Au-delà de l horizon
276 pages
Français

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Description

Fraîchement retraité, il peut enfin se consacrer à son projet. Il n’en a parlé à personne, trop sûr de n’être pas compris. Et pourtant, quoi de mieux que le pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle pour s’abstraire de son cadre de vie habituel et méditer ? Méditer, sur lui-même, son passé, sur les choix qui ont marqué et marquent encore sa vie. Le voilà donc sur « son » chemin de Compostelle ; il l’a commencé où il voulait et le terminera où il voudra, quand sa réflexion lui aura apporté la sérénité qu’il en attend. Or, une silhouette croisée lors de son périple va le replonger quarante ans en arrière...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 1
EAN13 9782748372946
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Au-delà de l'horizon
Médéric
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Au-delà de l'horizon
 
 
 
« Mais qu’est-ce donc qui est véritablement ? Ce qui est éternel, c’est-à-dire qui n’a jamais eu de naissance, ni n’aura jamais de fin ; à qui le temps n’apporte jamais aucune mutation. »
Montaigne, Essais, II, XII
 
 
« L’homme éprouve l’inanité des désirs et des buts humains et le caractère sublime et merveilleux de l’ordre qui se révèle dans la nature et dans le monde de la pensée. Il ressent son existence individuelle comme une sorte de prison et veut vivre la totalité de ce qui est comme une chose qui a une unité et un sens. »
Albert Einstein, Comment je vois le monde , trad. fr. Flammarion 1934, titre original Mein Weltbild
 
 
« […] chercher, au-delà du modeste horizon familier, des perspectives plus poignantes. »
J. Romains, Les Hommes de bonne volonté , t. V, xxvi, p. 268.
 
 
« Mais il est bien court le temps des cerises
Où l’on s’en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d’oreilles…
Cerises d’amour aux robes vermeilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang… »
J.-B. Clément, Le Temps des cerises (musique d’A. Renard) 1866
 
 
 
Chapitre 1
 
 
 
Était-ce possible ? Simple ressemblance, sans doute, aidée peut-être par la distance, pensa-t-il. Parti vers neuf heures de Chancelade, gros bourg périgourdin de quatre mille habitants à quelques kilomètres au nord-ouest de Périgueux, il avait fait une pause à Razac-sur-l’Isle, où il avait pris vers midi et demi un déjeuner léger au restaurant de l’hôtel « Le Sorbier ». Il finissait la traversée du pont qui enjambe l’Isle à l’entrée de Saint Astier, son étape du jour, quand son regard avait été attiré, à droite, à une cinquantaine de mètres, par une sorte de petit bief, enjambé d’une étroite terrasse jetée au-dessus de l’eau. Une guinguette, peut-être, pensait-il, quand il remarqua une femme qui, penchée sur la rambarde de la terrasse, semblait regarder couler l’eau à trois mètres sous ses pieds. Et cette femme ressemblait…, évoquait soudain pour lui des souvenirs de près de quarante ans.
 
Il n’avait dit à personne son projet : il était trop certain de n’être pas compris. Dans le secret de son cœur, il avait décidé de faire le pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle ; « son » pèlerinage, plutôt, car il entendait bien le faire à sa manière, à tous égards. Il n’avait pas pris de crédencial 1 ou carnet du pèlerin, sans ignorer que cela lui rendrait aléatoire l’accès aux gîtes qui jalonnent les chemins traditionnels vers Compostelle. Fraîchement retraité, il voulait, sans doute, se prouver qu’il était capable de surmonter cette épreuve, mais, surtout, il éprouvait le besoin de s’abstraire de son cadre de vie habituel et de méditer, sur lui-même, son passé, sur les choix qui avaient marqué et marquaient encore sa vie.
 
L’idée lui en était venue quelques années plus tôt alors que, avec des amis, il avait fait à Vézelay un passage trop bref pour faire vraiment connaissance avec ce célèbre village, mais assez long pour que lui vînt l’idée d’y revenir un jour ; une idée qui, d’abord, lui avait paru une lubie, suscitée par la beauté du lieu ; une idée à laquelle ses occupations ne lui laissaient pas le loisir de donner suite ; une idée qui, alors, lui semblait un peu ridicule – non, pas ridicule, vraiment, mais superficielle, irréfléchie ; superficielle, même alors, peut-être pas, sinon elle n’aurait pas resurgi avec pareille force quand sa retraite lui avait soudain ouvert un grand espace de liberté… la liberté de faire retraite, s’amusait-il de l’ambiguïté du mot. Pas une retraite au sens habituel du terme, dans quelque clôture, avec le soutien et l’accompagnement de gens d’église ; une retraite tout intérieure, dont il comprenait qu’il n’y atteindrait pas sans sortir de son moi social, ce moi altéré par l’opinion des autres, ce masque en un mot, et par le rôle que, plongé dans les rapports sociaux, inévitablement il jouait. Sans doute pour cela – et, s’avouait-il, pour s’économiser plus de deux cents kilomètres, huit jours au moins, dans une aventure qu’il n’excluait pas de ne pas mener à son terme –, il avait choisi de partir de Vézelay. Ce serait « son » chemin de Compostelle ; il l’avait commencé où il voulait et le terminerait où il voudrait, quand sa méditation vagabonde lui aurait apporté la sérénité qu’il en attendait.
 
