Juifs et chrétiens, frères à l’évidence : La paix des religions
230 pages
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Description

Le 28 octobre 1965, l’Église catholique opérait une véritable révolution. Par la déclaration Nostra Aetate, elle affirmait avec force le lien de parenté entre les chrétiens et le peuple juif. Une telle affirmation venait bouleverser deux mille ans de défiance judéo-chrétienne et inaugurer, après le temps du mépris, celui de l’estime. Alors que l’Église s’est jadis considérée, à tort, comme le « vrai Israël », revendiquant une sorte de monopole de la révélation divine, elle ne cesse depuis cinquante ans d’insister sur son héritage juif. C’est sur le sens et sur les promesses de cette amitié retrouvée que s’entretiennent Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, et Jean-François Bensahel, président de l’Union libérale israélite de France. Ils ne cherchent pas à réduire les différences ni à gommer les particularités. Mais, soucieux de mettre en œuvre l’« altérité du dedans » qui les réunit, ils dialoguent en frères jumeaux. Aujourd’hui, nombre de conflits semblent obéir à des raisons religieuses, et le monde paraît submergé par les fondamentalismes. Faut-il les laisser gangrener l’humanité ou, au contraire, chercher à promouvoir l’entente et le dialogue ? La rencontre entre Jean-François Bensahel et Mgr d’Ornellas est capitale. Bien plus qu’une simple discussion, elle est traversée d’une évidente urgence : christianisme et judaïsme forgent ensemble une arche de paix pour tous les hommes et l’expression sereine de leur diversité. Plus qu’un vœu pieux, un programme quasi politique. Mgr Pierre d’Ornellas est archevêque de Rennes depuis 2007 et président de la Commission épiscopale pour la catéchèse et le catéchuménat depuis 2011. Il fut, de 1997 à 2006, évêque auxiliaire de Paris. Jean-François Bensahel est président de l’Union libérale israélite de France-synagogue de la rue Copernic. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 novembre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738164797
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , NOVEMBRE  2015
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6479-7
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
En mémoire du pape Jean XXIII, du cardinal Augustin Bea et de Jules Isaac
 

Nous tenons à remercier celles et ceux qui nous ont aidés à la réalisation de ce livre : le père Antoine Guggenheim qui permit notre rencontre, Thomas Gueydier, Bruno Charmet, les pères Patrick Faure et Michel Berder, le rabbin Philippe Haddad qui donnèrent des avis autorisés, et, de façon particulière, Perrine Simon-Nahum qui, pour le compte des Éditions Odile Jacob, a rendu nos propos plus ramassés sur l’essentiel, ainsi que Laurence Devillairs pour sa patience et sa diligence compréhensives.
Des rencontres ont permis à chacun de nous deux de comprendre intérieurement l’importance vitale du dialogue entre juifs et chrétiens. Ensemble, nous tenons à exprimer notre vive gratitude à ces personnes qui, en le sachant ou sans le savoir, nous ont mis l’un et l’autre sur le chemin de l’amitié qui donne vie à ce dialogue ou qui en est le fruit. Outre les personnes nommées au cours de notre échange, nous exprimons notre merci au père Marc Rastoin, jésuite, à sœur Cécile, carmélite, et à Valérie Régnier, représentante en France de la communauté de Sant’Egidio.
Gratitude spéciale soit offerte à la famille de Jean-François pour la compréhension et la patience dont elle a fait preuve durant ses trop longues absences dues au temps nécessaire à l’écoute mutuelle pour un véritable échange.
AVANT-PROPOS
Une révolution en marche

