Expérience migratoire et changement de stéréotypes sociaux
102 pages
Français

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Expérience migratoire et changement de stéréotypes sociaux , livre ebook

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Description

Les représentations mentales que sont les stéréotypes peuvent-elles changer ou varier ? De quelle nature sont les changements observés ? Comment ces changements se coordonnent-ils à chaque étape ? Ces évolutions sont-elles mutuellement déterminées ? Quelles interprétations psychosociales peut-on apporter à ces mouvements dans les stéréotypes ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 avril 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342022643
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Expérience migratoire et changement de stéréotypes sociaux
Théodore Koumba
Publibook

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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Expérience migratoire et changement de stéréotypes sociaux
 
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://theodore-koumba.publibook.com
 
 
 
Liste des abréviations
 
 
 
Gr. Cib. = groupe cible
g. propre = groupe propre
g. autre = groupe autre
Traits tp = Traits typiquement possédés.
Traits tnp = Traits typiquement non possédés
G1 = groupe 1
 
 
 
Introduction
 
 
 
L’étude des modifications éventuelles que l’expérience psychosociale d’une migration peut entraîner dans les stéréotypes des groupes en contact est d’un point de vue général intéressante, car les stéréotypes sociaux appartiendraient à la famille des représentations réputées stables, voire immuables.
En effet, l’individu appartenant à une société – groupe d’appartenance – a une connaissance stéréotypée de son groupe d’appartenance – autostéréotype. Le même individu a des membres d’une société étrangère à la sienne et avec laquelle il n’a pas eu de contact, une connaissance stéréotypée qu’il partage avec les membres de sa propre société. A priori , cette représentation stéréotypée des membres de l’autre groupe – hétérostéréotype – pourrait être sans interférence avec la première représentation – autostéréotype.
Mais les rapports qu’éventuellement l’individu a avec l’autre société – ou certains de ses membres – et les relations que les deux sociétés entretiennent entre elles peuvent entraîner une interaction entre les deux types de représentations dont nous parlons, en particulier du fait de la référence sociale que constitue tout stéréotype pour l’évolution et l’orientation de soi.
Cette dynamique est particulièrement activée quand l’individu s’engage dans un processus de changement personnel qui comporte l’immersion temporaire – quelques années – dans l’autre société. Le caractère temporaire de cette immersion implique donc le retour dans la société d’origine. L’examen approfondi des effets de cette dynamique peut permettre la mise à l’épreuve d’hypothèses multiples sur la plasticité éventuelle des stéréotypes.
La série de questions que l’on peut se poser concernant les changements des stéréotypes est donc la suivante :
- Est-ce que le stéréotype du groupe propre – groupe d’appartenance – et celui du groupe autre changent à la faveur d’une migration temporaire ?
- Quelles formes prennent ces évolutions, c’est-à-dire qu’est-ce qui change dans ces stéréotypes ?
- Ces évolutions sont-elles mutuellement déterminées ? En fait, l’évolution du stéréotype du groupe autre s’accompagne-t-elle d’un changement du stéréotype du groupe propre – groupe d’appartenance ?
- Quelles interprétations psychosociales peut-on apporter à ces mouvements dans les stéréotypes ?
Les individus dont il est question ici quittent leur milieu culturel et familial d’origine et, pour des raisons de développement personnel valorisées ou valorisantes, migrent donc de façon transitoire dans une autre culture et une autre société. Il en résulte pendant ce séjour « ailleurs », une situation de contact entre groupes très différents dans leurs normes sociales et culturelles de référence.
 
Cette situation pose deux types de problèmes relatifs à l’adaptation sociale :
- dans la société d’accueil, la situation d’étranger fait que l’individu découvre la réalité des modes de vie, la mentalité, les formes de relations en vigueur, c’est-à-dire la culture anthropologique de la société d’accueil ;
- en même temps, il est lui-même l’objet de relations à « l’étranger », et il fait par là même l’expérience du migrant, du membre d’un groupe minoritaire et de tout ce qui y est associé.
 
