A l ombre du Moulin Rouge
100 pages
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A l'ombre du Moulin Rouge , livre ebook

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Description

Tout a commencé par un beau matin d’hiver. Eva Di Johnson déambulait dans Paris quand une femme d’une quarantaine d’années l’a alpaguée et entraînée dans une boutique mystérieuse. Cette rencontre marque le début d’une étrange histoire pour notre héroïne...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 mars 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748381139
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

A l'ombre du Moulin Rouge
Sabine Bismuth
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
A l'ombre du Moulin Rouge
 
 
 
 
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IDDN.FR.010.0103010.000.R.P.2004.035.40000
 
 
 
 
 
 
 
 
Par un beau matin d’hiver, après une longue hibernation de solitude et d’amertume, je sortis vêtue d’une veste légère. Le vent frais me narguait l’épiderme, déclenchant mes glandes lacrymales, l’offrande sacrée ; l’eau coulait sur mon visage. Rien n’est plus exaltant que l’alchimie sur la peau pour se sentir vivre. Ce vide intérieur, ma conscience, les archives de mon passé, les simples gestes avaient disparu à l’aube de cette journée.
Je me concentrai dans mon for intérieur afin de sentir mes membres bouger, je respirais fort pour augmenter l’expiration et l’inspiration de ma cage thoracique. Ma marche était saccadée, appuyée, comme si j’avais voulu mouler mes pieds dans le bitume mais les vibrations de ceux-ci avaient fait de mon corps une caisse de résonance. J’avançais sans même savoir où j’allais réellement. Après une heure de promenade robotique, ce mécanisme s’enchaîna avec souplesse. Je me suis mise à penser que je dansais. Cette impression fut la première d’une longue histoire qui à cet instant ne laissait rien présager mais dont la dualité des forces n’a su nourrir la raison. Une voix cinglante se fit retentir derrière moi, je me retournai.
Une femme d’une quarantaine d’années, grande, maigre, les cheveux courts, châtains, plaqués en arrière, qui laissaient transparaître des traits sévères et un regard abject, s’adressait à moi dans une langue déconstruite que je ne définissais pas. C’était sans doute une vue de mon imagination qui me faisait défaut mais rien ne me dit de tourner les talons et de partir, non !
Je restais là à sa portée en penchant la tête à chaque fin de syllabes comme si j’assistais à des pantomimes. Je pensais que cela aurait un effet quelque peu empaillé mais aucun son ne sortait de ma gorge ni même un mime. J’étais là, sans bouger, essayant de comprendre ce charabia.
Rapidement, d’un mouvement d’une véhémence tribale, elle me tira le bras me portant jusqu’à sa direction. Quelle importance, je marchais depuis une heure sans but. Nous arrivâmes vers une boutique cerclée de bois bleu avec une porte si petite que je me courbai pour entrer. La maison des sept nains, pensai-je. Je me mis à éclater de rire. Digne d’une folie naissante, la foudre de la déraison me toucherait-elle ? Dans ce magasin où on ne vendait rien, il y avait juste un bureau avec quatre chaises. Elle me demanda de prendre place sur l’une d’elles en m’appuyant sur les épaules. Mes yeux tournaient dans chaque recoin de la pièce dans l’attente d’un indice qui me permettrait de savoir ce que je faisais engloutie dans ce bric-à-brac.
Un homme d’un âge qui ne se lit plus, les cheveux blancs tirés d’une majestueuse queue de cheval mince, des yeux d’un bleu océan et habillé d’un sourire troué, me salua et s’assit devant moi. D’une main frêle et tremblante, il ouvrit le tiroir du bureau, sortit une photo peu récente et me la tendit. Je la saisis et feignis l’état de choc. Je vis une femme d’une trentaine d’années, une réplique parfaite de moi. Sa coiffure me donnait un repérage temporel, elle datait des années cinquante. Chaque sillage de son visage était le moule parfait du mien. Le trouble était saisissant. Comment pouvait-on me ressembler trait pour trait, défaut pour défaut ?
Je le regardais, sentant son regard espiègle contempler le moindre de mes froissements épidermiques.
Je raclai ma gorge d’une toux rauque et pris la parole :
–.Que me voulez-vous et qui êtes-vous ? 
–.Je m’appelle Shing Hô, je sais que vous savez ce que je vous veux. 
–.Excusez-moi, mais là vous faites erreur ! Je ne sais pourquoi j’ai suivi cette femme. Qui est cette personne sur la photo ? Et comment est-il possible de me ressembler ainsi ? 
–.Seriez-vous unique d’après vous ? Voici une parole quelque peu humble. 
–.Vous savez très bien ce que je veux dire ! Votre jugement m’importe peu, c’est à vous de me donner des explications ! Vous êtes venu à moi il me semble. 
–.Vous manquez de sagesse et de finesse mais votre cas n’est pas encore désespéré. 
–.Eh bien ! Je crois qu’il est temps que je retrouve mes esprits, je vais vous laisser. Je suis évidemment ravie de vous avoir connu. Merci. Ne vous levez pas, je trouverai le chemin ! 
