Je crois que Dieu est plein de larmes
162 pages
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Description

« Cet homme ouvre les yeux, et je sens sa souffrance. Il sait que la vie le quitte. C’est un regard difficile pour celui qui accompagne et doit tenter d’apaiser, de rassurer. [...] Ce monsieur a souhaité voir son épouse. Le service s’est occupé très gentiment d’organiser cette rencontre. Ils sont très âgés tous deux. Elle est atteinte de troubles de la mémoire, du genre Alzheimer. Elle vit dans une résidence adaptée à sa dépendance. Cette dame, conduite en taxi à l’hôpital, entre dans la chambre. Aussitôt elle est auprès de son époux. Elle le regarde, le reconnaît, lui dit des mots tendres. Puis, les larmes viennent. Elle se tourne alors vers moi en cherchant un chemin de consolation. Elle me demande si elle peut lui prendre la main. J’aide à ce que leurs mains se rejoignent. Puis, je prends un peu de distance pour préserver leur intimité. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 février 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342002300
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Je crois que Dieu est plein de larmes
Michel Riou
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Je crois que Dieu est plein de larmes
 
 
 
À Eugène et Célina qui m’ont donné tant d’amour,
À ma famille et ceux que j’aime,
 
Aux évêques du diocèse de Coutances et Avranches car,  depuis mon ordination, c’est d’eux que je reçois  ma mission de diacre,
 
À RCF Calvados-Manche, à son directeur et au personnel qui m’ont fait confiance,
À ceux qui, dans notre Église, m’ont aidé à être ce que je suis avec mes fragilités,
À Pierre, curé de ma paroisse, respectueux de la priorité que je donne à mes missions,
À la mère abbesse et aux sœurs de l’Abbaye bénédictine de Valognes qui m’accueillent avec la fraternité du cœur,
Un merci à mes premières lectrices : Natacha, Marie-Samuel, Marie-Claude, Martine, ainsi qu’à Annick, pour son aide précieuse.
 
 
 
 
« Ne me secouez pas, je suis plein de larmes »
Henri Calet ( Peau d’ours – Éditions Gallimard, collection l’imaginaire).
 
 
 
« Quel est l’homme, aux accents d’une mourante voix,
Qui, lorsque pour l’entendre il a baissé la tête,
Ne trouve dans son cœur, même au sein d’une fête,
Quelque larme à verser, quelque doux souvenir
Qui s’allait effacer et qu’il sent revenir ? »
Alfred de Musset (« Le Saule »).
 
 
 
« Le bonheur suprême dans la vie c’est d’avoir la conviction d’être aimé… »
Victor Hugo ( Les Misérables ).
 
 
 
« Tu as compté, toi, mes déboires, recueille mes larmes dans ton outre ! »
(Psaume 59,9).
 
 
 
 
Préface
 
 
 
« Nous vivons une époque formidable » disait le chroniqueur d’une célèbre radio en concluant son billet matinal, s’étonnant ainsi des paradoxes que nos sociétés contemporaines construisent au fil des temps.
De ces paradoxes, s’il en est un qui n’échappe à personne, c’est bien celui qui voit – à l’heure des nouvelles technologies – s’affirmer d’une part une communication frénétique omniprésente et prioritaire et d’autre part, une communication vide, isolante, vaine, plus attentive à comment elle communique plutôt qu’à ce qu’elle communique, sauf quand il s’agit de vendre.
Michel Riou s’inscrit dans cette réflexion en rappelant la large diffusion d’outils comme la radio et la télévision qui, chrétiens ou non, interrogent sur le sens de la vie.
Ces précieux outils médiatiques garantissent le passage, au-delà des obstacles et des distances, de messages qui vont jusqu’à atteindre les solitudes les plus reculées.
C’est cette distance, la même qui existe entre foi et acte chrétien, qui se doit d’être abolie, cette distance aussi que ce livre entend souligner comme pour mieux la voir et l’affronter.
Ce livre se propose ainsi comme un écho de ce qui a été dit et transmis et qui perdure dans l’écriture. L’écho de « Paroles de vie » résonne et fixe l’écriture pour prolonger le temps de la réflexion chrétienne.
Philippe Mauger – Directeur « RCF Calvados – Manche »
 
 
 
 
Prologue
 
 
 
