Le Secret de Socrate pour changer la vie
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Le Secret de Socrate pour changer la vie , livre ebook

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Description

Loin d’être le premier philosophe, Socrate n’est-il pas le premier vrai thérapeute ? N’est-il pas celui qui a le mieux compris les effets qu’il faut produire pour modifier son rapport à soi et au monde ?C’est l’hypothèse qu’explore ici François Roustang. Ce livre est d’abord une patiente tentative pour retrouver la véritable originalité de Socrate à travers les textes qui s’en font l’écho. Mais cette quête prend aussi une dimension qui nous touche directement : pour le thérapeute qu’est François Roustang, il s’agit de nous faire comprendre comment il est possible de produire une modification de l’existence en acte et pas seulement en pensée. La leçon de Socrate pour « aller mieux » ?Thérapeute dissident de la psychanalyse, François Roustang mène depuis des années une réflexion radicale sur les conditions du changement. Elle l’a amené à redécouvrir la fécondité de l’hypnose pour produire une modification profonde de notre regard sur nous-mêmes et de notre rapport au monde. Sa trilogie La Fin de la plainte, Il suffit d’un geste, Savoir attendre le range parmi les auteurs les plus originaux en France dans son domaine.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 septembre 2009
Nombre de lectures 20
EAN13 9782738196880
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, SEPTEMBRE 2009
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9688-0
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Avant-propos
De Socrate, personne ne veut

