Au gré des vents
168 pages
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Au gré des vents , livre ebook

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Description

Alix pointe laborieusement dans une agence d'intérim. Fanny est journaliste dans un magazine branché. Audrey Lemon est une chanteuse pop formatée. Trois jeunes femmes qui n'ont apparemment rien en commun. Sauf qu'il y a juste sept ans, elles étaient les meilleures amies du monde. Au temps où Audrey était encore Manon, la petite fille renfermée. Au hasard d'une rencontre, il se décidera que demain sera le jour des retrouvailles imprévues. Entre l'appréhension qui noue les boyaux, les crises de nerfs, les incompréhensions et les règlements de comptes, les secrets finiront par être dévoilés, coûte que coûte.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 janvier 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342017823
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Au gré des vents
Corinne Sauze
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Au gré des vents
 
 
 
 
Chapitre I
 
 
 
—  Tous aux abris, l’ennemi arrive !
Comment ça, tous aux abris ? Il est hors de question que je plie un genou, encore moins deux.
Je recharge mon fusil d’un geste rageur, avant de ramper au milieu des fusillades…
— Mademoiselle, vous voulez un shampooing pour cheveux gras ?
L’ennemi avance à pas feutrés au milieu des broussailles, mais je l’attends de pied ferme.
— Mademoiselle, il vous faudrait vraiment un shampooing pour cheveux gras !
Le cœur vaillant, je me lève sans trembler, mon fusil pointé vers mon ennemi.
— Mademoiselle ?
Le clairon de la réalité me contraint à atterrir sans parachute. L’ennemi en treillis militaire s’est mué en une fausse blonde outrageusement maquillée, au regard inquisiteur.
Que me veut cette gravure de mode sur le retour ?
Parallèlement à son intervention malvenue, un mélange pétaradant de papotages débridés, de séchoirs révoltés, et de rasoirs aiguisés, vient parasiter mes oreilles.
La tête penchée au-dessus d’un bassin, le cou coincé dans une couronne coupe-gorge, je perçois de plein fouet le parfum pestilentiel de ma coiffeuse, et l’odeur écœurante de produits artificiels, aux inhalations entêtantes.
Au-dessus de moi, le plafond bardé de néons agressifs semble jubiler devant mon inconfortable situation.
— Alors, Mademoiselle, insiste mon bourreau aux cheveux peroxydés, ce shampooing pour cheveux gras ?
Et ça continue ! Humiliation volontaire ou commission conséquente pour ce type de shampooing ?
Je lâche un “non, merci !” au-dessus du tumulte du salon de coiffure, qu’elle se fait un devoir de ne pas entendre, juste pour le plaisir de me répéter une nouvelle fois sa question, au cas où quelqu’un ne l’aurait pas entendue du fond du salon.
Elle a dû enfin croiser le tir de mitraillettes dans mes yeux, puisqu’elle s’est éloignée, sans demander son reste.
En fait, non, elle a simplement changé son fusil d’épaule, pour aller gazouiller avec une cliente entre deux âges, voire trois, au statut privilégié d’habituée.
Vais-je finir par sécher toute seule, au-dessus du bassin déserté ?
Vraiment, qu’est-ce qui m’a pris d’écouter ma mère ?
— Alix, ta frange te mange le visage, et tu as des épis de partout ! Tu crois que ton patron apprécie ton look de bohémienne ? Il va finir par te virer, comme les autres !
Évidemment, je me suis bien gardée de lui avouer que j’ai déjà claqué la porte de mon dernier boulot en date. Mais bêtement, j’ai pensé qu’un petit rafraîchissement ne me ferait pas de mal.
Résultat des courses : je stagne au milieu d’odeurs nauséabondes, les cheveux trempés, et le cou prêt à se fendre à force d’être coincé dans cette couronne sadique ! Alors, au diable les convenances, j’ai passé l’âge de demander la permission pour me sortir d’un mauvais pas !
— Mademoiselle, ne bougez pas, j’arrive !
Ma coiffeuse fausse blonde a affiché un air atterré devant ma fuite en avant, avant d’accourir vers moi.
Non, mais, elle ne croyait pas que j’allais prendre racine encore longtemps, la tête penchée en arrière, avec la cuvette et le plafond comme seules compagnies !
Elle semble si catastrophée, que je ne serais pas surprise que ses cheveux reprennent manu militari leur couleur naturelle, en symbiose avec ses racines couleur de charbon.
J’ai tout gagné, je l’ai énervée, à présent ! À coup sûr, elle va me louper, quand elle tiendra les ciseaux au pouvoir illimité entre ses doigts fébriles.
Vu la vigueur avec laquelle elle me tamponne avec la serviette, je crains le pire !
Après ce séchage énergique, elle éructe entre ses dents serrées :
— Suivez-moi !
À vos ordres, mon général !
Stupidement engoncée dans une cape sombre, les cheveux ruisselants, je suis le déhanchement grotesque de la coiffeuse. Temporairement obéissante, je m’installe dans le siège qu’elle me tire d’un air pincé.
Lorsqu’elle croise mon regard hostile dans le large miroir face à moi, elle se croit obligée d’esquisser ce qu’elle souhaiterait un rictus commercial ; de quoi vous dégoûter à jamais du moindre sourire.
Enfin, elle a essayé, c’est déjà pas mal.
Aïe, elle s’empare à présent de son matériel d’un air satisfait d’avance : un peigne cran d’arrêt et un ciseau à l’air innocent, impatients de détruire leur œuvre.
