Fugue en Dieu majeur
162 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Fugue en Dieu majeur , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
162 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Au sein de notre société hyper technique où les scientifiques sont élevés aux nues, l’essai de Jean-Noël Contensou a quelque chose de provoquant : il ose en effet la thèse de l’existence de Dieu, de ce « tréfonds » comme il se plaît à l’appeler. Dès lors, où se niche-t-il, ce divin incessamment traqué ? Pas dans la religion perçue comme système artificiel résultant d’un procès historique... Pas dans les livres saints, eux-mêmes fruits d’une écriture a posteriori de la révélation... Plus simplement et directement, là, dans le réel, à savoir au-delà de lui et de sa surface, dans ce jeu infiniment recommencé entre lui et la conscience humaine, où tous deux se créent réciproquement et mutuellement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2008
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748372830
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Fugue en Dieu majeur
Jean-Noël Contensou
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Fugue en Dieu majeur
 
 
 
Avant-propos
   
Dieu est de retour, dit-on. Mais lequel ?
Si le vingt-et-unième siècle se révèle religieux, ce n’est pas dans le sens positif qu’imaginaient de belles âmes, qui espéraient une sorte d’épanouissement de notre civilisation rationnelle vers le spirituel. De plus en plus, il s’agit de réagir par l’irrationnel à l’emprise d’un univers trop complexe pour être saisi par notre raison individuelle.
Les hommes sont perdus devant une science indéfiniment complexe qui ne les mène qu’au sentiment de leur propre insignifiance, et devant un monde inextricable vibrionnant sans autre but que de s’accroître ou de s’inquiéter de son accroissement.
En réaction à cette complexification insensée, au sens propre du terme, des peuples entiers risquent de basculer dans le fondamentalisme religieux (pensons bien sûr à certains islamistes), réaction culturelle contre une civilisation dont ils ne sont pas issus et qui a produit ce mal-être, et d’autant plus désespérée et amère qu’ils sont pris la main dans le sac en train d’en utiliser tous les jours les produits. D’autres, chrétiens, trouvent plaisir à cultiver une forme archaïque de leur religion, datant d’une époque où l’on n’avait pas à démêler des difficultés qui n’avaient pas encore germé. Ces formes régressives progressent.
Entre ces deux envahissements aveugles, matérialistes et fondamentalistes, l’influence du christianisme éclairé régresse. Jusqu’il y a quelques siècles, à l’époque où il ne pouvait craindre la contradiction expérimentale, il s’est longuement affiné comme œuvre d’art intellectuelle autonome mais aussi comme institution sociale pesante, avant d’utiliser ses ressources intellectuelles à s’émonder progressivement de tous les gourmands qui l’encombraient. À l’occasion de son lent reflux devant les découvertes scientifiques, une idée a progressivement émergé, que chacun devait rester chez soi, et que finalement la spécificité et la force de la religion étaient d’être "ailleurs" ; du moins tant qu’il s’agit de métaphysique, car au contraire quand il s’agit de vie pratique, l’existence de cet ailleurs doit donner sens à la vie et impliquer les chrétiens dans le monde. Au point de contact entre l’ici et l’ailleurs, l’Église s’implique dans des débats d’éthique et la génétique embryonnaire. Ou bien, déviant plus généralement son propos de la science vers la raison, elle se félicite de savoir descendre dans l’arène philosophique sans y apporter d’a priori contraire à cette raison. Mais ces implications, aussi modernes soient-elles, ne changent rien au fait que la religion considère un Dieu en dehors du monde puisqu’il l’a créé, Dieu révélé, hors d’une "invention" humaine.
Les athées pour leur part, prennent argument du recul irrésistible de l’Église devant la science pour reprocher au contraire à la religion d’être une invention humaine.
L’objectif du présent essai, à contre-pied des uns et des autres, est de montrer que la religion (du moins une religion apurée qui devrait peut-être abandonner ce nom trop marqué) pourrait être justement une invention humaine, issue d’une introspection à valeur universelle et de considérations scientifiques matures ; pas dans un champ que la science laisserait libre à ses cotés, mais en continuité avec elle ; à condition de considérer une science libérée de ses vieux démons scientistes, aujourd’hui aussi archaïques que les fondamentalismes religieux. Cela fera bientôt près d’un siècle que la science fondamentale a rompu avec le réalisme pur et dur, et pourtant rien n’a changé dans les esprits, y compris les esprits cultivés, pour lesquels les atteintes au réalisme trivial (le "chosisme", les choses "sont") restent confinées à des bizarreries microscopiques ; et pour le grand public le réalisme philosophique ne pose plus question, ayant été relayé par l’empire du matérialisme pratique.
