Conversations avec Jésus-Christ
288 pages
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Description

« — Je reviens, en effet, quelquefois sur terre, répond-il laconique. — Et cela finit toujours mal, n'est-ce pas ? Jésus ne répond pas. On pourrait peut-être s'étonner de mon flegme, tandis que nous cheminons le long de la Seine, comme de vieux copains. J'ai tout de même un dieu à côté de moi. Que dis-je, j'ai le Dieu, l'Unique, le Vrai, celui qui a créé toutes choses – et qui peut tout. Je côtoie, en ce moment, la transcendance suprême et je ne suis pas ému, nom de... d'une pipe ! J'aurais dû, dès les premiers instants, me jeter à genoux, comme sainte Jeanne, ou bien me couvrir la tête de cendres, comme les Hébreux. Mais je ne suis nullement schizophrène, à l'instar de Bernadette, et n'ai aucun volcan sous la main pour imiter les Juifs. Je reste François, seulement – un petit drogué qui arpente ce jour les rues de la capitale, et qui s'est bien remis de ses émotions. Et puis il y a plus : je doute, je doute continuellement. C'est dans ma nature. » Étudiant parisien drogué, athée irrécupérable, cartésien, indifférent, cynique... Rien ne prédisposait François à parler à Jésus-Christ. Jess, Jésus, quel que soit le nom qu'il se donne, est pourtant bien là à ses côtés. Une rencontre décisive qui va bouleverser sa vie, son monde et ses certitudes ancrées au plus profond de son âme... lui qui n'y croit pourtant pas. Et s'il n'était pas Dieu, mais simplement un magicien ? Et si... ? Oscillant entre réflexion et dérision, Albert Géron signe avec humour un récit initiatique aussi loufoque que troublant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 mai 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342160901
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Conversations avec Jésus-Christ
Albert Géron
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Conversations avec Jésus-Christ
 
Pour savoir
Rendre public un récit « extraordinaire » pose toujours des problèmes (j’écris bien un récit et non un roman).
Ce qui m’est arrivé, ce que je raconte, date de moins de huit ans. Mais huit ans, dans la vie d’un jeune homme, permettent de grands bouleversements.
Seules les années des vieillards se ressemblent…
Ma trentaine glorieuse, ma situation d’homme marié, mes deux bambins qui stabilisent mon couple, font aujourd’hui de moi un homme dit normal : celui des magazines de mode, des statistiques familiales, ou des affiches électorales…
Et pourtant, quelle aventure fut la mienne ! Et combien tragique aurait été ma vie, si j’avais persévéré dans mes erreurs.
Deux mots pour introduire mon histoire : bac en poche, j’ai voulu terminer mes études à Paris, rêve classique des jeunes gens. Et ma famille, suffisamment aisée, a consenti à financer la chose. Ainsi, de mon lycée de Clermont-Ferrand je suis passé à la cité universitaire ; de mon dortoir de province, à une chambrette à Paris. En somme, la grande vie, pour qui sort de l’adolescence…
Oh ! il ne faudrait pas m’imaginer comme un abonné des délices de Capoue. Je n’étais ni un fêtard, ni un excentrique. Disons plutôt un rêveur, amoureux de la solitude. Mais hélas bien jeune, trop loin de ma famille, et dans la capitale.
C’est ainsi que, pour la première fois, j’ai goûté aux fameux « joints » de cannabis.
Jusqu’ici tout allait bien, à condition de me modérer. Mais je n’étais pas bâti pour la modération… Du cannabis à d’autres drogues, en passant par l’alcool, la frontière est mince – et je l’ai franchie.
Si je mentionne cette addiction, qui a tant hypothéqué mon avenir, ce n’est pas par goût du sordide – ou pour faire pleurer sur mon sort. Manifestement, le sujet m’agace, et j’aurais préféré le passer sous silence. Mais il constitue, sinon une explication de mon étrange histoire, du moins un élément important, à prendre en compte dans mon récit.
Un rêveur qui se drogue, j’en conviens, peut susciter de la méfiance…
 
