World philosophie : Le marché, le cyberespace et la conscience , livre ebook

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« La grande aventure du monde contemporain n’est plus celle de pays, de nations, de religions ; c’est celle de l’humanité. Après tant d’efforts, voici enfin venue l’unification de l’humanité : ce n’est pas un empire, une religion conquérante, une idéologie, ce sont des images, des chansons, le commerce, l’argent, la science, la technique, les voyages, les mélanges, Internet, un processus collectif et multiforme qui pousse de partout. J’ai tenté dans ce livre de discerner l’unité du courant qui nous portait et de donner un nom à ce processus : l’expansion de la conscience. » P. L. Pierre Lévy Philosophe, professeur à l’Université de Québec, Pierre Lévy est notamment l’auteur de Cyberculture, de Qu’est-ce que le virtuel ?, de L’Intelligence collective et de Les Technologies de l’intelligence.
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Publié par

Date de parution

01 février 2000

Nombre de lectures

1

EAN13

9782738186614

Langue

Français

« Le champ médiologique » collection dirigée par Régis Debray
Nos habitudes de pensée et les cloisonnements disciplinaires du savoir ont élevé insensiblement un mur entre l’univers « noble » des idées, des savoirs, des valeurs et le monde « prosaïque » des outillages, des supports, des moyens de diffusion. C’est à abattre ce mur que s’emploiera « Le champ médiologique ».
Par quels réseaux, par quelles méthodes d’organisation s’est constitué, jadis, tel ou tel héritage symbolique ? Qu’est-ce que l’innovation technique modifie aujourd’hui à telle ou telle institution ? Comment le neuf transforme-t-il le vieux ?
Cette collection accueillera, sans a priori doctrinal, les études précises et documentées permettant de comprendre les interactions, toujours plus déterminantes, entre notre culture et nos machines. Entre nos fins et nos moyens. Entre nos symboles et nos outils.
Régis D EBRAY
Ouvrages déjà parus :
Régis Debray, Transmettre , 1997.
Maurice Sachot, L’Invention du Christ , 1998.
Jean-Michel Frodon, La Projection nationale , 1998.
Monique Sicard, La Fabrique du regard , 1998.
Régis Debray, Croire, voir, faire , 1999.
Catherine Bertho Lavenir, La Roue et le Stylo , 1999.
avec la participation de Darcia Labrosse
Retrouvez les Éditions Odile Jacob sur le site www.odilejacob.fr Nouveautés, catalogue, recherche par mots clefs, journal
© ÉDITIONS ODILE JACOB, FÉVRIER  2000
15, RUE SOUFFLOT , 75005 PARIS
EAN : 978-2-7381-8661-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À Darcia, qui m’a fait découvrir l’amour.
Pour les êtres éveillés, il n’est qu’un seul monde commun.
H ÉRACLITE

Par perfection et réalité j’entends la même chose.
S PINOZA

Jusqu’ici, pourrait-on dire, les hommes vivaient à la fois dispersés et fermés sur eux-mêmes, comme des passagers accidentellement réunis dans la cale d’un navire dont ils ne soupçonneraient ni la nature mobile, ni le mouvement. Sur la terre qui les groupait ils ne concevaient donc rien de mieux à faire que de se disputer ou de se distraire. Or voici que, par chance, ou plutôt par l’effet normal de l’âge, nos yeux viennent de se dessiller. Les plus hardis d’entre nous ont gagné le pont. Ils ont vu le vaisseau qui nous portait. Ils ont aperçu l’écume au fil de la proue. Ils se sont avisés qu’il y aurait une chaudière à alimenter – et aussi un gouvernail à tenir. Et surtout ils ont vu flotter des nuages, ils ont humé le parfum des îles, par-delà le cercle de l’horizon : non plus l’agitation humaine sur place – non pas la dérive –, mais le voyage.
T EILHARD DE C HARDIN

