Émergence, complexité et dialectique : Sur les systèmes dynamiques non linéaires , livre ebook

icon

104

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2005

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
icon

104

pages

icon

Français

icon

Ebook

2005

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Fruit d’un travail collectif entre des scientifiques et un philosophe, ce livre a pour première originalité de se centrer sur ce qu’on y tient pour le cœur même de la complexité : la dynamique des systèmes non linéaires, où les rapports se font paradoxalement contradictoires entre tout et partie, cause et effet, déterminisme et imprédictibilité. Chaos, émergence, auto-organisation, complexité – à travers ces concepts aujourd’hui en plein débat paraît se révéler à nous plus qu’une série d’aspects inédits du réel : une dimension fondamentale de ce réel tout entier. La seconde originalité de cet ouvrage est de pousser la réflexion sur le sens philosophique de ces paradoxes scientifiques, en convoquant à nouveau ce grand absent de la culture logique contemporaine : la dialectique, ici exposée et mise en œuvre dans son ampleur sous des formes foncièrement repensées et mises à jour. La dialectique pour penser la non-linéarité, le complexe pensé dialectiquement : une nouvelle révolution paradigmatique ? Le débat est ouvert. Lucien Sève est philosophe. Il a notamment publié Sciences et dialectiques de la nature et Pour une critique de la raison bioéthique. Coordination Janine Guespin-Michel Avec Roland Charlionet, Philippe Gascuel, François Gaudin, Janine Guespin-Michel, José Gayoso, Camille Ripoll.
Voir Alternate Text

Publié par

Date de parution

21 avril 2005

Nombre de lectures

1

EAN13

9782738187970

Langue

Français

© Odile Jacob, mai 2005
15, rue Soufflot, 75005 Paris
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-8797-0
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Avant-propos

L’ouvrage qu’on va lire résulte d’une aventure engagée à Rouen par des universitaires. Lors de la sortie de l’ouvrage collectif qu’il a dirigé, Sciences et dialectiques de la nature , le philosophe Lucien Sève avait été invité à le présenter à la faculté des sciences de Rouen. Plusieurs chercheurs lui ont alors proposé de travailler avec eux autour du thème « dialectique et non-linéarité », considérant, comme lui, que

« le besoin de dialectique est si réel que toute théorie scientifique, lorsqu’elle progresse, dialectise, fût-ce sans le savoir, mais par là en perdant le bénéfice de la culture catégorielle correspondante. Si la philosophie dialectique a beaucoup à apprendre – et a trop peu appris jusqu’ici – de la dialectique spontanée des meilleurs scientifiques, il y a beaucoup à gagner aussi pour la recherche et la culture scientifiques dans l’étude à bonne source de la philosophie dialectique 1  ».
Ce travail a réuni, autour de Lucien Sève, des enseignants et chercheurs de l’UFR des sciences et techniques et de l’INSA de Rouen : Roland Charlionet, biochimiste ; José Gayoso, chimiste théoricien ; Bernard Gleyse, mathématicien ; Janine Guespin-Michel, biologiste ; Camille Ripoll, biophysicien ; auxquels se sont joints François Gaudin, linguiste, de l’UFR des lettres et sciences humaines de Rouen, et Philippe Gascuel, informaticien dans l’industrie.
Il y a d’abord eu des rencontres à Rouen, de mai 2000 à juillet 2001, où chacun a présenté ce qui lui semblait le plus pertinent à verser au dossier de cette problématique, soit du point de vue de la non-linéarité, soit du point de vue de la dialectique. La présence d’un linguiste, outre sa contribution propre sur le sujet, a aidé à clarifier les termes ambigus qui rendent si difficiles les échanges interdisciplinaires impliqués dans ces discussions.
Le travail s’est poursuivi essentiellement par écrit, avec plusieurs rencontres espacées. L’introduction, qui reprend les notions dégagées collectivement lors des séances de travail, a été rédigée par Janine Guespin et Camille Ripoll. Elle cherche à faire comprendre la nature de ce que nous avons choisi d’appeler la « non-linéarité » (même si subsistent encore entre nous des divergences sur la signification précise de ce syntagme). Elle s’adresse à des personnes qui ne sont pas spécialistes de ces questions (on n’y trouvera pas d’équations, par exemple) et veut mettre en lumière les problèmes, d’ordre essentiellement philosophique, que soulèvent les nouvelles disciplines s’articulant autour de cette notion.
Réagissant aux éléments présentés et discutés lors des séances de travail, Lucien Sève montre, dans un texte rédigé d’avril à septembre 2002, que les problèmes rencontrés recouvrent des paradoxes et que la catégorie de contradiction dialectique permet de les surmonter de manière logico-philosophique. Qu’il s’agisse de l’émergence ou de la notion controversée de processus déterministe non prédictible, la dialectique, hégélienne puis marxienne, s’avère à notre sens la seule logique qui non seulement permet de penser ces démarches scientifiques contemporaines mais aussi s’enrichit à leur contact. Ainsi les paradoxes, indéfendables en logique formelle, suscités par la dynamique des systèmes non linéaires s’avèrent être des contradictions dialectiques fructueuses. Ce texte a été retravaillé par l’auteur en mai 2004 pour tenir compte des interrogations et des remarques qu’il avait suscitées.
À sa suite, on trouvera les contributions de six des participants, réagissant, chacun pour sa discipline, à la première version du texte de Lucien Sève. Ces contributions se proposent d’inciter les scientifiques de la nature ou de la société à continuer d’explorer le chemin esquissé ici, tant en utilisant les fortes idées que la philosophie nous donne à connaître qu’en recherchant les questions nouvelles à lui poser ou les champs nouveaux à arpenter en sa compagnie.

