À la suite d Élodie
154 pages
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À la suite d'Élodie , livre ebook

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Description

« Ce sont eux qui m'ont permis, depuis ma naissance en 1952 jusqu'à aujourd'hui de tenter de ne pas travestir ma vérité. C'est dater l'âge des personnes importantes pour moi que j'ai connues ou dont on m'a parlé qui m'a été le plus laborieux. Laborieux surtout de contenir dans ces pages l'histoire tragique de mon frère Louis. » Après un premier roman, Élodie et leurs dernières volontés, dans lequel nous découvrions la vie d'une épouse de médecin, Claude Forzy décide cette fois-ci de coucher sur le papier l'histoire de Marie-Charlotte. Depuis sa naissance en 1952 jusqu'à aujourd'hui, elle nous raconte avec une émotion certaine son enfance en Bretagne puis à Paris, ses joies et ses peines, mais surtout sa vie familiale avec pour figure centrale son frère, Louis, qui connut un destin tragique. C. Forzy nous livre ici un récit bouleversant dans lequel la présence du frère est partout : la vie avec lui mais aussi sans lui.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 novembre 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342164039
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À la suite d'Élodie
Claude Forzy
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
À la suite d'Élodie
 
 
« Puis-je appeler ce livre, un roman ? C’est moins peut-être et bien plus, l’essence même de ma vie recueillie sans y rien mêler, dans les heures de déchirement où elle découle. Ce livre n’a jamais été fait, il a été récolté… Les personnages apparaissent, puis disparaissent, comme il arrive dans la vie où des couches successives d’amis, de familiers, se recouvrent sans se pénétrer. »
Jean Santeuil, Marcel Proust
 
 
 
À mes nouveaux cousins par alliance, les rares petits-enfants encore vivants de Louis Antoine, ingénieur (1850-1892), leurs enfants, petits-enfants et leurs très nombreux arrière-petits-enfants,
Marie-Charlotte Antoine-Fouillou
 
 
 
