Le symbolisme de la croix
245 pages
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Description

René Guénon (1886-1951)



"Un être quelconque, que ce soit l’être humain ou tout autre, peut évidemment être envisagé à bien des points de vue différents, nous pouvons même dire à une indéfinité de points de vue, d’importance fort inégale, mais tous également légitimes dans leurs domaines respectifs, à la condition qu’aucun d’eux ne prétende dépasser ses limites propres, ni surtout devenir exclusif et aboutir à la négation des autres. S’il est vrai qu’il en est ainsi, et si par conséquent on ne peut refuser à aucun de ces points de vue, même au plus secondaire et au plus contingent d’entre eux, la place qui lui appartient par le seul fait qu’il répond à quelque possibilité, il n’est pas moins évident, d’autre part, que, au point de vue métaphysique, qui seul nous intéresse ici, la considération d’un être sous son aspect individuel est nécessairement insuffisante, puisque qui dit métaphysique dit universel. Aucune doctrine qui se borne à la considération des êtres individuels ne saurait donc mériter le nom de métaphysique, quels que puissent être d’ailleurs son intérêt et sa valeur à d’autres égards ; une telle doctrine peut toujours être dite proprement « physique », au sens originel de ce mot, puisqu’elle se tient exclusivement dans le domaine de la « nature », c’est-à-dire de la manifestation, et encore avec cette restriction qu’elle n’envisage que la seule manifestation formelle, ou même plus spécialement un des états qui constituent celle-ci."

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 décembre 2022
Nombre de lectures 2
EAN13 9782384421725
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le symbolisme de la croix


René Guénon


Décembre 2022
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-38442-172-5
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 1170
Avant-propos

