Comme les vagues qui toujours reviennent...
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Comme les vagues qui toujours reviennent... , livre ebook

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Description

« Que suis-je aller chercher en retournant avec mes enfants Lorenzo et Flora, et Frédéric, mon mari, sur les plages du Coq sinon des souvenirs, des bruits, des odeurs, des sensations de bonheur attachées à mon enfance ? Cette station balnéaire nichée au creux des dunes entre la reine des plages et Wenduine a le charme coquet des villages normands. Ses maisons blanches aux toits de tuiles rouges lui donnent la grâce discrète d’une vieille dame distinguée dont on devine encore la beauté derrière quelques rides. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mars 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748380934
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Comme les vagues qui toujours reviennent...
Isabelle De Laminne
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Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Comme les vagues qui toujours reviennent...
 
 
 
à Lorenzo et Flora
 
 
 
 
« Ce qui a été compris n’existe plus.
L’oiseau s’est confondu avec le vent,
Le ciel avec sa vérité,
L’homme avec sa réalité. »,
Paul Eluard in « Le miroir d’un moment »
 
 
 
 
 
 
Regards de femmes
 
 
 
« Telles vous cheminez, stoïques et sans plaintes,
A travers le chaos des vivantes cités,
Mères au cœur saignant, courtisanes ou saintes,
dont autrefois les noms par tous étaient cités. »,
Charles Baudelaire in « Les fleurs du Mal ».
Quel bonheur d’être une femme ! Un bonheur que je dois sans doute aux femmes qui m’ont précédée et à mon père qui m’a toujours considérée à l’égal de ses fils. Que je sois issue d’une lignée matriarcale n’est pas étonnant quand on connaît l’histoire de celles qui m’ont devancée. Deux femmes ont particulièrement marqué l’histoire familiale du côté de ma mère : Hélène et Marthe.
Hélène.
Hélène est mon arrière-grand-mère. Fille de la belle et intelligente Alice et d’Edouard Coremans, l’un des premiers représentants flamingants à la Chambre, elle a hérité de ses parents d’un caractère fort, d’une intelligence pointue et d’une beauté appréciée à l’époque. On l’a prétendue la plus belle femme d’Anvers. A voir les nombreuses photos qu’elle fît tirer d’elle, les critères de beauté ont dû fortement évoluer en un siècle : rondouillette, poitrine opulente et longs cheveux bruns tombant sur les épaules, ne sont plus vraiment des modèles de beauté actuels. Une de mes tantes, qui l’a vue peu avant sa mort, a été frappée par sa petite taille et la beauté de ses yeux. Ce regard nous en dit long sur sa forte personnalité. Elle devait exercer un magnétisme certain sur les hommes de son entourage car, selon les propos récoltés dans la famille, peu de représentants de la gent masculine sont restés insensibles à ses charmes et à sa vivacité d’esprit.
 
Chez Coremans, elle est fille unique, fille admirée, fille gâtée. Elle deviendra égocentrique, dépensière et finira par perdre la raison. Le père d’Hélène était surnommé le « Lion des Flandres ». Il fut l’un des premiers défenseurs acharnés de la cause flamande dans notre pays. Un homme d’une intelligence remarquable est humilié dans sa jeunesse en raison de sa langue maternelle. Il prendra sa revanche en politique grâce à une verve d’avocat virulente totalement dénuée de diplomatie. La Belgique porte encore aujourd’hui les traces de son héritage politique à travers plusieurs lois linguistiques qu’il a fait promulguer entre 1873 et 1910 !
Hélène vit à Anvers. Elle aime les mondanités, elle est belle, elle est jeune, son père est célèbre, elle profite de tout cela. Elle danse, va au théâtre, s’amuse et dépense beaucoup. La description de ses toilettes dans la presse de l’époque vaut un petit détour ! « Le 13 janvier 1894, au bal du Gouverneur, Mademoiselle Coremans, en blanc, dont la coiffure insolite se composait de deux immenses tresses tombant sur le dos, fait son entrée dans le monde. Effet piquant et inattendu ! » En janvier 1896 : « Très remarquée, la jolie Mademoiselle Coremans dont la robe jaune très clair, à corsage accordéon orné de galons pailletés met heureusement en relief la beauté plastique (!) ». Au théâtre, à la première de Paillasse, Mademoiselle Coremans très belle et très admirée porte une robe rose garnie de velours noir. « Le 6 février 1899 à un bal de bienfaisance, on aperçoit Madame Mendiaux-Coremans une des plus jolies femmes du bal, toilette superbe en satin rose recouverte de tulle rose, tunique grecque en tulle brodée d’argent avec frange argent, corsage garni de franges argent et de roses roses (elle ne devait plus voir ses pieds !), vraie toilette de style faisant ressortir à merveille sa beauté plastique ». Pour ma part et malgré une imagination débordante, j’ai beaucoup de peine à concevoir cette tenue ! Peut-être est-ce préférable d’ailleurs !
 
