Demeurer et transiter
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Demeurer et transiter , livre ebook

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Description

Les générations peuvent avoir des sensibilités différentes, en termes spirituels comme en termes culturels, de celles qui les ont précédées. Quand on creuse le mystère de l'humain et de Dieu, si le vocabulaire se modifie, l'expérience touche aux mêmes profondeurs, de Platon, Augustin, Proclus, maître Ekkart, Jean de la Croix, Thérèse d'Avila, Simone Weil, Etty Hillesum, à Marie-Odile Métral. Les écrits spirituels de cette dernière, ici rassemblés, se caractérisent par un double mouvement : vers soi et vers autrui, vers l'humain et vers le divin.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782385760205
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Demeurer et transiter
ÉCRITSSPR ITUE LS
MARIE-O DILEMÉ TRAL
© 2023
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Table des matières
Présentation
Dans ses vingt ans
Les années 1966-1968
Sa manière de rencontrer François d'Assise
La longue marche vers Dieu à travers l'amour et l'amitié
Quand la critique fait son œuvre
Nouveaux jaillissements et élans de sa vie d'oraison
Prières sous forme de grands poèmes
A la recherche de l'ailleurs
Présentation
Elle s’appelait Marie-Odile Métral. Son prénom évoq ue toute une époque, celle de l’après-guerre. Elle avait soixante et onze ans quand elle est morte, après un cancer qui la fit souffrir durant dix-huit mois. Elle était née en 1944, durant la libération de Paris. Sa mère, dit-on, avait accouché dans l’escalier. Ses parents étaient Résistants dans L‘Armée secrète . Dès son jeune âge elle savait que des munitions étaient cachées dans la cave, et que son père avait fait pendant la guerre de faux papiers. Sa famille la su rnomma même « mitraillette », elle dont l’âme ne fut jamais guerrière. Mais elle avait hérité de ce passé un vif sentiment d’indépendance d’esprit, qu’elle manifesta sans cesse dans sa vie intellectuelle. Après avoir ensei gné la philosophie avec passion mais en supportant mal les lourdeurs institutionnelles, elle reprit des études de psychologie clinique et devint, un peu sur le tard, psychanalyste. Croiser Marie-Odile Métral était rencontrer une charnelle-spirituelle, une femme dont le corps sexué respirait l’esprit. Elle aimait les objets, boucles d’oreilles, tissus raffinés, meubles anciens, parfum s délicats, comme elle aimait les formes et les formules littéraires, les concepts philosophiques, les profondeurs freudiennes, les poèmes de Rilke ou de Neruda, comme elle était à l’aise dans le ciel des deux Thérèse, de Jean de la Croix ou se mouvait dans le Cantique des créaturesde François d’Assise. Elle voulut d’abord embrasser la vie monastique. Après des séjours chez les Bénédictines, les Carmélites et les Clarisses, elle emprunta la voie qu’elle nomma, à la suite de Raïssa Maritain, « la contemplation sur les chemins », au fil du quotidien. Durant de longues années elle se leva à six heures, à Paris ou à la campagne, avant de commencer sa journée de travail, pour partir à l’oraison matinale, sans compter celle du soir, chaque fois que possible. C’était sa plongée extatique quotidienne. ll ne faut pas reculer devant le qualificatif de mys tique pour caractériser cette femme, qui aima l’humain jusqu’à y saisir Die u. Les sensibilités culturelles diffèrent d’une génération à une autre. Mais quand on creuse le mystère de l’humain ou le mystère de Dieu, si le vo cabulaire se modifie, l’expérience est la même. Les profondeurs que l’on atteint chez Platon, Augustin, Proclus, Maître Eckart, Jean de la Croix, Thérèse d’Avila, Simone Weil, Etty Hillesum, se retrouvent chez Marie-Odile Métral comme chez d’autres semblables. Le point nodal fut pour Marie-Odile Métral la mystique de François d’Assise : une découverte et une contem plation de Dieu « in creaturis » ; elle