Microbes et cancers : Les liaisons dangereuses
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Microbes et cancers : Les liaisons dangereuses , livre ebook

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Description

Parmi les 18 millions de nouveaux cancers diagnostiqués chaque année dans le monde, près de 3 millions sont causés directement par un microbe, qu’il s’agisse de virus, de bactéries ou de parasites. Jusque dans les années 1960, un tel lien semblait très improbable dans l’espèce humaine aux yeux de la communauté médicale et scientifique. En effet, il a fallu beaucoup de persévérance, et parfois de la chance, de la part de quelques chercheurs très motivés, passionnés et curieux pour établir que des microbes puissent être la cause de certains cancers chez l’homme. C’est l’histoire des découvertes fondamentales et souvent extraordinaires de ces liens, réalisées par des médecins et scientifiques absolument hors du commun, qu’Antoine Gessain, médecin et virologue, nous relate dans ce livre en nous faisant voyager au cœur de laboratoires de recherche aux États-Unis, en Europe et au Japon, mais aussi sur le terrain en Afrique et en Asie. Ces découvertes majeures ont fait grandement progresser les méthodes de diagnostic, ainsi que les traitements et surtout la prévention par la vaccination de certains cancers fréquents, comme celui du col de l’utérus ou celui du foie. Antoine Gessain est professeur à l’Institut Pasteur où il dirige l’unité de recherche « Épidémiologie et physiopathologie des virus oncogènes ». Sa spécialité est la relation entre certains virus et des tumeurs, en particulier des cancers du sang et de la peau, ainsi que leur distribution géographique dans le monde et leurs caractéristiques épidémiologiques, comme leur mode de transmission. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 avril 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738155344
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , AVRIL  2023
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5534-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Composition numérique réalisée par Facompo
INTRODUCTION
Agents infectieux et cancers, un domaine encore méconnu

Tabac, alcool, pesticides, amiante, goudron ; tout cela évoque rapidement des substances et des produits chimiques qui peuvent causer ou favoriser le développement de cancers. Comment ne pas avoir vu ce qui est écrit sur les paquets de cigarettes ou ne pas avoir entendu parler des graves méfaits de l’amiante, de l’alcool et des pesticides sur la santé ? Comment passer à côté du fort message médiatique généré par les décideurs institutionnels dans le cadre de la santé publique ? Du point de vue médical, cette visibilité est d’ailleurs une bonne chose, aboutissant à une meilleure information du public, cruciale pour toute action de prévention, et à une diminution progressive du nombre de certaines tumeurs. Fréquents aussi sont ceux qui savent que certains cancers du sein et de l’ovaire peuvent avoir une origine génétique, la présence de tels facteurs chez des actrices célèbres ayant été très médiatisée dans la presse people.
Mais que sait-on des microbes, des infections qui causent des cancers ? Combien de personnes savent que des agents infectieux transmissibles sont, dans certaines régions très peuplées du monde, responsables de près de 30 % de tous les cancers ? Bien sûr, dans nos sociétés, nombreuses sont les femmes qui savent que le cancer du col de l’utérus est lié à un papillomavirus et qu’un vaccin est actuellement disponible pour lutter contre ce véritable fléau. Qui sait par contre que le virus de l’hépatite B, dont l’infection est généralement associée à une banale jaunisse, est responsable de la mort de centaines de milliers de personnes dans le monde à cause du cancer du foie qu’il induit ? Ne parlons pas d’ Helicobacter pylori  ! Cette bactérie, qui infecte, comme son nom l’indique, une partie du tube digestif, est l’une des causes du cancer de l’estomac, qui constitue l’une des tumeurs les plus fréquentes et graves de l’homme. En effet, près de 800 000 personnes meurent chaque année de ce cancer dans le monde. Enfin, qui a entendu parler d’ Opisthorchis viverrini ou de Shistosoma haematobium , parasites à l’origine de nombreuses tumeurs malignes des voies biliaires et de la vessie, respectivement en Asie du Sud-Est, dans le bassin du Mékong et en Égypte ?
C’est l’histoire de ces liaisons dangereuses entre microbes et cancers que je vais vous raconter dans cet ouvrage. Le fil conducteur de cette relation, parfois difficile à cerner, sera l’aventure des hommes et des femmes qui ont dévoué leur vie à la recherche et à la découverte de ces liens. Il a fallu de l’inventivité, une sacrée détermination, parfois du courage et une prise de risque, mais aussi le hasard des rencontres et une bonne synergie, ou plus simplement la chance de découvertes fortuites pour abattre des dogmes, dépasser des vieux concepts et surtout ouvrir de nouvelles portes. « La science n’a pas de patrie » et « la chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés », disait Louis Pasteur. Ces deux adages s’appliquent parfaitement à ces aventuriers de la science dont nous allons suivre ensemble les parcours de vie, assez extraordinaires pour nombre d’entre eux. Ces médecins, chercheurs, scientifiques étaient bien sûr prêts, du fait de leurs solides études médicales et/ou scientifiques, mais ces Américains, Anglais, Australiens, Allemands, Français et Japonais, ou chercheurs d’autres nationalités, étaient surtout mus par une curiosité insatiable, une motivation sans faille et une volonté de découvrir à toute épreuve. Leurs travaux ont abouti, surtout à partir des années 1960, à la découverte de différents microbes responsables, selon les régions du globe, de 5 à 30 % des cancers actuellement connus dans l’espèce humaine.
CHAPITRE 1
Microbes et cancers : de quoi parle-t-on exactement ?