Nous avons cherché dans un livre précédent, « Lumières sur le Réel » qui reprenait « Le Réel retrouvé », à cultiver un sentiment de la réalité des choses qui soit à la fois intuitif et conforme à cette science émancipée des vieux démons. Ce faisant on voulait éprouver en soi et transmettre une notion générale de réel, qui de fait, qu’on le veuille ou non, s’élargit à un réel total qui entre en compétition avec l’idée qu’on se fait de Dieu. Prudent, nous avons dit dans l’avant-propos de « Le Réel… » que nous préférions nous arrêter au seuil de la religion, et laisser des théologiens continuer, au lieu de nous mêler explicitement de leurs affaires. Mais c’était une naïveté, car c’est au tabouret de se déplacer vers le piano et pas l’inverse.
Le piano, c’est le lourd clavier chrétien, sur lequel une multitude de musiques ont été et sont encore jouées, douces ou tonitruantes, suaves ou terrifiantes, sophistiquées ou rustiques. Elles forment une collection très riche, élaborée pendant des siècles, dont le catalogue est méticuleusement tenu par des bibliothécaires appliqués dont le chef est à Rome.
Ici nous voulons approcher notre tabouret pour jouer discrètement un petit air de musique, peut-être pas du goût des bibliothécaires qui pourraient déloger rapidement l’intrus, mais plutôt destiné à ceux qui n’entendent plus grand-chose à ce genre de musique, même si elle les a bercés dans leur enfance. Nous voulons à la fois composer notre air selon des règles autonomes et solides, basées sur une compréhension du réel qui n’a rien de flou (même si le sentiment y tient une place importante), mais aussi respecter quelques règles harmoniques pour rester accordé aux oreilles de ceux qui ont conservé de leur enfance une familiarité tonale avec les musiques d’église. Pour cela nous ferons entendre deux voix qui se répondent, justifiant (bien grossièrement) le nom de fugue pour cette musique : la voix majeure, de l’ordre du discours serré et parfois difficile sans doute, la voix mineure qui prend la forme de courriers adressés à un interlocuteur imaginaire représentatif à la fois d’une certaine intelligence moderne du monde (surtout scientifique, on laisse de coté les aspects sociaux, moraux, politiques), et d’une familiarité avec un fonds religieux traditionnel.
Donner de l’épaisseur à cet interlocuteur supposerait un développement spécial. Aussi pour abréger, pourquoi ne pas utiliser le personnage de Candide, héros de notre livre : « Candide, jeune ingénieur fait de la résistance », auquel on se réfèrera si on éprouve le besoin d’éclaircir le personnage ? Il a les caractéristiques appropriées : sérieux, impliqué dans le tourbillon de la vie technique, puis rebuté par son matérialisme au point de se fixer des objectifs de vie intellectuels et même spirituels, en partie nourris des souvenirs d’un christianisme traditionnel.
Candide est sensé avoir entendu la voix majeure, avant de se faire aider dans la voix mineure par des lettres de l’auteur, suite à des remarques qu’il lui aurait lui-même adressées mais qui, pour ne pas alourdir, ne sont devinées ici qu’en creux. Ces lettres constituent une sorte d’écho de la voix majeure, dans un langage plus religieux ; on a tâché de les rendre lisibles indépendamment, en faisant de la voix mineure une sorte de variante résumant l’essai. Le lecteur qui serait effarouché en particulier par les chapitres 5 et 6 doit en retirer surtout l’idée que les sixième et septième lettres ne tombent pas du ciel, mais sont l’écho de considérations qui se veulent purement rationnelles. En particulier quand, dans le chapitre 6, on risque l’idée probablement nouvelle de fait bio-quantique, ce n’est pas un saut dans l’imaginaire, mais le prolongement d’un postulat fondamental à cet essai, à savoir que rien ni personne ne doit s’extraire du cercle vicieux créateur, ni Dieu, ni le savant scientiste. Alors la voix mineure doit être comprise comme la prolongation aussi rationnelle que possible de considérations rationnelles, même quand elle prend son envol pour décrire le paradis.
Nous souhaitions que la lecture des livres précédents ne soit pas indispensable à la compréhension de cet essai. Aussi nous avons largement repris dans les chapitres 2 et 3 les principales citations de Proust qui servent de base à « Le Réel… », que nous continuons à utiliser de façon essentielle. Par ailleurs nous avons recopié en annexe l’introduction à « Lumières… », d’un ton assez voisin de la première voix, ce qui aidera, espérons-le, sa compréhension. Le chapitre « Notre corps » de cette introduction aurait pu donner lieu à une revisitation du mythe du paradis terrestre, dans un échange avec Candide… Il pourra peut-être suppléer pour certains au difficile chapitre 6.
Enfin si nous avons donné à cet essai le titre de « Fugue en Dieu majeur », c’est bien que de notre point de vue il s’agit d’échapper à l’autorité et de sortir des sentiers battus du langage chrétien habituel pour atteindre une vision accomplie du réel, de Dieu, tenant compte d’un aboutissement majeur des sciences. Nous concevons bien que d’un autre point de vue, cet essai propose une rénovation en état d’enfance, face à laquelle des légions de penseurs chrétiens forment un front structuré et majeur. Ce sont les mineurs qui fuguent, mais parfois ils ont des raisons majeures…
 
JN. Contensou
Avril 2008
 
 
 
1. Eveil de la conscience
 
 
 
Tentons pour commencer un exercice fondamental de contemplation, en amont de tout discours, pour éprouver en soi-même un sentiment primitif où l’on sent qu’on émerge, qu

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents