Amour à mort
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Amour à mort , livre ebook

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Description

Dans une petite bourgade au quotidien habituellement paisible, un meurtre atroce a lieu. Et puis une série d'autres crimes se suivent tissant une toile que le juge d'instruction en collaboration avec le procureur devront parvenir à comprendre. S'agit-il d'une coïncidence ou ces crimes sont-ils liés par un dénominateur commun, comme le soupçonne le juge ; un trafic de stupéfiants peut-être... En parallèle, les évènements sociaux indispensables à la petite bourgeoisie du pays pour se distinguer sont une corvée à laquelle le juge ne peut échapper, devant alors être le témoin de toutes les mesquineries malsaines qui peuvent s'y produire? Mais fort heureusement il n'est pas le seul à se plaindre de cette obligation car Madame le Procureur, jeune femme dynamique est tout aussi exaspérée. Les deux magistrats décideront donc une collaboration rapprochée, combinant sans hésiter travail et plaisir ; mais cet amour naissant se révélera peut-être bien inopportun compte tenu des circonstances.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 février 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748376906
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Amour à mort
Emil Aïkou
Publibook

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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Amour à mort
 
 
 
 
1.
 
 
 
On me dit séduisant. Vanité entretenue par des femmes, aux attouchements précis qui économisent le temps des avances. Dérisoire pour un impuissant. Le hasard du tableau de promotion m’a désigné comme juge d’instruction d’une petite ville de province d’à peine vingt mille croquants. Cité qui j’ai connue quinze ans plus tôt. La carrière veut que la promotion emprunte des détours, d’un palais à l’autre, en ordre croissant, non proportionnelle à l’étendue de la circonscription mais à l’importance du poste.
 
A 30 ans ma progression est satisfaisante. Déjà trois étapes franchies. Des affaires rondement menées et le respect scrupuleux de la hiérarchie ont contribué à me propulser ici. On apprécie ma disponibilité de célibataire – suspecte mais opportune – qui me vaut une pluie de dossiers urgents. Féru de droit, j’ai l’oreille de mes collègues féminines qui phagocytent la profession. Elles se font l’écho de mes qualités de juriste à défaut de celles d’amant. Sourd à leurs, je balise mon intimité avec une courtoise nonchalance. Conscient de semer des déceptions interrogatives.
 
L’inavouable infirmité de mon sexe m’a forgé une panoplie d’esquives galantes.
 
Cette réputation de juge énigmatique et pugnace a précédé mon installation. Le Président m’accueille chaleureusement. Heureux qu’un magistrat supplétif, auréolé d’une notation flatteuse, redonne du lustre à son effectif squelettique. Il subodore pour lui-même un avancement à la Cour d’Appel, couronnement rêvé d’une carrière provinciale languissante.
 
Le gros bourg, enrichi de son agriculture, végète dans l’apathie. La bourgeoisie opulente sévit à l’abri d’hôtels aux façades prétentieuses ou de fermes fortifiées sur d’immenses domaines. Murs d’enceinte de pierres blondes et grilles de portails solides. Air pur en l’absence d’industries polluantes. Masses ouvrières inexistantes. Rues paisibles. Dangereux cul-de-sac pour un carriériste. Il ne faudra pas m’éterniser dans cette sous-préfecture. Ma fonction crée l’obligation d’appartenir au microcosme des soirées à bridges barbants et autres parties de chasse. Les yeux gourmands des belles-mères en puissance soupèsent mon avenir. On me sature de thés pisseux, achalandés d’aigrelettes pucelles pubères en souffrance.
 
Ronron provincial, faune archaïque repue d’héritages, soulagée des tâches ancillaires déléguées à des serviteurs obséquieux.
 
Dernière strate d’un monde où il suffit de naître coiffé. Nobliaux pourvus, habitués au farniente. Leurs seules distractions : logorrhées de conversations verbeuses de droite cléricale et conférences soporifiques dans les clubs et loges habituels. Après des études poussives, bac acquis chez les Jésuites – puis titres dans les universités de province – suffisent pour reprendre la pharmacie, l’étude ou quelque commerce sur la grand place à la suite du père ou du grand-oncle sans postérité. Même la Mairie et le Conseil général – comme la députation – passent de père en fils. Domaines réservés, avantages acquis jalousement couvés. Imagerie d’Epinal, caricature multipliée à l’échelle nationale.
 
Célibataire « obligé », je les ai quelque peu intrigués avec mon cabriolet Morgan et mes costumes-cravates de couturiers. Ils connaissent les aumônes réservées à ma fonction. Les signes extérieurs d’aisance les préoccupent. Mon personnage ne correspond pas au schéma traditionnel du magistrat impécunieux. Ils n’oseront pas me cuisiner. Ils s’y habitueront. J’en soupçonne quelques-uns de me prendre pour une pédale. Mon commerce étant agréable, mes manières de leur monde, ils finissent par m’adopter. Ce qui ne les empêche pas de gloser sur mes escapades de fin de semaine.
 
