Amélamone
302 pages
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Amélamone , livre ebook

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Description

Islay. Une île où résident quelques habitants, un havre qui se repeuple doucement. Un lieu toutefois frappé, cycliquement – toutes les vingt-cinq années plus précisément – de disparitions sous l’effet d’un déferlement violent. En ce mois de décembre 1999, ce sont Sine et son petit-fils Pôl qui en font d’ailleurs l’expérience, perdant durant cette épreuve leur âne Pipo et leur mainate Tikouit... avant d’être secourus par deux hommes, Anndra et Seumas. Le soulagement sera néanmoins de courte durée, Sine prenant rapidement conscience qu’elle ne se situe déjà plus en territoire connu, mais en un autre lieu appelé Amélamone. Une autre île, mais dans un monde parallèle. Une autre terre, à la société hiérarchisée, aux habitations étonnantes, aux règles étranges. Un asile sur lequel Sine découvre la présence d’autres humains, heureux d’y avoir trouvé refuge... Toutefois, malgré le contexte bienveillant et amical, elle ne pourra s’empêcher de relever l’insistance avec laquelle on lui enjoint de rester ici... Impossible selon la grand-mère qui veut ramener Pôl à sa fille et qui tentera d’élucider les énigmes et secrets contre lesquels elle se heurte.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 1
EAN13 9782748373400
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0135€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Amélamone
Eylliae
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Amélamone
 
 
 
 
Chapitre 1 La mystérieuse disparition
 
 
 
La femme se retourna, alors que tout semblait calme, elle frissonna. Son regard balaya le lointain, un étrange pressentiment l’envahit. Brusquement, son visage marqua la terreur. Elle poussa un énorme cri. Elle prit la main de l’enfant qui serra contre lui son petit sac rouge et noir, une course effrénée commença. L’enfant hurla en se retournant :
— Cours Pipo ! Cours ! Tikouit !
Il regarda la femme, la suppliant. Elle secoua la tête confirmant l’abandon et hurla avec effroi.
— Ne te retourne pas, cours !
Devant eux, une vaste étendue de sable blanc obstruée par une barrière de rochers peu haute semblait s’éloigner à chaque pas posé dans un ultime effort. Derrière cette barrière, le vide, il fallait le franchir rapidement et atteindre la forêt. Chaque seconde écoulée leur parut une éternité.
L’enfant et la femme se retournèrent. Elle marqua un léger temps d’arrêt, puis elle murmura en sanglotant reprenant sa course :
— C’est trop tard !
L’enfant cria :
— Non ! Cours Pipo, cours.
À l’arrière, un immense roulis noir opaque, poussiéreux, monstrueux s’enroulant sur lui-même faisait disparaître tout ce qui pouvait se trouver sur son passage. La femme enjamba les rochers guidant l’enfant, puis elle se retourna une dernière fois. Elle le prit dans ses bras et sauta, tombant lourdement dans le fond. Elle se releva sans attendre en l’embrassant, puis elle le saisit à nouveau par la main et chercha à le pousser en vain de toutes ses forces au-dessus de sa tête pour le projeter hors du vide. Le vent et la pluie battaient leurs visages ; elle hurla :
— Attrape la racine devant toi !
L’enfant s’agrippa à la souche. Ils pleuraient tous deux en silence. Les larmes coulaient le long de leur visage marquant l’épuisement, la peur, la tristesse, comme déplorent ceux qui comprennent leur impuissance devant le choix de l’abandon. La femme empoigna une racine fourchue et commença la remontée ; ses pieds glissaient, elle cherchait désespérément des appuis afin de s’y poser ; dès que sa tête se trouvait sous les fesses de l’enfant, elle le soulevait avec la force du désespoir.
Soudain, une voix grave se fit entendre, des pas résonnèrent.
— Ils sont là !
Une main puissante saisit l’enfant. La femme tendit la sienne, d’énormes bras musclés la tirèrent hors du précipice.
— Vite, venez ! Lui cria son sauveur.
Leur course n’était donc pas terminée. Un des deux hommes mit le petit sur son épaule et s’empara d’une sorte de corne suspendue à une liane tressée autour de son cou. Un insolite son grave en sortit, faisant tressaillir les deux rescapés. Alors qu’ils arrivaient près de la lisière de la forêt, les arbres basculèrent et prirent la forme d’une étrange porte. La femme s’arrêta, surprise. Trop lasse et trop abasourdie devant l’inexplicable, elle regarda ces sauveurs, comprenant qu’elle n’avait guère d’autres choix.
Le premier homme s’engouffra à l’intérieur, suivi de son compagnon gigantesque tirant la malheureuse épuisée par le bras. Elle ne pleurait plus. Les yeux fermés, elle souffla et sourit sans dire un mot à ces hommes étranges. Les arbres basculèrent reformant un rideau compact. Elle entendit un bruit sourd, sursauta, observant cette étrange scène sans murmurer, dans un état de profonde torpeur.
— C’est terminé ! Nous sommes désormais en sécurité, lança fermement l’homme posant l’enfant à terre qui baissa la tête serrant fortement contre lui son petit sac en hoquetant :
— Pipo, Tikouit.
La femme s’agenouilla près de lui, le pressant tendrement contre elle.
— Je ne pouvais pas les attendre, c’était trop tard, mon ange !
Le petit mit ses mains autour de son cou, se blottissant pour cacher ses larmes, sa peine.
— Qui es-tu ? Lui demanda le surprenant individu à la carrure gigantesque.
— Sine et vous ?
— Seumas.
Le deuxième la regarda étrangement. Il détailla sa personne avec attention.
— Je m’appelle Anndra. C’est ton enfant ?
— Non ! C’est mon petit-fils.
— Bon sang ! Mais que faisais-tu sur la plage aujourd’hui, tu n’as donc jamais entendu parler de Dubh ?
— Dubh, non ! Lui répondit la femme intriguée.
Les deux hommes se regardèrent échangeant une grimace complice.
— Qui sont Pipo et Tikouit ? Continua Anndra.
— Pipo est notre petit âne et Tikouit est un mainate.
— Ha ! Je vois dit Seumas en grimaçant, lançant un regard inquiet à Anndra.
— De quelle île viens-tu ? Poursuivit l’homme étrange.
Sine les regarda, surprise par la question.
— Je suis désolée, je ne comprends pas. Je viens de… ! Brusquement, Sine s’interrompit observant la réaction des deux hommes, puis elle commença à réfléchir.
« Qui sont ces hommes ? Où sommes-nous ? Qui est Dubh ? Et cette gigantesque vague qui semblait vivante ! Ces arbres surprenants qui formaient une porte ? »
