A peine inimitable
192 pages
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Description

Depuis le début des années soixante-dix, l’écriture (et plus particulièrement l’écriture poétique) accompagne l’existence cosmopolite de Jean Fournier. L’auteur, qui vit aujourd’hui à Toronto, propose ici une compilation de ses textes composés durant ses quarante années. Sobres, ces textes décrivent avec délicatesse les paysages parcourus, ou évoquent avec une timide nostalgie le temps des amours perdues. Qu’ils soient en vers ou en prose, ces poèmes sont autant de moyens de capter l’essence d’un lieu et des émotions ressenties, que de rappeler à soi des sentiments et sensations endormis. Traversé par des extraits de ses carnets personnels, par des notes intimes et réflexives ou encore par les bribes d’œuvres inachevées, ce recueil témoigne de la constance et de l’affermissement d’une sensibilité poétique à travers les décennies.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 février 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748376784
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

A peine inimitable
Jean-Raoul Fournier
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
A peine inimitable
 
 
 
À Mariette, ma femme et à Vincent et Sophie, mes enfants, avec affection et tendresse.
 
 
 
A ma grande et fidèle amie Norah Deslauriers, sans laquelle ce recueil de poèmes n’aurait jamais vu le jour, avec toute ma gratitude.
 
 
 
 
 
 
Jean-Raoul Fournier est né il y a bien longtemps (personne n’a jamais su exactement à quelle époque, mais on pense généralement que c’était du temps de Massalia…) sur les rives de la bleue Méditerranée…
 
Jean-Raoul a fréquenté (trop longtemps : il était si paresseux !) la Faculté de droit d’Aix-en-Provence.
 
Ai passé une année en Angleterre.
 
A participé (contre son gré) à la guerre d’Algérie, séjour qui lui a permis de se lier d’une très grande amitié avec le peuple algérien. J’ai eu la chance de pouvoir enseigner aux enfants de ce pays, le plus merveilleux de mes souvenirs d’Algérie…
 
J’ai enseigné le français dans divers établissements secondaires de l’Ontario, à Toronto notamment.
 
J’ai exercé les fonctions de conseiller linguistique pendant un certain nombre d’années auprès du gouvernement de l’Ontario (traduction des lois).
 
J’ai publié trois ouvrages (littérature française, traduction, un ouvrage sur la forme physique, éditions Quebecor à Montréal.
 
Ai publié des poèmes dans une Anthologie de la poésie française à l’intention des jeunes élèves des écoles francophones de l’Ontario, Éditions Fides, Montréal.
 
Ai écrit un certain nombre de manuscrits, non encore publiés : La Marraine – Le clochard de la plage – La Fête foraine – Albertine ou la charcutière de Provence – des poèmes… écrits divers…
 
Ai écrit une dramatique pour la télévision : Les Lilas sous la lune…
 
Marié à une Québécoise, Mariette, native d’un charmant village dans le comté de Bellechasse – deux enfants, Vincent (un parfum de Provence et de Mistral dans ce prénom !) et ma chère Sophie, mon Antigone…
 
 
 
En guise d’introduction…
 
 
 
Si, au cours d’une vie,
On n’a fait qu’aimer,
Comprendre, aider, protéger
Les enfants et les gens âgés,
On a fait l’essentiel
Et le ciel nous est assuré
Quoi qu’on ait pu faire
Par ailleurs…
 
 
 
(Ces paroles ont été écrites au moment de la dictature militaire au Brésil)
 
 
 
