De Claudia en Sinna
292 pages
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De Claudia en Sinna , livre ebook

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Description

Claudia intègre le centre de préparation aux séjours de longue durée de l'homme dans l'espace, dans le Périgord. Son père en est le patron et il l'y envoie afin d'en vérifier le fonctionnement. Claudia sera la seule femme. Or, il lui faudra démontrer à travers les tests d'aptitude, qu'elle est aussi digne qu'un homme de réussir. Des tests d'aptitude pour un séjour spatial de longue durée sont pratiqués dans un centre qui ne reçoit que des hommes. Or, Claudia va y rentrer sous les ordres de son père et l'oeil savant de Maître Jean, le dirigeant des expériences. Un récit qui met en scène l'éternel débat sur l'égalité des forces masculines et féminines, à travers un scénario scientifico-mystique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 août 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342032451
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De Claudia en Sinna
Michel Morel
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
De Claudia en Sinna
 
CLAUDIA
Dans le Périgord
Un index rageur ne parvient pas à enfoncer le bouton central de cette antique sonnette de fer.
 
« Elle date de la construction du château ! » songe Claudia.
 
Elle se hisse avec grâce sur la pointe des pieds pour atteindre le bout de chaîne cassée qui a marqué le mur sous l’effet du vent pendant tous ces ans. Après le grincement sinistre du mécanisme rouillé, la cloche n’émet pas le signal souhaité.
 
La clinique ultra confidentielle et super privée de son père ! « Prendre le taxi Mercédès jaune. » Lui dire : « Pour Saint Barnabé. » Silence absolu pendant le trajet de vingt kilomètres. Ne sonner qu’après le départ visuel du taxi ! Quel roman d’aventure !
 
Pourtant Saint. B.r.abe se devine sur la vieille plaque de marbre fendue et mangée par le lierre ! Le chauffeur connaît parfaitement l’itinéraire. C’est donc bien là. Ce chauffeur qui, depuis le départ, se mord désespérément les lèvres pour ne pas lui adresser la parole.
 
— Non, je suis en compte, répond-il d’un ton sec.
 
Mais quel regard d’envie sur les billets tendus ! Il se retourne nerveusement, claque le coffre arrière et la porte, côté passager. Il prend, par contre, tout son temps pour se remettre au volant et effectuer son demi-tour laborieux devant la haute grille fermée. Il monte, par nécessité, sur le talus herbeux pour réussir sa manœuvre. Il s’éloigne, au ralenti, comme en bougonnant, au son du moteur de gros chat ronronnant et cajoleur. Les yeux rivés sur son rétroviseur intérieur, il manque de heurter à chaque instant les énormes chênes aux grosses racines cahotantes bosselant cette petite route perdue en pleine nature sauvage et verte du Périgord Noir.
 
La jeune fille piaffe d’impatience. Elle repousse intérieurement cet homme de toute sa hargne difficilement contenue.
 
— Quel pot de colle dégoulinant ! lance-t-elle à l’endroit du sol marqué par la trace des pneus.
 
Un coup d’œil circulaire l’assure de la totale solitude du lieu. Plus aucun bruit de civilisation ! Pourquoi se retrouve-t-elle seule dans cette forêt du Périgord, loin de tout, de tous et de Paris ? Elle, qui a tout tenté pour infléchir l’ordre paternel ! Cris, larmes, chantage !
 
« Tu feras Barnabé ! » répétait son père.
 
Elle obéit enfin, à contre cœur, à court d’arguments et de ressources, mais bien décidée de se venger à sa façon.
 
Un léger sifflement la fait sursauter. Au-dessus de la sonnette s’inscrit en lettres de lumière sur le mur de pierre :
 
« Entrez »
 
L’instruction s’efface sur :
 
« Laissez vos bagages »
 
Puis enfin :
 
« Suivez les points lumineux »
 
Pas un son, pas une parole. A peine rassurée mais sans nul doute amusée, elle pousse la porte au fonctionnement silencieux et aisé.
 
« Eh ! Eh ! Eh ! Le jeu commence » pense-t-elle.
 
Quel contraste avec la rouille triomphante et le délabrement apparent. En l’air, sans support physique, se matérialise un point brillant et clignotant. Il trace sa route en direction de l’habitation, masquée par les branchages bas et les buissons épais. Apparaît une bâtisse blanche aux délicieuses petites tours et toits en pointe. Elle s’offre comme un sourire, bien fixée dans son grand écrin naturel vert tendre.
 
Claudia joue à se laisser conduire. Elle essaie de deviner où le point réapparaîtra. Elle aboutit, à ce jeu d’enfant, dans une petite pièce, côté nord. Personne pour l’accueillir ! Le vide.
 
Elle devra attendre ainsi trois jours ! Trois longues journées interminables avec comme seuls signes de vie, des messages visuels ! Aucun son extérieur ne perce les fenêtres closes. A peine quelques rares allées et venues humaines feutrées, de jour comme de nuit, trahissent-elles une présence humaine. Aucune réponse à ses questions anxieuses. Ses repas se présentent au travers d’une ouverture à guichet dans le mur.
 
« Attendre et obéir aux instructions »
Quelle consolation pour ses longs soupirs, ses coups vengeurs sur sa porte fermée à clef ! Elle peut tout à loisir développer sa rage folle et sa colère vibrante ! Le jour de son arrivée, un silence profond et mortel, seul, lui répond. Une absence quasi totale de sons à vous faire siffler et hurler les tympans. Quelques notes de musique douce se hasardent dans la pièce, le lendemain matin. Des rythmes tendres la bercent le surlendemain. Des sons étranges, des vibrations originales de type oriental, la réveillent le matin du quatrième jour. Ce même matin, une feuille de papier blanc griffe le parquet de chêne, sous sa porte.
 
