D un jour à l autre
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Description

Une femme nous raconte son destin et surtout sa volonté de vivre. Un mouvement impétueux et fougueux la projette dans le désir irraisonné d'une jouissance de chaque instant. Mais ses souvenirs se heurtent et se bousculent, avec fougue se déversent ses émotions. Comment dès lors faire table rase du passé ? Malgré des chutes vertigineuses, des moments d'angoisse intenses, rien ne la fera renoncer .

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2005
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748373011
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0034€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

D'un jour à l'autre
Danielle Fauque
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
D'un jour à l'autre
 
 
 
à Françoise,
Claudine,
Emmanuel
 
 
 
 
à Pierre,
Hervé
 
 
 
 
 
Je suis née en mille neuf cent quarante-trois, je n’ai donc pas eu conscience de la guerre présente les deux premières années de ma vie.
 
Alors pourquoi est-ce que je fais souvent ce même rêve ?
Je me promène aux abords d’une forêt, je marche dans un chemin dégagé, je ne suis pas seule, mais avec qui ?
 
Des allemands surgissent, je ne saurais décrire leur uniforme. Ce sont des soldats, je sais qu’ils sont allemands. Ils se mettent à genoux, nous visent et tirent à la mitraillette : vite, je me jette sur le côté, me cache derrière de hautes herbes, je suis protégée, mon rêve s’arrête.
 
Ou bien je ramasse une planchette, me blottis derrière, et je suis sauvée ! Quel drôle de phénomène se produit dans la tête pour que, lorsque le danger m’entraîne au seuil de la mort, le rêve cesse dans une solution dérisoire, absurde ? Pourquoi ce rêve de guerre que je n’ai pas connue, ces hommes que je n’ai jamais vus, ce bruit de mitraillette jamais entendu… ?
* * *
J’ai feuilleté toutes les pages où j’ai écrit le trop plein de mes pensées. Au milieu d’elles, je cherche la phrase qui me permettra de commencer ce livre…
Je ne trouve rien qui introduise la suite.
 
La nuit tombe, la grisaille du ciel ne suffit pas à retenir l’éclatante lueur blanche de la neige. J’ai pourtant approché la table de la baie vitrée… J’ai froid, j’ai peur… peur des mots, des phrases que je cherche enfouis dans ma tête ou dans ces vieilles pages.
 
Toutefois, lorsque j’écris, je suis comme une femme en douleurs, les mots m’échappent, maladroits, froids, inexistants, inutiles, superficiels. Tout à coup, un répit, un déchirement, la lumière est là, les mots explosent : l’enfant est sorti, une libération, un apaisement envahissent tout mon être avec une douceur infiniment silencieuse. Oh ! Je sais ! un peu comme après l’amour…
* * *
Dans le salon, je me suis installée, dans la pénombre, recroquevillée, je recule encore j’hésite, que mettrai-je à nu ?
Lorsque j’étais petite ? Il y a une succession de petits bonheurs, une multitude d’angoisses, de souffrances physiques, morales ; alors par quoi commencer, n’ai-je pas peur de ce recul ?
 
Je cherche à quand remonte cet amour des livres ? Toujours la solitude mais à la place d’une angoisse, la lecture m’offre un cadeau merveilleux : le rêve, l’imagination… Seule, je vais, je viens dans un monde inconnu avec des inconnus. Seule, je décide d’être avec, dedans, ou pas. Choisir ! Moi que tout dirige.
 
— « Mange ceci, bois cela, dors à présent, lève-toi doucement, enfile ce pull. »
 
Avec les livres, je deviens libre, je sors de la chambre, je flotte dans un autre monde ; fini de regarder ces poupées insipides. Pourtant, j’en ai neuf rangées dans un lit de bois.
 
Quel plaisir de marcher, pas trop vite, vers le libraire quand ma santé le permet, de pousser la porte du magasin, de me tordre le cou pour lire chaque titre, de tirer un livre de l’étagère, de décider si le résumé est tentant, de le remettre, d’hésiter encore…
Finalement je prends celui qui a le plus de pages.
* * *
De retour à la maison mon cœur bat très fort. Le livre est à moi, je recule le début de ma lecture en étudiant tous les détails de la couverture, je lis, je relis le résumé au dos, je consulte les titres du même auteur, lieux et dates de parution, je palpe les pages ; combien de chapitres ? Quand tout cela est bien absorbé, je le referme pour retarder encore le plaisir du début. Je me force à un ouvrage quelconque. Au lieu de passer tout mon temps à lire, il me faut apprendre à bien coudre des boutons. Comme je les ai maudits ces boutons !
 
Maman essaie de m’éduquer en tant que fille, donc future femme, voire femme mariée, donc mère de famille…
 
Je lui dois un souvenir merveilleux et frustrant : lorsque je suis très affaiblie à la sortie d’une fièvre violente, j’ai droit à la lecture des prix scolaires de maman, relégués à la cave, faute de place dite « utile » en haut de la maison. Quel délice, quelle extase la lecture de ces deux livres fantastiques, épais, grands, aux gravures à la plume infiniment précises. « Dounia la poupée russe » et « Le charmeur de serpents » sont aujourd‘hui dans ma bibliothèque, ce fut un merveilleux cadeau lorsque mariée maman me les donna. Je les feuillette parfois. Si les auteurs savaient quelle reconnaissance je leur voue au souvenir de tant de joies pour une petite fille malade, seule. Je refais le voyage à chaque lecture, chagrins, aventures, bonheurs… ma convalescence terminée, les livres retournent à la cave. Je n’irais pas jusqu’à écrire que je souhaitais être malade afin de pouvoir les lire… Je les ai fait relier.
 
