Ganne le magicien
290 pages
Français

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Ganne le magicien , livre ebook

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Description

Thomas est un jeune homme discret, un employé de bureau sans histoire. Depuis le décès de sa fiancée, il erre dans la vie, sans but. Mais un soir, alors qu’il sort du travail, un drôle de vieil homme qui se dit magicien l’aborde et lui propose de l’initier. Une nouvelle vie, bien plus trépidante que l’ancienne, va peut-être commencer pour Thomas...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2005
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748372991
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ganne le magicien
Bertrand Lunot
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—  Que je vous explique ce qu’est un magicien ! Votre question est pertinente et la réponse ne peut être formulée simplement. Comment vous expliquer ? Comment un mortel du vingt et unième siècle peut-il encore comprendre ou même entrevoir ce qu’est la magie ? Prenons par exemple une fourmi, en supposant qu’elle puisse apercevoir un avion dans le ciel, comprendrait-elle et s’expliquerait-elle sa présence ? Les humains vivent en bonnes fourmis laborieuses, aveuglés par leur croyance, leur travail, sans même un instant, avoir la moindre parcelle de révélation de ce qu’est la magie…
Pour leur bien, sans doute est-il préférable qu’ils ne sachent pas ! Qu’ils ne se souviennent pas de ce que des millénaires de civilisation leur ont fait oublier ! Malheureusement pour l’humanité, s’ils en prenaient conscience, cela ne les rendrait pas plus sages. Il est même vraisemblable qu’ils en perdraient la raison. Voilà pourquoi nous ne leur disons rien. C’est uniquement quand nous rencontrons un individu qui nous semble remarquable, que nous décidons ou non de l’initier. Très rares sont les élus. De plus, à ce jour, il n’y a aucune raison de penser que vous serez un jour un magicien. Sur la poignée de personnes que j’ai prise sous mon aile, peu jusqu’ici sont allées plus loin que le stade de la révélation. Ne vous faites pas d’illusion. Vous serez sans doute mort, comme tout autre mortel quand vous atteindrez l’âge limite, d’ici une soixantaine d’années, et encore, si vous traversez votre vie sans accident fâcheux…
Quant à moi, je n’ai pas toujours été ce que je suis. Pour vous expliquer en termes simples, je ne suis pas un dieu, même s’il m’est facile de vous le faire croire. Dieu ne m’a pas créé tel que je suis aujourd’hui, mais homme mortel, comme vous. Je me suis façonné siècle après siècle, luttant pour maintenir l’équilibre périlleux et fragile entre savoir et durée…
L’homme se tenait face à moi, à la fois imposant et insolite. Je lui rétorquai :
— Moi, je pense que sous vos airs et votre allure de vieux beau, se cache un vieillard cinglé qui ne sait plus quoi inventer pour se faire remarquer !
J’aurais pu tourner les talons pour que ma vie reste la même mais quand j’allais enfin monter dans mon véhicule, un patriarche, genre ancien culturiste sur le retour, m’interpelle avec sa belle voix pour me dire qu’il est magicien et qu’il m’a choisi… Cela a de quoi vous laisser perplexe ! Normalement j’aurais dû l’envoyer promener le papy, mais bon, il avait une bonne tête et pas l’air vraiment méchant. Malgré son âge, vu sa carrure, je n’avais pas vraiment envie qu’il se fâche. Il aurait bien été capable de me mettre un coup de pied dans la portière ou pire me casser un rétroviseur ! Je n’avais pas vraiment envie de parler ce soir, pourtant je n’ai pas pu m’empêcher de lui demander avec un sourire entendu : « Ah bon ! C’est quoi pour vous un magicien ? ». J’avoue que sa réponse m’a laissé complètement sans voix ! Il avait l’air respectable ce vieux avec son superbe costume trois pièces. Rien à voir avec un vieil alcoolique, du genre loque humaine, qui vient vous raconter sa vie en vous postillonnant dans la figure, en vous faisant partager son haleine à faire tomber les mouches.
Il n’y avait personne d’autre dans le parking et en raison de l’heure tardive pour un vendredi soir, personne n’aurait amputé son week-end pour me faire une blague. Ce devait être un de ces excentriques, mais lui, il remportait la palme d’or du concours de « pétage » de plombs. Que peut-on répondre à un cinglé qui vous débite des absurdités avec autant de conviction ? Rien ! Je me suis mis à rire aux éclats. Il m’a regardé d’une façon étrange avec ses grands yeux clairs et puis j’ai été comme aveuglé. Quand j’ai retrouvé la vue, nous n’étions plus dans le parking ! Par d’immenses baies vitrées, je voyais la ville de très haut, ma ville, comme je l’avais rarement vue. Ce n’est que quand j’ai aperçu le fleuve que j’ai compris que nous étions dans la tour du Business Center.
Le vieux, dans son magnifique costume, était là. Son visage paré d’un sourire, il me tendait un verre.
— A voir votre tête, je ne vous demande pas si vous me croyez. Il semble qu’un petit exemple vaut mieux qu’une longue explication ! A propos, vous avez deviné, nous sommes bien dans la tour du Business Center.
