Du fiabilisme, la garantie métaphysique de la foi
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Description

La foi chrétienne est aujourd'hui méprisée. On la traite comme une simple croyance déraisonnable, comparable selon Bertrand Russell à la croyance à une théière en orbite autour de la terre. Le présent essai entend redonner les lettres de noblesse à la foi chrétienne. Pour ce faire, l'auteur situe le débat au plan épistémologique et distingue une épistémologie « évidentialiste », à laquelle souscrivent les tenants de l'« évidence » au sens de preuve devant justifier toute croyance, et, d'autre part, une épistémologie « fiabliste » faisant appelle non pas à des preuves mais des garanties. Si le croyant ne peut offrir des preuves suffisantes de sa foi selon le canon de la méthodologie scientifique, il en possède au moins des garanties faisant appel à l'ancienne science élaborée par Aristote, la métaphysique, et renouvelée ensuite en contexte chrétien par saint Thomas d'Aquin. C'est ce que s'attache à établir l'auteur, en examinant de manière critique les arguments d'évidentialistes athées, tels David Hume, Bertrand Russell, Richard Dawkins, etc. Pour établir l'épistémologie fiabiliste de la foi, l'auteur s'appuie sur les travaux de philosophes, tels William James, Ludwig Wittgenstein, Gabriel Marcel, Alvin Plantinga et Harry Frankfurt.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 octobre 2017
Nombre de lectures 2
EAN13 9782342156614
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du fiabilisme, la garantie métaphysique de la foi
Jean Laberge
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Du fiabilisme, la garantie métaphysique de la foi
 
« Je hais mon époque de toutes mes forces. L’homme y meurt de soif. Ah ! Général, il n’y a qu’un problème, un seul de par le monde. Rendre aux hommes une signification spirituelle, des inquiétudes spirituelles. »
Antoine de Saint-Exupéry, La lettre au Général « X »
 
 
 
« S’il y a un devoir pour le croyant, c’est de prendre conscience de tout ce qu’il y a en lui de non-croyant. »
Gabriel Marcel, Essai de philosophie concrète
 
 
 
« Comme vous aviez raison de croire sans voir ! Mais aussi, comme vous aviez tort d’avoir tant de respect pour moi, de ne pas avoir été avec moi plus catégorique et plus ferme ! Pourquoi m’avoir tant laissé dans cette nuit antécédente où j’ai perdu la matière précieuse du temps ?»
Jean Guitton, Ce que je crois
 
 
À Céline Lagacé, ma lectrice.
Préface
On peut critiquer toutes les versions des religions actuellement existantes, voire les détester, sans pour autant être matérialiste. Il n’est pas contraire à la raison de croire que tout ce qui est émane d’une source première qui soit au-delà de l’espace et du temps. C’est plutôt la raison elle-même qui nous pousse vers cette croyance métaphysique. Rien de sensible n’est sans cause.
 
Cette croyance n’est pas une connaissance au sens scientifique du terme. C’est une thèse métaphysique et les thèses métaphysiques ne sont jamais plus certaines que nos convictions morales les plus fortes.
 
La métaphysique, la foi religieuse et la morale sont des domaines où il faut renoncer à la certitude. Il n’y a de preuves réelles qu’en mathématique ou en logique, dans les autres domaines, ils n’y a que des indices ( evidence , en anglais).
 
Le petit essai de Jean Laberge défend l’idée que la foi n’est jamais sans fondements, bien que son mode de certitude ne soit pas celui de la science. Il y a plusieurs types de certitude. La certitude mathématique n’est pas comparable à la foi, tout comme la théorie scientifique, toujours en attente d’une expérience sensible qui la réfuterait, ne peut pas être considérée comme une religion. Comme le dit le philosophe allemand Hans-Georg Gadamer :
En vérité, il y a des modes très différents de certitude. L’espèce de certitude que procure la vérification passée par le doute se distingue de la certitude vitale immédiate qu’ont toutes les fins et les valeurs lorsqu’elles apparaissent dans la conscience en élevant une prétention inconditionnelle. A fortiori faut-il distinguer de cette certitude, acquise dans la vie elle-même, la certitude de la science. La certitude de la science comporte toujours un trait cartésien. Elle est le résultat d’une doctrine critique de la méthode qui cherche à ne laisser en vigueur que ce qui est indubitable. Cette certitude ne naît donc pas du doute et de son dépassement, elle prévient toujours le surgissement d’un doute possible. De même que Descartes avait institué dans sa célèbre méditation un doute artificiel et hyperbolique – comme une expérience scientifique – qui devait conduire au fundamentum inconcussum de la conscience de soi, de même la science méthodique met fondamentalement en doute tout ce dont on peut douter afin d’assurer de cette manière la certitude de ses résultats 1 .
La science contemporaine est cartésienne dans la mesure où elle ne tient au départ rien pour vrai. Toutes les propositions scientifiques ne sont que des hypothèses ouvertes à la réfutation. L’expérience scientifique est comme le doute artificiel de Descartes : la science ne laisse en vigueur que ce qui résiste au doute. Lorsqu’on considère qu’il n’y a que des hypothèses en science, on présuppose que n’est vrai que ce qui est indubitable. La certitude de la science est cartésienne au sens où elle ne tient pour vrai que ce qui ne peut pas être remis en question. Descartes impose à la science une exigence de rigueur mathématique. Exiger un degré de certitude mathématique en ce qui concerne les vérités de la vie est complètement absurde. Descartes avec son doute hyperbolique n’est pas un bon exemple de pensée critique. En effet, la pratique du scepticisme radical ne développe pas le discernement nécessaire pour évaluer ce qu’il est raisonnable de tenir pour vrai. « On ne doit pas notamment, disait Aristote, exiger en tout la rigueur mathématique, mais seulement quand il s’agit d’êtres immatériels 2 . » La certitude en ce qui concerne les fins et les valeurs ne peut pas être comparée à la certitude scientifique 3 . Leurs objets respectifs, d’un genre complètement différent, n’ont aucune commune mesure. Aristote disait en effet :
[U] n homme éduqué a pour principe de réclamer, en chaque genre d’affaires, le degré de rigueur qu’autorise la nature de l’affaire. On donne, en effet, à peu près la même impression lorsqu’on accepte un mathématicien qui débite des vraisemblances et lorsqu’on exige d’un rhéteur des démonstrations 4 .
Or, Descartes semble nous avoir fait oublier qu’il existe plusieurs genres de certitudes 5 . Le chemin de la démonstration mathématique et de la logique conduit à l’hégémonie de la science moderne, c’est-à-dire à une culture qui sépare la philosophie de la religion et la science de la poésie.
 
Le mérite insigne de Jean Laberge est de justifier la sagesse d’Aristote en puisant dans les ressources de la philosophie analytique. C’est à une attitude plus sage face aux limites de nos certitudes qu’il nous convie. Un livre pour espérer croire.
François Doyon, Montréal, 2 août 2017.
Introduction. Justification et garantie
J’ai toujours tenu le philosophe des Lumières écossaises, David Hume (1711-1776), comme particulièrement génial. Sa critique sceptique du rationalisme me ravit toujours, alors que son empirisme me paraît être une forme déguisée de rationalisme.
L’épistémologie est le domaine de la philosophie qui porte sur la nature connaissance. Le penseur rationaliste carbure à la justification. Son plus illustre représentant, Platon, définissait la connaissance comme une croyance vraie justifiée . 6 On aurait beau avoir une croyance vraie, soutient Platon, si elle n’est pas justifiée, la croyance vraie reste une croyance. D’où l’insistance sur la notion de « preuve », de « raison », d’« évidence » ; bref, de justification. Or, la critique sceptique de Hume de la causalité (de la relation de cause à effet) montre que nos croyances (vraies) causales n’ont pas de telle justification.
Pourquoi crois-je que la chaise sur laquelle je m’assieds d’ordinaire ne s’effondre pas ? Quelle justification me permet de le croire ? Évidemment, la chaise ayant supporté mon poids par le passé, je conclus qu’elle le fera encore. Ce raisonnement, d’après Hume, est illégitime car il se peut bien que ce ne soit pas le cas. C’est le raisonnement qualifié d’« induction », qui représente la très vaste majorité de nos raisonnements, est donc disqualifié par Hume.
Comme le raisonnement inductif se trouve être au centre de la science moderne expérimentale, il convient de répondre à Hume. Alors, on suggéra que l’induction se trouve subordonné au principe de l’ uniformité de la nature . Malheureusement, c’est là commettre un cercle vicieux puisqu’afin de justifier l’induction on se trouve en somme à faire appel à l’induction.
En fait, il paraît impossible de justifier l’induction. C’est un présupposé de la raison. Nous supposons en effet que la nature est uniforme. C’est uniquement parce que je crois que les mêmes régularités générales (les lois) se répéteront dans l’avenir, que je crois que la chaise supportera la prochaine fois mon poids lorsque je m’y assoirai.
Nous sommes donc à la recherche d’une justification établissant que l’induction est une méthode de pensée fiable . Or, il ne peut être question d’une telle justification . Le penseur rationaliste n’est pas du tout de cet avis, et s’efforce d’en trouver la justification. Il a une grande foi à cet égard. Je suis d’avis, au contraire, que c’est peine perdue.
Nous désignerons par « évidentialisme » (de l’anglais , evidence , preuve) la position épistémologique dont le rationalisme est l’adepte. L’évidentialisme soutient que la justification (ou preuve) de nos croyances vraies est accessible.
Nous appellerons « fiabilisme » (anglais, reliabilism ) une autre position épistémologie, divergente de l’évidentialisme, voulant qu’une croyance vraie soit, non pas justifiée, mais garantie . Le principe de l’uniformité de la nature constitue chez Hume la garantie concernant nos croyances causales. On ne saurait en demander davantage.
Je suis de l’avis de Hume qu’une justification rationaliste est hors de portée, et qu’il faut se satisfaire d’une simple garantie pour une croyance vraie. Je souscris donc à la démarche fiabiliste élaborée par le philosophe croyant américain Alvin Plantinga (1932-    ) 7 .
Comment Hume garantit-t-il donc que nos croyances (causales) sont vraies ? « L’accoutumance est donc le grand guide de la vie humaine. », écrit Hume. 8 Il poursuit :
C’est ce seul principe qui fait que notre expérience nous sert, c’est lui seul qui nous fait attendre, dans le futur, une suite d’événements semblables à ceux qui ont paru dans le passé. Sans l’action de l’accoutumance, nous ignorerions complètement toute question de fait en dehors de ce qui est immédiatement présent à la mémoire et aux sens. Nous ne saurions jamais comment employer nos pouvoirs naturels p

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