 
Avant-propos

Quand j’avais huit ans, je me suis dit : « Mais quand est-ce que les guerres vont s’arrêter ? Quand est-ce que la majorité des gens se consacrera enfin à la science et à l’amour ? » Je me demandais aussi : « Quel âge est-ce que j’aurais en l’an 2000 ? » parce que j’imaginais qu’à ce moment-là les choses iraient mieux. J’étais passionné par le futur. Je passais mon temps à la bibliothèque municipale, à lire des livres de physique et d’astronomie. Je voulais comprendre. Quand j’avais huit ans, je disais aux gens : « Vous verrez, on ira sur la Lune, et même plus loin. » On me traitait de rêveur. Le jour de ma huitième année, j’ai pris rendez-vous avec l’an 2000. Je donnais ce temps-là à l’humanité pour me montrer de quoi elle était capable. Il n’y avait que cela qui m’intéressait : ce que nous, les humains, étions en train de devenir, et je n’ai pas changé. L’an 2000 est arrivé, j’ai vu, et j’ai décidé de prendre le parti de l’humanité.
J’ai décidé d’aimer ce monde tel qu’il est. En adoptant cette attitude, j’ai la sensation très nette de mieux le comprendre que si je le dénonçais ou si je le critiquais. Ce livre est un chant d’amour au monde contemporain et à l’avenir qu’il porte dans son sein. Je l’aime et je le chante tout simplement parce qu’il n’y en a pas d’autres.
Lorsque nous percevons le monde tel qu’il est comme le meilleur des mondes possibles, lorsqu’il n’y a donc plus besoin d’imaginer une perfection qui n’est telle que dans notre petite imagination limitée, alors nous pouvons commencer à étudier sérieusement le monde réel. En le comprenant, nous comprenons la perfection, c’est-à-dire le mouvement de perfectionnement dynamique, qui l’anime.
Le monde qui s’édifie aujourd’hui n’est pas « parfait » au sens où il ne correspond effectivement à aucune idée préconçue. Il n’est pas rassurant ni protecteur. Surprenant, il est sans cesse à la limite du chaos et de la désorganisation. Mais c’est précisément à cette frange de l’ordre et du chaos que se situent l’invention et l’énergie spirituelle maximale. Tous les autres états sont pires.
Désormais, la grande aventure n’est plus celle de pays, de nations, de religions ou d’ismes quelconques, la grande aventure est l’aventure de l’humanité, l’aventure de l’espèce la plus intelligente de l’univers connu. Cette espèce n’est pas encore complètement civilisée. Elle n’a pas encore pris intégralement conscience qu’elle ne formait qu’une seule société intelligente. Mais l’unité de l’humanité est en train de se faire, maintenant. Après tant d’efforts, voici enfin venue l’unification de l’humanité, sous une forme que nous n’attendions pas : ce n’est pas un empire, ce n’est pas une religion conquérante, une idéologie, une race prétendument supérieure, une dictature quelconque, ce sont des images, des chansons, le commerce, l’argent, la science, la technique, les voyages, les mélanges, Internet, un processus collectif et multiforme qui pousse de partout. Quel événement extraordinaire ! J’ai tenté dans ce livre de discerner l’unité du courant qui nous portait et de donner un nom à ce processus : l’expansion de la conscience.
Je ne promets pas au lecteur une vérité « scientifique ». Je lui promets seulement qu’après avoir lu honnêtement ce livre, il verra plus large.
Je ne regarde pas tout à fait les mêmes objets que les grincheux. Plutôt que de me polariser sur ce qui meurt, je m’émerveille de ce qui croît. Dans la grande roue de la vie, les deux mouvements de naissance et de mort sont complémentaires. J’essaye de faire voir ici ce qui est en train de naître. Je ne méconnais nullement la pourriture. Je tente de faire lever les yeux vers la rose qui s’épanouit dessus. Le problème n’est donc pas de savoir si l’on est optimiste ou pessimiste, il est de savoir vers où l’on dirige son regard.
Puisse le son de ma petite mandoline, accompagné de tous les instruments et de toutes les voix qui chantent la même chanson d’amour partout sur la planète, puisse cette petite musique percer la basse hurlante des sirènes de la peur, de la haine et du désespoir.
Chapitre premier
Manifeste des planétaires

Autoportrait des planétaires
Nous voici. Nous. Les planétaires. Nous conduisons les mêmes voitures, nous prenons les mêmes avions, nous descendons dans les mêmes hôtels, nous avons les mêmes maisons, les mêmes télévisions, les mêmes téléphones, les mêmes ordinateurs, les mêmes cartes de crédit. Nous nous informons dans la chambre d’échos des médias mondialisés. Nous naviguons sur Internet. Nous avons notre site. Nous participons à la silencieuse explosion de l’hypercortex infiniment réticulé du World Wide Web. Nous écoutons des musiques de tous les coins du monde : raï, rap, reggae, samba, jazz, pop, sons de l’Afrique et de l’Inde, du Brésil ou des Antilles, musique celtique et musique arabe, studios de Nashville ou de Bristol… Nous dansons comme des fous au rythme de la Techno mondiale dans des raves parties zébrées d’identiques éclairs stroboscopiques. Nous lisons nos livres et nos journaux à la grande bibliothèque mondiale unifiée de Babel. Nous affluons, touristes mélangés, dans des musées dont les collections croisent les cultures. Les grandes expositions que nous affectionnons tournent autour de la planète comme si l’art était un nouveau satellite de la Terre. Nous sommes tous intéressés par les mêmes choses : toutes les choses. Rien de ce qui est humain ne nous est étranger.
Nous, les planétaires, nous consommons au marché mondial. Nous mangeons à la table universelle, vanille et kiwi, coriandre et chocolat, cuisine chinoise et cuisine indienne. Quand des grincheux veulent polariser notre regard sur la distribution de hamburgers de mauvaise qualité ou de boissons gazeuses sucrées, nous préférons apprécier l’élargissement de l’éventail des possibles : pouvions-nous déguster autant de fruits différents, autant d’épices, autant de vins et de liqueurs il y a cinquante ans, il y a cent ans ?
Nous fréquentons (et nous organisons) des colloques internationaux, une institution rare et réservée à quelques-uns il y a encore cinquante ans, mais qui devient aujourd’hui un sport de masse. Il arrive que notre réputation dépasse les frontières du pays où nous sommes nés. Nous sommes traduits en plusieurs langues, ou bien nous n’avons pas besoin d’être traduits parce que nous travaillons dans les arts visuels, la musique, la mode, le sport. Notre talent est reconnu partout. Et peu importe que ce talent soit accueilli dans un pays ou dans un autre. Nous voulons seulement qu’il s’épanouisse.
Peu à peu, sans que nous ne nous en soyons rendu compte immédiatement, le monde est arrivé à notre main, et nous en avons fait notre champ d’action. L’envergure de nos actes a augmenté jusqu’à attein

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