Feux follets
190 pages
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Feux follets , livre ebook

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Description

Madeleine Dehais nous fait entrer dans l'intimité de ses personnages. Des personnages que l'on croirait tirés de sa vie, de notre vie, et non de son imagination. Le lecteur se fait discret, petit, minuscule, silencieux. Il assiste médusé à des réunions de famille, à des premiers émois, à des crises de couples et se retrouve plongé bien malgré lui dans des tranches de vie qui tour à tour l'enchantent, l'amusent, le surprennent et le peinent. Il vibre avec eux et aura bien du mal à échapper à ces feux follets qui réchauffent autant qu'ils peuvent brûler.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 juillet 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342004403
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Feux follets
Madeleine Dehais
Publibook

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Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Feux follets
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://madeleine_dehais.publibook.com
 
 
 
L’écharpe mauve
 
 
 
Quand il vit la maison il lui trouva un air inhabituel. Pourtant la vigne vierge qui recouvrait la façade pointait ses jeunes pousses, sans avance, ni retard, et le camélia du petit jardinet était couvert de fleurs comme chaque année à cette saison. Des fleurs blanches délicatement teintées de rose : Un vrai bouquet de mariée. D’où provenait cette impression ? C’est en glissant la clef dans la serrure de l’entrée qu’il remarqua une fenêtre entrouverte, celle justement qu’on arrivait jamais à ouvrir, celle du cagibi à droite de la cuisine. Il poussa la porte et à tâtons se dirigea vers le compteur électrique. Pour le trouver il fallait savoir où il se dissimulait : dans un recoin imprévisible et presque inaccessible pour quelqu’un d’une taille moyenne. Aussitôt la lumière fut !… Et il comprit : la maison avait été « visitée » pendant l’hiver ! La colère au ventre, il se mit à faire l’inventaire de ce qui manquait : deux chandeliers Louis XVI qui pouvaient passer pour authentiques mais qui ne l’étaient pas, quelques vieux livres joliment reliés, un charmant guéridon. Peu de choses en somme… Prendre de tels risques pour si peu ! Les voleurs n’avaient pas trouvé le compteur, ni réussi à ouvrir la porte principale. Sans doute disposaient-ils de peu de temps pour accomplir leur forfait. Ils s’étaient servi d’un des chandeliers pour s’éclairer et on suivait leur parcours à la trace. Des taches de bougie translucides sur le sol de tomettes roses.
Un coffret sur une étagère baillait le couvercle soulevé. Bizarre ! Il l’attira. Naturellement les vieux bijoux sans grande valeur qu’il contenait, volatilisés ! Oui, mais c’est là qu’il avait laissé une gourmette à laquelle il tenait beaucoup. La seule chose qui lui venait de sa grand-mère. " Quand tu la regarderas si tu es malheureux ou inquiet j’espère qu’elle te donnera du courage en pensant à moi. " Un talisman en quelque sorte, et c’est vrai qu’elle avait souvent joué ce rôle, quand il avait passé le bac par exemple. En panne d’inspiration, il lui avait jeté un petit coup d’oeil, et l’examinateur peu amène, vaguement hostile en avait été pour ses frais. Dans trois mois, il passerait un examen beaucoup plus important, et il tenait à avoir cette gourmette sur lui. Peut-être pas au poignet, d’ailleurs elle le serrait trop, mais au fond d’une poche sous le mouchoir. S’il n’était pas venu spécialement pour la chercher, mais pour réviser au calme, une dizaine de jours, avec la bénédiction de ses parents dont c’était la résidence campagnarde, cette perte le déstabilisait plus que de raison.
Il monta à l’étage et continua l’inventaire de ce qui avait disparu ; deux couvertures, une couette à ajouter à la liste. Sans compter un tapis tout élimé, mais qui dans la demi-obscurité pouvait passer pour un persan peut-être ? Ou bien faire rêver avec les mille fleurs dont il était clairsemé.
Dans une chambre, il découvrit accrochée au dossier d’un fauteuil une ravissante écharpe de soie mauve, sur laquelle était peinte presque ton sur ton une flexible branche de glycine ponctuée de points de broderie d’argent qui en soulignait les contours. Il la tendit à bout de bras pour l’admirer : celui ou plutôt celle qui avait oublié ce chef-d’oeuvre devait vraiment le regretter. Il ne lui vint pas à l’idée que cette écharpe pouvait appartenir à une personne de sa famille. Il enfouit son visage dans les plis vaporeux qui exhalaient un parfum frais et charmant légèrement pimenté. Quel superbe cadeau pour Mélanie afin de sceller leur réconciliation. Mais il ressentit un vague malaise. Drôle de cadeau quand même ! De seconde main si on peut dire. Et puis apaiserait-il leurs ridicules conflits ?
Par acquit de conscience, il fit une déclaration de vol à la petite gendarmerie locale, sans beaucoup d’espoir On lui dit qu’une bande de jeunes délinquants sévissaient dans la région, mais qu’on n’arrivait pas à mettre la main dessus. Sans doute cherchaient-ils du matériel électronique plus facile à écouler, ce qui expliquait la modération de leur razzia Ils s’étaient bien rendu compte que la vieille T.L ne valait pas un clou !
