Etudes Caribéennes
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Etudes Caribéennes , livre ebook

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Description

Etudes Caribéennes est le premier numéro d’une revue scientifique qui a pour objet l’étude pluridisciplinaire de l’espace Caraïbes. Ce premier numéro comporte sept articles de géographie, un d’Histoire et deux d’économie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mars 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748380958
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Etudes Caribéennes
Pascal Saffache
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Etudes Caribéennes
 
 
 
Études Caribéennes est une revue pluridisciplinaire (parution annuelle ou bisannuelle) qui a pour vocation de permettre à de jeunes chercheurs (doctorants, post-doctorants, maîtres de conférences, chargés de recherches) de publier des textes originaux leur permettant de prendre date. L’espace étudié est le bassin Caraïbe et les champs d’exploration sont : la géographie et l’aménagement, l’histoire, la sociologie, l’anthropologie et l’économie.
En fonction des textes soumis et retenus par le comité de lecture, certaines rubriques peuvent ne pas être pourvues.
 
 
 
Directeur de la Publication : Pascal SAFFACHE
 
Secrétariat de Rédaction : Sandrine HILDÉRAL
 
Mise en page : Publibook
 
Comité scientifique
Richard Maire (Directeur de recherches, CNRS, Bordeaux), Yves-François Thomas (Directeur de Recherches, CNRS, Meudon), Henry Godard (Professeur des Universités, Directeur de l’IFEA), Jacques Portecop (Professeur des Universités, UAG), Jean Steinberg (Professeur des Universités, Paris XII), Maurice Burac (Professeur des Universités, UAG), Vincent Huygues-Belrose (Docteur ès Lettres), Raphaël Confiant (Maître de Conférences, UAG), Olivier Pulvar (Maître de Conférences, UAG), Gerry l’Etang (Maître de Conférences, UAG), Kinvi Logossah (Maître de Conférences, UAG).
 
 
Les opinions émises n’engagent que leurs auteurs.
 
 
Administration, vente, publicité : Éditions Publibook – 14, rue des Volontaires – 75015 PARIS – France
 
Géographie – Aménagement
 
 
 
Le sport à la Martinique :  approche historique et socio-culturelle
 
Corinne PLANTIN 1 , Pascal SAFFACHE 2
 
 
 
Introduction
Comme partout dans le monde, le sport à la Martinique a subi plusieurs évolutions ; tantôt considéré comme un phénomène linéaire se transformant au fil du temps, tantôt perçu comme un fait chaotique s’adaptant aux changements brutaux des sociétés, le sport demeure avant tout un phénomène culturel. Ce sont ses grands traits qui seront abordés dans cette étude au travers du questionnement suivant : comment le sport a-t-il évolué au fil des siècles ? Quelles influences a t-il subies ?
Répondre à ces questions permettra d’aborder une thématique novatrice en socio-géographie, celle des rapports qui existent entre les sociétés et les faits culturels qu’elles engendrent ou qui les modèlent.
I. Le jeu : forme ancestrale du sport au cours des périodes amérindienne et esclavagiste
Le jeu est l’une des formes les plus anciennes de l’activité humaine. Certains auteurs comme Caillois (1958) refusent l’idée d’une rupture historique entre le jeu et le sport ; il n’y aurait eu, en réalité, qu’une codification des rituels : rationalisation des règles et quantification accrue (surtout depuis la découverte du chronomètre en 1845) sous-tendue par la recherche de records. Ceux qui défendent l’idée d’une rupture (Weber, 1981 ; Brohm, 1976), indiquent que le sport ne s’inscrit pas dans la continuité du jeu, car il résulte d’une logique de compétition initiée par le système capitaliste.
Quelle que soit la thèse à laquelle on adhère, le jeu tient une place fondamentale dans la société martiniquaise ; cela s’explique de la façon suivante : les Amérindiens qui représentaient la population originelle de la Martinique ont été massacrés par les colonisateurs européens dès leur arrivée sur l’île (1635). A la fin du génocide amérindien, une importation massive d’esclaves africains s’avéra nécessaire pour remplacer les engagés et galériens blancs qui ne résistaient pas à la dureté des conditions de travail. La Martinique fut donc influencée par les apports culturels de deux civilisations : ceux des Amérindiens et des esclaves africains.
I.1 Le jeu chez les Amérindiens
Le hachti était un jeu amérindien dans lequel s’affrontaient deux équipes de six ou sept individus ; il consistait à envoyer une balle d’un camp à un autre, soit directement, soit en faisant des passes. Le décompte des points s’effectuait en fonction des fautes commises, car les joueurs ne pouvaient frapper la balle qu’avec certaines parties de leur corps. Ce jeu, qui ressemble étonnamment au volley-ball, avait fortement impressionné les Espagnols.
Les jeux amérindiens furent réprimés par l’Eglise et disparurent progressivement. Pourtant leur originalité, leur complexité et leurs règles, se rapprochaient des sports modernes. Tout indique que les Amérindiens avaient une grande culture du jeu, car l’organisation de leurs villages, consacrait de grandes places centrales aux activités ludiques. Les jeux pratiqués indiquent aussi l’état d’avancement de leur civilisation ; cela s’observe à travers les dimensions des terrains, l’existence de tribunes, de règles, de décomptes des points, mais également à travers le matériel sportif utilisé ; tous les éléments essentiels du phénomène sportif étaient donc réunis. Bien que ces jeux ancestraux aient maintenant disparu, tout indique que l’esprit du jeu et le phénomène sportif martiniquais aient été influencés par la civilisation amérindienne.
 
