Bons baisers de Buko
224 pages
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Bons baisers de Buko , livre ebook

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Description

« Le brave homme se casse tandis que le prétendant à la couronne se confie à Tenay. — Mon père a été assassiné voici six jours, tandis qu'il inaugurait une pissotière moderne en passe de devenir le fleuron de l'art bukolien. Il a été abattu d'une balle entre les deux yeux. La veille, il avait fêté ses soixante-dix ans et se portait comme un tilleul. Le Vénérable se garde de corriger Sa Majesté qui emploie malencontreusement le mot tilleul à la place du mot charme, alors que chacun sait que le premier appartient à la famille de tiliacées, contrairement au second qui s'enorgueillit d'être de celle des cupulifères. — Malgré le chagrin immense que j'éprouve et qui m'étreint, je me suis ressaisi et j'ai décidé de faire toute la lumière sur ce crime. Je veux absolument confondre le meurtrier pour le traduire en justice et le condamner à une peine exemplaire. » Bienvenue à Buko, perle de l'océan Indien, ancienne propriété de la France... Un petit pays qui prospère grâce à ses ressources convoitées, aux mœurs pour le moins déconcertantes, à la langue si particulière. Un pays en deuil pourtant, à la suite de l'assassinat de son souverain, dans lequel sont envoyés le Vénérable et ses compères pour découvrir l'identité du régicide et son mobile. Autour de cette trame, Guy Borsoï construit un récit qui fait la part belle à la comédie, nous immerge auprès de personnages croqués avec humour, et repose sur un amour éclatant pour le français, ses contrastes et ses pouvoirs de transformation... Le tout sans sacrifier à la rigueur du genre policier.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 janvier 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342158663
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bons baisers de Buko
Guy Borsoï
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Bons baisers de Buko
 
