Du trésor des ruines à la Saint-Jean des vaches
162 pages
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Du trésor des ruines à la Saint-Jean des vaches , livre ebook

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Description

Huit nouvelles placées sous le signe de l’étrange. La première nouvelle donne son titre au recueil « Du trésor des ruines à la Saint-Jean des vaches » : en 2689, l’humanité est régie par une idéologie de « nivellement ». Dans le village de 86400, Junior découvre dans les ruines d’un bâtiment un trésor...un livre. En découvrant comment vivaient leurs ancêtres de 1989, les habitants du village ne soupçonnent pas qu’une terrible tragédie les attend.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mars 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748381184
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du trésor des ruines à la Saint-Jean des vaches
Huguette Roy-Baltazard
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Du trésor des Ruines à la Saint-Jean des Vaches
 
 
 
Que la Saint-Jean 2 689 soit à jamais gravée dans la mémoire des hommes du monde entier ne peut souffrir aucun doute !
Et cela, dû à la découverte de changements révélés par la curiosité intempestive d’un garçon de quatorze ans !
Rares étaient ceux qui savaient encore qu’avait eu lieu, six siècles auparavant, le grand, l’incomparable chambardement.
En ce temps-là, grâce aux progrès de l’information qui se propageait à la vitesse de la lumière, tous les humains de la planète vibraient dans le même temps des mêmes aspirations ! Voilà pourquoi, à la fin du premier siècle du deuxième millénaire, une inéluctable, fulgurante et envahissante épidémie de nivellation frappa à la fois tous les peuples de la terre.
Il avait suffi que quelques orateurs des médias remuent avec dextérité la tourbe des rancœurs et proclament venu le temps de la protection de la nature, du farniente, de la félicité, de l’Egalité Majuscule pour que les voix du Monde entier clament :
« Nous le voulons ! Nous le voulons ! »
Si bien que, selon les régimes de leurs pays, bousculés dans leur quiétude par la masse de ceux qui votaient ou de ceux qui gueulaient, les dirigeants de toutes les nations, petites ou grandes, comprirent que leur salut dépendait de leur promptitude à réagir.
Après consultation rapide des techniciens du bien-être, ils décidèrent d’un vaste rassemblement au sommet.
Tous les chefs d’état, du plus petit au plus grand, devraient y assister. Afin d’assurer la neutralité et l’impassibilité des débats, on choisit le Pôle Nord comme étant le lieu idéal.
D’énormes vaisseaux aériens y transportèrent et installèrent en quelques jours une ville entière de maisons prototypes reliées par des corridors transparents, le tout si bien climatisé grâce aux demi-toitures en panneaux solaires que le séjour polaire fut un enchantement ! Tout avait été prévu pour le confort maximum de cette fourmilière de puissants d’origines si dissemblables, tant pour la nourriture dont les montagnes de boîtes s’entassaient sous de légers abris, que pour l’information diffusée par les écrans qui tapissaient un mur de chaque salle de séjour. Comme dans les salles de congrès, où ces écrans étaient gigantesques, des boutons et des claviers permettaient de communiquer instantanément avec tous les points de la planète.
Les belles envolées oratoires étaient suivies jusque dans les moindres bourgades, même les plus reculées, sur des écrans géants installés par ordre des instances supérieures. Chaque individu pouvait ainsi s’imprégner de la nécessité et de l’efficacité de cette consultation universelle chargée du bonheur des habitants du monde entier, consultation d’où sortiraient les règles communes à la félicité planétaire !
D’abord, la sécurité. Eliminer tout ce qui peut être préjudiciable à l’homme ! Donc fut décidée la disparition complète, par les moyens les plus expéditifs, de tout animal prédateur non utile à l’homme : ours, lions, tigres et autres félins sans oublier les souris, rats, insectes dévoreurs de nourriture humaine.
Les animaux domestiques, destinés à l’alimentation des peuples, seraient soumis à un rendement maximum pour un minimum de dépenses et de travail humain. Le dit travail devrait être remplacé dans les délais les plus courts par celui des robots, inaugurant ainsi l’ère tant attendue du farniente.
L’égalité, cette utopie, deviendrait réalité. Pour que chaque être humain connaisse le même bonheur que son voisin, serait imposée la même maison pour tous, réplique parfaite de celles dont les dirigeants appréciaient ici-même l’incomparable confort. Finies, supprimées, ces constructions disparates de pierre ou de ciment, ces huttes ou ces yourtes, ces témoins d’un passé où s’affichaient la morgue des nantis et la misère des pauvres. Finie l’inégalité flagrante !
« Du passé, faisons table rase ! » hurlait un dirigeant qui après la stupeur hésitante de ses comparses, croulait sous les acclamations ?
Même les vêtements devraient obéir aux règles de l’uniformité. Nul ne saurait plus souffrir des écarts de température et le port de combinaisons isothermes d’un même modèle pour les deux sexes deviendrait obligatoire. Egalité ! Egalité !