Merci à Anne-Marie DLF, qui m’a relue et à Claude Forzy d’avoir enfin mis mon nom en première page.
Préface
Le lecteur verra tout de suite que je tire mes références bien haut. Mais j’ai noirci depuis que j’ai su écrire des dizaines et des dizaines de cahiers d’écolier sur ma vie quotidienne et ses avatars. Ce sont eux qui m’ont permis, depuis ma naissance en 1952 jusqu’à aujourd’hui de tenter de ne pas travestir ma vérité. C’est dater l’âge des personnes importantes pour moi que j’ai connues ou dont on m’a parlé qui m’a été le plus laborieux. Laborieux surtout de contenir dans ces pages l’histoire tragique de mon frère Louis. Parler de lui, avant et après sa mort revient partout dans ce petit texte. Mais j’avais déjà publié un roman qui a plu à quelques-uns. J’ai écrit ces deux livres pour échapper à la monotonie de la retraite. Pourtant le dernier chapitre montrera au lecteur qu’elle a oublié d’être monotone.
Depuis l’âge de quatre ans jusqu’à ce que mon premier salaire à vingt ans m’ait permis de m’introduire dans la vie professionnelle et m’ait heureusement contrainte à une vie sociale, je n’ai eu de relation rassurante qu’avec mes cahiers, mes livres et certains de mes instituteurs. Mon père était très gentil. Souvent il me maternait mais je sentais qu’il avait peur de contrarier maman en affichant sa tendresse pour moi. Dans notre petit appartement, jamais personne ne venait, sauf, très rarement lorsque l’une ou l’autre des voisines venait nous garder, Louis et moi, pendant que mes parents allaient au cinéma ou à une réunion professionnelle. Jamais une camarade n’est venue chez mes parents et jamais aucune ne m’a invitée chez elle. Les garçons, évidemment moins encore.
Louis n’avait pas de copain pour venir jouer ou travailler avec lui. Je ne me sentais pas seule, mais différente des autres filles et surtout, j’avais le sentiment que la maternelle, puis l’école, les rues de Paris tout autour de notre logement étaient un monde tout à fait différent de chez nous. Mais, sur le tard, ça s’est modifié. C’est advenu plus vite que je ne pouvais l’espérer. J’avais achevé l’écriture de mon premier roman, à près de cinquante ans à la va-vite car mon travail était très prenant. À ma retraite, je l’ai publié sous un nom d’emprunt. Je venais d’avoir soixante ans. Je suis née à Paris en 1955 et suis redevenue bretonne 15 jours après et à nouveau Parigote à l’âge de quatre ans. J’avais confié le manuscrit à un mes patrons. Et soumis quelques pages à sa lecture que je savais sagace. Il s’était proposé, plusieurs mois durant, de m’aider à le faire publier. J’avais dans mon travail de très nombreuses années d’expérience sur la personnalité de personnes souffrant de troubles bipolaires. La modification de leur comportement physique, de leur vêture, de leur dialogue avec moi, d’une fois sur l’autre dans les salles d’attente assez luxueuses de mes patrons, était tellement stupéfiante que je croyais pouvoir aussi bien que tel ou tel psychiatre faire le diagnostic de leurs souffrances et me tenir prête vis-à-vis d’eux à réagir vivement, les anesthésier par mon bavardage amical ou les materner en leur proposant un chocolat ou une tasse de thé.
Cette attitude de cordialité loquace ne m’était pas naturelle. Je l’ai vite acquise en entreprenant mon métier. Presque tous les patients de mes patrons me paraissaient tellement apeurés et fragiles qu’ils éveillaient ma bienveillance.
Les autres patients, les prétentieux, les bravaches ne me faisaient pas plus peur qu’un animal des fermes de mes grands-parents, détaché de sa bride. Depuis l’âge de quatre ans jusqu’à l’obtention de mon diplôme de secrétaire bilingue, et la maîtrise d’une troisième langue en prime, j’étais réputée réservée et même renfermée, à la maison comme à l’école, sauf pour répondre aux interrogations sur les leçons et les cours. J’y étais presque toujours la plus rapide de la classe. Certains de mes enseignants trouvaient excessive ma timidité et convoquaient en vain mes deux parents. Ils voulaient m’envoyer à des psychologues. C’était peine perdue ! Je parlais, depuis l’âge de six ans le moins possible à mes parents et à mon frère. Je ne me confiais qu’à mon journal intime et, si j’étais sûre de n’être pas entendue par mes parents, et surtout par Louis mon aîné, j’écrivais et je parlais à voix haute et sur mon cahier. J’ai gribouillé des pages et des pages sur mes cahiers d’écolière. Pour n’être pas surprise, dès que l’un de mes cahiers de brouillon était rempli, marges comprises, j’ai pris l’habitude de le confier à la sous-directrice de la bibliothèque du 14 e , ma seule amie d’alors et surtout ma seule confidente fiable jusqu’au bachot. Jusqu’à l’âge de dix-sept ans, ma très bonne cachette était entre ses mains. Elle m’a contrainte alors à reprendre les 21 premiers cahiers parce qu’elle partait à la retraite, très loin dans l’Ariège. Nous devions nous écrire mais j’avais trop de choses à lui confier pour oser le faire. Enfant, j’ai lu énormément et je suis assez fière d’avoir obtenu très jeune, la première, le brevet d’études supérieures. Puis, la première encore de mon école de secrétariat trilingue qui a coûté si cher à mes parents, selon les reproches de ma mère.
J’ai gagné ma vie, très vite, dans le secrétariat médical, et très tôt plutôt bien en comparaison des petits salaires de fonctionnaires de mes deux parents. Mon père m’a rendu scrupuleusement chaque mois la moitié de ma paye. J’y touchais à peine et je la déposais à la banque, sauf pour mes sous-vêtements, mes brosses à dents et le sandwich de midi sur un banc de square. Je confiais le reste à L’Écureuil, sur les conseils de mon père. Il a eu dès le début et jusqu’à sa mort une procuration sur mon compte. Le soir, mes parents m’offraient le dîner et ne me faisaient pas payer de loyer. Mon patron, qui m’a porté un vif intérêt, alors que j’avais à peine vingt ans était médecin généraliste rue de Rennes, jungien, spécialisé dans les troubles psychosomatiques. Il avait une clientèle dense, fidèle, et dépensière dès qu’il y avait dans leur famille un problème réel ou supposé de santé. J’y travaillais parfois très tard dans la soirée, laissant ses derniers patients, les fidèles, partager des casse-croûte, des œufs durs, des gâteaux bretons, avant ou même après leur séance de psychothérapie. Rarement, le matin, le salon de mon patron était en désordre. Il me faisait tout à fait confiance dans notre travail quotidien. Je rédigeais en français lisible ses notes de travail. Il y trouvait des mots que j’avais piochés dans mon dictionnaire médical car il était, lui-même brouillon. Les discours de ses patients, entre mes mains devenaient le plus vivant possible. Mon patron s’en est d’abord amusé. Je lui ai confié mon désir secret de devenir écrivain. Il m’a encouragée au point de me promettre de m’aider à faire éditer mon futur roman. Il n’a même pas cherché à y regarder de trop près, même si je n’étais plus sa secrétaire, quand je l’ai eu fini.
J’avais été embauchée par lui assez jeune et tout de suite assez passionnée par mon travail. Lui, il relisait rarement ses lettres, ses expertises et les rapports qu’il me dictait, sauf si je lui demandais des explications. Et encore ! Il s’en tirait par des boutades.
— Les dictionnaires sont plus fiables que moi !, me disait-il souvent.
Le vrai seul défaut que je lui reprochais était de vouloir toujours déménager dans Paris. Son installation professionnelle et son logement familial étaient à chaque déménagement intimement soudés l’un à l’autre. Il avait la gentillesse de m’informer de chacun de ses changements d’adresse. Mais il le faisait avec une désinvolture semblable à celle qu’il avait lorsqu’il me demandait où j’en étais de mon laborieux travail d’écriture. Cet intérêt me laissait toute surprise. Je croyais n’avoir, nulle part, confié à qui que ce soit ce projet d’écrire. Je me sentais apte à le faire et pourtant je me présentais condamnée à faire le mieux possible le métier d’écrire pour les autres. J’avais choisi de ne collaborer qu’avec des médecins cultivés et humanistes, spécialisés, de préférence, parmi ceux qui avaient une clientèle de névrosés et surtout de psychotiques comme était devenu mon frère Louis avant de mourir tragiquement. Enfant, adolescente, adulte, les cahiers que j’utilisais encore étaient les mêmes que ceux de l’école des petits. À mon travail, ils étaient sur ma table lorsque je recevais quelqu’un. Je ne pouvais pas imaginer qu’un client, un visiteur médical ou un collègue de mon patron, soit curieux au point de désirer savoir ce qui était écrit sur des cahiers aussi désuets. J’avais tenu en grand secret vis-à-vis de ma famille ce journal depuis ma toute petite enfance.
Maman s’étonnait qu

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