Aujourd’hui, le démon de la religion semble s’être emparé de nombre d’êtres humains. Il semble acquis que les religions sont condamnées à se faire la guerre et à faire peur. Pour preuve, le fondamentalisme assassin de la dignité humaine ou simple réducteur de la liberté en esclavage. L’histoire récente des relations entre juifs et chrétiens démontre opportunément l’inverse.
Il y a cinquante ans, en effet, l’Église catholique a accompli une révolution dont l’onde de choc n’a pas fini de se répandre pour le bien de tous les hommes : elle a radicalement modifié son attitude envers le peuple juif. Par la déclaration Nostra Aetate du 28 octobre 1965, elle a redécouvert et affirmé le lien spirituel qui la reliait au judaïsme, elle a reconnu publiquement le caractère consubstantiel de ce lien *1 . De l’inimitié et du mépris, elle est passée à plus que de l’estime, à de l’amitié.
Depuis, les hauts responsables de l’Église n’ont cessé de tisser les fils de cette révolution. Par des paroles sans ambiguïté et des gestes dépourvus d’équivoque, les papes successifs ont consolidé cette amitié naissante et pavé la route délicate de la réconciliation. Une nouvelle théologie s’est élaborée sous nos yeux. En avril 1973, les évêques français ont publié les « Orientations pastorales sur l’attitude des chrétiens à l’égard du judaïsme », saluées à l’époque par le grand rabbin de France, Jacob Kaplan, comme un « très grand acte » dont il appréciait « hautement la lettre et l’esprit ». Depuis, un certain nombre d’initiatives ont vu le jour.
La révolution est en marche. Il est essentiel de ne pas l’interrompre en chemin. L’Église aurait trop à y perdre ; le peuple juif a tant à y gagner. Pour les chrétiens, cette rencontre est aussi vitale que nécessaire. Pour les juifs, elle s’inscrit dans l’Alliance dont ils sont porteurs. Pour tous les hommes, elle est un message pour leur espérance.
Certes, le peuple juif a souvent accueilli ces manifestations d’amitié sur le mode de l’incrédulité, tant pesait lourd le passé de souffrances. Pourtant la main tendue de l’Église et le pardon qu’elle sollicite sont autant de gages de sérénité. Si les relations entre juifs et chrétiens furent longtemps marquées du sceau du malheur, elles résonnent aujourd’hui comme un bienfait à l’adresse de nos deux religions et, au-delà, pour l’humanité tout entière.
L’importance de l’enjeu est tel qu’il n’est plus possible pour le monde juif de faire la sourde oreille. Il doit savoir accueillir cela dans l’esprit du prophète Isaïe : « Voici, je vais créer des choses nouvelles, déjà elles éclosent : ne les remarquez-vous pas ? » (Es 43,19) Quant aux chrétiens, également destinataires de cette prophétie, ils savent qu’il en va de leur fidélité à « l’Évangile de Dieu » (Rm 1,1).
Nous en sommes convaincus. La célébration du jubilé de Nostra Aetate doit permettre d’en amplifier la formidable énergie et de poser les bases du jubilé qui s’ouvre devant nous : approfondissement par l’étude, multiplication des rencontres, prière les uns pour les autres, amour sincère vécu entre juifs et chrétiens. Ainsi grandira la confiance entre ces frères si dissemblables. Leur dialogue attestera de la fidélité à la bénédiction d’Abraham. Il les engagera à assumer courageusement leur responsabilité pour que soit protégée et valorisée la part infiniment précieuse d’humanité en chaque être humain.
Nous avons bénéficié de l’aide bienveillante de Damien Le Guay. Témoin éveillé de nos discussions, il a su nous pousser dans nos retranchements, nous conduisant à exprimer ce que, peut-être, sans lui, nous n’aurions pas osé dire. Il nous a obligés à mieux entendre le propos de l’autre. Nous lui exprimons notre amicale gratitude.
Nous avons conscience d’avoir balbutié, mais nous avons cherché avec droiture, en hommes de conviction, non en érudits. La relation inédite, intrinsèque et amicale, entre juifs et chrétiens, qui dépassent leurs peurs ancestrales pour se rassembler sur l’essentiel, ne peut laisser indifférents les témoins engagés, quelles que soient leurs croyances, en faveur d’une société nouvelle qu’il est urgent d’édifier : une société de la rencontre entre les hommes avec leurs différences, d’où émergera un nouvel humanisme riche de promesses.
Nous offrons nos propos à la bienveillance de lecteurs désireux de percevoir l’espérance à l’œuvre aujourd’hui : monte, de plus en plus puissamment et de toutes les parties du monde, un appel à la fraternité qu’il est impossible, désormais, d’ignorer. Cet appel universel reçoit une confirmation radicale de la nouveauté – l’amitié fraternelle – à laquelle juifs et chrétiens ont maintenant conscience d’être appelés par l’Éternel, notre Dieu. Celui-ci se révèle au cœur des hommes, non pour en faire des éternels rivaux mais pour les désigner comme frères très proches, afin que « la paix coule comme un fleuve » parmi les nations (Es 66,12). Béni soit-il !