Vis-à-vis de la société d’origine, l’expérience du passage dans une autre société fournit une occasion de comparaison entre les normes sociales, les cultures, les modes de vie des groupes issus de deux pays. Ce qui pourrait être favorable à une interrogation et à une évaluation des normes et des modes de vie du pays d’origine.
La perspective qui est la nôtre nous conduit à observer comment, dans une situation migratoire, se coordonnent les changements et les modifications du stéréotype du groupe propre ( in group ) et du groupe autre ( out group ). À cet effet, nous analyserons l’allure générale des changements dans les modifications des deux stéréotypes. En somme, nous essayons de dégager les hypothèses explicatives, en relation avec notre contexte d’étude, qui permettraient de mieux appréhender et comprendre les mécanismes qui sous-tendraient les modifications et les changements des stéréotypes. Ces variations pourraient être plus accentuées chez les groupes séjournant dans le milieu d’accueil du fait de l’accès à de nouvelles informations concernant les groupes cibles. Par références à ce qui précède, nous pensons donc que dans le cas d’une migration, en effet, on accède à des nouvelles informations concernant les groupes de référence. Ces nouvelles informations pourraient être contraires à celles dont les sujets disposaient dans leurs pays d’origine, et conduiraient à de nouvelles représentations impliquant des changements de stéréotypes. Dès lors, les stéréotypes du groupe propre et du groupe autre se modifient du fait du contact intergroupe. Les modifications les plus importantes dans le stéréotypage de ces deux groupes cibles pourraient être obtenues au moment des périodes critiques de cette migration, c’est-à-dire à l’arrivée dans le milieu d’accueil, et au retour dans le milieu d’origine.
Les données ont été recueillies à quatre phases significatives du processus de migration temporaire : avant le départ du milieu d’origine, à l’arrivée dans le pays d’accueil, après un séjour de deux années au moins dans cette société, après le retour dans le pays d’origine. C’est la démarche qui nous a semblé la mieux adaptée à la réalisation d’un double objectif : appréhender le processus de migration temporaire dans sa totalité, du départ au retour, en appréhendant aussi les étapes intermédiaires de ce processus, pour avoir des courbes d’évolution complètes et pour exploiter au mieux la signification psychosociale de chaque étape dans l’interprétation des changements qu’elle suscite.
 
 
 
Chapitre 1. La situation de migration temporaire
 
 
 
La formation des jeunes est, du moins dans les discours officiels tenus dans le pays d’origine de nos sujets (Gabon), un enjeu important. Au plan national et institutionnel, la carence des structures de formation au niveau local conduit à « inciter » les jeunes à aller poursuivre leurs études dans les pays occidentaux. Ces derniers doivent acquérir les outils nécessaires qui leur permettraient de s’occuper du maintien ou du fonctionnement des instruments de productions dont dispose leur pays, et aussi de contribuer à la conception de projets adaptés aux réalités locales. Au niveau familial, l’école occidentale, même dans sa version locale, est déjà fortement valorisée. Les membres de la famille disposant de moyens sont tenus de concourir à la formation des plus jeunes, pour leur permettre d’acquérir les outils nécessaires qui leur permettraient l’accès aux couches sociales favorisées, à l’argent et ses dérivés : voitures, « maison », etc. Au niveau individuel, l’école donne une certaine importance sociale. L’individu scolarisé, susceptible d’occuper un bel emploi, est perçu comme celui qui pourrait contribuer à la résolution de certains problèmes matériels et même sociaux – chômage d’un cousin par exemple.
Tous ces effets vont être doublés par le passage dans le milieu occidental, souvent présenté comme étant mieux constitué dans tous ses aspects. Ainsi , devant cette série d’attentes sociales et familiales, la migration survenant pour répondre à un désir d’aspiration personnelle à des couches sociales favorisées se présente comme une migration temporaire induisant un type de contact au cours duquel l’individu serait, pouvons-nous dire, prêt à recevoir et à accepter les codes nouveaux répondant à ses aspirations. Il pourrait, dans un tel cas, adopter les attitudes stéréotypées correspondant à la catégorie sociale à laquelle il aspire. Mais, en même temps, le contact dont il est question ici est doublé de ce que, malgré la valorisation du milieu occidental, certaines valeurs du milieu d’origine restent fortement ancrées dans la mentalité des individus dont une catégorie constitue notre population d’étude. Ce milieu exige parfois à ses membres de mener une vie de l’authentique Africain, c’est-à-dire sans se démarquer de certaines valeurs.
Comme la plupart des pays d’Afrique, le contexte socioculturel d’origine correspond à celui des sociétés traditionnelles en pleine mutation sociale et économique. Comme le signale Ella (1983), dans ce contexte, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la vie en ville n’a pas fait perdre les attitudes et les comportements dits traditionnels. De même, comme partout ailleurs en Afrique subsaharienne, la morale de la société gabonaise « repose incontestablement sur l’ascendant de la coutume et de la tradition, un ensemble de valeurs à dominante paysanne et familiale et d’images idéales. Cette morale fortement normative, fondée sur les prescriptions, le devoir, la loi, une structure sociale qui, sans toujours apparaître sous une forme autoritaire, exerce néanmoins une pression, diffuse considérable, surtout en s’auréolant de surnaturel, une moralité enfin dans laquelle la conscience personnelle et ses aspirations ont un

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