Hélène a 20 ans lorsqu’elle voit passer sur la plage de Heist, un beau cavalier aux allures de prince romantique. Son cœur ne fait qu’un bond : c’est lui qu’elle veut épouser ! Ce que femme (et surtout Hélène) veut, Dieu le veut ! Charles, mon arrière-grand-père féru de nature, de chasse et de tranquillité ne peut opposer aucune résistance face à la détermination et au désir intransigeant d’Hélène. Leur mariage défraye la chronique car Charles est Wallon : la fille d’un Flamingant épouse un Wallon ! La presse relate l’événement. La presse se moque aussi au grand bonheur des descendants qui garderont ainsi un épisode d’histoire familiale dans leurs tiroirs.
L’épisode mérite que l’on s’y arrête tant en raison de son intérêt familial que par la façon dont il est relaté par la presse mondaine de l’époque. « Le 15 février 1897, le mariage de Mademoiselle Hélène Coremans avec Monsieur Charles Mendiaux est célébré au milieu d’une assistance nombreuse et importune. Elle est charmante, la jeune fiancée avec sa très jolie coiffure empire due à la coiffeuse à la mode, Madame Pio Neri. Ses beaux cheveux noirs forment un cadre léger autour des traits délicats de son gracieux visage . Des yeux superbes, non pas très grands mais lumineux et profonds éclairent toute la physionomie de leur flamme chaude. Le sourire est indiciblement expressif et joli ».
« Depuis dix heures, la Grand-Place est noire de monde. L’enceinte réservée de la salle des mariages est comble. Le cortège nuptial fait son entrée à 11 heures précises. Monsieur Coremans donne le bras à sa fille très peu émue (cela en dit long sur son caractère !) mais admirablement belle. Toilette de satin blanc ornée d’une longue traîne recouverte de véritables dentelles, point à l’aiguille, bretelles (en plein hiver !) de mêmes dentelles au corsage. L’huissier dans son costume de cérémonie, l’huissier à la belle tête, comme on dit à l’hôtel de ville, ouvre la marche et le petit page créé par Monsieur Van Kuyck porte la traîne de la jeune épousée. Les pompiers présentent les armes et Monsieur Van Rijswijck en grand uniforme fait son entrée et prend place. L’honorable Monsieur Van Rijswijck célèbre ce mariage en deux langues. Quelle comédie !
La cérémonie religieuse a lieu à l’église Saint-Laurent bondée de monde. Madame Coremans porte une magnifique toilette de brocart vert nil dont le corsage est brodé d’or. Le curé de l’église Saint-Laurent commence par parler latin aux fiancés, puis les formules de mutuel consentement sont échangées en français. L’église au moins a la dignité de ne pas se prêter à la petite parade flamingante » peut-on lire dans divers journaux dont La Chronique du 17 février 1897. Apparemment, la cause flamande a encore du chemin à parcourir ! Un grand banquet est donné dans les salons de l’Harmonie. Après le bal qui clôture cette fête joyeuse, les jeunes époux prennent le train de 7 heures 56 en direction de Bruxelles d’où ils partent pour Nice.
 
Pauvre Charles, pas un mot sur lui dans la presse ! Coincé entre un beau-père imposant et une femme de caractère, il laissera peu de souvenirs dans l’histoire familiale. Cet homme aux allures de gentleman anglais donnera deux enfants à Hélène. Mon grand-père, son fils, sera à l’instar de tous les hommes qui l’ont côtoyée et malgré une absence d’amour maternel, l’un des plus fervents admirateurs d’Hélène. Egoïste, aimant les fêtes et les mondanités, Hélène ne pense qu’à s’amuser. Son mari, introverti, amoureux de la nature et des grands espaces finira par s’éloigner d’elle. C’était écrit ! Elle se consola probablement dans d’autres bras. Charles meurt de façon mystérieuse tué par les Allemands après avoir été fait prisonnier durant la guerre de 14. « C’est ce qu’on dit », me glissa un jour une de mes tantes. Cette mort ne sera jamais élucidée. Charles est parti sans laisser de traces à part quelques photos de lui en knickers dans les dunes de Heist avec son fidèle labrador noir à ses côtés. Par contre, des souvenirs d’Hélène nous en aurons à foison. Des légendes aussi, des vérités cachées, des carnets de bal et surtout des portraits. On la retrouve souvent à la mer, à Heist à la villa Scaldis ou parfois à Ostende pour le jeu et les mondanités. Elle voyage, aime les bijoux et les belles toilettes. Elle dépense tant que son fils, devenu fonctionnaire en Afrique et père d’une famille nombreuse, doit lui envoyer régulièrement de l’argent. Elle n’hésite pas à en demander aux amis de son fils. A la grande rage de sa bru qui a défendu à ses enfants de voir leur grand-mère !
Hélène est aussi une femme de lettres. Elle aime la littérature et fait preuve d’un esprit très vif, d’une intelligence et d’une modernité peu communes pour les femmes de l’époque. Elle écrit aussi. En flamand ou en français, parfois sous le pseudonyme d’Ellen Corr. L’histoire familiale raconte qu’elle correspondait avec Colette. Malheureusement, personne ne retrouvera jamais de traces de cet échange épistolaire. Une énigme de plus à inscrire au crédit de cette femme étonnante ! Moins énigmatique est la disparition du « roman de Lisette », roman libertin écrit par Hélène et détruit par son fils. Il ne fallait surtout pas que les générations futures tombent sur cet écrit qui ternirait la réputation de sa mère. Dommage, nous voilà réduits à l’imaginer, n’est-ce pas pire finalement ? Les autodafés ne sont pourtant pas rares dans les familles. On en retrouve un célèbre dans la famille de mon mari lorsque ma belle-mère détruit un roman du même

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