diffère de la contemplation par analogie, « ab creaturis », celle des mystiques rhénans, Tauler par exemple. Marie-Od ile Métral développa cette voie franciscaine. Trouver Dieudans ce monde sensible : plusieurs maîtres spirituels ont mis en relief cette spécificité de François qui va à Dieu en, dans, par les réalités créées. François contemp le Dieu dans le soleil, la lune, les étoiles, l’eau, la terre et même dans la mort. Marie-Odile Métral s’attacha surtout à la contemplation de Dieu dans l a relation aux autres humains, dans l’amitié, dans l’écoute de la souffra nce psychique, dans
l’attention aux gens très âgés, dans l’amour d’un homme et l’exultation d’être enceinte par deux fois. Dans cette voie, elle alla jusqu’à expérimenter que l’union charnelle non seulement n’est pas le contraire de la vie donnée à Dieu seul, mais qu’elle est un moyen pour connaître l’éc hange, don de soi et réception de l’autre, qui est le cœur de la vie divine. Elle ne suivit pas ici les propos de maints spirituels et théologiens traditionnels, pour lesquels l’union charnelle, aussi magnifique qu’on la puisse concevoi r, est néanmoins la consumation dans la contingence du désir d’absolu, ce qui amène à lui préférer la chasteté. Henri de Lubac exprime parfai tement cette vision restrictive : « C’est que, dans le don éblouissant du corps, une sorte de court-circuit se produit – un éclat qui absorbe et neutralise une fraction de l’âme. [1] Quelque chose est né, mais qui s’est largement cons umé sur place. » . Marie-Odile Métral n’attendait pas de la sexualité d’être comblée, et déçue, dans son désir d’absolu, comme le suggère de Lubac. Ce dernier est assez intelligent pour ne pas utiliser en plus l’argument selon lequel se donner à un autre, et recevoir cet autre, dans l’union charnell e, limite le don que l’on pourrait offrir à une multitude d’autres. Marie-Odile n’a jamais été limitée, dans sa disponibilité, par sa relation avec un homm e. Il s’agissait pour elle, en femme du XXe siècle rejointe par la révolution sexu elle, de passer par cette réalité concrète pour vivre quelque chose de Dieu lui-même, de même que l’on peut passer par le soleil, la lune et même la mort pour toucher quelque chose de ceTodo y Nadaqui habite les mystiques. La tradition mystique transpose dans l’union à Dieu le modèle de « l’amou r fou » entre amants auquel il faut renoncer dans la chair parce qu’idolâtre. En rendant la sexualité plus ordinaire la vie contemporaine a fait franchir un seuil à la sexualité que Marie-Odile Métral a tenté de saisir pour en faire un chemin vers le divin. Si l’on s’étonne d’une mystique de la joie humaine, si peu ascétique croit-on, on pourrait renvoyer à cette remarque de Maurice Blondel : « Le renoncement n’est pas la même vertu que le détachement : pour l ’une le monde n’existe plus, ou il n’est qu’une occasion de sacrifices, de mépris et de souffrances ; c’est la psychologie du cloître et de la solitude contemplative. Pour l’autre il y a, en toute chose, la volonté de Dieu, de Dieu seul, mais c’est assez pour que [2] l’homme se rattache très purement à tout être et à toute science." Marie-Odile Métral s’exerça au détachement, au cœur de toute chose, mais, depuis sa jeunesse elle n’était pas dans la logique du cloître, qui l’attira et qu’elle ne put jamais embrasser.  Dans la dernière décennie avant sa mort c’est dans les chapelles carmélitaines qu’elle trouva son lieu. C’est là qu’elle composa une synthèse où philosophie, psychanalyse, relation amoureuse, amitié, mystique trouvèrent [3] leur place, pour quêter le plus haut, ce que Stanis las Breton , son vieil homme et philosophe préféré, lui avait appris à penser et à vivre, le « Rien par excès ». Dans la méditation, avec Stanislas Breton, de l’épitre de Paul aux Corinthiens (1 Cor. 1, 17–31), de l’hymne de la kén ose (Philippiens, 2, 5–11), du chapitre 25 de l’évangile de Matthieu et du lavemen t des pieds, Marie-Odile Métral ne pouvait regarder le Tout-Autre que comme celui qui s’abaisse et révèle ainsi qu’il est le « rien qui donne ce qu’il n’a pas ». Pour goûter sa singularité, on peut rapprocher Marie-Odile de deux autres grandes spirituelles de la génération précédente : Simone Weil et Etty Hillesum. Avec Simone Weil elle a en commun le lien étroit entre son désir de Dieu et son exigence de rigueur intellectuelle. Ell e fut inflexible dans