Le dernier paragraphe de mon livre achevé, j’ai relu soigneusement – et plusieurs fois – l’ensemble du manuscrit. Je me suis demandé – tellement j’étais surpris – s’il correspondait à mon carnet de notes, bourré de mots griffonnés. Mais, tout compte fait, je n’avais rien à y retrancher.
Alors, pour retrouver ma plénitude, j’ai fait une pause et observé mes enfants.
Je les avais oubliés, ces deux-là…
Papa gâteau, diront certains, je tolère que mes héritiers viennent jouer dans mon bureau ; et tant pis s’ils s’y comportent comme de petits Attila !
Observer des enfants à la dérobée, se fondre dans leurs jeux, redevenir un instant leur copain de six ans, est un plaisir dont la plupart des parents se privent. Et quoi de plus favorable qu’un bureau, où je me fais totalement oublier. Car c’est cela le secret : se faire oublier. Mes enfants apportent ainsi, dans un lieu réputé austère, leur monde insouciant et joyeux. Les rayons de livres en souffrent quelquefois, mais qu’importe : un rêve n’a pas de prix. Ainsi, il m’arrive souvent d’abandonner mes travaux, pour redevenir un bambin turbulent. Ces bains de jouvence me font du bien. Avec mes gosses, je repars vers des mondes nouveaux – les leurs.
 
