Douceur de vivre à Oaxaca
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Douceur de vivre à Oaxaca , livre ebook

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Description

Elles sont simples, les histoires que J.-R. Fournier relate. Humbles, comme celle de ce peintre inconnu, vivant sa passion dans l’anonymat. Émouvantes, comme celle de cet architecte affolé à l’idée de sa propre vieillesse. Mélancoliques, comme celle de ce voyage parisien ardemment désiré, cruellement annulé. Simples, mais pourtant pas simplistes. Car le tour de force de l’auteur consiste encore à hisser ses personnages à un niveau littéralement extra-ordinaire. C’est-à-dire à un degré plus intense, plus brillant, plus périlleux aussi. Ainsi de cette nouvelle qui retrace la carrière fulgurante d’un boxeur digne d’Icare. Ainsi de ces textes amoureux dans lesquels la passion apparaît à la fois comme salvatrice et destructrice. Ainsi de ces récits où la fascination des hommes se fait troublante, obsessionnelle, meurtrière.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748374919
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Douceur de vivre à Oaxaca
Jean-Raoul Fournier
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Douceur de vivre à Oaxaca
 
 
 
 
Champion !
 
 
 
Raymond Jouve rêvait depuis longtemps de devenir un jour un grand champion de boxe. Oui, mais comment parvenir à la gloire et faire partie du cercle restreint des grands champions, de l’élite, alors que l’on vit dans un petit village du sud de la France, que l’on n’a pas beaucoup d’argent, qu’on ne peut pas s’entraîner correctement et qu’on ne connaît personne ? Certes, Raymond avait de réelles qualités de pugiliste, il adorait la boxe, avait toujours rêvé de devenir boxeur et de se hisser jusqu’au sommet de cet « art ». Il était de taille moyenne, avait un corps d’athlète, très musclé (une musculature dont il était très fier et qu’il entretenait amoureusement tous les jours en faisant toutes sortes d’exercices physiques) et surtout il était doué d’une grande souplesse de jambes. Il savait aussi frapper fort, très fort. Il s’entraînait chez lui, dans la cour de la vieille ferme de ses parents, de petits agriculteurs qui vivaient modestement de la culture de quelques vignes de Côtes-du-Rhône. Raymond ne cessait de rêver à ce titre rêvé de champion du monde ! – « Allons donc ! lui répétait souvent son père, mon petit, la boxe n’est pas un métier ! Tu vas te faire rouer de coups, tu risques de perdre la vue et tu ne gagneras jamais ta vie en faisant de la boxe ! Deviens agriculteur comme moi, c’est dur, c’est pénible, tu ne gagneras pas des mille et des cents, mais enfin, tu gagneras ta vie et celle de ta famille si un jour tu te maries… ». Raymond écoutait calmement son père mais n’en pensait pas moins. Il deviendrait boxeur et serait un jour champion du monde !
 
Raymond allait au seul cinéma du village pour y regarder les « Actualités françaises » bien plus que le film qui suivait et qui le laissait indifférent. Car aux actualités il voyait souvent le champion français du moment, un certain Charles Humez, qui était devenu champion d’Europe récemment en battant un Italien à Rome, un soir d’été. Humez avait déclaré, à peine le combat terminé qu’il allait maintenant combattre l’Américain Gene Fullmer, le champion du monde surnommé le « boucher de New York ». « Dans trois mois, je m’envole pour New York et je ramènerai en France la couronne de champion du monde ! ». Le beau rêve de Charles Humez ne devait jamais se réaliser, car le boxeur français, le soir du combat à New York, fut largement battu aux points par Fullmer, non sans avoir quand même tenu tête courageusement et crânement au champion du monde pendant quinze reprises. L’Américain n’était pas parvenu à le mettre K.-O. malgré les coups de massue qu’il avait assénés reprise après reprise sur la tête et sur le corps du Français. Humez, à la fin du combat, avait le visage dégoulinant de sang, mais était toujours debout. La presse américaine et la presse française avaient salué comme il se doit le combat « héroïque » du « Gaulois ». Humez rentra en France et peu de temps après disparut de la scène et abandonna la boxe…
 
Raymond ne voulait surtout pas imiter Charles Humez. D’ailleurs, tous ces grands combats de boxe qu’il regardait aux « actualités françaises » ne lui plaisaient pas. Cette boxe était laide à regarder. Les deux pugilistes se tenaient quasiment l’un sur l’autre et passaient leur temps à s’envoyer des coups. Aucun art, aucun style, aucun sens artistique de la boxe. Un sens artistique à la boxe ? Mais bien sûr ! Raymond, lui, ne boxerait jamais comme Humez et les autres. Raymond, sur le ring, danserait sans cesse comme… un danseur de ballet, mieux ! Il voletterait, il bourdonnerait sans cesse, sans arrêt autour de son adversaire, il changerait sans cesse de position, de direction, il éviterait les coups, il étourdirait l’autre par cette danse infernale au rythme endiablé et toujours changeante et puis, et puis, sa droite ferait le reste ! Dès qu’il trouverait « l’ouverture » il catapulterait cette terrible droite qui enverrait son adversaire au tapis pour le compte. Tel était le rêve du petit Raymond Jouve. Mais ce rêve, comment faire pour le réaliser, lui donner corps ?
 