J’ai des touches nombreuses. La gent féminine semble manifestement affamée, en manque, sinon laissées prématurément en touche au sortir d’étreintes hâtives. Les maris bedonnants ou les amants lassés – l’usure du temps – aux éjaculations parcimonieuses, à l’imagination émoussée, sont incapables d’assouvir les appétits de ces dames. Seules avec leurs rêves érotiques, résultats de lectures licencieuses et des soirées solitaires devant une télévision pornographique. Elles se masturbent et osent la provocation. Sans doute ces messieurs pratiquent-ils des putes dans les cantons voisins. Ils bandent au menu de cabrioles tarifées. Illusion salace de leur séduction perdue. Sans décourager les œillades je préserve le mystère de ma vie privée auprès de ces jobards…
 
Au terme de quelques mois, j’ai pu mettre langue et doigts – à la sauvette – dans pas mal d’endroits humides de quelques coquines. Confidences d’icelles aux copines qui gambergent sur mon éventuelle homosexualité. Les flirtées prenant ma défense gloussant des révélations sur nos libertinages. Preuves encourageantes d’une virilité qu’elles rêvent prometteuse de coïts flamboyants.
 
Les premiers mois, j’ai répertorié tous les acteurs importants de la ville et des communes alentour. Je me suis fondu dans leur cénacle. Cette ambiance émolliente m’endormait. Et c’est le drame ! On m’avertit que le notaire, en sa chevauchée dominicale s’est empalé sur un piquet de clôture. Mort extraordinaire pour un cavalier émérite. L’accident à cet endroit étonne. Des promeneurs ont découvert vers 8 heures l’écœurant spectacle.
 
La gendarmerie est chargée des premières constatations. Madame le Procureur, attentive à l’événement qui frappe un notable, me délègue d’urgence sur place. Elle vient de prendre également ses fonctions. Mission de routine. Je dois manifester l’intérêt immédiat porté par la magistrature à l’événement douloureux frappant un membre de la nomenklatura. Souvent absent le dimanche, je m’échappe habituellement de l’ennui cotonneux du bourg qui s’endort dès le vendredi soir… Exceptionnellement là, j’ai flâné jusqu’à 10 heures, donc disponible à son appel. J’arrive sur le terrain, accueilli par le capitaine de la brigade, rencontré en maintes cérémonies officielles. La culbute s’est produite entre 6 heures 30 et 7 heures. Le cheval, antérieurs brisés, a été abattu sur place par le vétérinaire. La victime couverte d’une toile est recroquevillée, bouddha grotesque, planté sur le rondin. Dans son élan le corps a entraîné l’effondrement de la clôture. Le bas-ventre a éclaté répandant des viscères puants. Sordide tableau aperçu en soulevant la bâche qui masque la tripaille. Les gendarmes s’affairent à leurs constatations. J’observe bien les lieux et remarque l’étrangeté des circonstances du vol plané. Le layon labouré dans le boqueteau – passage obligé pour l’équipage – et les traces des fers imprimées profondément dans le sol à quelques mètres de la victime. Il semblerait que le pur-sang, surpris par une bestiole, ait refusé l’obstacle, bloquant des quatre pattes, éjectant le notaire qui s’est fiché sur l’épieu. La galopade en ligne droite après le virage explique la distance franchie par le corps.
 
Pour la maréchaussée l’accident est patent. Elle dresse le plan du terrain. Le rapport conclura dans ce sens. Dossier classé. J’en informe immédiatement le Président. Il pourra ciseler ses condoléances baveuses pour présenter à la veuve l’effarante nouvelle. Paillarde connue qui fait une excellente affaire. Son premier clerc, qui la brosse à la sauvette dans le placard aux archives, pourra rêver à des enfourchements plus confortables. Quant à la matérielle, la rombière peut envisager l’avenir avec sérénité. Le pactole d’une assurance-vie la console d’avance. A moins qu’un petit maquereau ne lui étouffe son pécule dans l’euphorie d’orgasmes acrobatiques précédés de tangos langoureux.
 
Pour l’heure elle affiche dignement le crêpe et règle les funérailles à l’aune de la réputation du défunt. Devant le parterre des proches et de la famille. J’y participe, retrouvant l’ambiance des cérémonies du genre. Seuls ses vrais amis, peu nombreux, la peau grise, donnent une dimension définitive au sinistre. Ils méditent sur la courte distance qui sépare la jeunesse du caveau putride.
 
Je ne me sens pas concerné, pire, indifférent. Je jauge avec perversité l’intensité des sentiments affichés par les thuriféraires. Je scrute les visages des paroissiens et mesure le degré d’hypocrisie des navrés. A part ses relations, les autres sont là par curiosité et pour le spectacle. Le fils du quincaillier – le plus gros commerce de la place – n’a même pas la pudeur des circonstances. En douce, il papouille les fesses de sa voisine, fille de la pharmacienne qui le laisse faire, ventre arqué, marquant sa complicité mouillante. Le bougre a une réputation de tringleur obsédé.
 
La femme du tabellion imagine déjà de se faire reluire dans des voyages exotiques. Elle va combler ses appétits inassouvis par la médiocrité du plumitif dans des ébats carnavalesques à Venise ou à Rio. Au retour, ses souvenirs ne seront pas en faveur des mollesses ancillaires du clerc – l’étude va lui échapper – Ses rêves les plus fous d’alpaguer la femme et la pratique s’envolent en fumée. Désargenté de naissance, il comptait sur sa tringlette pour combler ce handicap. Epouser et succéder. Je vais l’observer le temps d’élucider la voltige de son maître. Je retournerai sur le théâtre de la culbute vérifier quelques hypothèses.
 
Plein cadre, face au chemin, la clôture a été redressée. Le pic fatal a disparu. Les autres ont été redressés et fichés solidement en terre. L’espacement régulier des anciens a

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