Si Socrate a été condamné à mort et exécuté, on pense que ce ne peut être que par l’effet d’un malentendu. Il l’estimait d’ailleurs lui-même puisqu’il expliquait aux jurés que, si on lui avait accordé plus de temps, il aurait pu les persuader de son innocence. Il n’en est rien. Tout le monde avait des raisons, peut-être pas de le mettre à mort, surtout aujourd’hui que cette peine a été abolie, mais du moins de le faire disparaître et en tout cas de le faire taire. Là est en effet le point crucial. On aurait supporté qu’il reste dans son coin ou sur le seuil de quelque maison en cherchant à résoudre un problème. Comme il avait promis qu’il refuserait de se soumettre si on lui proposait la grâce à condition qu’on ne l’entende plus, son sort était scellé.
Oui, tout le monde avait des raisons, et pas seulement Aristophane. Alors que Socrate, à 46 ans, était au faîte de sa notoriété, il avait pu le caricaturer en le montrant suspendu au-dessus de la scène parce que ses recherches lui auraient prouvé que, dans les hauteurs, l’air était plus intelligent, ou bien encore devenu directeur d’une école d’escroquerie apprenant à ses élèves comment faire passer le faux pour le vrai. La pièce avait été un succès. Qu’est-ce qu’Aristophane ne pouvait supporter, lorsqu’il voyait Socrate déambuler dans les rues d’Athènes avec la majesté d’un héron ( Nuées , 362 et Banquet Platon, 221 b) ? De quoi était-il jaloux, de quoi avait-il envie de se venger ?
Tout le monde avait des raisons de le faire taire. Platon lui-même de façon autrement retorse. Au cours du développement de son œuvre, il a fait peu à peu disparaître le Socrate historique au profit d’une figure qui lui ressemblait de plus en plus, au point que les spécialistes ont bien du mal à les distinguer. Platon a progressivement dépouillé Socrate de son caractère propre. Il l’a absorbé, en le faisant complice et soutien de sa propre doctrine, utilisant ce nom prestigieux comme un porte-parole au service de ce que, lui, Platon était en train d’inventer. Ainsi lui a-t-il attribué la théorie des idées, la distinction entre intelligible et sensible ou même celle entre âme et corps. Et, de plus, entre le Socrate questionneur impénitent et le Socrate promoteur de la définition universellement valable, on n’est plus censé faire la différence. Ou bien, alors que Socrate interroge sans relâche en vue d’obtenir la reddition de l’interlocuteur et de le faire goûter au non-savoir, Platon lui, en philosophe, est à la recherche de la vérité. On sait que le dialogue aporétique, c’est-à-dire qui n’aboutit à aucune conclusion, est une marque reconnue de la manière de Socrate. Or non seulement cette forme littéraire tend à disparaître ou devient factice au cours du développement de l’œuvre de Platon, mais il arrive qu’elle soit attribuée aux sophistes 1 , les adversaires de Socrate. Il serait ridicule de laisser entendre que Platon a voulu, comme beaucoup d’autres, faire disparaître Socrate. Mais la question ne se pose pas : il l’a fait disparaître au point que le lecteur se demande à la fin, non pas seulement s’il faut renoncer à les distinguer, mais si par hasard Socrate ne serait pas la créature de Platon.
Qu’est-ce que Platon ne peut laisser intact ? Qu’est-ce qu’il doit tenter d’effacer sous peine de compromettre son propre projet ? Tout d’abord, il doit mettre un terme aux ravages de l’aporétique. Il sait bien que l’interrogation qui fait perdre la tête joue le même rôle que le chant et la danse dans les rites d’initiation ( Euthydème , 277 d). Comment construire une théorie ou une doctrine si l’on ne peut et, bien plus encore, si l’on ne doit jamais conclure et affirmer ? L’impossibilité, répétée avec insistance par Socrate, d’enseigner la vertu était elle aussi, pour Platon, insupportable. Il a montré, dans ses écrits, et dans les faits lors de ses séjours en Sicile, que l’on devait pouvoir former des hommes politiques et que seules des circonstances malheureuses s’y opposaient. Comment ne pas devoir cacher aussi la tendance de Socrate à négliger les différences : la variété des vertus réduite à une seule ou le savoir assimilé à la vertu ? Pour toutes ces raisons, il était inévitable que Platon, à tout le moins, prenne ses distances à l’égard de Socrate et qu’il aille jusqu’à faire des dires de ce personnage ce que bon lui semblait.
Xénophon a usé d’une tout autre tactique pour s’en débarrasser : il a surprotégé son image en effaçant son originalité. Socrate allait répétant qu’il ne savait rien, c’était devenu son logo. Xénophon a senti le danger. On risquait de prendre Socrate pour un ignorant. Alors, il a affirmé qu’il savait beaucoup de choses. L’ennui, c’est qu’à cette profession d’ignorance tout un cortège de caractéristiques se trouvaient liées. C’est parce qu’il ne sait pas que Socrate interroge inlassablement. Avec Xénophon, on n’a plus affaire à un dialogueur, mais à un professeur qui enseigne la vertu et, loin de troubler ses auditeurs, les rassure et leur donne de bons conseils. On se demande vraiment comment ce Socrate inoffensif et sans aspérité a pu tant faire parler de lui et comment il a pu devenir pour ses contemporains un problème embarrassant. Si, à l’encontre de ce que Xénophon nous en transmet, il n’avait pas eu une réputation sulfureuse évidente, l’historien n’aurait rien eu à en dire et rien à contredire. Sans le tranchant socratique qu’il veut à tout prix émousser, Xénophon n’aurait pas écrit sur ce sujet. C’est bien l’indice que lui non plus n’a pas très bien supporté les excentricités de Socrate. Il nous en donne une preuve complémentaire en se laissant aller de temps en temps à raconter des anecdotes et des dialogues où l’on voit son héros parler et se comporter de façon plus crue que sa légende ne l’autoriserait. Comme si Xénophon n’avait pas réussi à mener jusqu’au bout son travail de neutralisation.
C’est avec Aristote que l’on voit le plus clairement où se situent les points névralgiques de l’opposition à Socrate qui sont dans le même temps ceux qui le spécifient. Aristote ne s’embarrasse pas de circonlocutions ; il n’enveloppe pas ses prises de position dans des formes littéraires contournées. Il va droit au but. Il désigne telle ou telle affirmation et souligne son désaccord. Si Socrate dit, par exemple, que la vertu est raison, « il ne parle pas correctement » ; s’il fait des vertus des sciences, « il n’a pas de la sorte traité des vertus correctement ». Lorsque Socrate prétend que l’on ne peut choisir volontairement l’injustice, Aristote lui rétorque que, s’il en est ainsi, on ne choisit pas volontairement la justice. Autrement dit, on ne choisit jamais et on tomberait donc avec Socrate dans le déterminisme intégral. Il aurait donc privé l’être humain de sa liberté. Il aurait fait la même chose en prétendant que le manque de maîtrise de soi n’existe pas.
Comment, sur tous ces points, ne pas donner raison à Aristote et rejoindre le chœur des scandalisés ? Il nous est impossible de penser autrement, tout d’abord parce que ce sont Aristote et ses successeurs qui ont formé notre manière de penser et de nous exprimer sur ces questions. Ils nous ont appris à sagement distinguer, par exemple, la partie rationnelle de l’âme et la partie irrationnelle. Ce n’est donc pas que nous ayons à nous débarrasser de Socrate ; c’est que, de lui, depuis longtemps notre aire a été balayée. Ce que l’on a pu faire de mieux pour ne plus être troublé par le message de Socrate, c’est de le trouver admirable, tellement admirable qu’il est totalement hors de notre portée . Mais nous devrions admettre dans le même temps que l’intelligence de ses dires nous échappe.
Aristote continue son chemin en écartant Socrate. Mais il n’entretient à son égard aucune trace d’animosité. Preuve en est qu’il le prend comme modèle pour dresser le portrait du magnanime. De plus, il nous met sur la voie pour nous faire entrer dans le monde de Socrate : comparer la vertu acquise à la connaissance achevée d’un art. Mais c’est immédiatement pour regretter que ne soit pas indiqué le moyen de l’acquérir. Or exprimer ce regret, on le verra, c’est prouver que l’on est sorti de la perspective propre à Socrate.
Bien qu’il n’ait pas le même statut que le témoignage de ces grands écrivains, celui d’Alcibiade, dans le Banquet de Platon, est sans doute à sa manière le plus précieux parce qu’il nous met en rapport avec l’embarras que cause Socrate à ses contemporains. Si Alcibiade dit, à sa façon, mais dans le fond comme les autres, qu’il « aurait plaisir à ne plus le voir en ce monde » (216 c), il en donne la raison : impossible de demeurer en présence de Socrate sans être contraint de prendre soin de soi, c’est-à-dire en l’occurrence de changer de vie. Donc, ce qui heurte les Athéniens, ce n’est pas qu’il invite à la discussion, car il y en a bien d’autres sur la place qui sont aussi doués pour la dispute, c’est que les paroles de Socrate atteignent les auditeurs et bousculent leur position dans l’existence .
L’éloge d’Alcibiade est encore précieux à un autre titre : il replace l’effet produit par Socrate dans la tradition mystico-religieuse. Sans les chants e

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