Jean-François B ENSAHEL  Mgr Pierre D ’O RNELLAS
Pourquoi n’entendons-nous pas ?

Jean-François B ENSAHEL

C’est un fait. Nous n’entendons pas. Nous n’y croyons pas. Non pas à Jésus-Messie, à Jésus-Christ. Cela, c’est un fait connu de tous. Ce à quoi nous ne croyons pas, c’est au bouleversement opéré il y a un demi-siècle par l’Église catholique dans ses relations avec les juifs. Tel est le sens de sa déclaration Nostra Aetate promulguée le 28 octobre 1965. La section du texte consacrée au judaïsme a provoqué un séisme, dont l’onde de choc n’a cessé depuis de faire sentir ses effets. Après la Shoah, Rome reconnaissait que le peuple juif n’est pas le peuple déicide. Elle cessait de faire retomber sur les juifs, contemporains de Jésus ou leurs descendants, le poids de la crucifixion du Christ. Cette nouveauté nous a laissés incrédules. Après tant de cauchemars, il nous semblait inimaginable qu’un tel rêve puisse devenir réalité. Sans certitude aucune, et même si le chemin est long, il est en passe de s’accomplir.
Depuis Jean-Paul II 1 , Benoît XVI 2 , et maintenant François 3 , les papes n’ont cessé de déployer les conséquences de cet incroyable aggiornamento, de ce repentir public. Le peuple juif n’étant plus condamné au châtiment suprême de l’exil pour avoir refusé de reconnaître la divinité de Jésus, le Vatican a pu reconnaître l’État d’Israël 4 en tant qu’État du peuple juif. L’Alliance spirituelle entre Dieu et le peuple juif a été rappelée. De cela, l’Église catholique a tiré une autre conséquence. Ses plus hautes autorités ont proclamé les juifs, frères aînés des chrétiens, des frères bien-aimés, et ont considéré les chrétiens comme spirituellement « juifs ». Dès lors, un chrétien ne peut vivre sa foi sans reconnaître, et connaître, pleinement et activement, ses racines juives.
Les papes ont visité Jérusalem et sont venus prier au Kotel, muraille et vestige du second Temple. Ils se sont déplacés à plusieurs reprises dans les synagogues, manifestant ainsi leur volonté de renouer avec les institutions juives et leurs représentants. En un mot, ils se sont faits les apôtres de la réconciliation entre juifs et chrétiens.
Ce qu’a fait l’Église catholique, d’autres l’ont accompli à leur tour. Les Églises protestantes, l’Église anglicane et, aujourd’hui, l’Église orthodoxe se sont engagées dans cette voie.
Une Église a joué dans ce rapprochement un rôle particulier. L’Église de France, à travers sa déclaration de repentance de 1997, mais aussi l’attitude de ses évêques et cardinaux (comment ne pas évoquer Jean-Marie Lustiger ?), son Service des relations avec le judaïsme, et ses directeurs successifs, le père Dupuy (de mémoire bénie), le père Dujardin et, aujourd’hui, le père Desbois ont eu un rôle déterminant. Elle a œuvré pour que le judaïsme soit connu et reconnu par l’ensemble d

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