38
pages
Français
Ebooks
2020
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Ebook
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Publié par
Date de parution
21 août 2020
Nombre de lectures
9
EAN13
9782728930159
Langue
Français
"Jeune prêtre, Jean-Paul II avait longuement réfléchi et médité sur l’amour humain, le mariage et la famille, profitant de ses entretiens avec les jeunes pour approfondir ces questions essentielles. Une fois élu au siège de saint Pierre, ce ministère sacerdotal auprès des jeunes a pris une dimension universelle."
Quinze ans après la mort du saint pape, le cardinal Sarah démontre dans les trois textes réunis ici, avec toute la vigueur qui le caractérise, que Jean-Paul II avait anticipé avec une clairvoyance étonnante les attaques dont la famille ferait l’objet. Sa pensée devient ainsi une ressource de premier plan pour ceux qui cherchent la Vérité en ces temps troublés par le relativisme.
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Date de parution
21 août 2020
Nombre de lectures
9
EAN13
9782728930159
Langue
Français
AVANT-PROPOS
Les signes du temps Jean-Paul II et le sauvetage du projet humanisme
La canonisation du pape Jean-Paul II, le 27 avril 2014, fut celle d’un prêtre catholique qui a tenues captives les imaginations de générations entières pendant plus d’un quart de siècle. Par cette cérémonie, la volonté de l’Église rejoignait celle du peuple criant « Santo subito » et celles des nombreuses personnes, croyantes ou non, ayant manifesté leur attachement au pape défunt par leurs lettres adressées au « pape Jean-Paul II/Ciel ». La personnalité du pape Jean-Paul II a en effet touché des hommes et des femmes de tous horizons et fait de sa canonisation un moment véritablement œcuménique et interreligieux.
Cependant, depuis les années 1980, certains détracteurs de la pensée du pape diffusent l’idée que Jean-Paul II aurait été un pape refusant la modernité sur les plans aussi bien intellectuel que pastoral, le présentant volontiers comme celui qui aurait trahi les promesses du concile Vatican II. Parmi eux, les médias, qui parfois n’ont pas hésité à parler de saint Jean-Paul II comme d’un homme « prémoderne » rejetant le monde contemporain. Et pourtant, toute personne qui prendrait la peine d’étudier en profondeur la pensée de Jean-Paul II réaliserait sans aucun doute à quel point ces positions sont erronées, sur les plans tant intellectuel que culturel et historique.
Ainsi, dès avant sa nomination comme pape, alors qu’il n’était encore que Karol Wojtyła, sa pensée intellectuelle était pleinement ancrée dans son temps. Comme étudiant, il avait choisi d’étudier la phénoménologie de Max Scheler pour sa deuxième thèse de doctorat, et participé par ses travaux au renouvellement de l’anthropologie philosophique tout au long des années 1950. Il fut ensuite l’un des évêques les plus engagés d’Europe au niveau de la réflexion philosophique et théologique qui précéda Vatican II, s’entourant de philosophes, de théologiens, d’historiens, mais aussi de scientifiques et d’artistes de tous horizons intellectuels et montrant ainsi son ouverture et son ancrage dans la pensée de son temps. Il fut aussi un grand lecteur de philosophie et de littérature contemporaines, ne se contentant pas d’étudier les « classiques » qui le précédaient. Tout cela témoigne de la modernité de Karol Wojtyła, un homme résolument de son temps dès avant le début de son pontificat, à l’opposé de l’homme de l’ancien temps décrit par certains.
Mais l’examen du pontificat de Jean-Paul II confirme également qu’il était un homme étonnamment moderne. Moderne dans ses propos, en faisant de la rénovation de l’anthropologie chrétienne le programme de son pontificat, en défendant dès avant l’ONU l’universalité des droits de l’homme, en répétant inlassablement l’importance de la liberté spirituelle mais aussi en prônant un humanisme centré sur le « sujet », notamment dans sa célèbre encyclique Fides et ratio .
