Hotu Painu
378 pages
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Hotu Painu , livre ebook

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Description

Breton de naissance et Polynésien d’adoption, Lionel Dodin entretient une relation symbiotique avec l’océan et son bateau, l’Hotu Painu, qu’il a lui-même construit. Marié et père de famille, il aime pourtant naviguer en solitaire et partir à la découverte des îles de l’Océan Pacifique sud, ces courtes traversées lui permettant de défier les éléments et de tester ses propres limites. A l’automne de son existence et envahi par cette irrépressible urgence de vivre, il multiplie les voyages au sud du Tropique du Capricorne, sur les traces des révoltés du Bounty ou encore vers les îles Cook. Autant de périples préparatoires à un projet plus ambitieux : un tour du monde, qu’il effectuera en 2005.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2007
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748373141
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0120€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Hotu Painu
Lionel Dodin
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Hotu Painu
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Première partie Hotu Painu au sud du tropique du Capricorne
 
 
 
 
 
 
Lundi 29 avril 1996.
Depuis trois jours, mon fier navire et moi voguons vers le sud à la recherche du grand albatros. J’ai décidé de ne faire demi-tour qu’après sa rencontre et me demande bien jusqu’à quelle latitude sud cela va nous emmener, car je veux aussi reconnaître les îles Morotiri au passage. Nous avons quitté Tahiti après un bon carénage et Hotu Painu glisse sur l’eau avec aisance. Pourtant, notre régulateur d’allure Canopus nous donne bien des soucis.
C’est un Ariès de la première génération, tout en bronze et inox, que je viens d’acheter d’occasion et qui a déjà un tour du monde à son actif. Je l’ai monté sur notre tableau arrière juste avant notre appareillage et n’arrive pas à le régler. Pour l’instant, je barre dix-huit heures par jour et mets en panne six heures pour dormir, mais je vais bien trouver l’astuce et pouvoir enfin bouquiner à l’ombre dans le cockpit. Nous avons bien un pilote électrique mais, sous voiles, il n’est pas assez puissant pour tenir le navire sur sa route. Par contre, au moteur c’est un équipier précieux.
Je commence à faire corps avec mon bateau, les automatismes reviennent et les rêves aussi, après un frugal dîner je m’allonge sur la bannette bâbord du carré où une toile antiroulis a été gréée pour mon confort en mer et lis un bouquin technique sur les pilotes électriques et les régulateurs d’allure. J’aurais dû commencer par là ! Notre régulateur est d’un type sur lequel il est prévu de croiser les drosses : je comprends maintenant pourquoi il ne fonctionne pas ! Enfin, dormons un peu, demain j’essaierai à nouveau.
Mardi 30 avril.
Position à midi : 19°39’S – 149°26’W –  139 milles au loch.
Avant de remettre en route, je croise les drosses de Canopus et hisse le yankee, nous repartons gentiment vers le sud et filons cinq nœuds, petit largue, avec du vent d’E/SE. File mon bateau, la mer est une voie idéale conduisant partout où je rêve d’aller.
J’ai enfin trouvé le bon réglage et Canopus a pris la barre en main, laissant libres les deux miennes, maintenant nous allons pouvoir naviguer vingt-quatre heures sur vingt-quatre et la moyenne journalière va bien s’améliorer.
J’ai mal à la hanche : hier au soir, en me penchant pour prendre des ingrédients dans les équipets de la cuisine, je me suis brûlé sur la cocotte-minute dans laquelle j’avais mis des pommes de terre à cuire. Je cherche dans la pharmacie et trouve de la pommade Biafine dont j’enduis la partie souffrante.
Les problèmes s’enchaînent : j’essaie de démarrer le moteur pour charger les batteries, mais il semble bloqué. Les cylindres sont pleins d’eau de mer, les grosses vagues qui nous rattrapent sont venues jusqu’à eux ! J’aurais dû fermer la vanne que j’ai installée sur l’échappement, justement pour ne plus subir de semblables déboires. Notre vieux Volvo Penta M17C est bien fatigué, mais il s’en remettra : à chaque jour suffit sa peine.
Ce matin, j’ai appelé Daniel du yacht Enjoy, pour un essai radio BLU sur 2 638 kHz, mais je n’ai pas eu de contact, je réessaierai demain à la même heure. Ce brave copain m’a prêté son petit groupe électrogène portatif, ses pinces coupe-câble et aussi un harnais de sécurité, car après avoir fouillé le bateau je n’ai pas retrouvé le mien.
La nuit est tombée et la mer est très agitée, nous resterons sous grand-voile et yankee le temps de nous amariner. Canopus barre comme un chef et j’en profite pour descendre m’allonger.
Mercredi 1 er  mai.
Position à midi : 21°32’S – 149°16’W –  113 milles au loch.
Dans la nuit, un gros grain tambourine sur le pont, le vent a forci et le bateau monte au lof, faisant claquer la grand-voile. J’enfile mon ciré et monte dans le cockpit peaufiner les réglages d’écoutes, j’en profite aussi pour allumer les feux de navigation que j’ai oubliés et redescends à l’abri. Nous filons toujours plein sud, le compas se trouvant au pied de ma bannette indique un cap au 160°. Avec la correction de déclinaison et sa propre variation, c’est un bon 180° : Canopus fait du bon boulot, et moi je tire sur ma couverture. La descente vers le sud s’annonce bien.
Au lever du jour, le vent mollit, la mer est toujours agitée sur une houle résiduelle et nous roulons beaucoup. J’envoie la voile d’artimon et la trinquette, maintenant Hotu Painu a toute sa garde-robe en l’air, il est magnifique et a fière allure sous yankee, trinquette, grand-voile et artimon, bien appuyé malgré ce vent faible.
Après le petit-déjeuner, je mets en place mon nouveau système de pêche au gros, avec ses écarteurs pour ne pas traîner dans le sillage et je file deux lignes à l’eau. Puis je vérifie la tension du gréement dormant. Les manœuvres courantes, elles, ont été complètement rénovées.
N’ayant pas eu Enjoy à la vacation matinale (peut-être des problèmes de fréquences), j’appelle la station côtière Mahina Radio pour entrer en contact avec mon copain Vetea. J’avais l’intention de m’occuper du moteur, mais aujourd’hui c’est la fête du travail, je décompresse quand même ses cylindres et réussis, à l’aide du démarreur, à chasser l’eau par les soupapes. Demain nous continuerons si le temps le permet.
En fin de soirée, une grosse bonite monte à bord au moment où nous croisons un grand navire. Il nous présente sa muraille bâbord, toute rouge. Aux jumelles, je vois cinq hauteurs de conteneurs sur le pont et une rampe de chargement à l’arrière. Je suis en train de préparer un bon poisson cru à la tahitienne pour mon souper lorsque le navire me donne l’impression de se dérouter ! Je cache mon dîner, c’est qu’ils ont du nez ces gens-là !
Jeudi 2 mai.
Position à midi : 23°03’S – 149°31’W – 94 milles au loch.
C’est le coup de vent, je mets mon harnais de sécurité, puis monte sur le pont éclairé par la lune. Nous gitons trop, aussi j’affale la trinquette, puis l’artimon. Après cette réduction de voilure, je suis surpris du peu de différence de vitesse : nous avons tendance à être surtoilés, mais le bateau le permet. Attention quand même, ce sont les voiles qui font fusible et elles coûtent cher. Je regarde Hotu Painu bondir sur les lames écumantes, sous un coucher de lune magnifique et reste dans le cockpit rêvasser. La mer a quelque chose d’étrange et de merveilleux à la fois.
Au lever du jour, un dauphin, solitaire comme moi, joue autour de la coque et semble m’observer quand je me penche par-dessus bord. J’irais bien nager avec lui, mais nous allons trop vite pour que je me mette à l’eau sans danger. Le vent a un peu molli. Je renvoie la trinquette, puis l’artimon et vidange la mayonnaise du moteur que j’arrive à pomper en y mélangeant un litre de pétrole pour la rendre plus fluide. Je fais ensuite tourner ma bête, décompressée, avec deux litres de pétrole mélangés d’huile saine, pour bien nettoyer les circuits. Je le vidange à nouveau et refais le plein d’huile neuve. Une fois compressé, il consent à démarrer normalement. Je le laisse tourner une heure sans problème et l’arrête.
 
