Charles Moeller et l Arbre de la croix
742 pages
Français

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Charles Moeller et l'Arbre de la croix , livre ebook

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Description

L’itinéraire d’un homme du XXème siècle, intellectuel humaniste, philosophe altruiste. Un homme en phase avec son époque, proche de la nouvelle génération, à l’écoute des plus jeunes, au contact des plus anciens. Un homme de Dieu, qui revendique ses positions, qui assume ses idées, même lorsqu’elles contrastent avec celles de l’Eglise. Un homme qui a côtoyé Jean-Paul II et été influencé par Jean-Paul Sartre. Un homme à l’image de ce nouveau siècle, prouvant qu’il est possible d’être homme de tradition et de regarder vers le futur, d’avoir ses entrées au Vatican et de prendre toujours autant de plaisir à voyager dans un bus, d’être homme de religion et ouvert au débat.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 mai 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748385113
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Charles Moeller et l'Arbre de la croix
Fernand Colleye
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Charles Moeller et l'Arbre de la croix
 
 
 
“ Tous les grands esprits qui ont parlé de Dieu demeurent toujours nos contemporains.”
 
Henri de Lubac
 
 
“Rien ne nous ressemble moins que nos portraits.”
 
Hilaire Duesberg
 
 
 
“Toutes les images de vous-même, dessinées dans l’amitié, l’affection, l’espérance de chacun de ceux qui vous entourent, composent un visage dont Dieu seul connaît la signification ultime, l’ordonnance et l’harmonie. C’est cette image secrète, complexe, que chacun de nous ne connaît qu’en partie, que je confie au Seigneur, afin que toujours vous puissiez découvrir  mieux le  visage de votre espérance.”
 
Charles Moeller
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
La vie d’un grand théologien en plein vingtième siècle, dans la tourmente d’une crise religieuse majeure, le roman que cela ferait ! Surdoué, sans cesse en éveil, passionné, l’homme apparaît d’une stature exceptionnelle. Théologien de la littérature, du Concile Vatican II, de l’œcuménisme, du renouveau dans l’Eglise catholique, le Belge Charles Moeller aura été, de cette époque de bouleversements, un témoin et un acteur privilégié.
Tout à la fois suspecté derrière les murs de l’institution et appelé à de très hautes fonctions romaines, aussi étroitement impliqué dans les débats sur l’avenir de la religion que dans toutes les grandes interrogations contemporaines, il aura très tôt acquis un renom international, sans doute dû avant tout à une approche nouvelle des œuvres et des auteurs littéraires, ainsi qu’à travers eux, de la conscience et de la condition humaine aujourd’hui.
Sa singulière ouverture d’esprit, la fécondité de son immense culture, l’acuité de sa pensée devaient, jusque bien au-delà des frontières natales, profondément marquer une génération d’intellectuels, et pas seulement chrétiens. Parmi tant de joies et de vicissitudes, lui-même resta celui qu’il était : un homme libre, aimant, vulnérable, fidèle à ce royaume de la Terre qui fut le sien, mais fidèle plus que tout à l’Eglise de Jésus-Christ.
Né en 1912 à Bruxelles, il décide à seize ans de devenir prêtre. Après une première expérience monastique en l’abbaye bénédictine du Mont-César, Louvain, il achève sa formation au sacerdoce au Séminaire de Malines, pour être ordonné à vingt-cinq ans.
Les études éveillent en lui un très grand intérêt pour la philosophie de son temps (Blondel, Bergson) et la littérature (Proust, Martin du Gard, Larbaud, Claudel, Péguy), mais surtout pour les courants de renouveau au sein de l’Eglise (de Lubac, Congar, Teilhard, Lambert Beauduin). Il prépare à l’Université de Louvain un doctorat en théologie, dont la thèse, en 1942, sera de nature patrologique, traitant du chalcédonisme.
Entre temps, aumônier militaire, il participe à la campagne de 1940 et connaît en Silésie le sort des prisonniers de guerre. Libéré en 1941, il poursuit sa théologie, tout en assumant la charge d’enseignant dans un établissement secondaire bruxellois. Il y restera treize ans, très tôt remarqué pour l’ouverture exceptionnelle de son enseignement, qui lui inspire ses deux premiers livres.
Parallèlement, à l’Université de Louvain, dans l’immédiat après-guerre, il inaugure les Conférences du Lundi : la littérature contemporaine sous l’éclairage de la Foi, qui remportent un très grand succès dans la génération catholique et universitaire de Belgique. Lui-même sera très demandé en Espagne, au Québec, aux USA, au Congo belge. Les conférences vont trouver leur prolongement dans la publication des six tomes de « Littérature du XXe siècle et christianisme ». A la même époque, avec quelques amis, il fonde les Conversations œcuméniques de Chevetogne, rencontres entre les meilleurs des ténors du renouveau (Congar, Thils, de Lubac, Willebrands, Villain, Max Thurian, Cullmann, Rahner).
Devenu en 1954 professeur à l’Université, il multiplie les conférences, les cours à l’étranger (en particulier, à l’Institut du COE à Genève, aux sessions d’études liturgiques de Vanves), la publication de livres et d’articles et, dès la phase préparatoire du Concile, rédige de nombreuses notes d’éclairage à l’intention des cardinaux Suenens (Malines) et Léger (Montréal). Vatican II fait de lui un « peritus » attaché à la Commission doctrinale et co-rédacteur de textes parmi les plus importants de divers schémas (en particulier, avec Congar, le projet de déclaration « De Hebraeis »), mais surtout de « Lumen gentium » et « Gaudium et Spes ».
En 1966, dans le contexte de la réforme du Saint-Office, Paul VI l’appelle à la nouvelle Congrégation pour la Doctrine de la Foi et en fait le sous-secrétaire, aux côtés successivement des cardinaux Ottaviani et Seper. Il sera également consulteur auprès du Secrétariat romain pour l’Unité.
Une part importante de son temps est consacrée à la fondation à Jérusalem (avec Duprey, Hesburgh) de l’Institut œcuménique de Tantur, dont il est élu premier recteur. Il donne toujours des cours à Rome, à Louvain, aux USA, des conférences, et en 1970 à Bruxelles, entre à l’Académie Royale de Langue et de Littérature. En 1972, à Jérusalem, il doit être hospitalisé d’urgence, signe avant-coureur de la maladie de Parkinson qui ne le quittera plus.
En 1975, Paul VI le nomme secrétaire du Conseil pontifical pour l’Unité que préside le cardinal Willebrands. Il accomplit de très nombreux voyages à Genève, Constantinople, Londres, Zagorsk, etc. A Alexandrie, il entame avec Shenouda les pourparlers exploratoires en vue de la déclaration de foi commune de Rome et de l’Eglise copte. Vice-président de la Commission mixte pour le judaïsme, il établit des liens d’amitié étroits avec les milieux juifs à Jérusalem et dans le monde. Il est également consulteur du Secrétariat pour les non-croyants.
En 1980, la détérioration de son état de santé le contraint brusquement à démissionner de ses fonctions romaines et à se retirer dans un home pour vieux prêtres à Bruxelles. Il donne encore quelques cours à l’Université, assiste aux séances de l’Académie et échafaude divers projets de publications, mais sera progressivement réduit à l’inactivité. En visite en Belgique en mai 1985, Jean-Paul II envoie le cardinal Willebrands au titre de légat lui porter son salut et sa bénédiction, pour lui un ultime moment de grand bonheur. Il s’éteint le 3 avril 1986.
 
