La lecture à portée de main
201
pages
Français
Ebooks
Écrit par
Louis Rossier
Publié par
Editions des Régionalismes
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Publié par
Nombre de lectures
1
EAN13
9782824055749
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Paru initialement en 1861, voici un ouvrage qui est venu combler une lacune de l’histoire du protestantisme en France. Citant Michelet dans son avant-propos : « ...Rien, ou presque rien n’est connu de ce que le peuple protestant a souffert dans le nord et le centre de la France. Il est cruel que ses douleurs ensevelies soient dérobées à la pitié de l’avenir », l’auteur nous livre une histoire des Protestants et du Protestantisme en Picardie (et notamment dans le département de la Somme) basée sur des documents pour la plupart inédits : des origines (à la fin du XVe siècle) en passant par les guerres de Religion du XVIe siècle, les désillusions du XVIIe siècle et la révocation de l’Edit de Nantes, jusqu’à la reconnaissance officielle du 18 germinal, an X.
Entièrement recomposée, cette nouvelle édition apporte sa pierre à une meilleure connaissance de l’histoire spécifique de la Picardie et de ses populations. Et l’on n’aurait garde d’oublier qu’un certain Jehan Cauvin (Jean Calvin) vit le jour à Noyon en 1509, précisément en Picardie...
Louis Rossier, né en Suisse (1817-1885), pasteur protestant calviniste. Il a été en poste à Amiens (Somme) entre 1846 et 1861, période durant laquelle, il a écrit cette Histoire des Protestants de Picardie, publiée initialement en 1861.
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EAN13
9782824055749
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
ISBN
Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain
Pour la présente édition : © edr/ EDITION S des régionalismes ™ — 2011/2021
Editions des Régionalismes : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.1061.8 (papier)
ISBN 978.2.8240.5574.9 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.
AUTEUR
LOUIS ROSSIER
TITRE
HISTOIRE DES PROTESTANTS DE PICARDIE PARTICULIÈREMENT DE CEUX DU DÉPARTEMENT DE LA SOMME
AVANT-PROPOS
N ous ignorions presque complètement l’histoire des Protestants du département de la Somme, lorsque le troisième jubilé séculaire de la Réformation française, célébré le 29 mai 1859, nous obligea à faire quelques recherches pour un discours de circonstance.
Surpris de l’importance que la Réforme a acquise dans nos contrées, nous prîmes la résolution de poursuivre notre travail, pensant que la découverte des documents qui la concernent, mettrait en lumière des faits intéressants.
Aucun sacrifice de temps ou de déplacement ne nous a coûté pour l’exécution de ce dessein ; et, grâce à l’obligeance que nous avons rencontrée, dans le département et hors du département, il nous a été possible de consulter un grand nombre de manuscrits, d’anciens imprimés et d’ouvrages où se trouvent de précieux renseignements. Que les personnes dont nous avons pu apprécier l’empressement à nous être utile, reçoivent l’expression de notre reconnaissance !
Par les facilités qui nous ont été offertes, les Protestants du pays trouveront, dans notre récit, bien des souvenirs de famille qui se perdaient, bien des actes de fidélité et de dévouement chrétien dignes d’être conservés. Tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Picardie, verront ici des faits rectifiés ou complétés au moyen de documents dont quelques-uns avaient été jusqu’à présent négligés ; et le département de la Somme aura la place qui lui appartient dans l’histoire générale du Protestantisme français.
La publication de cet ouvrage comble donc une lacune. Il serait fort à désirer que, dans les départements voisins, on se livrât à un travail semblable à celui qui nous a occupé. Ce ne serait pas une œuvre stérile ; car les résultats pourraient être encore plus satisfaisants que ceux auxquels nous sommes parvenu. Que de pièces, relatives à la Réforme dans le nord de la France, n’avons-nous pas eues entre les mains, et dont le cadre que nous nous sommes tracé ne nous a pas permis de faire usage !
M. J. Michelet, dans son livre intitulé : Louis XIV et la révocation de l’édit de Nantes , a dit, en parlant des Réformés : « Grand peuple d’infortunés, dont on sait peu l’histoire, sinon dans le Midi. Rien, ou presque rien n’est connu de ce que le peuple protestant a souffert dans le nord et le centre de la France. Il est cruel que ses douleurs ensevelies soient dérobées à la pitié de l’avenir ». Ce langage renferme plus qu’un regret ; c’est presque un reproche à l’adresse de ceux qui, étant en position de mettre au jour une partie instructive de notre histoire, la laissent dans l’obscurité.