Seumas sentant sur lui le regard pesant de Sine se retourna vers Anndra qui la détaillait, l’air surpris et quelque peu amusé. Seumas comprit que la femme visiblement plus calme commençait à se poser certaines questions. Il l’observa empreint de pitié et lui lança d’un ton ferme.
— Tu dois être très choquée, tu nous parleras plus tard.
— Oui ! Vous avez raison. Elle serra la main de son petit-fils.
— Viens, nous devons rentrer avant la nuit.
Seumas marchait devant aux côtés d’Anndra. Son regard scrutait chaque détail aux alentours. Sine se tenait derrière eux. Elle profita de ce court répit pour secouer la main de Pôl. L’enfant leva les yeux vers elle. Sine plaça son doigt devant la bouche, lui faisant signe de garder le silence. Pôl comprit et hocha la tête. Sine détailla la forêt. Elle frissonna. Les arbres aux formes effrayantes semblaient les observer. Elle se retourna brusquement et laissa échapper un « Ha » de stupéfaction, car les branches du pin qu’elle venait de dépasser s’étaient courbées. Leurs extrémités touchant le sol effaçaient les traces de chaque pas dessinées sur le sentier de terre et de sable.
— Que t’arrive-t-il ? Lui demanda Anndra.
— Rien ! J’ai trébuché.
Sine préféra se taire, une étrange intuition lui recommanda de se montrer méfiante à l’égard de ces singuliers sauveteurs. Ses yeux se promenèrent de droite à gauche, de haut en bas balayant, surveillant chaque arbre, plus effrayant les uns que les autres. « C’est un cauchemar, je me suis endormie, je vais me réveiller ! »
— Mamy ? La voix de son petit-fils la sortit de ses pensées.
— Oui ?
— Ils nous ramènent à la maison ?
— Les deux hommes stoppèrent brutalement. Ils se retournèrent vers Sine et Pôl.
— Non ! tu ne pourras plus rentrer chez toi ! dit Seumas en fixant l’horizon !
— Arrête Seumas, c’est un enfant ! Coupa Anndra.
— Cela ne sert à rien de lui mentir, il vaut mieux qu’il sache tout de suite !
Sine ne put alors contenir sa colère devant tant de froideur. La voix saccadée par la peur, la fatigue l’incompréhension, elle agrippa fermement le bras d’Anndra l’obligeant à se retourner.
— Mais que racontez-vous ? Où sommes-nous ? Qui êtes-vous ?
— Tu poses trop de questions, mais tu le sauras bientôt, nous sommes arrivés. Renchérit Seumas, d’un ton sec.
Anndra effleura de sa main avec une infinie douceur le bras de Sine et lui sourit délicatement. Les larmes coulaient sur les joues de Pôl. Elle s’agenouilla, le serrant contre elle.
— N’aie pas peur, nous retournerons à la maison, mon ange. Je te le promets.
Seumas haussa les épaules. Anndra la regarda à nouveau très étonné. La détermination étincelait dans le regard de Sine. L’expression du visage d’Anndra ne marqua plus la compassion, il n’avait jamais observé chez les humains, une telle expression. Ils reprirent la marche. Sine était épuisée, son bras droit la faisait souffrir, elle remua ses doigts, une douleur aiguë envahit sa main, elle gémit. Elle chercha au plus profond de ses souvenirs à remonter le temps, depuis son départ de la maison, extirpant chaque minute écoulée, de sa mémoire vacillante. Elle expira profondément et ferma les yeux tout en continuant d’avancer.
— Que s’était-il donc passé ? Nous étions sur la plage assez éloignés de la côte, mais pas plus de… combien, je ne sais pas ? Nous ramassions des coquillages lorsque j’ai regardé ma montre, elle marquait dix-sept heures trente. Puis, le ciel s’est assombri soudainement. Le bruit, elle se souvint clairement de ce grondement assourdissant et terrifiant. Pipo s’est cabré et Tikouit a virevolté autour de nous…
— Ho ! Mamy, regarde ! S’exclama Pôl, émerveillé.
Elle s’arrêta, interrompant le déroulement de ses souvenirs qui refaisaient surface avec précision. Elle ouvrit ses grands yeux. Elle fut tout d’abord éblouie par le magnifique spectacle qui s’offrait à eux. Digne d’un conte de fées, une splendide cité de verre s’élevait vers les cieux, frôlant la cime des arbres gigantesques. Un lac aux couleurs scintillantes formait un vaste miroir ondulant à ses pieds. Chaque fenêtre éclairée se reflétait dessinant une ronde mouvante de mille lucioles dansant dans son fond. Un paysage féerique. Sine sourit, pencha la tête vers l’enfant qui la regardait avec extase. Ils oublièrent brusquement tous deux, leur peur. Sine pensa qu’elle rêvait. C’était impossible. Un tel endroit n’existait pas sur terre, cela se saurait.
Islay. Le 13 décembre 1999
Le long de la côte à la lisière de la forêt…
La porte de la petite maison s’ouvrit. Una chargée de sacs remplis de victuailles s’exclama.
— Ouf ! Ce fichu village est à des lieues ! Quelle idée de venir passer ses

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