1 - Cf. Sciences et dialectiques de la nature , La Dispute, Paris, 1998, p. 226.
Systèmes dynamiques non linéaires, une approche de la complexité et de l’émergence
par Janine Guespin-Michel et Camille Ripoll
De nouveaux concepts scientifiques ont été produits lors des quelques dernières décennies, d’une manière souvent transdisciplinaire, sous le terme peu précis et sujet à multiples interprétations de complexité . D’entrée de jeu, une difficulté importante dans l’approche réside en ce qu’il n’y a pas, jusqu’à présent, une dénomination unique pour désigner cette évolution importante dans le domaine des connaissances, mais plutôt un réseau de dénominations, qui se recouvrent, sans être équivalentes, et qui évoquent plus, pour l’instant, une « mouvance » qu’une discipline. Dans le champ de la physique et des mathématiques, cependant, mais aussi de la chimie et de la biologie, un domaine restreint mais beaucoup mieux étudié des systèmes complexes est constitué par les systèmes dynamiques non linéaires (SDNL) . La théorie des systèmes dynamiques a pour objet de décrire les changements spatio-temporels dans l’état des systèmes, en fonction des causes de ces changements. Les systèmes sont par exemple des ensembles de molécules en interaction ou encore des ensembles d’espèces vivantes formant des populations en interactions imbriquées. Que veut dire non linéaire ? On s’en explique précisément plus loin ; il suffit ici de dire que les interactions entre les objets qui composent le système sont telles qu’il n’existe pas de proportionnalité entre les causes et les effets (les changements). Ce que nous allons montrer ici, c’est que, dès que des interactions non linéaires existent dans un système dynamique, son comportement acquiert des propriétés nouvelles, parfois étranges, souvent non prédictibles, et généralement contre-intuitives et « dérangeantes » pour un entendement habitué à la linéarité. C’est ce type de propriétés que la logique usuelle ne permet plus de penser, et qui soulève donc des problèmes logico-philosophiques que nous avons posés à la logique dialectique.

1. De difficiles définitions

1.1. Un réseau de termes « flous »
Trois termes dominent dans la littérature 1  concernant la « mouvance » que nous avons évoquée plus haut : la théorie du chaos, la théorie de la complexité et la théorie des systèmes dynamiques non linéaires. D’autres termes, moins fréquemment employés, contribuent aussi à former ce réseau, tels que systémique, théorie des niveaux, structures dissipatives, émergence, multistationnarité, auto-organisation, bifurcations, voire fractales et théorie des catastrophes (nous avons ici mélangé à dessein des concepts correspondant à des niveaux différents de description, parce que le caractère nouveau et pluridisciplinaire de ces concepts rend impossible, pour le moment, toute classification consensuelle). Chacun de ces termes se rapporte, de façon plus ou moins précise, à un domaine spécifique dans le champ des connaissances, mais ne se laisse que rarement enfermer de façon étroite dans ce domaine. Les définitions en sont souvent multiples, et on a compté jusqu’à 52 définitions différentes du mot « complexité », ce qui illustre l’absence d’un corpus théorique associé à ce terme – problème similaire pour le mot « chaos ». Il s’agit de mots trop chargés sémantiquement pour prendre un contenu scientifique clair.
Le mot chaos, probablement à cause de son impact fort sur l’imaginaire, a été très utilisé dans les publications « grand public » qui traitent de ces questions, ce qui n’empêche pas l’appellation de chaos déterministe d’avoir une signification mathématique stricte, sinon encore définitive 2 . Le terme de complexité, lui aussi extrêmement riche de connotations idéologiques, est souvent revendiqué par ceux qui s’intéressent à l’aspect transdisciplinaire de l’application de ces découvertes 3 . C’est le cas par exemple des chercheurs du Santa Fe Institute, fondé aux États-Unis par Murray Gell-Mann. En revanche, l’expression « systèmes dynamiques non linéaires » est utilisée de façon plus consensuelle par les mathématiciens et les physiciens, et de très nombreux instituts de physique non linéaire ont vu le jour depuis dix ans dans le monde entier.
Aussi, désireux de mettre en rapport avec la philosophie dialectique matérialiste les acquis de cette nouvelle mouvance scientifique, dont les quelques lignes ci-dessus montrent déjà le caractère tout à fait particulier, nous avons décidé de choisir le domaine des systèmes dynamiques non linéaires dans la mesure où il paraissait a priori le plus dénué de connotations idéologiques ou philosophiques préalables. C’est aussi le domaine où les études sont les plus formalisées et consensuelles, dans la mesure où il s’agit de systèmes modélisables par des équations différentielles, ou aux dérivées partielles, non linéaires. Conscients que l’aspect mathématique pourrait rebuter le lecteur non spécialiste, nous avons cherché ici à donner quelques définitions simples, sans développements formels.

1.2. Linéaire et non-linéaire
Puisque nous abordons la non-linéarité, il paraît pertinent de se demander d’abord ce que l’on entend par linéarité, et quelles sont les différences fondamentales entre lin

Voir Alternate Text
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents
Alternate Text