— « Je n’ai pas besoin d’arrhes, ces livres sont sans valeur. », souligne maladroitement le relieur.
 
Ils ont une place d’honneur dans la bibliothèque.
 
Maintenant mon rêve est d’écrire. Par respect, par devoir, pour la joie de ces premières années de lecture, je soigne mes mots. Je garde l’amour des livres, je ne suis plus sevrée, il y a la bibliothèque, les amis, les livres achetés.
Je peux, si je le veux, les toucher, les feuilleter, m’arrêter à un passage, copier pour le plaisir, des mots, de la pensée, telle ou telle phrase.
 
— « Bleu n’est pas une couleur, c’est de l’encre. »
* * *
A la fin de la guerre, au coin des rues, des marchands au « noir » proposent des articles peu courants. Ma première poupée est née dans une valise de souche inconnue… je l’ai encore à ce jour.
* * *
J’ai cinq ans lorsque je suis séparée, pour la première fois, de mes parents pour un séjour à l’hôpital. Pas de souvenir si ce n’est retenir mon sommeil jusqu’à ce que la piqûre de la nuit soit faite. Autrement les infirmières piquent pendant que l’on dort. Vous imaginez le réveil brutal par la douleur !
 
A sept ans, on m’envoie dans les Alpes en maison de repos. Je quitte papa, venu me conduire, derrière la maison sur un banc de bois vert. Nous refoulons notre émotion désespérément… vite il part, je sanglote, rien ne sert à rien !
* * *
On nous appelle précipitamment à la fenêtre pour voir une avalanche déchirer la montagne en blessures rouillées sur la roche mise à nu à travers la neige, les gros rouleaux légers poudreux de neige dévalent la paroi en un lourd grondement.
 
Je m’ennuie terriblement. J’attends que la neige tombe en abondance et pèse sur les fils électriques coupant ainsi l’électricité. Je me réfugie dans un coin du salon, accroupie, je pleure silencieusement. Les dames veillent si gentiment sur notre ennui que je ne peux leur faire l’affront de montrer mon visage ruisselant de larmes. Pleurer librement dans le noir extériorise ma peine si lourde. L’espoir de la délivrance, la date de mon retour à la maison, se situe à la fonte des neiges, aux premiers perce-neige. Là papa viendra me chercher.
Je ne suis pas à l’aise dans ces souvenirs d’enfance, trop de choses à refouler, à oublier. Les soleils sont trop souvent cachés par des nuages.
* * *
Enfant, malade, solitaire, ma vie se déroule en journées de lutte contre la douleur, la fièvre, le délire, la convalescence, le soleil, la lecture.
 
En promenade à la montagne, nous nous reposons dans un champ blond de blé parsemé de coquelicots. Je cueille un gros bouton presque éclos, défroisse les pétales serrés dans l’enveloppe verte, je les retourne pour découvrir le cœur entouré de pistils noirs. Je choisis un solide brin d’herbe pour nouer les pétales telle la ceinture d’une robe, un morceau de la tige transperce le buste, je dégage le cœur de quelques pistils noirs. Voilà une jolie fleur transformée en petite fille fragile, délicate. Comme Cendrillon cette beauté sera vite éphémère !
Papa m’a appris aussi à taper avec une brosse sur deux buvards entre lesquels se cache une feuille. Après il ne reste de cette feuille qu’une magnifique dentelle à mettre délicatement entre les pages d’un livre pour sécher.
 
Je m’instruis avec mes parents. Ils suivent le programme avec les livres que l’institutrice en début d’année leur a donnés. Celle-ci contrôle régulièrement mes cahiers. Vers douze ans, je peux aller en classe l’après-midi. Je suis dépaysée, maladroite, seule, différente des autres. Je me recroqueville, blessée, écorchée comme si je n’avais pas leur âge, comme si je venais d’ailleurs. Avide, intéressée, je réussis à les surprendre par mes résultats. Donc je suis une élève comme les autres.
* * *
Seule encore jusqu’à cet âge, j’acquiers une foi toute simple. Souvent alitée, je lis mon catéchisme. J’aime que l’on me raconte l’histoire de Jésus, la moralité à tirer de sa vie, les dessins à colorier. Je lis la messe à voix basse en français, je me sens en faute à faire cela, mais je ne comprends pas le latin, alors à quoi ça sert de dire des mots sans les comprendre ?
 
J’apprends au-delà des prières toutes faites à parler à Jésus. Je décortique l’invraisemblable des paraboles de l’évangile, aussi j’avance dans une croyance crédible.
 
Pour moi Jésus est un exemple exceptionnellement bon, juste, charitable, ce chemin tracé, libre à nous de l’emprunter ou non. Je le suis avec tous mes défauts mais avec une farouche détermination de croire que la vérité, la pureté, l’amour, la beauté existent.
 
L’église si souvent me paraît incompréhensible, destr

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