En début de matinée, j’aperçois pendant un quart d’heure l’île de Tubuai droit devant, puis elle se noie dans la brume, à 34 nautiques de distance. Je finis le poisson cru d’hier et tente une vacation radio avec Enjoy, mais sans résultat.
En fin de matinée, un mahi mahi mord à la même ligne que la bonite d’hier, il tire à droite, puis à gauche et fait de magnifiques bonds. Je mets mes gants pour le hisser à bord, mais il se décroche. Une heure plus tard, c’est au tour d’un thon de 30 kg que, non sans peine, je parviens à monter.
Le point de midi nous situe à 17 nautiques de l’île aperçue, quand un grain violent nous tombe dessus. J’affale la trinquette puis l’artimon et rentre les lignes de traîne.
 
15 h 00 : nous prenons l’alignement de la passe Te Ara Moana de l’île de Tubuai, j’affale le yankee et démarre le moteur pour rentrer dans le lagon. Puis nous faisons route vers le mouillage, face au village de Mataura, où nous jetons l’ancre.
Après un brin de toilette, je gonfle le zodiac, mets le moteur hors bord à poste et descends à terre, accompagné du thon. Quelques jeunes désœuvrés le caressent d’un regard concupiscent.
Sur la place de la mairie se trouve une agence de la banque Socrédo. Une jeune et aimable employée m’autorise à téléphoner à la famille Bodin, dont je connais les enfants, pour les prévenir de la visite d’un thon de 30 kg ! Cette tribu dynamique arrive bientôt, qui à scooter, qui en 4x4, pour découvrir qu’avec le poisson, il lui faudra aussi adopter un vilain vagabond mal rasé. Après les présentations d’usage, ces braves gens m’invitent à dîner. A la tombée de la nuit, je me rends donc à cette invitation, en zodiac et par le lagon, et nous sommes tous réunis au fare familial, devant une table bien remplie. Alphonse à ma gauche, Vaiana à ma droite, Heinui en face, avec sa petite fille sur les genoux, et tout le reste de la famille. Après ces derniers jours passés seul en mer, ça fait beaucoup de monde autour de moi, je me sens enivré de bien-être et pourtant détaché. Je suis là, sans être là, il n’y a pas cassure avec les jours précédents. A 22 heures, il me faut rentrer mais il m’est impossible, dans ce noir, de repasser par le lagon. Aussi chargeons-nous le zodiac sur une remorque et, tirés par le 4x4 familial, nous nous rendons au petit quai bordant la place de la mairie, pour mettre à l’eau. Puis je rentre à bord. Je suis suffisamment fatigué

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