Catalogue raisonné des délires ordinaires Tome 3
108 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Catalogue raisonné des délires ordinaires Tome 3 , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
108 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Ce livre est une réaction contre l’emprise croissante de la futilité sur notre monde. Il ne s’agit pas d’un parti pris de pessimisme fondamental, mais d’un examen très documenté des divers déraillements de l’humanité qui l’ont amenée au bord du désastre.



On pourrait qualifier ce « Catalogue des délires » d’éloge de l’intolérance : intolérance à la bêtise, à la vacuité et à la nocivité d’idées reçues généralement considérées comme intouchables. Dans les Livres I et II, l’auteur dénonçait l’absurdité scandaleuse de l’art et de la musique contemporains, l’ineptie fondamentale des religions et leurs conséquences mortifères, l’influence néfaste d’une révérence dévote pour l’Histoire qui obscurcit le champ de vision du présent.



Dans ce Livre III l’auteur s’intéresse aux délires du fonctionnement de l’économie : il tente, au-delà du constat évident de leurs conséquences néfastes, d’interroger des idées reçues rarement mises en question. Telles, entre autres, la nécessité incontournable de la croissance, de la publicité, du tourisme, de la consommation et du divertissement effrénés, de la valeur mythique du travail....



La réflexion sur l’après crise de la Covid 19 rend très actuelle cette interrogation de fond sur des valeurs qui paraissaient jusque-là immuables.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 mars 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342149999
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été édité par la Société des Écrivains,
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 84 74 10 20 – Fax : 01 41 684 594
www.societedesecrivains.com
client@societedesecrivains.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-14793-3