certaines de ses convictions, notamment sur la scan daleuse cléricalisation masculine dans l’église catholique. Elle aurait sou scrit à cette phrase de Simone Weil : « tout se passe comme si avec le temp s on avait regardé non plus Jésus, mais l’Eglise comme étant Dieu incarné ici-bas. Mais il y a une petite différence : c’est que le Christ était parfa it, au lieu que l’Eglise est [4] souillée de quantité de crimes. » Cette protestation est plus que jamais actuelle, et la prétention du corps institué des clercs masculins à être l’Eglise et à parler en lieu et place du Christ la faisait souffrir. A la manière de Simone Weil elle n’entendait pas renoncer à son esprit critique au cœur de sa quête amoureuse du Christ. Elle avait une grande disposition philosophique, qu’ont reconnue Jacques Maritain, Georges Morel, Stanislas Breton, et bien d’autres. Les textes qu’elle consacra à ces maîtres en témoig nent. Mais elle les vénéra dans la seule mesure où ils ne lui imposèrent rien d’autre que l’exigence de penser par elle-même. Elle aurait encore signé cette autre pensée de Simone Weil : « L’amour et la connaissance de Dieu ne sont pas réellement séparables, [5] car il est dit dansl’Ecclésiastique :Praebuit sapientiam diligentibus se » . Marie-Odile disait souvent en allant à l’oraison : avant d’entrer, je dépose mes questions, pour être là dans l’attention à telle phrase évangélique, tel passage de Jean de la Croix ou d’une des Thérèse, bref être simplement là, dans un regard essentiellement porté sur le Christ en croix, sans discussion. Mais mes questions reprennent au sortir de l’oraison. Pour saisir la voie de Marie-Odile Métral, il convient de la rapprocher aussi d’Etty Hillesum. De famille juive libérale contestataire, elle a mené une vie professionnelle après ses études et entrepris une a nalyse yungienne. Son écriture « manifeste sa tendresse pour l’épaisseur des choses. Ses visions d’une réalité autre en sont plus sublimes et magnifi ent en retour le réel [6] aimé » , tous traits qui ne sont pas éloignés de Marie-Od ile Métral. Etty Hillesum, dont le journal, traduit sous le titreUne Vie Bouleversée(Seuil 1985) fut sauvé de l’oubli par amis et parents, séduits par la qualité extraordinaire de son expérience intérieure. Loin de toute influence i nstitutionnelle, et après une libre pratique de la sexualité, elle découvre Dieu au fond d’elle-même et dans le service des Juifs condamnés à la mort dans le camp de Westerbork. Marie-Odile Métral n’a pas eu ce destin tragique. Mais comme elle, elle trouva Dieu au fond d’elle-même, sans aucun des effets ext érieurs habituellement attribués aux mystiques. Ce qui est de plus en plus le cas des mystiques d’aujourd’hui, d’Elisabeth de la Trinité à Mère Thérèsa. Marie-Odile Métral fut une mystique du contemporain. Footnotes
1. ^Henri de Lubac, L’éternel féminin, étude sur un texte du Père Teilhard de Chardin, Aubier, 1968, p. 79. 2. ^Carnets Intimes, 13.III. 1889, Éditions du Cerf, 1961, p.183. 3. ^Philosophe, métaphysicien lumineux et atypique, qui ne souffre que d’être mal connu malgré ses cinquante livres et centaines d’articles, qui fut professeur dans les Universités catholiques mais enseigna aussi à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm, lié d’amitié avec Louis Althusser, Jacques Derrida, Etienne Balibar, entre autres. Religieux passionniste il fut aussi hardi sur les perspectives spirituelles que métaphysiques. 4. ^Lettre à un religieux, Gallimard, 1951, p. 44.