Notre récit s’arrête à la loi du 18 germinal, an X, époque où l’Église réformée de France fut reconnue aux mêmes titres que l’Église romaine et appelée à jouir des mêmes avantages. Cependant, il nous a paru utile d’ajouter, comme appendice, un résumé succinct des principaux faits qui se sont produits dans les Églises de nos contrées, depuis la réorganisation générale du Protestantisme français jusqu’à nos jours.
Nous nous sommes imposé le devoir d’une scrupuleuse impartialité. Sans cacher notre profonde sympathie pour les victimes, nous avons mis en relief leurs fautes comme leurs vertus ; et quoique la plupart de nos documents soient d’origine catholique, nous les avons suivis sans trop de défiance.
Avant de terminer, nous ferons remarquer que plusieurs notes, qui peuvent sembler ne pas avoir leur raison d’être, sont destinées à corriger des erreurs contenues dans des ouvrages de quelque importance.
Tout imparfait qu’est ce travail, nous le livrons au public avec l’assurance qu’on nous rendra au moins la justice d’avoir eu pour but, non de raviver des haines qui ne seraient plus de saison dans ces jours de tolérance réciproque, mais d’exposer un ordre de faits, la plupart ignorés, et d’avoir su nous rappeler que l’histoire est l’école de la vie : Magister vitæ , comme dit Cicéron.
L. R.
Amiens, le 25 mars 1861.
LIVRE I er : Depuis l’origine de la Réforme en Picardie, jusqu’à l’édit de Nantes (1598)
I.
A l’époque où la plus grande partie de la Picardie était sous la domination du duc de Bourgogne, à qui elle avait été engagée par Charles VII, en l’an de grâce 1460, l’Inquisition offrait un spectacle de sa façon aux habitants d’Arras.
Qu’on se représente un vaste échafaud construit sur la grande place de cette ville : plusieurs malheureux, des hommes et des femmes, qui viennent d’être tirés des prisons épiscopales, où ils avaient été écroués sous l’inculpation d’hérésie, s’y trouvent réunis. Sur leur tête est une mitre, où est peinte la figure du diable, au service de qui on prétend qu’ils se sont voués. L’un d’eux est un peintre demeurant à Abbeville, nommé Jean Lavite. De peur de nuire à sa cause en parlant, il s’était coupé une partie de la langue avec un canif, mais on l’a torturé afin qu’il mît sa confession par écrit. Vis-à-vis de l’échafaud s’élève une chaire dans laquelle est monté l’inquisiteur de la foi, Jean de Broussart. La multitude est immense, les accusés sont à genoux.
L’inquisiteur commence sa prédication en déclarant que le crime de ces gens est d’avoir été en vauderie. La foule sait bien ce que l’on entend par là ; mais le prédicateur tient à faire ressortir l’énormité de leur forfait. C’est pourquoi il raconte que lorsqu’ils veulent y aller, ils se oignent avec un onguent que le diable leur a donné, qu’ils en frottent une petite verge, la mettent entre leurs jambes pour s’envoler et arrivent ainsi, portés par le démon, au lieu de leur détestable assemblée ; que là sont des tables chargées de viandes et de vins ; que le diable, au milieu d’eux, sous la forme d’un bouc avec une queue de singe, y reçoit leurs hommages et l’engagement qu’ils prennent de se vouer à lui ; après quoi, ils marchent sur la croix, blasphèment contre la Sainte Trinité, mangent, boivent et se livrent, hommes et femmes, « à des crimes si puants et si énormes », qu’on n’oserait les raconter.
La prédication finie, l’inquisiteur leur demande s’il en est bien ainsi et, sur leur réponse affirmative, ils sont livrés à la justice laïque comme « gens pourris, non dignes d’être avec les membres de la Sainte-Église, et leurs biens sont confisqués. Mais à peine cette sentence est-elle prononcée, que les femmes surtout, crient avec désespoir à leur avocat Gilles Flameng : « Faux, traître, déloyal, tu nous as trompées ; tu nous disais de confesser ce qu’on nous demandait, nous promettant qu’on nous laisserait aller ; tu sais, méchant, que tu nous as trahies ». Et tous répètent à haute voix qu’aucun d’eux n’a été en vauderie, qu’ils n’ont cédé qu’aux tortures et aux promesses de Gilles. Vaines réclamations ! Le bourreau fait son office et, au bout d’un moment, leurs corps sont réduits en cendres.
L’Inquisition aurait bien voulu renouveler peu après ce spectacle ; les victimes étaient déjà sous sa main ; Amiens lui en avait fourni un certain nombre. Les juges chargés de les interroger étaient entr’autres : l’inquisiteur de la foi demeurant à T