Mon texte en main, lu et relu, j’ai désiré le soumettre à des amis sûrs – car il me faisait un peu peur. Je voulais surtout, avant plus ample diffusion, savoir si je ne dépassais pas les bornes : non pas de la décence, mais de la santé mentale.
La peste soit des hypocrites !
Ayant soumis mon travail à deux copains, j’ai eu droit à toute la gamme des circonlocutions, hésitations, petits sourires en coin, précautions oratoires, serments d’objectivité, déviations vers d’autres sujets. Enfin, une avalanche de périphrases, toutes aussi sonores qu’inutiles. Je me suis noyé dans les « oui, évidemment », « il semble que », « tu pourrais peut-être », « si j’étais toi, j’écrirais plutôt », « note bien que ce n’est pas une critique mais », « évidemment, il y a le pour et le contre », « de toute façon tu as du temps devant toi », etc.
Un peu de franchise, que diable !
Les deux faux jetons expédiés, restait un troisième : celui-là, un véritable ami.
Je le réservais pour la bonne bouche, le connaissant intimement. Il m’attire par sa franchise, mais surtout parce qu’il me rappelle mon ami Broudier, dont je parlerai plus loin. Je me dois de préciser, pour rester objectif, qu’il est loin de faire l’unanimité dans l’entourage aseptisé qui est le mien – profession oblige. Son franc-parler, l’indifférence à l’opinion d’autrui, ne lui apportent pas que des admirateurs.
Qu’importe, c’est comme cela que je l’aime !
Je lui ai remis mon texte et… j’ai attendu une bonne quinzaine. Je savais que, comme les comètes, il surgirait un jour chez moi, brusquement, sans crier gare. C’est exactement ce qui arriva, une fin d’après-midi, alors que mes enfants, rentrés de l’école, jouaient bruyamment sur le tapis.
Dès son arrivée, il jeta mon manuscrit sur le bureau, oublia de s’asseoir, et me dit fermement :
— Tu es gonflé !
Je ne fus nullement surpris d’être comparé à un pneumatique, par ce copain impétueux. Néanmoins, je lui demandai des explications :
— Gonflé, comment cela ?
— Tu ne vois vraiment pas ?
— Ma parole d’honneur.
— Alors là…
Il finit par s’asseoir, après avoir levé les bras au ciel. Alors, se penchant exagérément vers ma modeste personne (je suppose par discrétion envers mes enfants) il ajouta :
— Enfin, François, réfléchis un peu. Tu me soumets un manuscrit et tu m’affirmes qu’il s’agit du récit de ta vie. Je le lis, et qu’est-ce que j’apprends ? Que tu passais ton temps, dans ta jeunesse, à discuter avec Jésus-Christ ! Tu ne crois pas que c’est un peu fort ? Si au moins, tu inscrivais « roman » au lieu de « récit » ; alors là, je pourrais comprendre. Je me dirais : « Le bougre a une sacrée imagination ! » Mais ici, franchement…
— Je n’ai aucune envie d’écrire des romans, rétorquai-je, moi qui m’occupe de faits historiques : et du reste, tu le sais parfaitement. Je m’étonne que toi – qui te moques complètement des autres – fasse allusion à une espèce de honte que je devrais éprouver, en parlant d’une expérience fantastique. Vraiment, tu me déçois, ou bien tu as changé…
Mon ami m’interrompit :
— Essaie de comprendre ce que je veux te dire. Il existe des sujets que, même moi, je n’aborderais jamais. La fréquentation intime de Dieu en fait partie. Et je vais te raconter une petite anecdote qui s’est passée dans mon village : il y avait, dans ma jeunesse, un type qui prétendait avoir aperçu une soucoupe volante, une nuit, dans son jardin. Le lendemain, dans l’excitation, il s’est mis à raconter son histoire au premier venu, l’amenant sur les lieux pour lui montrer les « traces » de l’engin. Eh bien, durant vingt ans, jusqu’à sa mort, il a été la risée de son entourage, et sa famille en avait honte. Je te passe toutes les plaisanteries qu’il a dû subir, en faisant semblant de rire. Et encore, lui, il n’avait pas vu le petit Jésus !
— Je sais, lui répondis-je, comme toi, je lis les journaux. En effet, la plupart des témoins qui aperçoivent des ovnis évitent d’en parler. Ou bien, ils attendent leur retraite pour le faire. Mais mon cas est différent : si tu avais bien lu mon manuscrit, tu conviendrais que je n’affirme rien, que je doute constamment. Je finis d’ailleurs par conclure à la supercherie. En somme, je raconte un mauvais rêve, et entame un plaidoyer contre la drogue. Tu vois, je mérite plutôt la Légion d’honneur que les railleries des imbéciles !
Mais mon critique occasionnel ne fut pas convaincu. Il secoua lentement la tête en silence, m’arracha le manuscrit des mains, et commença à le feuilleter. Je m’aperçus alors qu’il avait largement commenté mon texte, et mis des signets en abondance. Je ne pouvais nier qu’il avait scrupuleusement travaillé :
— Et là, et là, et là… répéta-t-il, en me signalant des passages soulignés par ses soins. C’est clair, tu ne penses pas ? Tu soutiens toujours n’avoir pas cru que tu fréquentais Dieu ? Sois franc, au moins…
Je m’apprêtai alors, en hésitant, à lui servir une longue réponse, qui aurait éclairé son esprit (et un peu le mien !) mais mon ami se leva, tout aussi brusquement qu’il s’était assis :
— Écoute, conclut-il, aujourd’hui je suis passé en coup de vent parce que j’ai un rendez-vous. Je suis pressé. Mais mercredi, je repasserai : on en discutera tant que tu voudras. Je te le promets. Surtout, ne fais rien avant mercredi ! Alors, toujours debout, et raide comme la statue du Commandeur, il ajouta solennel : Je t’aurais prévenu. Et je vais te dire une chose : si tu persistes à publier ce texte étonnant, tu sais ce qui va t’arriver ? Eh bien, tu vas finir comme le bonhomme aux soucoupes volantes. À chaque Noël, on te demandera si tu as bien préparé la mangeoire du petit Jésus. Et, à Pâques, si tu n’as pas oublié les clous ! Prends-y garde !
Là-dessus, ayant caressé la tête de mon petit dernier, le « critique » s’éclipsa.
Sa courte visite m’a fait l’effet d’une bourrasque.
Je suis ainsi resté songeur – feuilletant machinalement le document litigieux.
Prétendre que j’étais étonné serait exagéré. Je savais parfaitement, connaissant le sujet, qu’un auteur est rarement au diapason de ses lecteurs. Son monde intime, qu’il essaie de transmettre, res

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