Il me regarda surpris et d’un sourire me salua : « Nous nous reverrons, je vous attends ! »
Parce qu’en plus il pense que c’est moi qui vais revenir. Absurde ! Décidément cet homme est insane.
Je pris le chemin de la sortie, en me falquant de nouveau mais sans aucune envie de rire cette fois. Je tournais le dos à des millions de questions et pourtant, bon sang ! qu’attendait-il de moi ?
Je pris la direction de mon appartement. Tout était si inquiétant comme dans un mauvais polar des années cinquante. L’étrangeté de cette journée virait à la paranoïa, mes esprits étaient revenus et un sentiment profond d’insécurité portait sur mon second moi. L’idée du clonage m’effleura, car qui pouvait me ressembler autant ?
Après cette rencontre, je ne pouvais plus vivre comme avant. Résoudre cette énigme était devenu comme manger, source de tranquillité.
Einstein, d’ailleurs, a démontré que nous n’arrivons jamais à la fin de l’histoire, ce moment où l’on aurait tout compris, car cela voudrait dire que tout le monde serait mort. La réponse à mon problème était peut-être dans cette théorie. Jamais je ne résoudrais cette imposture qui me hantait à présent sans aller jusqu’au bout. Ma soirée était d’une autre galaxie, la Guerre des Etoiles de l’an 2000 . J’allumais le poste de télévision sans même écouter son bruit sourd, signe d’une présence de civilisation. J’étais décidée à aller le revoir le lendemain, comme il l’avait envisagé.
La nuit fut d’une longueur sans précédent, mêlée de passé, de présent et d’avenir, toutes conjugaisons réunies.
Je téléphonai à la première heure à mon travail pour les prévenir que je serais absente pour cause de vacances dès aujourd’hui. Sept années sans congés, personne n’oserait me reprocher de les prendre, même soudainement.
L’anxiété qui m’habitait était proche de la suffocation, reconnue comme étant l’ennemi numéro un de l’humanité. Je mis mon manteau sur mes épaules et me dirigeai vers la porte. Avant de fermer la porte, mes yeux regardaient toute ma vie ; le désordre de mon alcôve était mon refuge à l’insécurité de certains jours, l’endroit où je me sentais bien et protégée. Aujourd’hui, l’angoisse y était présente. La porte se referma, je descendis l’escalier ne sachant même pas si je retrouverais le chemin. Tout avait été si nébuleux la veille, mais l’instinct me ferait retrouver la direction.
La boutique était à présent devant moi, ma main appuya sur la poignée pour ouvrir : elle était verrouillée. Je collai mon visage à la vitrine afin de distinguer une présence : les lieux étaient vides de toute vie et d’objets. Aucun bureau, aucune chaise. Ma panique redoubla comme une révolte d’enfant n’attendant que l’acquisition de ses obsessions, l’impossibilité de les obtenir le mettant dans un état d’effervescence impossible à raisonner : j’étais dans le même discernement, tout se chamboulait dans ma caisse grise. J’avais le sentiment que je ne trouverais plus le bon sens. Je me mis à respirer profondément pour calmer ce bombardement intérieur qui m’empêchait de réfléchir. Quand l’oxygène se mit à opérer dans chaque cellule de ce labyrinthe, mon tambour se mit à ralentir devançant l’infarctus alertant.
Un magasin annexé à la boutique interpella mes espoirs d’une piste possible. J’entrai pour les interroger sur l’heure d’ouverture du magasin à côté mais ils m’apprirent qu’elle était fermée depuis six mois et que personne ne l’avait ouverte depuis. Je crois que je ne répondis même pas à leur « bonne journée », réplique donnée dans un timbre sourd. Le message m’avait anéantie bien plus qu’ils ne le pensaient car je ne pouvais imaginer que j’avais rêvé. Il ne m’était rien arrivé la veille, je devenais folle voilà tout ! Je notai cette fois-ci l’adresse exacte et rentrai chez moi. Dès mon arrivée, j’appelai le cadastre pour savoir si cette boutique était abandonnée et pour avoir l’identité du propriétaire. Mais les renseignements par téléphone n’étaient guère recommandés. Il fallait que je me déplace pour avoir le nom du début de ce mystère, ce que je fis à la minute. Mon manteau toujours sur moi, ne l’ayant pas ôté. J’étais en état d’alerte tel un soldat aux aguets du moindre combat. J’avais enfin obtenu ce nom que je ne cessais de répéter comme si sa décomposition me donnait la recette des sillages mystiques : Mme Kilma Vilmen. C’était un nom étranger mais il ne me ramenait à aucun précédent. L’adresse était à Paris, cela rendait certainement ma recherche plus accessible. De mon téléphone portable, j’essayais de joindre cette madame Kilma mais même un répondeur ne me donnait pas l’honneur de me rassasier. J’essayais donc de me remettre à vivre comme dans le passé qui ne remontait qu’à une journée mais que j’avais l’impression d’avoir déserté depuis longtemps.
J’arrivais sur mes boulevards qui étaient l’apogée d’un spectacle recherché par toute la curiosité du monde : Pigalle. Je l’aurais bien d’ailleurs nommée « Capital de Paris », tellement elle était le reflet de la popularité parisienne. J’aimais ce boulevard qui mettait ce

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