En Matthieu (Mt 15, 24), Jésus dit à ses disciples : Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël . En tant que diacre, j’ai reçu cette parole comme une invitation à aller à la rencontre de mes sœurs et frères en humanité, quelle que soit leur spiritualité.
Lors de mon ordination, notre évêque Monseigneur Jacques Fihey, m’a envoyé pour que je fasse preuve d’une charité sincère et que je prenne soin des malades et des pauvres   1 . À la suite de Jésus, Dieu fait homme, qui s’est abaissé à laver les pieds de ses disciples, comme diacre je suis en mission, avec humilité, au milieu des femmes et des hommes que je rencontre. Je côtoie et partage leurs joies et leurs peines, leurs ombres et leurs lumières. Je n’ai pas à juger, mais à accompagner, car j’ai moi-même mes propres fragilités humaines.
Lorsque ce fut l’heure de ma retraite professionnelle, je me suis intéressé à l’accompagnement de personnes malades et en fin de vie. J’ai pris contact avec une association laïque d’accompagnants en soins palliatifs pour le nord Cotentin. Après un temps de maturation et de formation, j’ai rencontré une équipe qui m’a accueilli avec beaucoup de chaleur. Chacun d’entre nous a sa spiritualité et la mienne est respectée, de même que nous respectons celles des personnes que nous accompagnons. J’ai toujours eu le sentiment que le Christ était là, dans mon implication, derrière moi, mais tellement plus grand que moi. En équipe, nous partageons régulièrement le vécu de nos engagements avec une psychologue et cela crée des liens très forts entre nous. Accompagner la fin de vie c’est surtout beaucoup d’écoute et une absence de jugement.
J’ai également pris contact avec la résidence pour personnes âgées, près de chez moi et je visite ainsi, régulièrement, des résidents.
Au cours de ces deux missions, j’ai rencontré des personnes touchantes, humbles, heureuses de la vie ou en souffrance, pleines d’amour à donner ou en manque d’en recevoir. Je crois que Dieu lui-même est fragile et cela m’aide à mieux comprendre ceux dont je croise le destin. Ce sont ces vies ordinaires qui recèlent une vraie richesse. Elles ont été la source de mes « Paroles de vie » sur RCF Calvados-Manche.
Ce sont aussi des leçons de vie. Agnostiques, croyants ou non croyants, vous trouverez dans ces récits des femmes et des hommes qui font l’expérience des fragilités humaines, de façon inconsciente ou non. Cela peut aider chacun de nous à mieux accepter les siennes et à croire que, malgré tout, nous avons tous la capacité à aimer, à être aimés et à pardonner.
Michel Riou, diacre.
 
 
 
 
Aimer jusqu’à la fin
 
 
 
La dignité de la personne malade
Dans le silence d’une chambre, une personne malade est là, assise dans un fauteuil. Elle vient d’apprendre… Le médecin l’a informée que sa maladie est grave. Elle a compris, elle sait ce que cela veut dire.
Elle a poussé un cri : pourquoi moi ? J’ai encore tant de choses à faire ! C’est injuste ! Et puis elle s’est tue. Le silence l’a enveloppée. Elle ne peut encore accepter, mais elle chemine doucement vers cette réalité : elle sait qu’elle va mourir…
Près d’elle, une autre personne est là dans ce silence. Sans un mot, leurs regards se rejoignent, leurs mains se touchent, puis se serrent.
Cette autre personne est un ou une bénévole d’accompagnement en soins palliatifs. Elle ne fait rien. Elle est simplement là pour écouter, accueillir la détresse des malades.
Puis la personne malade parle, déverse des larmes, dit sa souffrance. Le bénévole ne dit rien, mais dans les mains serrées et dans leurs yeux la réponse est là : je reste à tes côtés tant que tu as besoin de ma présence.
Demain, un autre bénévole passera. La personne malade acceptera ou refusera la visite, cela dépendra de son état. Mais elle sait que quelqu’un va venir. Quelqu’un qui n’est pas de la famille. Quelqu’un qui n’est pas un intime. Quelqu’un auquel elle pourra se confier de façon anonyme. Quelqu’un qui va l’écouter, qui ne jugera pas. La personne malade a tant de choses à confier pour se soulager. Elle sait qu’elle va subir une altération de son image corporelle ; qu’elle va avoir des difficultés dans les activités de son quotidien ; qu’elle va être en dépendance ; qu’elle a peur de voir la souffrance de son entourage et sa propre souffrance.
Si je vous raconte ce cheminement, c’est parce que je le connais bien. Je suis un de ces bénévoles dans une équipe laïque. J’ai vécu une expérience avec une malade qui a su me montrer qu’à travers la dégradation physique, un homme ou une femme ne perd jamais sa dignité.
J’ai rencontré Jocelyne un après-midi. La responsable de notre équipe m’avait demandé de passer la voir. Elle était en phase finale d’un cancer métastasé. Elle n’avait pas encore passé le cap du demi-siècle et j’appréhendais un peu. En entrant dans sa chambre, j’ai vu son regard qui me scrutait, puis son sourire. Je voyais bien les dégâts de la maladie, mais elle était maquillée, les ongles faits et colorés… Jocelyne tenait à rester présentable. Comme la parole devenait difficile, nous avons beaucoup échangé par le regard ou en nous donnant la main.
Elle avait fait mettre sur le mur de sa chambre, face à son lit, une photo d’elle un an auparavant, et le premier jour, c’est ce qui m’a étonné le plus. J’avais de la peine à décrocher mon regard de cette photo. Jocelyne avait été une belle femme et cette photo me gênait.
Il m’a fallu plusieurs jours pour comprendre le sens de son geste… La semaine suivante, lors de ma deuxième rencontre avec Jocelyne, c’est elle qui m’a questionné. Elle voulait savoir comment j’allais, comment avait été ma semaine… Et là j’ai compris. Jocelyne, malgré sa maladie, s’intéressait aux autres, en priorité, comme si elle avait été en bonne santé. Et j’ai senti avec la photo, qu’elle voulait nous montrer la femme qu’elle avait été. Et là il m’est venu une phrase spontanément : « Jocelyne, je ne fais pas de différence entre vous sur la photo et vous aujourd’hui. C’est Jocelyne que je viens voir et Jocelyne est pour moi la même que si je l’avais rencontrée il y a un an. J’échange avec vous, je partage, je vous écoute et vous aussi vous partagez avec moi et vous m’écoutez ».
J’avais compris que la dignité, c’est cet infini qui est dans toute personne. Cet infini, c’est une présence et la présence de Dieu personne ne peut l’effacer.
Ne pas confondre euthanasie et dignité humaine
L’une des causes principales de fragilité pour l’homme et la femme est, sans conteste, notre finitude. Dans le mot finitude, j’entends notre vieillisse

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