5. ^Idem, p. 72 « Dieu accorde la sagesse à ceux qui l’aiment ». 6. ^, Point, 2013,Camille de Villeneuve, Etty Hillesum, La paix dans l’enfer p. 40.
Dans ses vingt ans
En classe terminale, Marie-Odile lit les Confessions de Saint Augustin. Elle en est bouleversée. C’est une conversion qui lui fait penser à la vie monastique. Elle va effectivement frapper à la porte de nombreux monastères, de clarisses, de carmélites, de bénédictines. A Jouarre par exemple elle saisit avec force que l’attraction qu’elle éprouve lui dit en même temps que ce n’est pas sa voie. Et pourtant elle cherche Dieu et le cherche désormais dans les liens humains. SUR LA VIE RELIGIEUSE La métaphysique chrétienne a une notion clé, déjà p leinement présente dans la pensée juive et qui seule permet de porter un regard vrai et sain sur le monde et sur Dieu : c’est le couple absolu /contingent. Si Dieu est celui qui est, le monde avec l’homme est en marche vers Dieu ; il devient. Et si le monde devient c’est par ce que la création pour le créate ur et malgré les écueils, les ratures, les tentations du non être, le monde croit, il change, il mûrit, il veut devenir meilleur par l’homme et pour lui. Ce deveni r est bon, le chrétien l’aime pour ce qu’il est en vérité car s’il sait que c’est la connaissance de Dieu qui seule permettra une connaissance vraie, une déc ouverte et une construction de son sens véritable, il n’en est pas moins dans le monde. L’originalité d’une telle vue se retrouve au niveau de l’agir aussi bien qu’au niveau de la pensée : c’est pourquoi la vie du chrétien est d’abord pleinement humaine, même si cette vie humaine est nouvelle, re créée et cela la différencie de tout autre vie religieuse. C’est donc fondamentalement chrétien de dire que tout change, que tout va vers du plus, qu’il y a une montée de la création ; et s’il faut que notre foi, notre vie s’exprime à travers des signes qui parlen t à notre temps, je viens demander à l’église si c’est pour elle un souci que la vie contemplative soit une vie de notre temps et pour notre temps, une vie pou r Dieu qui parle aux hommes. …. Je viens demander à l’église, enfin à celles qui dan s l’église vivent de cette vie et témoignent ainsi de la vérité de Dieu seul, si mes aspirations et mes exigences sont compatibles avec l’essentiel de la v ie religieuse, même si je n’accepte pas certaines traditions et coutumes, secondaires sans doute et non indispensables pour cette raison même. Je commencerai par dire que si je veux être d’autan t plus attentive à tout ce qui me sera dit que je me situe à l’extérieur de ce dont je parle, je refuse cependant de me considérer complètement comme étant de l’extérieur puisque c’est en chemin que certaines exigences me sont venues et que j’ai désiré profondément pendant un temps me couler dans les structures toutes faites pour y trouver la médiation la plus directe vers Dieu. Maisnon,celanemeconvientpastelquel.