Chapitre 1
À travers le hublot du jet Léon Tenay, alias le Vénérable, ne se lasse pas d’admirer l’immensité bleue de l’océan Indien. Mais, peu à peu, une douce torpeur s’empare de lui car il a peu dormi depuis le décollage. Sans s’en rendre compte, il ferme les calots et se réfugie dans les bras de Morphée jusqu’à ce que le commandant de bord le tire de sa léthargie.
— Commissaire, nous serons à destination dans un peu moins d’une heure.
Tenay reluque sa tocante. Il a piqué un roupillon d’une soixantaine de broquilles. Il réveille Roland Pichon, dit le Massif, qui éprouve toutes les peines du monde à refaire surface. Il bâille, s’étire, regarde autour de lui.
— On est où ?
— Dans un avion.
— T’es sûr ?
— Oui.
— Alors, on vole ?
— Oui.
— On va où ?
— À Buko.
— C’est quoi ?
— Une île.
Le Massif jette un regard sur sa droite et contemple Louis Bartès, qui pionce profondément.
— Et lui, tu le laisses dormir ?
Sans attendre, il pose sa patoune sur le bras de son voisin et le secoue sans aucune délicatesse. L’assoupi ne résiste pas à ce traitement de faveur. Il ouvre les châsses et demeure immobile un court instant, le temps de reprendre ses esprits. Il se dresse sur ses pinceaux puis soudainement pris d’une furieuse envie de lancebroquer, il abandonne son siège et claquepine en direction des gogues. Son pote pige la manœuvre et le charrie.
— Fais gaffe de pas te faire aspirer par un appel d’air. Si t’as des craintes, accroche-toi à la poignée ou demande un parachute.
Habitué à subir les attaques perfides de son équipier, Louis Bartès dit Microbe, Moustique, la Filoche ou la Ficelle à cause de son frêle gabarit, ne s’en laisse pas conter.
— Je n’ai pas ta taille et ton obésité mais question cerveau je suis mieux pourvu que toi.
Roland Pichon se lève pour reboutonner son futal. Encore vasouillard, il n’a pas le geste assez rapide pour retenir son futal qui dégouline le long de ses moltebocks. Il le récupère et tente de le positionner autour de sa taille éléphantesque. Après deux essais infructueux, il parvient tout de même à l’arrimer correctement.
Tenay ose une question.
— Tu rentres encore dedans ?
— Pourquoi ?
— Tu n’as pas arrêté de bâfrer pendant tout le voyage.
— Quand je m’ennuie, j’éprouve le besoin de manger.
— Tu as dû prendre un kilo depuis le décollage !
— Tu crois ?
Pichon affiche une mine circonspecte et se masse délicatement le bide.
— Faudra que je me pèse au retour, mais en cachette.
— Pourquoi ?
— Parce que Dolorès va encore me parler de régime.
Oubliant ses soucis vestimentaires et la remarque désobligeante de son boss , il se fait servir un caoua puis se dirige vers les lieux d’aisance libérés par son coéquipier qui ne manque pas de se venger.
— Méfie-toi, tu risques de boucher les chiottes avec ton gros derche.
— Tu sais ce qu’il te dit mon… ?
— Je m’en doute !
Tenay oublie les duettistes et leurs chamailleries. Il décide de rendre visite au commandant de bord, confortablement installé derrière le manche à balai. Il entame la conversation à voix basse pour ne pas réveiller le copilote qui en écrase sérieux.
— Pas trop crevé ?
— Ça va.
— Vous avez pu vous refaire la cerise ?
— Avec mon collègue, nous nous relayons régulièrement, ce qui permet de piquer un somme quand l’envie nous vient.
— Nous volons à quelle altitude ?
— Plus de dix mille mètres.
— Quelle est notre vitesse de croisière ?
— Neuf cents kilomètres à l’heure.
— Vous restez combien de temps à Buko ?
— Nous repartons demain matin. Une autre mission nous attend. Nous devons nous rendre à Bombay.
Pendant quelques minutes encore, Tenay se rencarde sur la technique de pilotage puis il abandonne le cockpit. Il aperçoit ses collaborateurs qui tchatchent avec l’hôtesse. Sans se faire remarquer, il s’installe derrière eux pour ne rien perdre de la scène. Ladite Myriam est en train de subir une série de questions de la part de l’inspecteur Bartès.
— Vous faites ce boulot depuis longtemps ?
— Plus de dix ans.
— Vous avez dû marner très tôt ?
— Après la naissance de ma fille.
— Vous vous êtes mariée jeune ?
— Oui.
— Il vous reste beaucoup d’années avant la retraite ?
— Pas mal.
La Ficelle se tait et réfléchit. Son pote se manifeste.
— Encore une question, après t’as perdu.
La môme pige la situation. Elle devance l’ultime intervention de son harceleur.
— J’aurai trente-cinq ans à la fin de l’année. Êtes-vous satisfait ?
Pichon se frotte les mains.
— T’as pas deviné ! J’ai gagné mon pari.
Il tend la pogne à la Filoche qui lui refile un billet de cinq euros tandis que l’hôtesse plaisante.
— Je ne vaux pas plus ?
Il s’excuse.
— Nous sommes fonctionnaires et nous ne gagnons pas des fortunes. Nous misons selon nos moyens.
À son tour, Pichon se manifeste.
— Moi, je dois deviner le métier de votre mari.
La jeune femme accepte de se prêter au jeu.
— Votre époux est fonctionnaire ?
— Non.
— Il travaille dans le privé ?
— Non.
— Il est chômeur ?
— Non.
— Il n’est quand même pas à la retraite, sinon ça voudrait dire qu’il est drôlement plus âgé que vous !
— Non.
Pichon se triture les méninges.
— Je vois pas.
Bartès se venge et ose une réponse.
— Vous n’êtes ni mariée ni pacsée ?
— Exact.
Son pote s’étonne.
— Comment t’as trouvé ?
— Myriam ne porte pas d’alliance.
Heureux de pouvoir se remplumer, la Filoche réclame son dû.
— Rends-moi le bifton.
La mort dans l’âme, Pichon s’exécute. Léon abandonne ses adjoints à leur marivaudage… Il repense à la manière dont a démarré l’affaire qui l’amène à Buko… C’était hier après-midi.
 
