Anorexie, boulimie et état mixte , livre ebook

publibook - Dominique Brunet

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532 pages

Français

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Extrait

Description

L’anorexie et la boulimie sont deux comportements situés à des pôles opposés d’une même activité, celle qui consiste à s’alimenter : l’un de ces comportements, l’anorexie est caractérisé par une volonté inflexible de ne pas se nourrir même lorsqu’il y a sensation de faim, tandis que l’autre, la boulimie, se solde par un besoin irrépressible de manger, indépendamment de la sensation de faim...

Sujets

Sciences humaines

Philosophie et théologie

Manger

Sciences humaines et sociales

Boulimie

Anorexie

Faim

Alimentation

Psychologie

Informations

Publié par	publibook
Date de parution	01 juin 2005
Nombre de lectures	1
EAN13	9782748373554
Langue	Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0135€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Anorexie, boulimie et état mixte
Dominique Brunet
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Avertissement

Tous les prénoms des personnes dont le trouble a été présenté ont été modifiés. De plus, n’ont été reprises que des situations classiques dans lesquelles en partie ou totalement toute personne anorectique, boulimique ou anorectique-boulimique peut se reconnaître.

Préface

L’anorexie et la boulimie sont deux comportements situés à des pôles opposés d’une même activité, celle qui consiste à s’alimenter : l’un de ces comportements, l’anorexie 1 , est caractérisé par une volonté inflexible de ne pas se nourrir même lorsqu’il y a sensation de faim tandis que l’autre, la boulimie 2 , se solde par un besoin irrépressible de manger, indépendamment de la sensation de faim.

Nous notons, à travers cette définition générale de l’anorexie et de la boulimie, d’après leur aspect comportemental, c’est-à-dire à l’examen de composantes manifestes et observables, une grande différence : à l’un des pôles d’activité, l’anorexie ne peut apparaître qu’en présence de cette forme mentale particulière qui pousse la personne à ne pas manger tandis qu’à l’autre extrémité du spectrum, la boulimie naît d’une pulsion irrésistible à manger à toute heure, en tout lieu, sans sensation de faim mais pour le plaisir incontrôlable de se remplir la bouche et l’estomac.

Entre ces deux pôles de l’anorexie et de la boulimie, oscille une troisième entité, l’anorexie-boulimie.
Comme l’expression l’indique, l’anorexie-boulimie se caractérise par des périodes anorectiques entrecoupées de crises boulimiques. C’est donc un état intermédiaire entre ces deux affections, un état mixte, qui possède certaines caractéristiques de l’une et de l’autre.

Indépendamment de toute étude et à la simple observation d’anorexiques et de boulimiques, quelles sont ces caractéristiques majeures ?
La personne anorectique est animée d’une volonté inflexible jusqu’à l’excès quand il s’agit de s’imposer des règles alimentaires draconiennes, son dégoût de la nourriture étant profond et irrévocable. A l’opposé, la personne boulimique est peu ou pas du tout encline à l’effort et se laisse plutôt aller à manger tout ce qui lui tombe sous la main, sans discernement de qualité, de quantité, de goût. Entre les deux, la personne anorectique-boulimique est partagée entre le devoir de rejeter la nourriture pour rester mince et son désir ou son besoin de manger : elle oscillera alors entre manger et ne pas manger, entre le plaisir gustatif et le devoir de minceur ; ce qui constituera pour les adolescentes et les jeunes adultes un profond dilemme à l’origine d’un état conflictuel extrêmement perturbateur et anxiogène. Pourquoi ?

Le comportement anorectique est un comportement négatif, restrictif : c’est le « ne pas manger », donc une conduite de refus, de rejet alors que le comportement boulimique est, au contraire, une conduite incontrôlée, extensive ; c’est le « manger ad libitum », un comportement sans limitation, sans borne, incontinent.
Dans le comportement anorectique-boulimique, s’expriment en alternance ces deux composantes antagonistes, après l’anorexie, la boulimie, après la boulimie, l’anorexie, la personne vivant dans un perpétuel mouvement de va-et-vient contradictoire. Elle est soumise à des forces paradoxales et opposées, entre ce qu’elle veut et ne veut pas à la fois, entre ce qu’elle désire et se refuse en même temps.

Conduite anorectique, conduite boulimique ou les deux en alternance, ces conduites s’appliquent à un même objet, la nourriture, l’un des éléments essentiels à la vie.
La personne anorectique refuse ultimement ce qui fait la vie : dans sa phase terminale d’intériorité, l’anorexique rejette la vie, l’existence terrestre, matérielle. L’anorexie symbolise le refus de vivre.
Par contre, la personne boulimique use et abuse de cette même nourriture, au-delà de la satiété. Elle aime la vie. En se remplissant l’estomac, elle se sent vibrer, elle se sent vivre, elle se remplit d’amour.
Chez la personne anorectique-boulimique, l’ambivalence prédomine : elle aime et elle n’aime pas les aliments. Elle veut vivre mais, en même temps, échapper à la matérialité du corps.
Que l’on soit anorectique, boulimique ou les deux en alternance, ces troubles du comportement alimentaire représentent un mal-être.

