L Alger-Rien
262 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'Alger-Rien , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
262 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

A l'origine : le viol. Ground zero intime.
Après lui : rien, ténèbres, vide, néant, impossibilité.
Derrière le corps qui a grandi : l'enfant brisé, seulement lui, compact, diamant noir aux envies de meurtre, aux désirs de Dieu, incapable d'aimer et de caresser, de se déclarer et de se donner. Un enfant-fantôme inexorcisé qui ne cesse de générer autour de lui le no man's land.
Le statu quo paraît aujourd'hui insurmontable... si ce n'est fantasmatiquement.
Peut alors intervenir l'écriture : romanesque, folle, rassurante, apaisante, échappatoire, sésame vers la réalisation de soi.

Caïn Adam le justicier, Eden Adam l'ange, Sunrise l'adolescent... Chacune de ces figures romanesques fonctionne comme projections et reconstructions de soi. Dans l'accomplissement de leur vengeance et l'épanouissement de leurs sentiments amoureux, chacun de ces hommes est une autofiction issue de la barbarie première, né des métamorphoses d'un « je » annihilé.
Tous tentent ainsi, dans ces récits gigognes et interconnectés, de sauver l'enfant à jamais dévasté, de lui organiser, entre univers mystico-fantastique et bluette, une fuite hors du réel. Mais la création littéraire a-t-elle seulement ce pouvoir ?
Un labyrinthe littéraire dont vous ne sortirez pas intact.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 juin 2008
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342165593
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Alger-Rien
Badr Eddine Smaini
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'Alger-Rien
 
 
 
 
Préambule : Caïn Adam est un homme de trente ans
 
 
 
Il a été violé par son père, de l’âge de trois ans à l’âge de sept ans. Sa mère l’a obligé à garder le silence. Son esprit, son cœur et son âme ont été anéantis. Il sait que si son père a violé son corps, sa mère a violé son âme. Lorsqu’il était petit garçon, il a appris que le mensonge est la vérité. Une fois devenu un homme, il a appris que la vérité n’est que mensonge. Il a survécu à l’horreur. Il ne sait pas pourquoi, il ne sait pas comment, mais Caïn Adam a décidé de se venger. Là, l’imaginaire prend déjà le dessus. Sa mission :
- tuer les lâches qui font souffrir les innocents ;
- tuer les traîtres qui gardent le silence.
 
Il est le tueur d’âmes.
L’âme est la force de vie qui permet d’apprécier la vie et d’établir des relations saines et durables avec Dieu, le Créateur.
L’inceste, l’agression extrême, viole non seulement le corps, mais aussi le cœur et de l’âme ; il réduit à néant les relations d’un homme avec Dieu.
Caïn Adam ne tue pas ses ennemis physiquement, pas lorsqu’il est question d’enfants violés. Il veut montrer et démontrer que violer un enfant, c’est détruire son esprit, son cœur et son âme. Il agit donc de manière à plonger ses ennemis dans la prison du néant. Car c’est bien là, dans le néant, que Caïn Adam a lui-même été fait prisonnier par ses propres parents. Sa méthode consiste donc à garder en vie les parents violeurs de l’enfant qu’il venge et à faire en sorte que leur vie soit un enfer.
 
 
 
I – La vengeance est-elle la meilleure des justices ?
 
 
 