Maisnon,celanemeconvientpastelquel. Je commencerai par dire que ce qui m’attire dans cette vie c’est ce qu’elle a d’absolu : tout pour Dieu. Et c’est pourquoi j’ai voulu comprendre, admettre, accepter un peu par anticipation le renoncement total aux valeurs humaines les plus hautes : amitié, travail intellectuel, sim plicité des rapports avec le monde. Il y eut jusqu’à la chartreuse qui me tenta. J’étais en philosophie quand je pris conscience tout à la fois qu’il y avait en moi un grand désir d’absolu, de vérité et que tout cela ne pouvait s’appeler que Dieu et que le monde avait besoin d’une cause, d’un être, d’un Dieu pour être. J’ai découvert qu’à ses exigences il y avait une ré ponse infiniment plus contraignante que toutes celles que je cherchais et trouvais : Jésus-Christ qui m’invite à vivre l’amour même de la vie trinitaire. Devant le sérieux de cet amour, que j’ai compris intensément le jour où j’ai lu dans Saint Luc que j’ouvrais pour la première fois : « si quelqu’un ve ut venir à ma suite qu’il se renie lui-même » et encore mieux : « si quelqu’un veut venir à moi sans haïr son père etc. », j’ai voulu dire oui. J’étais pourtant déconcertée par de telles exigences car tous les projets que j’avais faits jusque-là, sans tenir compte de Dieu, ne visait que la réussite selon la chair, l’aisance et on me demandait de perdre ma vie ; et voilà que les conseils et l’exemple de Saint-Augustin au livre huit des Confessions que j’avais lues peu de temps avant et qui m’avaient toute bouleversée, devenait un appel du Seigneur lui-même . Non seulement c’était déchirant mais encore difficile à comprendre : comment pouvait-t-on perdre sa vie ? Je regardais autour de moi comment après le Christ dans l’église on pouvait bien perdre sa vie. …Je me mis à poser autant de questions que je pus sur les ordres féminins et à lire tout ce qui pouvait m’instruire sur ce point. Dans les renseignements que j’avais acquis je retin s tout d’abord un nom : celui des bénédictines, dont on me dit qu’elles éta ient cloîtrées, ce qui me parut horrible, mais qu’elles étaient consacrées à la louange et à la prière et, en plus, avec un travail intellectuel très sérieux. J’ai donc lu quelques livres sur l’ordre bénédictin et par là, à la même période, l’autobiographie de Sainte Thérèse et la règle du Carmel qui me montra toute l ’importance de la vie d’oraison. Ce qui me plut au plus haut point dans la vie contemplative, c’est ce caractère absolu auquel je continue à tenir tant, e t l’envie me prit d’aller voir d’un peu près ce qu’était un monastère. Je fis une p remière retraite assez courte dans un monastère bénédictin et comme la grille ne me parut pas aussi désagréable que je l’aurais cru et que l’office, le silence, la lecture et même, pourquoi pas le travail des champs -et de toute manière, pour Dieu n’importe quoi correspondait à la vie que je voulais- je décidais de ne plus m’occuper de la grille à laquelle je voulus trouver un sens symbolique, d’ailleurs ressassé par tous ceux qui veulent la conserver. Le monde est bon certes me disais-je, mais Dieu vaut la peine qu’on laisse tout le reste et si, pour être à Dieu seul, il fallait se mettre derrière une grille, j’acceptais qu’il en fut ainsi. Je préparais propédeutique : ce qui me déplaisait c’était que le travail intellectuel, même la philosophie que je travaillais avec beaucoup de goût, me semblait coupée de la foi. Je continuais pourtant à travailler Saint-Augustin, Saint-Thomas, je lisais les livres des philosophes chrétiens contemporains puisque je croyais à ce moment-là qu’il y avait des philosophes chrétiens m ais sûrement pas de philosophie chrétienne. Tout cela m’intéressait mais j’aurais tout laissé pour une vie de prière, peu importait ce qu’on m’aurait demandé de faire. Je ne rêvais que de vie monastique et souhaitait embrasser au plus tôt cet état. Aussi
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