Ses armes affûtées s’apprêtent à attaquer mes cheveux, quand une pensée l’arrête net :
— Que souhaitez-vous que je fasse ?
— Juste rafraîchir un peu, je lui réponds vivement, sur la défensive.
Heureusement que je lui ai précisé “un peu”, parce que mes cheveux qui tombent comme des feuilles mortes s’amoncellent à mes côtés. Et elle gesticule tant autour de moi que je n’ai même pas la possibilité d’apercevoir mon reflet transformé dans le miroir.
Quand elle me permet enfin de contempler le résultat, c’est juste pour s’enquérir d’un air satisfait :
— Ça suffit comme ça, ou je coupe encore un peu ?
Est-ce le nouvel humour en vogue dans les salons ? Que pourrait-elle couper de plus ? C’est à croire qu’elle est payée au rendement de cheveux coupés !
Mes mèches rebelles si naturelles ont disparu, et gisent pêle-mêle dans le cimetière capillaire autour de moi. Disparus mes cheveux tombant mollement sur mes épaules, et bonjour les courants d’air à l’arrière ! Sur les côtés, plus de balayages savants vers l’arrière pour les apprivoiser, ils sont tellement courts, qu’ils tiennent tout seuls !
Je n’ose pas imaginer l’hécatombe, si je ne lui avais pas précisé que je souhaitais un simple “petit” rafraîchissement.
— Je vous mets de la laque ? me propose la coiffeuse, le doigt déjà sur la gâchette.
Pas besoin de brushing, mes cheveux ont séché tout seul, c’est déjà ça.
Alors, j’arrête là les frais ; j’ai déjà hérité d’une coupe courte et trop sage, on ne va pas en rajouter en l’immortalisant avec un produit qui fait tomber les mouches à quatre kilomètres à la ronde.
Et en plus, il faut que je paye pour ça !
Je ne suis pas prête de revenir à cette séance pour masos. Je n’ai jamais été aussi soulagée de quitter un endroit. Vu le dernier regard assassin de la coiffeuse, c’est réciproque.
Ah, quel bonheur de retrouver l’air vicié parisien, bien plus plaisant que la puanteur diffusée par tous les produits artificiels de ce salon !
D’un geste instinctif, je balaye mes cheveux derrière mes oreilles, mais il n’y a plus rien à rabattre. Franchement, je me demande comment on peut aimer se rendre chez le coiffeur.
J’ignore pourquoi, mais je me souviens alors que Fanny adorait gaspiller son temps dans ce lieu de perdition. C’est vrai qu’elle avait tout l’arsenal pour apprécier ce genre d’endroit.
Toujours tirée à quatre épingles, elle mettait un point d’honneur à choisir ses tenues avec soin, alors que je me trimbalais avec des fringues usées jusqu’à la moelle, ou mal assorties.
C’est drôle, parfois, les associations d’idée. Cela fait plus de sept ans que j’ai perdu Fanny de vue, et rarement son souvenir s’était rappelé à moi.
Déjà à l’époque, j’attendais la dernière limite pour affronter le martyre d’un coiffeur. De son côté, Fanny s’y rendait fréquemment, alors que ses cheveux ne nécessitaient pas d’être autant entretenus.
La nature l’a dotée de cheveux couleur de jais lisses et épais, alors qu’elle m’a donné le cadeau empoisonné (à qui s’adresse-t-on pour les réclamations ?) d’une tignasse hirsute et rebelle. Chevelure qui vient d’ailleurs d’être sérieusement entaillée.
J’en accélère le pas de colère. Vraiment, quelle poisse, ça démarre mal un après-midi ce genre d’épreuve ! Ça m’a même rappelé Fanny, alors que je l’avais rangée définitivement dans mes archives personnelles. Pour quelle raison, d’ailleurs ?
En même temps, je me demande ce qu’elle a pu devenir. Je l’imagine dans un boulot pépère et sécurisant, fondue dans des tailleurs impeccables, avec un mari “standard”, sûrement des enfants, le tout rassemblé pour des soirées popotes devant la télé.
Quelle tristesse, tout de même !
En tout cas, je détesterais la croiser à nouveau, surtout pour éluder cette question que j’abhorre plus que tout : “Qu’es-tu devenue ?”.
Rien, je ne suis rien devenue ; je n’étais pas avant, je n’ai pas pu devenir…
Les errements de ma vie, face à la sienne indubitablement équilibrée… comme avant.
Alors, non merci, je n’aurais pas envie de lire dans ses yeux : “tu n’as pas changé !”, et penser la même chose d’elle.
Je réalise qu’à force de m’égarer dans ces pensées (non constructives, en plus), je n’avance pas d’un pouce, et la mère Godant va me faire une jaunisse si j’arrive en retard. Elle doit déjà savoir que j’ai largué mon dernier boulot, mais je dois quand même m’efforcer de ne pas trop tirer sur la corde. Même si cette pimbêche m’amuse plus qu’elle ne m’impressionne quand elle est en colère, je dois me retenir de trop l’asticoter, surtout par respect pour Alexandre.
Allez, je vais prendre un raccourci par les petites rues pour arriver plus vite. Je sais, mon bon cœur me perdra…
J’ai à peine parcouru quelques mètres dans une artère déserte, que j’assiste à une scène singulière, un peu plus loin. Je n’ai pas besoin de m’approcher plus pour deviner ce qui se passe.
N’écoutant que mon courage, provisoirement oublié entre les mains de la coiffeuse, je m’élance toutes voiles dehors. Mon parapluie en guise d’arme brandie dans les airs, j’ai le visage déformé par une hargne guerrière. Je cours droit devant, avant d’arriver devant trois adolescents, occupés à tenter de détrousser une adolescente de son sac.
Comme

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