Dans une vieille cabane abandonnée se trouvent un homme et une femme, la bouche bâillonnée et les poignets et les chevilles attachés par des cordes très épaisses. Des cordes qui font mal. En face d’eux, un homme et un adolescent. L’homme a environ trente ans. Il s’appelle Caïn Adam. Un nom prémonitoire lorsqu’on sait que, dans la Bible, Caïn est devenu meurtrier après avoir tué son frère et qu’Adam est responsable devant Dieu de la mort de ses descendants. L’adolescent, qui a dix-sept ans, s’appelle James Lightsun.
Ils sont debout l’un à côté de l’autre et regardent l’homme et la femme qui gémissent. Ces derniers sont terrifiés ; leurs regards ont les yeux de l’horreur, qui se lit également sur leurs mains crispées. Leur respiration est haletante. Ils essaient de trouver un moyen d’échapper à ce qui va leur arriver en s’adressant comme ils le peuvent à l’homme et à l’adolescent. Caïn se tourne alors vers James et lui demande :
— Tu es prêt ?
James voudrait répondre, mais les mots restent coincés dans sa gorge.
— Ce n’est rien, dit doucement Caïn afin de le rassurer.
Il porte un 44 Magnum dans son holster. De sa main droite, il prend le revolver. Il vérifie que les chargeurs qu’il a prévus pour ne pas manquer de munitions et le couteau dont il aura bientôt besoin sont bien posés sur la table, juste à côté de lui. Il se place alors devant James et tend la main en direction de l’homme et de la femme. Il tourne de nouveau son regard vers James, mais cette fois-ci sans rien dire. Leurs regards se croisent. Ils se comprennent. James tend lui aussi sa main et l’approche de celle de Caïn jusqu’à toucher le revolver.
— Je me contenterai de tenir l’arme pour guider ta main. C’est toi qui appuieras sur la détente.
Caïn prit alors le revolver de manière à ce que James puisse tirer. James prit le revolver à son tour. Il était prêt à tirer. Caïn était calme, très calme. James, quant à lui, était nerveux et angoissé. Pas parce qu’il avait peur de ce qui allait se passer, mais plutôt parce qu’il avait peur de ne pas aller jusqu’au bout. Caïn savait que le temps qu’il leur restait était compté, car la venue des secours devait se faire sans que ceux-ci soient bloqués par la circulation ou occupés par une autre intervention, mais ce n’était pas le plus important. C’est pourquoi il reprit la parole :
— Calme-toi, James. Tu n’as aucune raison d’avoir peur. Tout va bien se passer.
La voix était à la fois douce et réconfortante, comme un rocher sur lequel on peut s’appuyer alors qu’on est sur le point de se noyer. James commença à se détendre. Sa respiration se fit plus calme, plus régulière. Il était prêt. Caïn dit, en regardant l’homme et la femme attachés et bâillonnés :
— Prends ton temps ! Rien ne presse. Souviens-toi que, lorsque ton père t’a violé la première fois, tu n’avais que trois ans. Souviens-toi aussi que ta mère t’a obligé à garder le silence alors que tu faisais tout ce que tu pouvais pour parler.
Tournant son regard vers Caïn, James dit :
— J’avais cinq ans, la première fois.
Caïn regarda alors James :
— Moi, j’avais trois ans, la première fois…
Ce qui se passa à ce moment-là, lorsqu’ils se regardèrent, aucun mot humain ne peut le décrire. Mais une chose était certaine, ils seraient tous les deux plus forts après cela. Caïn regarda l’homme et la femme et leur dit :
— Vous allez souffrir suffisamment longtemps pour que chaque seconde de douleur devienne une éternité. Je veillerai aussi à ce que les secours viennent assez tôt pour vous sauver. Vous devez survivre ! La mort n’est rien ! C’est rester en vie et souffrir sur un lit d’hôpital, pendant de nombreuses années, qui représentent quelque chose. Vous resterez paralysés tout le restant de votre vie. La mort n’est pas un châtiment, mais la vie en est un ! La vie est un jugement, une condamnation. Celui ou celle qui est mort ne peut pas connaître l’horreur. C’est pourquoi vous allez rester en vie. Pour l’instant, vous