 
 
Un homme d’Eglise au coeur du siècle
 
 
 
Le 3 avril 1986, c’est en vain qu’au cours de la journée le téléphone aura sonné. De retour en avant-soirée, je reçois la nouvelle : “Monseigneur Moeller s’est éteint il y a trois quarts d’heure à peine. On vous a appelé, vous n’étiez pas là…” C’est de la Maison Sainte-Monique de la rue Blaes que la communication me parvient. La fatalité aura voulu que je ne fusse pas, une dernière fois, auprès de lui.
Cette mort, depuis combien de mois la famille et les amis s’y préparaient ! Lorsque l’heure arrive, le choc n’est pas moins grand. Aussitôt, les souvenirs et les réflexions se bousculent, l’émotion étreint le cœur. Il reste à donner des coups de fil. A “La Libre Belgique”, Jacques Franck me demande un article à livrer dans les deux heures. Déjà, les premiers mots sur le papier courent.
Je me relis : “Car cet homme est descendu, la lanterne à la main, dans les galeries profondes et aventureuses par-dessus lesquelles se sont édifiées tant d’œuvres antiques, classiques et modernes”.
Un peu plus loin : “Partagé, déchiré entre ses deux raisons de vivre, – l’attachement à la littérature, à l’humanisme, et d’autre part la foi pour seule clé du monde, – il n’aura cessé de s’interroger jusqu’à l’angoisse sur ce qui peut empêcher qu’une expérience humaine poussée à l’extrême conscience d’elle-même ne débouche réellement sur l’expérience de Dieu et sur ce rendez-vous si souvent manqué”.
“Chez tant d’écrivains qui n’avaient apparemment rien de chrétien, ni en somme de religieux, aura-t-il cherché malgré tout à relever, telle une poussière d’or, la trace frémissante de cette “presque-rencontre” entre un homme qui cherche Dieu sans le savoir et un Dieu qui cherche l’homme sans se lasser !”
Et la conclusion : “Aujourd’hui, ce solitaire laisse derrière lui d’innombrables enfants spirituels qui gardent en eux ce qu’il leur a confié, et sans doute plus que tout, une irréductible espérance. Selon une expression que lui-même chérissait, ce ne sera certes pas pour la laisser sous le boisseau”.
Depuis le soir où ces lignes furent écrites, les ans ont passé, la fin de siècle accélérant encore le pas… N’empêche. A entendre ceux qui l’ont bien connu évoquer avec fidélité son souvenir, il semble que Charles Moeller ne se soit pas éloigné à jamais, mais demeure aussi constamment présent que foncièrement actuel.
Je ne suis qu’un de ceux, si nombreux, qui l’ont côtoyé, avec cette particularité tout de même que nos conversations se seront étalées avec régularité sur une durée de quarante ans. A l’époque où je l’écoutai pour la première fois, il n’avait pas le double de mon âge ; avec le temps, il n’aurait bientôt plus que l’avance d’une quinzaine d’années. Et le professeur sera devenu pour toujours un ami.
* * *
On était à quelques jours de l’automne. Les vacances finies, les cours de récréation et les préaux se réveillaient au brusque retour des centaines d’élèves. C’était l’an 1943. Au Collège Saint-Pierre de Jette, la cloche sonnait la rentrée.
Les plus jeunes se replongeaient dans les jeux, les cris, les chamaille

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