Le but de cet ouvrage est de proposer au lecteur mon approche conceptuelle et psychothérapeutique des désordres du comportement alimentaire.
Psychologue clinicienne, au cours de mes années de pratique, tant en Amérique du Nord qu’en France, parmi la multitude et la diversité des problèmes psychologiques présentés par l’être humain qu’il me fût donné de résoudre, il en est certains qui, soit par leur complexité, soit par leur résistance aux traitements, soit à cause des drames qu’ils entraînaient, soit pour ces trois raisons à la fois, ont requis un travail de réflexion approfondie. Anorexie, boulimie et état mixte font partie de ces problèmes.

L’anorexie, la boulimie, l’état mixte représentant des dysfonctionnements dans la prise de nourriture, en introduction, nous aborderons ce thème de la nourriture et des habitudes alimentaires qui en procèdent, ceci nous permettant d’avoir un aperçu de ce qui se passe dans les populations en général en termes d’attitudes face à la nourriture et en comparaison avec les déviations pré-citées.
Dans un premier chapitre, nous étudierons l’anorexie puis, dans un second, la boulimie, chacun de ces chapitres étant divisé en trois parties avec un aperçu historique, une présentation de cas et une explication théorique relative à chaque affection. Dans un troisième chapitre, nous rendrons compte de l’anorexie-boulimie comme état mixte avec présentation de cas puis analyse de cet état. Dans un quatrième et dernier chapitre, nous proposerons conseils, recommandations et approche psychothérapeutique pour chacun de ces désordres du comportement alimentaire.

Il est entendu que, tout au long de cet ouvrage, la référence est faite aux désordres du comportement alimentaire dont l’origine est autre qu’anatomo-physiologique, telle qu’on l’observe dans les maladies de type hormonal ou infectieux, ou dans les cas d’intoxications.
Dans le cadre présent, la composante majeure des affections étudiées est de nature psycho-physiologique.

Introduction

Dans notre préface nous avons rappelé que la conduite anorectique, la conduite boulimique ou les deux en alternance, ces conduites s’appliquent à un même objet, la nourriture.
La nourriture exerce une telle répulsion chez l’anorexique que celle-ci devient sitiophobe 1 ; à l’opposé, la personne boulimique ne peut s’arrêter d’avaler tout ce qui se mange tandis qu’à mi-chemin, l’anorexique-boulimique oscille entre manger et se priver de nourriture.
Avant de passer à l’étude de ces trois désordres du comportement alimentaire, comme l’objet de ces désordres est la nourriture, la représentation particulière de celle-ci entraînant dans les cas pré-cités des habitudes alimentaires considérées dans notre société comme hors-normes, on peut s’interroger sur la représentation de cette même nourriture et des habitudes alimentaires qui en découlent dans la population générale et indépendamment de toute pathologie.

La nourriture : Variations dans sa représentation selon les formes que prennent ces variations et selon les fonctions qui lui sont attribuées.
Variations selon les formes : rôle des facteurs socio-culturels généraux et spécifiques.
La représentation que l’on se fait de la nourriture, soit l’idée que l’on en a ou, en d’autres termes, l’importance et la valeur que nous lui attribuons, ainsi que les habitudes alimentaires développées conjointement, sont sous la dépendance quasiment exclusive de facteurs socio-culturels apparus et façonnés au cours des siècles.
Ainsi, nous pouvons dire qu’à chaque pays, chaque région, chaque époque, son type de nourriture, ses mets, ses habitudes alimentaires, pays, région, époque constituant des facteurs socio-culturels généraux.
De ces facteurs généraux procèdent des facteurs plus spécifiques qui vont, à leur tour, influencer l’idée que l’on se fait de la nourriture et façonner des habitudes alimentaires, ces facteurs-ci étant véhiculés principalement par la famille, pour être plus tard observés par soi-même.
Ces facteurs spécifiques sont représentés par les valeurs éthiques 1 , religieuses, et les connaissances scientifiques que l’on acquiert. Ceci veut dire qu’en fonction de ce que l’on pense être bon et bien, en fonction de ses croyances et maintenant, à notre époque, en fonction de ce que l’on sait être sain, on mangera tels aliments, on s’abstiendra de tels autres et l’on modèlera son comportement alimentaire en conséquence.
Ces règles sont particulièrement bien mises en évidence dans la consommation de nourriture carnée ou, au contraire, dans le refus d’en manger ou bien dans le choix sélectif de ce type de nourriture.
En exemple de valeur éthique en formation, notons que le végétalisme 2 tel que pratiqué par les Hindouistes depuis des millénaires, s’est propagé parmi les populations occidentales : on rencontre de plus en plus d’Occidentaux qui refusent de manger toute chair.
Il y a bien sûr plusieurs raisons à cela : la vogue du végétalisme certes, mais aussi l’abondance des denrées autres que les nourritures carnées, et surtout, la sensibilisation grandissante de chacun au terrible sort fait aux animau