Au grand bal de ce soir
Il y a trois ambassadeurs
Neuf consuls généraux
Quatorze industriels
Et des hommes d’affaires
Autant de présidents-directeurs généraux,
Un maréchal, trois généraux,
Deux colonels en retraite,
Un ministre du culte,
Deux ministresses du buste,
Nous sommes à Rio
A Ris-haut, à Ris-bas,
A rira bien qui rira le dernier
des fusillés, des torturés,
des suppliciés.
Il y a bien sûr des femmes,
Très jeunes, très jolies, maquillées et hâlées,
Il y aussi des femmes
Moins jeunes mais encore
Plus fardées, plus parfumées que les jeunes,
Des galons, des décorations,
Des citations, des médaillons,
Des croix d’honneur, de guerre
Et du mérite militaire,
Des légions d’honneur, des croix barrées,
Des croix gammées sans oublier
La croix du Grand Inquisiteur de Rio,
Des bagues, des saphirs,
Des diamants, des topazes
Et du champagne
Du vrai de vrai
Oui d’Epernay,
Des petits fours et du caviar
Et aussi des queues de homards,
De la belle musique
Mais ce n’est pas du Bach.
Copacabana,
Belle soirée, soirée unique
Bal consulaire
Bal qu’on sue l’heure,
De beaux discours
Longs et sublimes
Dans une demi-douzaine de langues
Et même en américain
Discours un peu confus
Qui célèbrent la fraternité
Humaine,
L’abolition des frontières,
De la peine de mort,
De la torture, de la censure et de la tonsure,
De la morsure des menottes,
Tout ça c’est derrière nous
C’est fini
On n’en parlera plus,
En entendant cela
Le vieux consul de Belgique
Avale de travers
Une aile de poulet,
L’ambassadeur de France
Donne un coup de coude
Dans le plexus solaire
Du consul d’Angleterre
Qui pour se venger
Écrase les orteils
D’un businessman américain
Qui caresse le seins
D’une belle indigène
Et crache de douleur
Son chewing-gum rose
Dans la chevelure argentée
De l’attaché commercial
Du Japon qui l’arrache aussitôt
Et l’écrase sur les fesses
De la femme de l’ambassadeur
Des États-Unis qui se met à hurler :
C’est amer-hic !
Ces sales jaunes, il faudra leur
Flanquer une autre bombe
Sur la poire.
Quelle belle soirée à Copacabana !
Le pain de sucre
N’en finit pas de fondre
D’émotion
Et les chevaux crevés
Tout grouillant d’asticots
Hennissent dans la baie
La baie des trépassés.
La grande belle ville
Des filles de Rio
Des enfants de Rio
Qui errent abandonnés
Complètement perdus
Quelque part sous la lune
Pendant que le gratin
Militaire, civil, consulaire, affairiste
Fait couler le champagne
Et se gave de mots.
Dans les rues de Rio
Un enfant tend les bras.
Ce regard que tu m’offres
Cette main que tu tends
Au milieu de la neige
Et par-delà le temps
Ces lèvres un peu pâles
Qui ébauchent un sourire
Et moi qui te regarde
Comme paralysé
Devant tant de blancheur
L’incroyable beauté
De la fille
Dans ce matin glacé
D’un dimanche en janvier.
(1998)
 
 
 
 
 
 
Contes et mythes
Dans la mutation de ton sourire
Dans l’innocente inflexion
De tes mains
Respirant d’étranges syllabes
Une légende nous a quittés
Cadenassée dans les coffres-forts
De ma mémoire
Les ailes de ta voix
Fixent mon attention
Froides sont les agates
De tes yeux.
 
 
 
Marseille
 
 
 
Des cris en toutes langues,
Des barques qui balancent
Dans le bleu de la mer
Toute proche,
Des oiseaux fantastiques
Qui poussent mille cris
Et se mélangent
Aux mâtures enchevêtrées,
L’odeur des cacahuètes,
Du tabac, du goudron,
Des poissons et des fleurs,
Paroles de passants
Harangues de camelots
Installés sur le quai,
Bruit feutré de robes
Sur les corps bruns des filles
Qui sourient radieuses
Et font tinter leurs
Bracelets de cuivre,
Les marchands de tapis
Qui chantent en arabe,
L’anisette glacée que
L’on boit en plein air,
L’iode de la mer,
Le reflet du soleil sur l’eau,
Les enfants qui piaillent
Au milieu des pigeons,
Les pêcheurs qui réparent
Leurs grands filets de pêche
Sur le bitume brûlant
Et puis là-haut, très haut
La vierge et son enfant
Qui regardent le port.
(En balade à Marseille, 1989)
 
 
 
 
 
 
La jeune fille arabe
A caressé mon front
Devant moi, dénudée,
Dans le partage de midi.
 