Il se servit un verre à son tour, en me demandant comment je trouvais la vue et il me raconta que les magiciens aimaient les tours depuis toujours.
Il n’y avait plus rien à dire. J’avais définitivement basculé dans ce que j’aurais aimé être un nouveau monde, pourtant ce monde était mon monde. Etait-ce cela que le vieux appelait la révélation ? Moi, en bon téléspectateur, je me souvenais du générique d’une vieille série télévisée. Cela ne faisait aucun doute, je ne contrôlais plus rien, j’étais en chute libre, en direct live, dans la quatrième dimension.
— Ah ! Vous aussi, vous aimez cette série ?
Cerise sur le gâteau, le vieux lisait dans mes pensées.
— Le vieux… C’est un adjectif qui me caractérise assez bien, même s’il n’est pas très flatteur, de plus, je suis beaucoup plus vieux que vous ne le supposez. Je m’appelle Ganne, je vous ai choisi afin que vous deveniez mon disciple. Je vous demanderai donc d’utiliser la formule appropriée quand vous m’adressez la parole. Appelez-moi « Maître » ou encore « Maître Ganne ».
— Monsieur Ganne, je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir. Je ne sais pas ce que vous voulez et cela non plus je ne veux pas le savoir. Sachez que j’ai très peu d’argent sur moi, mais tout est à vous, tenez, mon portefeuille, mon portable, ma montre… Si c’est mon âme que vous voulez, sachez qu’elle ne vaut rien, je ne suis pas retourné dans une église depuis au moins… Si c’est pour me sucer le sang, alors là, mauvaise nouvelle pour vous, je fais du cholestérol et le cholestérol, c’est très mauvais pour une personne de votre âge. Au cas où vous seriez un extraterrestre sachez que j’ai toujours été plus que nul dans tous les types de tests et que…
— « Que peut-on répondre à un cinglé qui vous débite des absurdités avec autant de conviction ? », selon vos propres pensées… Mais vous, vous ne me donnez pas envie de rire et de grâce, gardez vos breloques.
Vous avez du potentiel, une intelligence intéressante mais comme ceux de votre époque, vous n’arrivez pas à accepter les choses. J’espère que cette révélation sur « votre monde » et ce sont encore là vos propres termes, ne va pas vous faire perdre l’esprit. Avec vous les mortels, c’est toujours la même histoire. Mes disciples précédents m’ont déblatéré le même discours lors de notre première rencontre. Vous, enfant du vingt et unième siècle, vous vous demandez si je ne suis pas un extraterrestre ! Au moins, dans le temps mes disciples n’invoquaient que des raisons surnaturelles. Je suis un magicien ! Vous comprenez ? UN MAGICIEN !
Qu’auriez-vous voulu que je vous dise pour vous faire comprendre ? « Je suis un sorcier ! », vous auriez vu en moi une puissance démoniaque. « Je suis un mage ! », vous vous seriez pris pour le roi Arthur. « Je suis votre bonne fée ! », vous ne m’auriez pas cru, je n’ai pas vraiment le physique d’une fée. Je suis aussi naturel que vous, mais comment vous l’expliquer ? Alors, magicien, c’est le mot qui me définit le mieux.
L’homme marqua un silence et me regarda d’un air sévère.
— Cela suffit pour aujourd’hui, nous nous reverrons bientôt.
Tout devint flou. J’ai repris connaissance dans le parking désert et la première chose dont je me souviens, c’est le grésillement des néons, là, à quelques mètres à peine de ma voiture.
Je ne me sentais pas bien, et « pas bien » c’est le terme positif, pour éviter de dire « très mal ». J’ai appelé l’ascenseur et je suis remonté dans les bureaux comme un zombie qui chercherait son chemin.
De la sueur ruisselait par tous les pores de ma peau et dégageait une odeur désagréable. Je me suis dirigé vers les toilettes pour me passer un peu d’eau sur le visage. C’est là que j’ai réalisé que j’avais toujours le verre dans la main… « Oh mon Dieu ! », voir ce verre m’a procuré un choc, comme si j’étais tombé dans un puits sans fond.
J’ai avalé un grand café noir et deux aspirines. Même avec dix ans de thérapie, comment pourrais-je vivre avec cela ? Là, c’est sûr, j’étais bon pour l’internement psychiatrique.
Je suis descendu par l’ascenseur jusqu’au hall d’entrée. Hors de question de retourner dans le parking. La nuit était tombée et il régnait dans les rues une fraîcheur apaisante. J’aurais presque souhaité une douce pluie. Après vingt minutes de marche, je quittai le quartier des affaires en traversant le pont. Le fleuve était là, paisible et calme. C’est dans le reflet du fleuve que j’ai vu la tour du Business Center. Pour y être allé des dizaines de fois, je peux vous dire qu’il n’y a là-bas que des bureaux. La tour du Business Center est une vraie fourmilière, grouillant d’hommes d’affaires, mais rien qui ressemble de près ou de loin au luxueux appartement du vieux. De cela, j’en étais certain même si j’avais la preuve de ne pas avoir rêvé. Tout cela était impossible, complètement irrationnel.
J’avais gardé le verre à la main et celui-ci n’avait rien à voir avec ce que l’on trouve dans un bureau ou même chez soi. Non, cette coupe était une œuvre d’art. Un verre à pied, très fin, très léger, sans doute en cristal, finement décoré et sculpté, avec des dorures. Dans le pied d’une ex

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