Au début de L’Homme et son devenir selon le Vêdânta, nous présentions cet ouvrage comme devant constituer le commencement d’une série d’études dans lesquelles nous pourrions, suivant les cas, soit exposer directement certains aspects des doctrines métaphysiques de l’Orient, soit adapter ces mêmes doctrines de la façon qui nous paraîtrait la plus intelligible et la plus profitable, mais en restant toujours strictement fidèle à leur esprit. C’est cette série d’études que nous reprenons ici, après avoir dû l’interrompre momentanément pour d’autres travaux nécessités par certaines considérations d’opportunité, et où nous sommes descendus davantage dans le domaine des applications contingentes ; mais d’ailleurs, même dans ce cas, nous n’avons jamais perdu de vue un seul instant les principes métaphysiques, qui sont l’unique fondement de tout véritable enseignement traditionnel.
Dans L’Homme et son devenir selon le Vêdânta, nous avons montré comment un être tel que l’homme est envisagé par une doctrine traditionnelle et d’ordre purement métaphysique, et cela en nous bornant, aussi strictement que possible, à la rigoureuse exposition et à l’interprétation exacte de la doctrine elle-même, ou de moins en n’en sortant que pour signaler, lorsque l’occasion s’en présentait, les concordances de cette doctrine avec d’autres formes traditionnelles. En effet, nous n’avons jamais entendu nous renfermer exclusivement dans une forme déterminée, ce qui serait d’ailleurs bien difficile dès lors qu’on a pris conscience de l’unité essentielle qui se dissimule sous la diversité des formes plus ou moins extérieures, celles-ci n’étant en somme que comme autant de vêtements d’une seule et même vérité. Si, d’une façon générale, nous avons pris comme point de vue central celui des doctrines hindoues, pour des raisons que nous avons déjà expliquées ailleurs (1) , cela ne saurait nullement nous empêcher de recourir aussi, chaque fois qu’il y a lieu, aux modes d’expression qui sont ceux des autres traditions, pourvu, bien entendu, qu’il s’agisse toujours de traditions véritables, de celles que nous pouvons appeler régulières ou orthodoxes, en entendant ces mots dans le sens que nous avons défini en d’autres occasions (2) . C’est là, en particulier, ce que nous ferons ici, plus librement que dans le précédent ouvrage, parce que nous nous y attacherons, non plus à l’exposé d’une certaine branche de doctrine, telle qu’elle existe dans une certaine civilisation, mais à l’explication d’un symbole qui est précisément de ceux qui sont communs à presque toutes les traditions, ce qui est, pour nous, l’indication qu’ils se rattachent directement à la grande Tradition primordiale.
Il nous faut, à ce propos, insister quelque peu sur un point qui est particulièrement important pour dissiper bien des confusions, malheureusement trop fréquentes à notre époque, nous voulons parler de la différence capitale qui existe entre « synthèse » et « syncrétisme ». Le syncrétisme consiste à rassembler du dehors des éléments plus ou moins disparates et qui, vus de cette façon, ne peuvent jamais être vraiment unifiés ; ce n’est en somme qu’une sorte d’éclectisme, avec tout ce que celui-ci comporte toujours de fragmentaire et d’incohérent. C’est là quelque chose de purement extérieur et superficiel ; les éléments pris de tous côtés et réunis ainsi artificiellement n’ont jamais que le caractère d’emprunts, incapables de s’intégrer effectivement dans une doctrine digne de ce nom. La synthèse, au contraire, s’effectue essentiellement du dedans ; nous voulons dire par là qu’elle consiste proprement à envisager les choses dans l’unité de leur principe même, à voir comment elles dérivent et dépendent de ce principe, et à les unir ainsi, ou plutôt à prendre conscience de leur union réelle, en vertu d’un lien tout intérieur, inhérent à ce qu’il y a de plus profond dans leur nature. Pour appliquer ceci à ce qui nous occupe présentement, on peut dire qu’il y aura syncrétisme toutes les fois qu’on se bornera à emprunter des éléments à différentes formes traditionnelles, pour les souder en quelque sorte extérieurement les uns aux autres, sans savoir qu’il n’y a au fond qu’une doctrine unique dont ces formes sont simplement autant d’expressions diverses, autant d’adaptations à des conditions mentales particulières, en relation avec des circonstances déterminées de temps et de lieux. Dans un pareil cas, rien de valable ne peut résulter de cet assemblage ; pour nous servir d’une comparaison facilement compréhensible, on n’aura, au lieu d’un ensemble organisé, qu’un informe amas de débris inutilisables, parce qu’il y manque ce qui pourrait leur donner une unité analogue à celle d’un être vivant ou d’un édifice harmonieux ; et c’est le propre du syncrétisme, en raison même de son extériorité, de ne pouvoir réaliser une telle unité. Par contre, il y aura synthèse quand on partira de l’unité même, et quand on ne la perdra jamais de vue à travers la multiplicité de ses manifestations ce qui implique qu’on a atteint, en dehors et au-delà des formes, la conscience de la vérité principielle qui se revêt de celles-ci pour s’exprimer et se communiquer dans la mesure du possible. Dès lors, on pourra se servir de l’une ou de l’autre de ces formes, suivant qu’il y aura avantage à le faire, exactement de la même façon que l’on peut, pour traduire une même pensée, employer des langages différents selon les circonstances, afin de se faire comprendre des divers interlocuteurs à qui l’on s’adresse ; c’est là, d’ailleurs, ce que certaines traditions désignent symboliquement comme le « don des langues ». Les concordances entre toutes les formes traditionnelles représentent, pourrait-on dire, des « synonymies » réelles ; c’est à ce titre que nous les envisageons, et, de même que l’explication de certaines choses peut-être plus facile dans telle langue que dans telle autre, une de ces formes pourra convenir mieux que les autres à l’exposé de certaines vérités et rendre celles-ci plus aisément intelligibles. Il est donc parfaitement légitime de faire usage, dans chaque cas, de la forme qui apparaît comme la mieux appropriée à ce qu’on se propose ; il n’y a aucun inconvénient à passer de l’une à l’autre, à la condition qu’on en connaisse réellement l’équivalence, ce qui ne peut se faire qu’en partant de leur principe commun. Ainsi, il n’y a là nul syncrétisme ; celui-ci, du reste, n’est qu’un point de vue purement « profane », incompatible avec la notion même de la « science sacrée » à laquelle ces études se réfèrent exclusivement.
La croix, avons-nous dit, est un symbole qui, sous des formes diverses, se rencontre à peu près partout, et cela dès les époques les plus reculées ; elle est donc fort loin d’appartenir proprement et exclusivement au Christianisme comme certains pourraient être tentés de le croire. Il faut même dire que le Christianisme, tout au moins sous son aspect extérieur et généralement connu, semble avoir quelque peu perdu de vue le caractère symbolique de la croix pour ne plus la regarder que comme le signe d’un fait historique ; en réalité, ces deux points de vue ne s’excluent aucunement, et même le second n’est en un certain sens qu’une conséquence du premier ; mais cette façon d’envisager les choses est tellement étrangère à la grande majorité de nos contemporains que nous devons nous y arrêter un instant pour éviter tout malentendu. En effet, on a trop souvent tendance à penser que l’admission d’un sens symbolique doit entraîner le rejet du sens littéral ou historique ; une telle opinion ne résulte que de l’ignorance de la loi de correspondance qui est le fondement même de tout symbolisme, et en vertu de laquelle chaque chose, procédant essentiellement d’un principe métaphysique dont elle tient toute sa réalité, traduit ou exprime ce principe à sa manière et selon son ordre d’existence, de telle sorte que, d’un ordre à l’autre, toutes choses s’enchaînent et se correspondent pour concourir à l’harmonie universelle et totale, qui est, dans la multiplicité de la manifestation, comme un reflet de l’unité principielle elle-même. C’est pourquoi les lois d’un domaine inférieur peuvent toujours être prises pour symboliser les réalités d’un ordre supérieur, où elles ont leur raison profonde, qui est à la fois leur principe et leur fin ; et nous pouvons rappeler à cette occasion, d’autant plus que nous en trouverons ici même des exemples, l’erreur des modernes interprétations « naturalistes » des antiques doctrines traditionnelles, interprétations qui renversent purement et simplement la hiérarchie des rapports entre les différents ordres de réalités. Ainsi, les symboles ou les mythes n’ont jamais eu pour rôle, comme le prétend une théorie beaucoup trop répandue de nos jours, de représenter le mouvement des astres ; mais la vérité est qu’on y trouve souvent des figures inspirées de celui-ci et destinées à exprimer analogiquement tout autre chose, parce que les lois de ce mouvement traduisent physiquement les principes métaphysiques dont elles dépendent. Ce que nous disons des phénomènes astronomiques, on peut le dire également, et au même titre, de tous les autres genres de phénomènes naturels : ces phénomènes, par là même qu’ils dérivent de principes supérieurs et transcendants, sont véritablement des symboles de ceux-ci ; et il est évident que cela n’affecte en rien la réalité propre que ces phénomènes comme tels possèdent dans l’ordre d’existence auquel ils appartiennent ; tout au contraire, c’est même là ce qui fonde cette réalité, car, en dehors de leur dépendance à l’égard des principes, toutes choses ne seraient qu’un pur néant. Il en est des faits historiques comme de tout le reste : eux aussi se conforment nécessairement à la loi de correspondance dont nous venons de parler et

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