Raymond s’entraînait tous les jours au gymnase de la ville voisine. Il faisait le trajet à bicyclette. C’est qu’il avait dans ce gymnase – que fréquentaient les boxeurs de la région, tous des amateurs, – le matériel dont il avait besoin. Un jour, un monsieur l’accosta après sa séance quotidienne d’entraînement. Il se présenta :
« Jeune homme, je m’appelle Antoine Delcourt et je fais du recrutement. Je travaille pour le Boxing Club de France à Paris. Par là, je veux dire que je fais le tour des gymnases de boxe de la région et si je rencontre un garçon qui me semble avoir de l’avenir dans la boxe, je lui en parle et je signale ma découverte à monsieur Charles Maittra à Paris. »
Raymond lui demanda pourquoi il lui racontait cela. Antoine Delcourt lui répondit ceci :
— Jeune homme, je vous observe ici depuis quelque temps et je suis persuadé que vous avez de l’avenir dans ce sport. Vous avez un jeu de jambes absolument fabuleux, vous êtes rapide et puis quelle droite vous possédez ! Je ne vous cache pas que vous m’intéressez et je suis certain que vous intéresseriez aussi monsieur Maittra. 
— Que dois-je faire ? Est-ce que tout cela est sérieux au moins ? 
— Si cela n’était pas sérieux, je ne vous en parlerais pas. Je ne m’intéresse qu’aux jeunes boxeurs qui ont du talent, beaucoup de talent. Vous faites partie de ce petit nombre. Alors, ma proposition vous intéresse-t-elle ? 
— Mais quelle est cette proposition, monsieur Delcourt ? 
— Bon, d’abord, je vais parler de vous à monsieur Maittra. Je vais le convaincre de vous faire monter à Paris et de vous prendre à son gymnase. Il s’occupera de vous. Vous serez logé et nourri gratuitement. Vous vous entraînerez tous les jours au Boxing Club de France. Au fait, monsieur Maittra est le président de ce club de boxe. Vous aurez un entraîneur qui s’occupera de vous. Charles Maittra organisera votre premier combat et d’autres suivront par la suite, de plus en plus difficiles évidemment. Alors, vous dites oui ? Ou vous dites non ? N’oubliez pas une chose : ce que je vous propose est la chance de votre vie ! J’ai besoin d’une réponse dans 48 heures. Voici mon numéro de téléphone. Appelez-moi demain ou après-demain ! Si j’étais vous, j’accepterais, car encore une fois, je vous redis que c’est la chance de votre vie. Une telle occasion ne se renouvellera pas ! »
 
Deux jours plus tard, il téléphonait à Antoine Delcourt pour lui dire qu’il acceptait sa proposition et qu’il était prêt à « monter » à Paris. Sa mère n’avait pas du tout aimé cette décision de son fils de vingt-deux ans, mais étant donné qu’il était majeur, elle ne pouvait s’opposer à son départ pour la capitale et à sa nouvelle vie. Son père avait protesté un peu puis avait finalement cédé.
 
Une semaine plus tard, Raymond Jouve était dans la capitale française et dans le bureau de Charles Maittra. Ce dernier, un homme d’une cinquantaine d’années, vêtu d’un impeccable tailleur bleu marine, cravate rouge et cheveux argentés, lui dit ceci : « Mon petit Raymond, Delcourt m’a parlé de vos belles qualités et il voit en vous un futur grand champion. Je me fie toujours à ce que me dit Delcourt. Jusqu’à présent il ne s’est jamais trompé dans ses prévisions. Alors, voilà : je vous prends entièrement sous ma houlette, vous vous entraînerez dans mon gymnase au Boxing Club de France. Delcourt vous a trouvé un petit appartement coquet non loin d’ici, vous prendrez vos repas à la cantine du Club et je puis vous assurer que l’on y mange fort bien et sainement. Enfin, c’est moi qui me charge de vos frais, divertissements compris, car il vous faudra bien de temps en temps vous divertir un peu ! En retour, je veux des résultats. Vous allez vous entraîner aussi longtemps que votre coach, monsieur Paul, le jugera nécessaire. C’est lui qui me dira lorsque vous serez prêt pour livrer votre premier combat, qui sera d’ailleurs facile. Par la suite, après une dizaine de combats, je vous ferai affronter le champion de France et, si tout va bien, nous combattrons ensuite le champion d’Europe, un Allemand. Après, nous aviserons… mais il faut d’abord voir les résultats ! Delcourt m’a dit que votre droite était un véritable boulet de canon ! »
 
L’entraînement dura cinq mois. Un entraînement impitoyable sous la direction du sympathique mais très sévère monsieur Paul, un ancien boxeur qui avait été autrefois champion de France des poids moyens, la catégorie dans laquelle se trouvait justement Raymond. Le jour du premier combat arriva. Sous les yeux pleinement satisfaits de monsieur Maittra, Raymond expédia son adversaire au tapis quelques secondes après le début du combat. Tous les combats qui suivirent furent plus ou moins semblables au premier. Monsieur Maittra se félicita de son flair (qui était surtout le flair d’Antoine Delcourt) et se dit que ce jeune garçon irait loin et même très loin dans la carrière pugilistique. Naturellement, Maittra voyait surtout l’argent entrer à flots dans ses caisses et celles du Boxing Club de France…
 
Arriva le jour du combat pour le titre de champion de France des moyens. Le Boxing Club de France était à demi plein ce soir-là. Raymond Jouve fut extrêmement expéditif et envoya son adversaire au tapis dès le début de la seconde reprise. Maittra fit ce soir-là une exception à la discipline rigoureuse que monsieur Paul imposait à son poulain et invita tou

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