 
 
Le cygne
 
 
 
Le grand cygne
Élégant, peu commun,
Un peu snob, très altier
Et cocasse
Le bon cygne
De l’étang
Le cygne des temps
Trop modernes
Le cygne innocent,
Imprudent, insouciant,
Qui lance un dernier chant,
Le cygne vulnérable
Le cygne abordable
Qui fait signe
À ces gens
À tous ces gens
Qui le regardent
Et qui ne comprennent
Rien.
 
 
 
 
 
 
Le soleil de feu ou de terre
À force de rayons diagonaux
Ébranle la pensée
Et déconcerte l’esprit
Les joncs du marais
Figés dans la glace
Sont autant de lances
Fichées dans mon cœur
Ce nuage en forme de dinosaure
Est visiblement à la recherche d’un volcan
Mais ce volcan n’a plus d’âme
Réfléchissant seulement
Les lumières d’autres planètes
La maison du pasteur
S’est écroulée cette nuit
Et une croyance de plus a disparu
Sur cette digue fissurée
J’attends avec complaisance et ironie
La renaissance d’un soleil.
 
 
 
 
 
 
Rue des martyrs
Rue des innocents et
Rue des déportés,
Des fusillés, des prisonniers,
Des morts pour la patrie,
Au champ d’honneur
Au champ d’horreur
Au champ de la terreur
Ou bien dans les tranchées
Envahies par les rats
Par les rats gros et gras
De cette chair humaine
De garçons de vingt ans,
Rue des barbelés,
Rue des crucifiés
Et des torturés
Et la rue du repentir
La rue du pardon
La rue de l’oubli
La rue du péché
Que nous avons commis
Et que nous n’avons jamais cherché
À effacer.
 
 
 
La femme de quarante ans…
 
 
 
Une femme allongée
sur le sable brûlant
regarde le soleil
et pense à son amant
ce beau garçon tout brun
qu’elle connaît à peine
qui lui a dit je t’aime
j’ai besoin de ton corps
pour brûler ma tristesse
consumer ma jeunesse
j’ai besoin de ton corps
pour atteindre le port
ce garçon de vingt ans
à qui elle a dit oui
et à qui elle pense
elle la femme de quarante ans
allongée sur le sable
face au ciel sans limite
où plane palpitant
un grand oiseau marin
qu’elle suit du regard
en pensant à l’amant
au garçon de vingt ans
qu’elle a connu hier soir
et qu’elle aime déjà.
 
 
 
Miriam !
 
 
 
Ô ma Miriam de Port-au-Prince
Toi qui cours sur la plage
Tendant les bras au ciel
Vers ce soleil de feu
Rapace insatiable
Qui dévore vos peaux
Et fait bouillir la mer
Toi la brune fillette
Couverte de haillons
Tu cours sur cette plage
Incroyablement seule,
La mer, le ciel, le sable
Et tous les coquillages
Qui bruissent sous tes pieds
Et puis des fleurs géantes
Qui poussent près de là
Aux corolles voraces
Et parsemées de sang.
Ô Miriam, ma Miriam
Frêle enfant de ces tropiques morts
Tu vis la tragédie
D’un peuple d’opprimés.
 
 
 
 
 
 
Pointe de glace
Qui tombe du ciel
Et neige blanche ou noire
Qui couvre les montagnes,
Pylônes qui égorgent la terre
Et chemin jeté là peut-être
Par hasard
Pour le voyageur attardé,
Voyageur trouvé ou retrouvé
Voyageur perdu qui ne trouve
Pas la vérité
De la vie,
Qui ne comprend pas,
Qui ne comprend plus
La vie et qui cherche
Quelque chose appelé bonheu

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