De la colère à la lumière
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De la colère à la lumière , livre ebook

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Description

« Mickaël rêvait-il d'une mobylette avec un désir aussi fort parce que son destin était de mourir ainsi ? Il la lui fallait. Il en parlait tous les jours, il faisait les efforts que nous lui demandions à l'école pour nous faire accepter de la lui offrir. Il dormait avec ses prospectus ! Dans les mois précédant son anniversaire, je le vois encore, lorsque je montais souhaiter une bonne nuit à chacun de mes enfants, il n'oubliait pas sa prière mais il me montrait aussi chaque soir tel ou tel modèle de mobylette, hésitant entre celle-ci plus jolie ou celle-là plus performante. Il l'attendait avec une impatience extrême... » Comment trouver l'apaisement après la mort d'un être cher ? Face au décès brutal de son fils, il aura fallu à Annie Gruel de nombreuses années pour guérir et accéder, après un parcours difficile, à un apaisement intérieur. À travers ce témoignage agrémenté de quelques peintures et poèmes, elle nous montre les divers chemins et les méthodes qui l'ont aidée à trouver la lumière, s'inspirant souvent d'un proverbe kabyle qui dit ceci : «?quelle que soit la longueur de la nuit, le soleil se lève toujours.?»

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 juin 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342153699
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De la colère à la lumière
Annie Gruel
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
De la colère à la lumière
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet : http://presence-o-centre.fr
 
Préambule
Ce livre, écrit sept ans après la mort de mon fils (mis à jour et édité, ce jour, vingt-quatre ans plus tard), se veut un témoignage :
témoignage d’espérance
 
 
Au travers de cet écrit, je souhaite faire partager au lecteur mon cheminement « de la colère à la lumière », c’est-à-dire de cette traversée du désert à aujourd’hui.
 
Ce livre est, en fait, le second temps de ce témoignage. Au début des années 2000 m’est venue l’idée de faire une exposition de peinture sur ce thème. J’y regroupe une vingtaine de peintures effectuées durant ces sept années et qui m’ont inspiré ce texte :
 
De la colère , oui, j’en ai eu !
Mais la mort ne tue pas l’amour  !
Alors, j’ai essayé de…
Toujours regarder devant …
Malgré les regards !
Savoir mon projet, là, au fond, le garder en attente ,
Parler, exprimer, toujours revenir sur ce fauteuil !
Souvent partagée entre les « deux moi »
Danser entre ciel et terre ,
Osciller entre soleil et lune ,
Méditer ,
Se sentir souvent seule dans la tempête  !
 
Petit à petit, remonter à la surface ,
Puis,
Le chanter au rythme des djembés ,
Retrouver la tendresse ,
Et la joie de vivre comme
Ces cygnes dansant dans la lumière .
 
Chanter et faire danser la beauté de la nature :
Golfe du Morbihan ,
Bécherel ,
Chaumière bretonne ,
Porte de presbytère du XVI e  siècle , Malestroit
La mer …
 
Vous l’avez probablement deviné, dans ce texte, chaque mot ou groupe de mots en gras correspond à un titre de peinture.
Il m’a semblé intéressant, ensuite, de traduire en mots ce parcours, cette traversée du désert et ce qui en résulte pour moi, aujourd’hui : un mieux-être global, un épanouissement. C’est ce que je veux traduire dans ce livre, espérant que ce témoignage pourra aider d’autres personnes à chercher, et, je le souhaite, à trouver la lumière.
Première partie. Souffrance et révolte
Chapitre I. De la colère, j’en ai eu !

Ce poing, recouvert d’un gant de boxe, est extrait d’une peinture effectuée durant l’hiver 1994-1995. Celle-ci (format 1,20 x 0,80 m) représentait dans ses deux tiers inférieurs la colère. Le tiers supérieur était porteur d’espoir.
J’avais symbolisé la colère avec deux poings gantés de rouge, cognant sur un punching-ball. Dans ce dernier, j’avais peint d’une part la roue du camion qui avait percuté Mickaël, mon fils de quatorze ans, et l’avait tué, un jour de juillet 1993, d’autre part, une tête sans yeux représentant symboliquement toutes les personnes que j’avais côtoyées et qui n’avaient pas su me voir et me reconnaître telle que j’étais. Je pensais, à cette époque, que les autres étaient responsables de mes souffrances, de mon mal-être. Le cheminement que j’allais faire allait me prouver que je me trompais, en partie, au moins.
Tout ceci était représenté dans la mer, synonyme, pour moi, à cette époque, de tourmente, de danger, d’engloutissement.
 
Dans la partie supérieure, j’avais dessiné un escalier parsemé de buissons, de ronces et de quelques fleurs. Vous devinez tout de suite la signification de cette montée difficile, jalonnée de pleurs, de souffrances, et heureusement, de temps en temps, de moments plus joyeux. Ces fleurs représentaient l’aide de mes proches et de mon thérapeute.
De chaque côté de cet escalier, comme en arrière-plan : le ciel d’où émergeait le soleil, bien qu’encore partiellement caché par les nuages mais bien présent comme un espoir.
J’avais intitulé cette peinture à l’huile : Cheminement vers la lumière .
 
C’était, à cette époque, pour moi, une période critique de la traversée du tunnel. Je ramais, je ramais, je ne savais pas quand j’atteindrais cette lumière mais je savais qu’un jour j’y arriverais. Je m’alimentais souvent de ce proverbe kabyle, entendu dans une émission de radio : « Quelle que soit la longueur de la nuit, le soleil se lève toujours. »
Si je parle au passé de cette peinture, c’est qu’aujourd’hui, elle est partie en fumée. J’ai souhaité, un jour, la brûler, comme pour détruire cette énergie négative, sortie de moi, et maintenant, non seulement inutile, mais néfaste. Après avoir travaillé, parlé, crié, peint, exprimé, maintes et maintes fois toutes ces colères, je me sens apaisée.
 