Unanimité des votes sauf un. L’exception qui confirme la règle ! Oh ! Honte ! Il s’agissait du délégué de l’infime Principauté de Monaco, ce moucheron qui, arguant de son sens de l’esthétique, s’insurgeait contre l’uniformité du costume et la destruction des monuments et autres demeures anciennes. Il refusait tout net d’admettre que ce fut là un facteur de concorde.
Un rire moqueur, énorme, insultant, accueillit sa déclaration, rire qui gagna le monde entier par écrans interposés.
Cette humiliation lui fut si douloureuse qu’il ne put la supporter. A l’insu de tous – mais qui aurait pu s’intéresser à un aussi piètre personnage ! – il enleva sa combinaison isotherme, et, en costume léger de méditerranéen, il partit seul sur la banquise où, vite congelé, il servit de repas à un ours blanc en vadrouille. Cette disparition spectaculaire, si elle n’émut guère les délégués, les renforça dans leur détermination d’éradiquer toutes les bêtes malfaisantes.
« Abolissons les privilèges ! » soutenait le délégué de la Chine, homme très sage, très vieux et très cultivé, le seul des participants ayant vécu personnellement tous les étages de la condition matérielle humaine.
« Mettons en commun la totalité des richesses pécuniaires, tant des gouvernements que des particuliers. Avec cette manne construisons partout ces gigantesques usines robotisées qui fourniront aux hommes le logement, l’éducation, le vêtement, la subsistance et les moyens de transport, aux animaux, l’abri et une nourriture distribuée mécaniquement. Alors nous verrons régner sur terre la Paix et le Bonheur pour Mille ans ! »
Ovations ! Ovations frénétiques, bien qu’un peu jaunes de la part de quelques chefs d’états bananiers, d’opulence récente.
Et, dans le monde entier, les yeux rivés sur les écrans géants, les peuples assemblés pleuraient de joie devant la bonté, la compréhension, l’altruisme lumineux de leurs gouvernants. C’est vous enfin, « temps prédits par nos ancêtres… Et la joie remplit nos êtres, tout est beau, riant, divin ! »
La simplification antifatigue allant de soi, et leurs excès d’enthousiasme les ayant épuisés, les délégués n’aspirant plus qu’au repos votèrent sans même écouter les explications, la loi faisant des noms de villes et de lieux de courts numéros minéralogiques et ramenant à un maximum de deux syllabes les prénoms et patronymes humains, ce qui obligeait évidemment à en sectionner un bon nombre, en Europe, certes, mais particulièrement en Inde et à Madagascar !
Satisfaits de leur prestation, fiers d’être devenus des héros du Bien Public, après moultes congratulations réciproques et des milliers d’accolades, les maîtres du monde regagnèrent leurs nations pour y goûter la gratitude des citoyens et l’expérience de la vie égalitaire qu’ils avaient instituée.
* * *
Pendant six siècles, on n’avait cessé de perfectionner les grands principes du chambardement majeur de 2 089. Les mots de travail, effort, ainsi que tous leurs synonymes, tombés en désuétude, avaient été rayés du vocabulaire. De même avaient été supprimées des études des écoliers, la lecture, l’écriture et toutes ces sciences fastidieuses apprises par leurs lointains aïeux, chaque connaissance pouvant désormais être vue sur écran et entendue par la simple manipulation d’un bouton ou le tapotement d’un clavier.
Les maîtres d’école bornaient donc leur enseignement au bon usage des divers ordinateurs et à la manière de s’en servir, les commentaires fournis par ces derniers étant expurgés de tout mot risquant de demander un effort de compréhension.
Rasées, détruites, oubliées, les constructions de ciment et de pierre qui demandaient tant de vigilance et d’argent pour leur entretien ! N’existaient plus que d’adorables bourgades vivement colorées, faites de ces éléments popularisés par la fabrication des vaisseaux spatiaux, matériaux protégeant du froid en hiver et de la chaleur en été, que des usines entièrement robotisées construisaient en des temps records. Et quelle simplification de l’existence ! Les couleurs choisies pour chaque rue dans le projet initial duraient pendant des siècles sans se faner. Dans les salles de séjour, le mur communication, truffé d’écrans et de boutons de toutes couleurs permettait à chacun d’obtenir immédiatement de cerveaux artificiels tous les conseils et renseignements nécessaires à la simple vie courante. Il suffisait de connaître la destination de chacun des terminaux pour n’avoir aucun problème.
Or donc, dans le village 86 400, de 2 000 âmes, dont les rues portaient des noms aptes à renseigner d’un coup les visiteurs en quête d’une adresse, telle la « rue des Murs Gris » ou la « rue des Portes Noires », vivait au N° 20 de la « rue Des Volets Roses » une famille d’agriculteurs équipée comme tout un chacun des derniers perfectionnements de la technique. Dehors, on ne marchait pas. On portait, pour sortir, d’astucieuses chaussures à roulettes munies de crémaillères pour gravir les côtes et avancer sans déployer aucune énergie, à la vitesse d’une mouette poussée par le vent. Mouette à laquelle on se référait quand, pressé par le temps, on s’installait dans le minuscule fauteuil à voile et à hélice qui permetta

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