Les Amérindiens léguèrent ainsi leur savoir-faire en matière de construction navale. La fabrication des « gommiers 3  » – ancêtres de l’aviron – et de la « yole ronde » 4 sont d’indéniables acquis amérindiens. Les gommiers sont encore utilisés de nos jours par les pêcheurs locaux ; la « yole ronde » est devenue aujourd’hui une pratique sportive qui draine, chaque année, des milliers de curieux et de passionnés. Ces acquis techniques, souvent délaissés, ont refait surface dans un contexte social et historique différent ; cela traduit à la fois la notion de rupture et de continuité.
I.2 Le jeu chez les esclaves noirs
La traite des noirs fut si intensive à partir de 1680, que la population noire devint majoritaire. Il est certain que durant cette période, les activités ludiques n’étaient pas une priorité ; ce qui importait c’était l’exploitation maximale des habitations sucrières. Aussi, les esclaves ne devaient-ils pas gaspiller leur énergie autrement qu’en travaillant.
Toutefois, durant leurs phases de repos, les esclaves pratiquaient des danses et des arts de combat rythmés par le son des tambours ; cela était très mal vu par les maîtres, qui considéraient le tambour comme un instrument guerrier, susceptible de provoquer des rébellions et surtout le « marronage 5  ».
Parmi ces activités corporelles, il y avait la kalenda  – danse de la fécondité – le belair  – danse traditionnelle africaine – le ladjaa  – art de combat introduit par les esclaves béninois – enfin le dammyé qui est une simulation dansée de combat, rappelant la capoira brésilienne. Ces pratiques ne ressemblaient nullement à celles du sport moderne introduit par les colons ; toutefois, la notion de compétition était déjà présente et a été accentuée par les combats d’esclaves organisés par les maîtres.
Parmi les activités traditionnelles nautiques, on peut citer le bwa flô , encore appelé flô . Cette pratique, qui consiste à glisser sur les vagues à l’aide d’un tronc d’arbre, est un ancêtre du surf et du bodyboard. Comme à Hawaï, cette activité était à l’origine utilitaire (elle servait pour la pêche côtière), avant de devenir ludique. Le bwa flô a la particularité de n’être pratiqué que dans le Nord-Est de la Martinique, partie de l’île où se sont réfugiés les derniers amérindiens qui avaient échappé au génocide ; il existe aussi à la Dominique où se trouve la dernière réserve amérindienne antillaise. La tradition du bwa flô a donc été inventée par les Amérindiens et a vraisemblablement été perpétuée par les noirs qui étaient en contact avec eux.
 
A partir du XIXe siècle, l’infrastructure urbaine se développa et les pratiques ludiques des esclaves ou ex-esclaves (après l’abolition de l’esclavage en 1848) ne se maintinrent que dans les campagnes. L’urbanisation permit aux colons d’imposer leur culture sportive qui entraîna la disparition de la plupart des pratiques afro-amérindiennes traditionnelles.
C’est Saint-Pierre, qui accueillit les premières pratiques sportives modernes ; le « Petit Paris des Antilles » était un carrefour culturel, où se côtoyaient des personnes d’horizons divers. Saint-Pierre vit donc le sport moderne se développer dans ses murs.
De 1794 à 1802, lorsque la Martinique passa sous la tutelle britannique, ces derniers y développèrent le football, les courses hippiques, le rugby et le tennis ; tous ces sports connurent un vif succès.
Le sport, objet de culture, a donc participé indirectement à l’expansion coloniale et à une occidentalisation des mœurs.
II. Le sport durant la période coloniale : entre modernité et élitisme
Le sport de compétition s’est développé au XIXe siècle, sous l’influence britannique. Il ne concernait au départ que les courses hippiques, la chasse et la boxe qui étaient considérées comme des activités nobles ; progressivement, d’autres disciplines vinrent s’y adjoindre. Aujourd’hui, le sport moderne est défini comme un ensemble de situations motrices, un système de règles, un enjeu de la compétition et un caractère institutionnel.
Le sport moderne fut réservé pendant longtemps à une élite bourgeoise, même si depuis la Seconde Guerre mondiale cette dernière s’est popularisée. Il permet à des quartiers, des régions et des pays de s’affronter pacifiquement, tout en mettant en avant leur puissance, leur technicité et leur organisation.
 
Durant la période coloniale, le sport moderne a été facileme

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