient plu drus sur ses épaules. Mais les coups reçus avaient été aussi vite oubliés jusqu’à ce soir du bout d’année, et d’ailleurs, il en avait rendu un grand nombre au passage.
En attendant dans le froid, un défilé de tableaux se succédait dans sa mémoire.
D’abord, peut-être ramenés par le froid, tous les lendemains de réveillon, les petits matins gelés et déserts à la terrasse d’un café, face à un Cirque d’Hiver, où pas un véhicule ne tournait autour de cette place. Place blanche, c’était déjà différent, car quel que soit le jour ou l’heure, ou la saison, il était interdit aux gens de ne pas y venir, et même les fêtards y traînaient encore ; d’ailleurs, c’était l’époque de la fête foraine s’étalant sur tout le boulevard, et même à cette heure matinale, traînaient encore les reliefs, pourrait-on dire, de la fête.
Passèrent aussi dans sa mémoire, les réveillons bien fêtés chez les amis où l’on se réunissait et où l’on profitait pour une fois l’an, de se repaître des goûts et des saveurs dont on était sevrés ; passaient sous ses yeux l’appartement ancien bourré de monde, la musique, la danse, les cuisinières affairées, puis plus tard la rentrée à la maison par la route, légèrement, mais très légèrement obscurcie des petits matins des lendemains de fête. Euphorie et mirages.
Puis, pêle-mêle, le réveillon au sein de la famille âgée ou de ce qu’il en restait et qui réveillait les traditions.
Arrivaient même plus tard les réveillons des latitudes plus lointaines des restaurants réputés et insoutenablement bruyants, qui...

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