Comme à son habitude, Anatole Faugier arbore un nœud papillon assorti à la couleur de ses bretelles. Aujourd’hui, le rouge prédomine. Léon patiente le temps que son supérieur hiérarchique allume un barreau de chaise en provenance directe de l’île de Fidel Castro. Le Tsar se renseigne.
— Cloé va bien ?
— Elle va.
— Depuis qu’elle vous fréquente, elle pense de moins en moins à son oncle.
— Je lui ferai part de votre remarque.
— Ce n’est pas la peine. Je lui téléphonerai un soir prochain pour l’inviter à dîner pendant que vous serez en mission.
Faugier extrait suffisamment de fumaga de son cigare pour s’autoriser un cercle pas très orthodoxe qui le laisse dubitatif.
— Ce n’est pas ce que j’ai fait de mieux jusqu’à présent. À force de réaliser des prouesses, je deviens bigrement exigeant envers moi-même.
Il prend Tenay à témoin.
— Qu’en pensez-vous ? Je le trouve un peu trop renflé sur sa droite et un tantinet ovoïde.
Léon ne moufte pas et laisse son boss commenter sa performance.
— Vous vous rendez compte de la difficulté de l’opération ? J’emploie toujours la même technique et pourtant, selon les moments, j’obtiens des figures remarquables ou complètement ratées.
Il contemple son collaborateur, qui ne bronche pas.
— Il doit forcément y avoir une explication. Peut-être est-ce tout simplement ma condition physique qui me joue des tours. Je ne vais tout de même pas remuer de la fonte et perdre trente kilos pour parvenir à la perfection !
Il se concentre et largue une nouvelle rafale de fumée qui forme une auréole à la forme et aux proportions parfaites. De contentement, il se met à zozoter.
— Vous avez vu ? Z’ai réussi. Ze passe du médiocre à l’excellence sans aucun effort ! Ze suis un zénie ! Ze m’étonne, ze m’épate… Ze ne pouvais pas merdouiller indéfiniment. Il me fallait frapper fort pour asseoir mon autorité et défendre ma réputation. C’est choze faite.
Satisfait, il prend la pose et attend, de son collaborateur, une reconnaissance qui ne vient pas.
— Vous pourriez tout de même vous fendre d’une louange à mon égard.
Le Vénérable finit par entrer dans le jeu de son patron. Du bout des lèvres, il le complimente.
— Vous venez d’accomplir une de vos plus belles réalisations.
— Merci.
Anatole Faugier dépose son cigare dans un cendrier de la taille d’un enjoliveur de bagnole.
— N’avez-vous point constaté que la victoire se refuse à ceux qui n’ont ni la force ni l’envie de triompher ? Vous et moi, nous sommes des hommes d’action, des guerriers, des combattants de l’ombre. Nous accomplissons la sale besogne de ceux qui s’agitent sur la scène d’un théâtre à ciel ouvert. Nous sommes les machinistes de la République. Sans nous, les puissants de ce monde ne connaîtraient pas la gloire qu’ils réclament et appellent de leurs vœux.
Le Tsar s’ébroue et daigne enfin ouvrir le dossier posé sur son sous-main.
— Le Premier ministre m’a appelé ce matin pour me confier une enquête qui sort de l’ordinaire… Connaissez-vous l’île de Buko ?
— Pas du tout.
— C’est un ancien territoire français situé quelque part dans l’océan Indien. Il se trouve à cinq cents kilomètres de Grotoutou, la terre la plus proche. Il n’est pas très étendu puisqu’il mesure trois kilomètres de long sur un kilomètre dans sa plus grande largeur. Il compte moins de deux mille habitants l’hiver et plus du double en saison estivale. Sa capitale Buko-Buko est l’unique bourgade de cet endroit paumé. Enfin, sachez que la température locale oscille entre 20 et 25 degrés à la pire des saisons.
Faugier récupère son cigare, le tyrannise quelques secondes et lui arrache de quoi produire un cercle fort mal calibré. De dépit, il se dispense de tout commentaire désobligeant.
— Vous aurez tout le loisir de découvrir cette île enchanteresse puisque je vous y envoie en mission.
Léon Tenay s’intéresse soudainement

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