Stéphane se garda bien d’évoquer la gourmette et l’écharpe. L’une lui tenait trop à coeur… l’autre… l’autre, elle pourrait lui servir d’indice pour mener sa propre enquête. Il voulait garder cela pour lui !
Dans la journée, en faisant quelques courses, beurre, pain, café, il se renseigna de façon habile auprès des commerçants. Il n’était pas le seul à avoir été ainsi dévalisé. On lui cita quelques noms, on lui donna quelques adresses, accompagné de certains commentaires : " les maisons qui n’étaient pas occupées à longueur d’année, c’était bien tentant. " Presque une excuse pour les uns et une critique à peine déguisée pour ceux qui n’étaient pas là à demeure.
Lors de ses achats, il mit l’écharpe dans l’entrebâillement de sa veste, comme un chevalier qui porte les couleurs de sa belle. Personne ne montra le moindre intérêt à ses fantaisies vestimentaires ! Mais si quelqu’un avait trempé dans cette affaire, prendrait-il le risque de se désigner lui-même, en la reconnaissant ? A moins que ce ne fut déjà un objet volé !
Circulant en voiture, il remarqua qu’une fête foraine installait ses manèges et ses stands, pour trois jours. Puisqu’ils venaient d’arriver, ils ne pouvaient être suspectés, ces gens du voyage. Il s’en voulut de cette espèce d’a priori, contre lequel il ferraillait professionnellement chez les autres, et qu’il rencontrait aussi chez lui…
Le soir venu, il s’endormit dans la maison déserte, après avoir étendu sur l’édredon telle une couverture de survie, cette magnifique écharpe mauve, et toute la nuit ou presque, il rêva d’une bohémienne qui avait les traits de la diva qui incarnait Carmen récemment à l’opéra.
Le lendemain, un samedi, il se rendit à la fête foraine. Tout était en place, et elle battait son plein dans un tourbillon de musique nasillarde. La jeunesse du coin semblait s’y être donné rendez-vous. Fils et filles des cultivateurs des environs qui riaient haut et fort, jeunes des banlieues de la grande ville proche qui avaient fait le déplacement en moto ou en voiture : black, blancs, beurs. C’est eux que Stéphane observait principalement sans en avoir l’air. Cédait-il malgré tout à un préjugé ? Il espérait seulement, bien qu’il fut un peu plus âgé que la majorité d’entre eux, ne pas trop détonner sur l’ensemble, et passer plus ou moins inaperçu.
Il jetait un bref coup d’œil aux poignets des filles, le gauche surtout et pourquoi pas les chevilles ? Mais il fallait des articulations particulièrement fines pour porter à cet endroit, la gourmette de sa grand-mère. Mais ça peut se trouver ! Cependant la plupart de ces demoiselles étaient en jean., ce qui compliquait les recherches, ou les simplifiait. Selon…
Quant à lui il portait la fameuse écharpe.
Après un court instant de réflexion, il monta dans une auto-tamponneuse. Seul, ça ne fait pas trop sérieux, à moins d’être un fan de ce genre de sport ! Aussitôt il fut poursuivi par deux voitures dont les conducteurs accompagnés chacun d’une fille qui poussait de grands cris de terreur simulée, semblaient de connivence, pour l’envoyer dans les coins et l’empêcher quasiment de manoeuvrer. Surprenait-il à ce point dans l’ambiance générale ? Pourtant il avait fait ce qu’il faut : De vieilles baskets éculées, un pull bariolé. En avait-il trop fait ? Son blouson, il est vrai, était de marque.
— Allez descends.
Inutile de discuter ; causer un esclandre n’était pas non plus dans ses projets.
Ils l’entraînèrent à l’écart, derrière le manège.
— On te fiche la paix, si tu nous donnes ta montre.
Il n’y aurait pas pensé. N’empêche, c’était une Tissot.
— Vous me laissez partir maintenant ?
— Virginie, attrape ça.
Dans le geste qu’elle fit sa manche remonta, et il vit la gourmette. Il la regarda. Elle ressemblait à la fille de son rêve.
Elle avait eu le temps de crier.
— Prenez lui l’écharpe, elle est à moi.
— Sauve-toi ! On s’en occupe !
— Maintenant, à nous le blouson !
Vivement ils fouillèrent les poches et y découvrir sa carte de presse. Ce n’était qu’une sorte de fac-similé sans valeur. Il n’allait pas leur dire qu’il n’en était qu’au stade des études.
— Journaliste ? Zut alors ! On a pas besoin de bruit autour de nous.
Ils laissèrent tomber blouson et papiers, et s’éclipsèrent en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.
Stéphane avait toujours autour du cou l’écharpe mauve. Il sentit qu’elle glissait. Prestement il mit la main sur le poignet qui essayait de la dérober.
— Puisqu’ils n’en ont pas eu le courage, je me sers moi-même.
— Moi d’abord, fit-il
Et posément il lui retira la gourmette, tandis qu’elle se débattait.
— C’est moi que vous avez dévalisé cet hiver.
Elle pâlit, et il crut qu’elle allait se mettre à pleurer.
— S’il vous plaît, rendez-moi mon écharpe.
— Il faudra venir la chercher. Vous avez mon adresse !
— Pour que vous me fassiez "coffrer", merci bien.
— Vous viendrez…
— Qu’est-ce qui pourrait m’y contraindre ?
— Votre envie de vous en sortir dit-il à tout hasard. Et puis j’ai votre signalement, j’ai les moyens de vous faire tous arrêter.
Il s’en voulut aussitôt d’une telle maladresse. Qu’est-ce qui lui prenait ?
— Il n’y a pas de car de police par ici.
— Avec le téléphone portable fit-il d’un ton désin

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