Les maladies infectieuses émergentes ou réémergentes ont le vent en poupe !
Depuis quelques décennies, et cela s’est encore exacerbé récemment, les bactéries, virus et parasites, ainsi que les maladies associées, constituent le pain quotidien de la une de nos médias. Nous vivons en effet dans un monde ou l’émergence, ou la réémergence, de maladies infectieuses est devenue une partie intégrante de notre vie. Ces maladies peuvent être nouvelles, c’est-à-dire encore ignorées de la communauté médicale et scientifique, ou anciennes et, dans ce cas, connues parfois depuis l’Antiquité et donnant lieu à des phénomènes de recrudescence, de pathogénicité accrue, de progression dans des régions ou populations jusqu’alors épargnées.
Certaines de ces maladies infectieuses restent plutôt sporadiques, ne touchant donc qu’un petit nombre de patients, comme les intoxications alimentaires liées à la consommation de pizzas surgelées avariées, qui ont récemment provoqué quelques décès en France. Dans ce cas précis, l’agent infectieux responsable est une bactérie appelée Escherichia coli . Dans d’autres cas, certaines bactéries peuvent être responsables de milliers, voire de centaines de milliers de malades et de nombreux morts. C’est le cas des épidémies de choléra, dues à la bactérie Vibrio cholerae, qui ont sévi récemment au Yémen dans le cadre de conflits armés où à Haïti après le dernier tremblement de terre.
Il peut s’agir aussi de maladies nouvelles, épidémiques, voire pandémiques, liées à des virus. Nous connaissons tous le Covid-19, due au nouveau coronavirus SARS-CoV-2, qui a atteint la planète tout entière ces dernières années, ou encore le syndrome d’immunodéficience acquise (sida), lié au virus de l’immunodéficience humaine (VIH), qui a émergé dans nos sociétés au début des années 1980. Enfin, comment ne pas citer les épidémies de fièvre hémorragique dues au virus Ebola, survenues en Afrique depuis un demi-siècle et qui ont durement touché l’Afrique de l’Ouest en 2013-2015, ou encore l’épidémie liée au virus de la variole du singe ayant débuté en Occident en mai 2022.
Concernant les parasites, ils sont souvent moins connus du grand public faisant en effet très peu la une des médias. Outre le ver solitaire, parasite intestinal bien connu depuis l’Antiquité, comment peut-on passer aujourd’hui à côté du paludisme dû à un parasite appelé Plasmodium falciparum . C’est une des maladies infectieuses les plus meurtrières au monde, tuant plusieurs centaines de milliers d’enfants chaque année en Afrique, et qui est actuellement en recrudescence par exemple à Madagascar et dans certains pays d’Afrique de l’Est. Citons enfin les bilharzioses, maladies liées à différents parasites, que nous reverrons plus en détail dans un chapitre de ce livre, et qui sont responsables de troubles hépatiques, digestifs ou touchant la vessie chez des centaines de millions de personnes surtout en Afrique et en Asie.

Les microbes, le monde de l’infiniment petit
Tous les agents infectieux responsables ou non de maladies chez l’homme et les animaux peuvent être regroupés de façon schématique sous le terme générique de micro-organismes ou microbes. Ce mot fut forgé, en 1878, à partir du grec ancien ( mikros « petit » et bio « vie ») par Charles-Emmanuel Sédillot, médecin militaire et chirurgien français, professeur à l’hôpital du Val-de-Grâce, puis à la faculté de médecine de Strasbourg et membre de l’Académie des sciences. Il définit ce terme de microbe pour désigner des organismes vivants infiniment petits qui ne peuvent donc être vus qu’en utilisant un microscope. Ce terme fut consacré par Émile Littré dans l’édition de 1886 de son Dictionnaire de médecine . Dans un souci de simplification, nous considérerons ici qu’il s’applique tant aux virus, entités très petites constituées principalement de matériel génétique, qu’aux bactéries, organismes un peu plus gros, unicellulaires, ne possédant pas de noyau distinct. Enfin, on peut y inclure les parasites, dont certains sont unicellulaires et d’autres pluricellulaires et dont les cellules sont, comme les nôtres, dotées d’un noyau. Les parasites ont différentes phases de vie avec typiquement des formes microscopiques leur permettant d’infester leurs hôtes. On parle en effet plutôt d’infestation pour les parasites que d’infection, terme qui, au sens strict, concerne les virus et les bactéries.
Voyons maintenant rapidement comment furent découverts les microbes. Depuis l’Antiquité, certains pensaient que des agents invisibles à l’œil nu étaient responsables de différentes maladies, mais il fallut attendre le développement et l’amélioration au niveau technique des microscopes pour que certains de ces microbes puissent vraiment être mis en évidence et observés. C’est à la fin du XVII e  siècle (en 1673), avec un microscope qu’il avait lui-même amélioré, que le drapier hollandais Antoni van Leeuwenhoek fut le premier à observer certains micro-organismes, comme des bactéries qu’il appela « animalcules ».
Par la suite, surtout à partir de 1875, de nombreuses bactéries pathogènes, en particulier à l’origine de maladies humaines, furent découvertes, comme celles responsables de la fièvre typhoïde, du choléra, du tétanos ou de la tuberculose. Elles purent aussi pour la plupart être mises en culture et donc plus facilement étudiées. Auparavant, dès le début du XIX e  siècle, de no

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