Au fil de ces années de travail sur moi, la colère a fait place à l’amour.
La mort de Mickaël
Juillet 1993. J’étais alors infirmière en maison de retraite et mes horaires de travail étaient discontinus. J’étais, comme d’habitude, rentrée déjeuner à la maison avec mon mari et mes trois enfants. Pendant le repas, Mickaël, l’aîné, nous a fait part de son désir d’inviter un copain à passer l’après-midi avec lui.
En début d’après-midi, je suis repartie au travail. Je suis partie, ce jour-là, un peu plus tôt afin de faire des courses avant de me rendre à la maison de retraite. Mes fils étaient, tous les trois, sous le chêne, devant la maison, sur une petite terrasse que nous avions aménagée. Ils m’ont dit au revoir de la main et, sans souci particulier, je suis partie vers « mon destin ». J’étais loin de penser que dix minutes plus tard, Mickaël serait mort. Et pourtant, si !
Il avait pris sa mobylette pour aller au-devant de son ami à l’arrêt de bus situé à environ 800 mètres de la maison. Pensant sans doute les dangers limités sur cette petite route de campagne, il avait posé son casque sur sa tête mais ne l’avait pas attaché. Un choc violent contre la roue d’un camion qui venait en sens inverse ne lui laissa aucune chance de survie.
Mickaël avait eu quatorze ans en avril. Son rêve, depuis longtemps, était d’avoir une mobylette et, plus tard une voiture, faire des courses automobiles… Il voulait rouler…
 
Quand j’écris cela, je repense à une question qui me revient souvent : allons-nous vers ce qui nous attend et sommes-nous poussés, inconsciemment, vers notre destin ? 
Mickaël rêvait-il d’une mobylette avec un désir aussi fort parce que son destin était de mourir ainsi ? Il la lui fallait. Il en parlait tous les jours, il faisait les efforts que nous lui demandions à l’école pour nous faire accepter de la lui offrir. Il dormait avec ses prospectus ! Dans les mois précédant son anniversaire, je le vois encore, lorsque je montais souhaiter une bonne nuit à chacun de mes enfants, il n’oubliait pas sa prière mais il me montrait aussi chaque soir tel ou tel modèle de mobylette, hésitant entre celle-ci plus jolie ou celle-là plus performante. Il l’attendait avec une impatience extrême…
Comme beaucoup de parents face à ces deux-roues, nous avons hésité à la lui offrir, pensant aux risques d’accident. Finalement, pour son anniversaire, nous sommes allés acheter une MBK d’occasion, un joli monstre noir et mauve. Avec un casque neuf aux mêmes couleurs, Mickaël est revenu tout fier et tout heureux sur son engin.
Il a ainsi roulé beaucoup durant les week-ends pour aller voir la famille, les copains… et surtout il appréciait de pouvoir aller seul à la pêche, se lever tôt pour aller tendre ses lignes dès le lever du jour. Il aimait particulièrement ce sport. Il appréciait le calme de la nature et pouvait rester ainsi des heures et des heures, avec un ou des copains. Le dimanche précédant son accident, il avait participé à un concours de pêche et avait pêché huit truites. Quelle fierté de nous ramener sa capture ! Son esprit commercial ne perdait pas cette occasion pour proposer à ses grands-mères deux ou trois truites à 10 francs pièce. Cela lui permettait de rembourser son droit d’inscription au concours. Nous mangions le reste en famille.
Mickaël avait toujours été un enfant très précoce. À deux ans, il avait découvert sa passion du bois et « monsieur Popof », un menuisier qu’il avait surnommé ainsi en référence au bruit du marteau, lui avait fabriqué un petit marteau en bois. Il l’a longtemps conservé et s’en est beaucoup servi tant qu’il n’a pas eu de mallette de menuisier plus efficace. Il avait aussi un petit établi sur lequel il pouvait taper, écrire, bricoler… À huit ans, il a fabriqué son premier avion en bois et à sa mort il nous a laissé quantité d’objets fabriqués de ses mains ! Il offrait ainsi aux uns et aux autres des objets simples mais décorés de pyrogravure ou parfois peints. Ces cadeaux étaient pour nous, bien sûr, ses parents et frères, mais aussi pour ses grands-parents, oncles et tantes, institutrice…
 
Petit clin d’œil au passage. Pour Mickaël, monsieur Popof était un modèle, car il a toujours eu le projet professionnel d’être ébéniste, dès qu’il a pu identifier ce métier. Et, curieux hasard, ils sont morts tous les deux la même semaine et leurs obsèques ont été célébrées le même jour ! Le hasard existe-t-il ?
 
Mickaël était donc très inventif dans ses jeux et était bon élève. C’était comme s’il n’avait pas eu de temps à perdre. C’était un « ado » comme les autres, bien que nous ne soyons jamais vraiment comme les autres. Je veux dire qu’il vivait son adolescence comme tout autre jeune. Il aimait particulièrement participer à des rencontres entre jeunes, à des week-ends de réflexion et de fête. Il faisait partie d’un mouvement chrétien : le MEJ (Mouvement eucharistique des jeunes). Les grandes valeurs étaient importantes pour lui et souvent il aimait chanter la chanson de Jean-Jacques Goldman, dont une des phrases était : « On pouvait dire de lui qu’il changeait

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