Moderne, aussi, dans ses nombreuses actions en faveur du dialogue interreligieux. On retiendra entre autres la visite de la Grande Synagogue de Rome et celle de la Grande Mosquée omeyyade de Damas, l’organisation à deux reprises de la prière commune à Assise, ou encore l’instauration de relations diplomatiques entre le Vatican et Israël. Sont-ce vraiment là les actions d’un pape de l’ancien temps ? On y voit plutôt les œuvres d’un homme résolument moderne.
De même, Jean-Paul II n’a pas eu peur de se confronter avec honnêteté à l’affaire Galilée et à ses effets secondaires sur le dialogue entre l’Église et la science, tout en favorisant le dialogue avec toute la communauté scientifique. Enfin, au niveau de la morale de l’Église, on peut relever sa description de l’amour sexuel au sein du lien matrimonial comme une icône de la vie intérieure de Dieu, la Sainte Trinité.
Par-dessus tout cela, Jean-Paul II était éminemment moderne dans la lecture alternative qu’il proposait de la modernité même. Ainsi, dans Fidei depositum, il affirme l’unité de la foi chrétienne en proposant l’image d’une « symphonie de la vérité », où les différents instruments jouent ensemble une musique harmonieuse. Il montre ainsi que, pour étudier la foi chrétienne des origines à nos jours, l’Église doit utiliser la méthode historico-critique qui donne aux chrétiens l’accès aux origines de leur foi, et des clefs pour interpréter la Bible de manière juste. La façon dont Jean-Paul II a voulu mener l’Église sur ce chemin évoque l’action de l’Esprit Saint qui conduit son Église dans la vérité du Christ.
La vérité morale exprimée par la foi catholique met au défi le relativisme moral postmoderne, qui prétend à l’inexistence de « la vérité ». Se fondant sur l’expérience pastorale et l’intense réflexion qui sont à la base de sa pensée philosophique et morale, Jean-Paul II affirmait qu’une réflexion philosophique sur la morale humaine révèle des vérités qui font partie intégrante de l’humain et qui nourrissent l’esprit et l’âme. Ignorer ces vérités présente selon lui un risque important, pour nous-même et pour le projet humain. Jean-Paul II voit dans le concile Vatican II une réponse à cette conception relativiste de la vérité, et ce parce qu’il met au centre de sa réflexion la personne humaine qui, en rencontrant le Christ, voit révélé le sens véritable de son humanité.
Le caractère sanglant du xx e siècle a démontré de façon évidente combien le grand projet humaniste des siècles précédents avait été torpillé. L’immense service que l’Église devait rendre au monde moderne était, pour l’évêque Karol Wojtyła, d’aider au sauvetage de ce projet par un humanisme centré sur le Christ. Une fois pape, il s’engagera pleinement dans cette direction.
Ainsi, Jean-Paul II rejoint l’idée exprimée par Alexandre Soljenitsyne dans son discours d’acceptation du prix Templeton en 1983 : pourquoi un siècle ayant débuté avec une solide confiance en l’avenir de l’homme est-il si rapidement devenu le siècle des plus grands massacres de l’histoire humaine ? De nombreux facteurs sont bien sûr en cause, mais, sous-jacent à ceux-ci, Soljenitsyne avait discerné une vérité profonde : « Les hommes-ont-oublié-Dieu. » Il est bon de se rappeler ici que, dans le monde slave dont sont issus Jean-Paul II et Soljenitsyne, c’est la culture et non la politique ou l’économie qui est le moteur dynamique de l’histoire. Le cœur de la « culture », c’est le « culte » : ce que nous chérissons, ce que nous estimons, ce que nous vénérons. Si l’objet de notre vénération est faux, la culture finira inévitablement par se corrompre. Lorsqu’une culture est corrompue et véhicule une fausse idée de ce qu’est l’homme, il en résulte une souffrance humaine sans précédent. Ainsi, le xx e siècle, en oubliant Dieu, a fait naître la barbarie.