« Du courrier ? » Elle se jette sur la feuille. Non ! Une missive protocolaire : le cérémonial de réception de quinze heures. L’instant d’après, par le même chemin que sa nourriture, elle reçoit sa tenue, une longue robe blanche en coton grossier. Un tissu parfaitement propre et blanc, avec, enroulée comme sur un pont de navire mais ici sur un bout de carton : une cordelette noire.
 
« Ils sont malades ces mecs ! » Vous auriez souri à la pureté de son accent parisien et son inflexion sur l’adjectif : « malades ! »
 
« Ils veulent que j’enfile ça ? Attendez un peu ! »
 
Mais elle parcourt tout de même son texte et enregistre le déroulement de l’entrevue. Un psychodrame en quelque sorte. Elle reconnaît encore l’empreinte paternelle ! Du théâtre, encore du théâtre ! Devrait-elle se soumettre pendant toute son existence à toutes ces sortes de mises en scène burlesques ?
 
« Venir encore faire son cinéma ici ? Bon, IL verra ! »
 
Lumière clignotante, trajet en pointillé, déplacement dans un château vide et encore une attente, il lui faut encore obéir ! La lourde porte de bois artistiquement sculptée s’ouvre enfin.
Maître Jean
De son siège au dossier de bois haut et dépassant largement sa chevelure foncée abondante, Maître Jean, immobile, l’observe. Claudia, le regard rivé sur lui, avance des trois petits pas recommandés. L’angoisse la saisit à la gorge. Elle s’efforce de déglutir, comme en montagne, à cause de la différence d’altitude ! Pourtant elle parcourt avec assurance toute cette pièce lambrissée. De taille moyenne, éclairée vivement de hautes et étroites fenêtres, cette petite salle baigne dans une atmosphère reposante. Un fin parfum d’origine inconnue flatte les narines féminines. Arrêt de trois minutes qu’elle doit marquer, le regard fixé au sol. Elle pense plusieurs fois perdre l’équilibre, prise de vertiges sous l’intensité du regard du maître de cérémonie et de l’ambiance très spéciale de la pièce.
 
— Avance !
 
Elle poursuit le déplacement exigé, gênée par son habit trop large et trop long, son haut et profond capuchon pointu lui masque la vue de la partie supérieure et du plafond. La cordelette noire, trop serrée, largement au-dessus de sa taille, révèle sans ambiguïté une féminité dilatée que l’habit monastique ne parvient à voiler. Rien à faire pour masquer les formes généreuses de la jeune fille. Elle attend encore, petite statue vivante, figée mais vibrante de tensions et d’émotions à peine contenues.
 
— Parle !
 
Elle récite son texte sans conviction, sans pouvoir non plus contenir ses commentaires intérieurs vifs et irrespectueux.
 
— Maître, j’ai failli !
 
— Nous le savons.
 
« si tu savais, mon petit vieux, le nombre de fois où je n’ai pas failli mais bien réussi mes coups… » ajoute-t-elle intérieurement.
 
— Je demande votre pardon.
 
— Nous te l’accordons.
 
« Pas pour longtemps… à la première bonne occasion… »
 
A ces mots, elle secoue une fois son capuchon.
 
— Je sollicite de nouveau l’aide d’ICI
 
— Nous t’aiderons.
 
« Si tu savais, mon petit cœur, comme je me débrouille bien, toute seule… »
 
Elle opine doublement du bonnet.
 
— Je souhaite, de mon erreur, l’explication.
 
— Nous t’entourerons.
« Pas trop tout de même… mais si tu y tiens, si tu veux voir pour prendre des leçons, et parfois, à plusieurs on se change, mais ça ne doit pas être ton genre, mon lapin… »
 
Elle hoche triplement. Un long et profond silence s’installe.
 
Elle rit, sous cape, du bon tour mental qu’elle joue à la comédie imaginée par son père. Puis d’un seul coup, elle se lasse de cette mise en scène et un frisson d’impatience la parcourt. D’une secousse, elle relève le lourd bonnet. Maître Jean, les yeux fermés depuis le début de l’entretien, sent monter la provocation. Un sourire malicieux sur les lèvres, il poursuit :
 
— Tu as résisté, mais au prix de graves blessures à ICI, la puissance manifestée par le feu ! Toute autre que toi serait morte, consumée, brûlée vive. D’où tires-tu cette aptitude à vaincre le feu ?
 
Aux premiers accents de cette interrogation à valeur de compliment, un petit bras court et délicieux surgit de la robe. D’un geste, il libère une épaisse toison blonde qui jaillit du capuchon rejeté. Quelques coups de tête adroitement lancés rendent vite à ses cheveux leur noblesse et leur liberté naturelles. Une magnifique tête ronde et radieuse illumine d’une clarté inattendue toute la pièce si austère. Maître Jean se trouve, un bref instant, sans réaction.
 
La jeune fille utilise aussitôt ce court répit pour lisser quelques faux plis de sa robe. Elle resserre et remonte encore la cordelière glissante imitant la robe de certaines femmes de l’entourage de Napoléon. Elle emplit largement ses poumons d’une respiration qui enfle son habit. Elle tend enfin au maximum le tissu grossier sur ses formes proéminentes. Satisfaite de ses avantages réajustés et

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