© Société des Écrivains, 2022
Dans le secret de mon cœur, je ne me sens d’humilité que devant les vies les plus pauvres ou les grandes aventures de l’esprit. Entre les deux se trouve aujourd’hui une société qui fait rire 1 .
Albert Camus
1 Albert Camus : L’Envers et l’Endroit , pp. 22-23
Avant-propos
Pourquoi écrire ce livre ? Pourquoi continuer mes jérémiades ? Un ami universitaire, à la lecture du Livre I, commente. « Ton livre pourrait s’intituler : Autoportrait d’un honnête homme, de Jean-Louis Grenier lui-même, ses passions et ses phobies » ce qui, pour un universitaire, en limiterait sans doute l’intérêt.
Je ne rejette pas cette analyse, car il s’agit bien pour moi au départ, d’intuitions et de convictions personnelles profondes, voire de réactions viscérales. Je l’ai dit dans mon Livre I : l’art et la musique contemporains me révulsent par leur inanité ; les aveuglements identitaires, religieux ou communautaires, les inventions abracadabrantes de la fable psychanalytique (Livre II), me plongent dans un état de sidération incrédule ; la fausseté des idées reçues, la futilité des modes d’agir et de penser du monde actuel me sont, effectivement, une souffrance quasi physique.
Moi, cette société me ferait plutôt pleurer que rire. Et, comme Fred Vargas, une sorte de nécessité implacable me pousse à écrire furieusement ce livre 2 .
Mon irritation pourrait n’être qu’une curieuse pathologie, une allergie personnelle à mon époque et, en ce sens, son intérêt pourrait n’être que limité à ma petite personne. C’est une des raisons pour lesquelles je m’appuie, lourdement parfois, sur les témoignages de gens qui semblent apparemment souffrir de la même allergie et qui, avec beaucoup plus de science que moi, confortent mes observations et mes analyses.
Pourquoi ce livre ?
Pour réagir, pour m’élever contre l’emprise croissante de la futilité sur notre monde.
D’abord parce que, comme Christian Godin 3 , je supporte mal la bêtise : elle m’indispose, physiquement. C’est Nietzche, je crois, qui assignait à la philosophie la tâche de nuire à la bêtise . Flaubert, lui, envisageait d’écrire une Histoire de la bêtise humaine . À mon très modeste niveau, je m’efforce de suivre un chemin semblable.
Je supporte mal la bêtise parce qu’elle me déçoit dans l’idée que je me fais de l’humanité. Une humanité capable par ailleurs de très grandes choses. Je suis plein d’admiration pour les manifestations du génie des hommes… quand ils ne délirent pas.
Je supporte mal de me taire lorsque je constate les effets combinés de nos futilités, qui nous abîment le monde et nous conduisent aux désastres qui s’annoncent. Les éraflures laissées par les avions dans le ciel, de plus en plus nombreuses avant la crise de la Covid 19, en sont la représentation graphique affligeante : elles me déchirent le cœur.
Pourquoi le clamer ?
Parce que qui ne dit mot consent…
Mais comment puis-je avoir le culot, l’arrogance de fustiger, de porter des jugements catégoriques sur autant de sujets que je ne puis prétendre maîtriser ? Aux critiques éventuelles de mon entreprise je répondrai, avec Carlo Strenger : Est-il devenu impossible de se forger soi-même une opinion responsable ? Sous prétexte de la complexité des problèmes qui ne seraient accessibles qu’aux spécialistes 4 ?
Je revendique le droit de porter un regard, même très critique, sur notre monde, de ma place de citoyen lambda, de simple usager de ce monde ; sans me voir opposer la nécessité qu’il y aurait d’être un expert pointu dans les cinquante nuances de gris ou de noir que j’ai entrepris d’examiner.
Surtout si l’on considère que les experts eux-mêmes se contredisent très souvent et partent dans des élucubrations, tirent des conclusions qui peuvent être des plus farfelues. Plus c’est savant, plus c’est bête 5 , disait Gombrowicz. Les économistes, les historiens, les anthropologues, les sociologues, en sont souvent l’éclatante illustration : ils sont à prendre avec prudence et circonspection. On peut citer la démarche « perspectiviste » de certains anthropologues par exemple qui arrivent à affirmer, en parlant des cannibales : De leur point de vue on les comprend . Ben voyons !
Je ne suis ni sociologue, ni économiste, ni historien, ni philosophe, ni expert en religions ou en écologie : un simple spectateur du monde tel qu’il m’apparaît, un piéton, un « Huron », je l’ai dit au début de cette entreprise d’inventaire. Mais ce que je constate est tellement ébouriffant que j’éprouve le besoin de vérifier si d’autres, souvent bien mieux renseignés que moi, font des constats similaires. Ne croyez pas que j’en savais plus que vous : j’ai cherché, j’ai bossé 6 , dit Fred Vargas, dont la démarche est très proche de la mienne. Moi aussi j’ai bossé : d’où les nombreuses références à des ouvrages, des articles de journaux, des émissions de radio ou de télévision.
Naturellement, j’entends aussi les avis contraires ; les arguments des autres bords, des religieux ou des psychanalystes fervents par exemple. Je l’ai montré dans les deux premiers livres de mon catalogue ; dans la plupart des cas, ils ne me convainquent pas. Ils ne résistent pas à l’épreuve des arguments de raison, et du common sense dont parlaient Georges Orwell et Bruno Levi, ce common sense que l’influence des « experts » de tous bords s’efforce de minimiser au nom de leur science ; ce common sense dont je suis un fervent partisan.
Bien sûr, même si nos yeux semblent nous dire que la terre est plate, il faut dépasser la perception immédiate, s’en méfier et vérifier. Mon opinion a besoin d’être approfondie, complétée, corrigée, contredite par des voix plus autorisées que la mienne 7 , disait Alain Finkielkraut récemment.
À la base donc de ma démarche, il y a la constatation, difficilement réfutable, et ma réaction viscérale aux absurdités dans lesquelles nous baignons, celles que je décris dans mes deux premiers Livres : l’impasse de l’art et de la musique modernes, l’ineptie de la religion, les identités fantasmées, un historicisme qui nous englue, les fariboles de la psychanalyse, etc.
Je n’en reste pas à un état de sidération devant toutes ces aberrations : je creuse, je m’efforce de tracer le cheminement des dérives, j’essaie d’en cerner les divers aspects, d’en mieux comprendre l’origine et de définir les responsabilités. Ce travail d’exploration, d’élargissement de mon champ de vision, n’est pas pour moi l’intérêt le plus mince de mon entreprise. Mais pourquoi tant de radicalité, ce ton de censeur dans mes essais ? Il me sera reproché (si du moins je suis lu) de parler comme quelqu’un qui est sûr d’avoir raison. Les opinions des autres seraient, si l’on tient compte de leur milieu, de leur éducation, de leurs conditions de vie, de leur environnement, de leur culture, de tout ce qui a contribué à forger leurs idées, ces opinions seraient justifiées. C’est le fameux relativisme contemporain. Et qui suis-je donc pour déclarer que leurs conceptions seraient erronées, moi qui serais aussi formaté par mon milieu, mon éducation, etc. ?
Refrain connu.
Il n’y aurait donc pas d’idées fausses, et il faudrait faire montre de « tolérance », cette humilité, que refuse au fond Camus : une société qui fait rire , dit-il. Il rejette, par ce rire critique, la tolérance, vertu très populaire de nos jours, une attitude qui donne bonne conscience, qui permet de se flatter d’être un « esprit ouvert », et d’atténuer ou d’éviter les conflits directs. Elle permet de se donner à bon compte une image positive de modestie et de considération pour l’autre.
Pour moi, il s’agit trop souvent d’une pure démission devant l’exigence impérative de traquer la fausseté, l’imposture. À l’extrême, il aurait fallu éviter de condamner les horreurs antisémites ou les haines religieuses entre chiites et sunnites, au prétexte qu’elles étaient le produit d’un contexte et que, compte tenu de la propagande ambiante, n’est-ce pas ? On pourrait comprendre, « de leur point de vue », comme dirait l’autre, des positions insoutenables, absolument et sans bémol.
En fait, refuser de juger, de prendre parti, de condamner, c’est ne pas croire qu’il y a quelque chose comme une vérité, objective, incontournable ; celle que tout esprit rationnel sincère ne peut se dispenser de rechercher inlassablement, en évitant tous les faux-fuyants.
Autrement, à quoi bon réfléchir ?
Je suis, c’est certain, un « mécontemporain », par nécessité et non par goût. Ne pas fustiger les délires ordinaires qui encombrent l’espace entre les vraies questions, celles de la misère, de la famine par exemple et, à l’opposé, les époustouflantes avancées de l’esprit humain, serait pour moi une sorte de démission.
Car la futilité gagne du terrain, comme ces dégueulis de rap qui suintent partout (Finkielkraut). Elle tend à occuper tout l’espace. On peut regarder monter la grande marée de la publicité, voire l’accompagner, pour être dans l’air du temps, ou se déclarer supporter inconditionnel d’un club de foot, ou croire avec la grande majorité des économistes et des politiciens à la mystique de la croissance, soutenir que la « main invisible du marché » dans la culotte des zouaves de l’économie remédiera à tous les dysfonctionnements liés à la globalisation et au néolibéralisme, suivre sagement la pensée conforme.
J’appelle cela une démission. Onfray la nomme jouissance de qui s’abandonne aux joies du troupeau dans un renoncement à soi qui dispense d’assumer sa liberté 8 .
Cette solitude, relative quand même, je l’assume. Un jour je vais mourir comme tout le monde , écrit Yasmina Reza, et si mon œuvre reste un tout petit peu, je serai content(e) pour mes enfants, pou

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents