Malgré les progrès réalisés dans les domaines de l’hygiène, des vaccinations et de l’antibiothérapie, les infections graves représentent encore, à l’heure actuelle, l’une des premières causes de morbidité et de mortalité dans le monde [15]. Aux États-Unis, on estime que le sepsis sévère est responsable de 250 000 décès par an, égalant ainsi le nombre de décès liés aux maladies cardiovasculaires.Malgré la fréquence de cette pathologie, la présentation clinique est extrêmement variée, y compris pour un même site infecté et pour un même pathogène, comme par exemple pour une pneumonie à pneumocoque. De nombreux facteurs contribuent à la variabilité des manifestations cliniques et biologiques secondaires à un challenge infectieux (Figure S7-P7-C1-1). Des facteurs environnementaux peuvent ainsi modifier la sévérité du tableau clinique. Il s’agit essentiellement de facteurs liés au pathogène lui-même, tels que la production de toxines ou la présence de gènes de résistance aux antibiotiques, ou de facteurs environnementaux indépendants du micro-organisme comme la mise en route d’un traitement antibiotique adapté ou du contrôle de la source (chirurgie en cas de péritonite, ablation d’un cathéter infecté). Des facteurs directement liés à l’hôte peuvent également modifier la sévérité du tableau infectieux. Il s’agit entre autres de la présence de comorbidités qui vont modifier les défenses immunitaires (aplasie, cirrhose, etc.) ou altérer la réserve physiologique de l’individu (insuffisance cardiaque évoluée par exemple). Plus récemment, la présence de facteurs génétiques modifiant la susceptibilité d’un individu aux infections graves et/ou la sévérité des états infectieux a été clairement démontrée [7]. De multiples preuves ont permis d’affirmer que les capacités de défense d’un individu face aux agents infectieux sont extrêmement différentes d’une personne à l’autre. De nombreuses études ont ainsi montré que des variants génétiques, rares ou fréquents, étaient impliqués dans l’inégalité individuelle face au risque infectieux. Ces variants concernent principalement les gènes des protéines impliquées dans la reconnaissance de l’agent infectieux, comme les gènes des pathogen recognition receptors (PRR), les gènes des protéines de la réponse immune, en particulier celles impliquées dans la cascade inflammatoire, ou les gènes de protéines de la coagulation, également très importante dans la réponse antimicrobienne. Il apparaît ainsi que la susceptibilité génétique aux infections est « microbe-spécifique » et va principalement être suspectée en cas d’infections répétées ou d’infections graves avec un phénotype ne pouvant pas être expliqué par l’état physiologique du patient lors de cette infection.
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