Il prit donc un train express régional à sept heures dix à la gare de Paris Bercy le 15 juin. Arrivé à Sermizelles un peu après neuf heures et demie, il avait pris la route pour Vézelay. Dix kilomètres à pied, une mise en jambe avant de se lancer sur le chemin de Compostelle, un solide sac dans le dos, chichement garni des vêtements les plus légers possible, la saison le permettait. Il avait décidé de marcher d’un bon pas régulier mais sans hâte, parce que, sans hâte, on est infatigable. À ce train, il mit plus de deux heures pour atteindre Vézelay. Durant le dernier kilomètre, il longea par le nord-ouest la colline sur laquelle est édifié le village. La colline présente la forme allongée et contournée d’une poire « Abbé Fetel » ; son itinéraire l’avait conduit au point d’implantation de la queue de la poire, en fait le champ de foire du village. De là, il emprunta une rue, la rue Saint-Étienne, qui suit la ligne de crête de la colline, jusqu’en son cœur, où se dresse la basilique dédiée à Sainte Marie Madeleine. Il était alors plus d’humeur à déjeuner qu’à visiter, mais, après avoir passé un premier restaurant, au début de la rue Saint Étienne, il n’en trouva plus jusqu’à son arrivée à la basilique. Il redescendit donc et entra dans le restaurant qu’il avait d’abord négligé, tout simplement baptisé le « Saint Étienne », dont la table ne lui laissa pas un souvenir impérissable.
 
S’étant renseigné sur les possibilités d’hébergement, il redescendit en bas de la rue Saint Étienne et alla retenir une chambre à l’hôtel dont l’enseigne associait curieusement la Poste et le Lion d’or. Le patron du Saint Étienne lui avait confié, avec un sourire entendu, que cet hôtel avait été le cadre de scènes de « La Grande Vadrouille ». Comme il s’était ensuite étonné de n’y rien reconnaître et supposait qu’une rénovation de l’hôtel pouvait en être responsable, la propriétaire de l’établissement, fort honnêtement, lui apprit que son hôtel avait seulement hébergé l’équipe du film.
 
Il était alors plus de quinze heures ; ayant ainsi assuré ses arrières, il décida de faire une visite rapide du village, qui ne fait guère plus de huit cents mètres dans sa plus grande longueur. Il reprit ainsi la rue Saint Étienne, d’où, à droite et à gauche, il faisait de petits écarts dans des rues adjacentes dont l’attirait le charme un peu médiéval. À mi-hauteur, la rue changeait de nom pour devenir la rue Saint Pierre. Peu après, une courbe de la rue lui révélait le haut clocher carré formant le côté droit de la façade de la basilique, et dont les abat-son dominaient la perspective. Il le verrait plus tard, une tour carrée, très semblable au clocher et placée juste en avant de la croisée du transept, lui répondait, par une sorte de symétrie d’autant plus remarquable que la façade elle-même était, au contraire aussi dissymétrique qu’il est possible, jusqu’au déséquilibre. La rue montante, serpentant légèrement, était bordée de vieilles bâtisses médiévales ; à une centaine de mètres de la basilique, dans une lumière voilée d’une légère brume de chaleur, il s’arrêta pour prendre une photo d’une maison dont un côté de la façade était occupé par une forte et pittoresque tourelle, en encorbellement sur la rue. Dans la chaleur de l’été proche, cette rue déserte et le silence presque parfait qui y régnait, dégageaient une impression de paix, presque de somnolence.
 
Il s’avança jusqu’à la place devant la basilique et fut aussitôt frappé de la remarquable asymétrie de la façade ouest de la basilique. Un pignon encadré de deux tours carrées dotées chacune d’un portail et de deux fenêtres ; la chose pourrait sembler banale si cet ensemble ne présentait au moins deux particularités. Tout d’abord, le grand portail à deux battants qui occupe la partie centrale de la façade est sommé par un haut pignon d’abord percé de cinq hautes baies étroites qui, avec les fenêtres des deux tours, donnent la lumière du narthex, et elles-mêmes dominées par un tympan élevé enfermé entre deux rampants courbes qui, se rejoignant au sommet sous une haute croix de pierre, dessinent bien une ogive. D’autre part, ce haut pignon dépasse largement le niveau de la tour de gauche coiffée d’un toit pyramidal, mais est lui-même très largement dominé par la tour de droite qui double presque sa propre hauteur pour former le clocher qu’il avait d’abord aperçu depuis la rue Saint-Pierre. Ainsi, cet ensemble, loin d’être équilibré comme la façade de Notre-Dame de Paris, encadrée de deux tours jumelles, lui donnait l’impression qu’une erreur saugrenue avait conduit les bâtisseurs, au lieu de faire de la deuxième tour, semblable et presque égale au clocher, le pendant de celui-ci, à gauche du pignon central, l’avaient placée vers l’arrière de la nef et à côté de la croisée du transept. Surtout, le dessin ogival du pignon l’étonnait. C’est ce qui l’amena à s’adresser à un moine – un bénédictin, lui sembla-t-il – qui sortait à ce moment de la basilique, pour lui dire son étonnement.
 
— Je croyais, lui dit-il, que la basilique de Vézelay était donnée en exemple de l’art roman bourguignon.
 
— Vous ne vous trompez pa

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