vous sentez sûrement rassurés à l’idée que vous n’allez pas mourir… C’est parce que vous ne savez pas ce qui vous attend ! Etre en vie et ne pas pouvoir vivre, voilà le sens même de l’horreur ! Folie ! Humiliation ! Souffrance ! Désespoir ! Culpabilité ! Honte ! Néant ! Rester en vie alors que vous n’aurez qu’un seul désir, mourir, voilà votre châtiment ! C’est ce que vous avez infligé à votre fils, c’est donc ce châtiment que vous subirez. Vous avez enfermé votre fils dans cette prison indestructible qu’est le néant et c’est exactement là que James va vous envoyer aujourd’hui : dans le néant . Mais, pour l’apprécier à sa juste valeur, il faut rester en vie. C’est donc pour cela que je vous répète : vous allez vivre ! Si vous aviez eu un soupçon de pitié pour votre fils, vous l’auriez tué plutôt que de le violer et de l’obliger à continuer à se faire violer. Vous devez payer pour votre crime impardonnable !
Caïn se tourna alors vers James.
— Dès que tu es prêt, tu me le dis…
James regarda Caïn dans les yeux. Il était calme, très calme et sûr de lui. Il avait attendu ce moment pendant douze années. Maintenant, il était prêt, il n’était plus le petit garçon sans défense de cinq ans qui se faisait violer par ses parents. Avec une voix grave qu’il ne se connaissait pas, James dit à Caïn, toujours en le regardant droit dans les yeux :
— Je suis prêt !
— Heureux que tu aies choisi la vengeance !
Il se tourna alors vers l’homme et la femme ; James, lui aussi, les dévisageait. Ils gémissaient et essayaient de se débattre, ce qui ne servait absolument à rien. Caïn les avait attachés si solidement qu’ils étaient exactement comme un petit garçon violé par son père et obligé de continuer à se faire violer à cause de sa mère. Impossible de s’échapper. Aucune issue. Aucun secours. Seuls face à l’horreur.
De sa main gauche, Caïn prit son téléphone portable :
— Steven ?
Une voix lui répondit :
— Fidèle au poste, Caïn !
— Appelle les secours !
— J’adore les bonnes nouvelles !
Caïn éteignit son portable et le rangea dans la poche de sa chemise. Il s’adressa alors à l’homme et à la femme :
— Je vais vous dire quelque chose que je déteste que l’on me dise : Vous avez de la chance ! Vous allez entrer dans le néant par une belle journée de printemps !
Caïn et James gardèrent le silence pendant quelques secondes. Ils savaient tous les deux à quel point le moment était important. Le silence avant l’horreur. Caïn dit à James :
— C’est à toi de donner le feu vert !
James sourit et appuya sur la gâchette. La première balle atteignit l’épaule gauche de l’homme. Caïn savait ce qu’il faisait. Avec un Magnum 44, une seule balle suffit à tuer un homme, en faisant d’énormes dégâts. Caïn avait appris à utiliser son arme comme un chirurgien utilise son scalpel. Deuxième balle dans l’épaule droite. Coude gauche. Coude droit. Genou gauche. Genou droit. Cheville gauche. Cheville droite. Poignet gauche. Poignet droit. Puis ce fut au tour de la femme. Caïn avait mis beaucoup de temps avant de pouvoir utiliser une arme aussi puissante avec une telle précision. Il ne fallait pas que la balle touche le corps de plein fouet. Au contraire, elle devait toucher la partie du corps visé pour faire beaucoup de dégâts, mais sans que cela mette en danger de mort la personne. La raison pour laquelle Caïn avait décidé d’apprendre une telle technique lui avait donné la patience et toutes les qualités nécessaires pour réussir ce qui était impossible pour quelqu’un d’autre. Cette raison, c’était la vengeance. Caïn savourait celle-ci comme un homme en plein désert qui n’a pas bu depuis deux jours déguste chaque gorgée d’une bouteille d’eau. Le sourire d’un homme qui a atteint le Nirvana illuminait le visage de Caïn. Le même sourire se dessina sur le visage de James.
L’horreur n’empêche pas les surprises. Ce que Caïn n’avait pas dit aux parents de J

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents