La Moelle osseuse
142 pages
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La Moelle osseuse , livre ebook

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Description

 « J’ai voulu, dans ce livre, mettre en évidence la moelle osseuse, cet extraordinaire organe, souvent méconnu, dont nous dépendons, qui travaille pour notre bien-être et notre immunité. Les découvertes récentes nous ont amenés à mieux comprendre l’intimité moléculaire de cet organe et à intervenir sur son fonctionnement. Les greffes qui, il y a encore peu de temps, nous semblaient impossibles sont désormais des interventions courantes. Si les maladies les plus fréquentes de la moelle osseuse sont la conséquence de carences en fer et en vitamines, les avancées fondamentales actuelles nous conduisent à la guérison de maladies comme les leucémies et les lymphomes, et à la réparation d’anomalies héréditaires qui altèrent la fabrication du sang. » Pr A. N. Un livre très accessible qui nous éclaire sur la fabrique du sang auquel notre vie se rattache. Albert Najman, professeur d’hématologie à l’université Pierre-et- Marie-Curie, a été chef du service des maladies du sang à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, de 1986 à 2003.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 novembre 2019
Nombre de lectures 5
EAN13 9782738149718
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les illustrations n o   1 , 3 , 5 , 6 , 8 , 9 , 10 , 11 , 12 , 18 , 20 ont été réalisées par Carole Fumat.
© O DILE J ACOB , NOVEMBRE 2019 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-4971-8
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Avant-propos

Pourquoi ai-je eu envie d’écrire un livre sur la moelle osseuse, qui a été l’objet de mon activité professionnelle pendant de longues années ?
Pour une simple raison : la moelle osseuse est tellement méconnue qu’on en ignore l’existence. Elle est toujours confondue avec la moelle épinière. Comme si on ne voulait pas en parler !
Est-ce sa localisation profonde au sein de nos os qui inspire une crainte ou est-ce simplement de l’ignorance ?
Le sang est déjà l’objet de beaucoup de fantasmes, de légendes, mais nous savons avec certitude que notre vie s’y rattache. On peut mourir d’hémorragie !
Ce liquide rouge contient beaucoup d’éléments en suspension que l’on connaît par les vérifications auxquelles on se soumet : on surveille son taux de sucre, de cholestérol et autres graisses, son taux d’urée…
Mais dans le sang des cellules circulent qui ont la charge et la responsabilité d’assurer notre bien-être.
C’est justement la moelle osseuse qui les produit en permanence pour qu’elles nous fournissent l’énergie dont nous avons besoin et une protection contre les agressions et contre les hémorragies.
Cette production, toute silencieuse, est énorme ! Pensez à une usine qui n’arrête pas de produire, de recevoir les commandes, de passer des ordres de fournitures, de livrer des produits finis en état de marche à une cadence qu’aucune organisation industrielle n’atteint !
Cette usine est dans nos os : c’est la moelle osseuse !
J’ai voulu rompre ce silence en mettant en évidence l’extraordinaire organe dont nous dépendons, la précision de son activité, l’ingéniosité de ses mécanismes de contrôle et les prouesses qu’il nous permet d’accomplir, toutes données qui ont été acquises ces dernières décennies.
La fulgurante progression des découvertes nous a amenés dans l’intimité moléculaire des composants de cet organe. Il est possible maintenant d’intervenir sur son fonctionnement et d’envisager des gestes thérapeutiques qui nous paraissaient, il y a encore peu, être du domaine de la science-fiction.
Tout cela n’a été rendu possible que par le travail acharné de centaines d’équipes de recherche dans le monde qui nous ont permis de comprendre ce qui se cache derrière cette affirmation de la Bible : le sang, c’est ce qui nous anime !
INTRODUCTION

La moelle osseuse, une usine méconnue

La moelle osseuse est un des organes les moins connus ou plutôt les plus ignorés du corps humain.
On ne connaît que le terme de moelle épinière, sans savoir d’ailleurs vraiment où elle est située et quelle est sa fonction. Un grand journal français publiait en première page il y a quelques années une photo d’un champion de ski qui reprenait son entraînement après avoir subi une greffe de moelle épinière ! Confusion typique entre la moelle épinière et la moelle osseuse !
La moelle épinière est une structure neurologique située dans le canal osseux constitué par les vertèbres qui fait suite au cerveau et au cervelet. Faite de milliers de fibres nerveuses, elle est le lieu où circulent toutes les informations nécessaires à nos mouvements et à nos sensations. Évidemment, elle ne peut pas être greffée !
La moelle osseuse est, elle, un organe situé dans les cavités internes des os qui produit toutes les cellules qui circulent dans le sang : les globules rouges, les globules blancs et les plaquettes. Elle peut être greffée pour remplacer par exemple une moelle osseuse détruite par une chimiothérapie importante antileucémique. Il est possible que ce jeune sportif ait subi un tel traitement et qu’il ait reçu une greffe de moelle osseuse, ce qui lui a permis, une fois guéri, de reprendre son entraînement.
Pourtant la moelle des os est un terme bien connu et très apprécié en matière culinaire. On demandera à son boucher un os à moelle lorsqu’on veut faire un bouillon bien gras. C’est bien dire que l’on veut un os dont la cavité interne contient de la moelle. Cette moelle, nous la recherchons pour son contenu graisseux sans se préoccuper de quoi est faite cette graisse et quel est son rôle.
On devrait pourtant se souvenir de la « substantifique moelle » que Rabelais cite dans le prologue à Gargantua  : « Rompre l’os et sucer la substantifique moelle ». Cette phrase devenue célèbre évoque pour l’auteur la récompense que l’on obtient après des efforts de lecture de son livre, mais il faut noter que Rabelais fait appel pour justifier son propos à deux textes de Galien, un médecin romain du II e  siècle de notre ère, qui décrivent en termes anatomiques la présence dans les cavités de certains os d’une substance « gresseuse » qui nourrit l’os : Les Facultés naturelles et De l’usage des parties du corps . Galien avait vu « presque juste » : non seulement la graisse de la moelle osseuse nourrit effectivement les os, mais de plus elle joue un rôle essentiel dans la fabrication des cellules du sang.
Si Rabelais paraît lointain, l’adjectif « moelleux » est bien passé dans le langage courant pour désigner ce qui est doux, mou au toucher (étoffe, siège, tapis), agréable au palais (chocolat, vin), à l’oreille (sonorité pleine et douce).
Les formes naturelles peuvent avoir de la mollesse, de la grâce – « le moelleux arrondi des épaules » (Roger Martin du Gard, cité dans Le Robert ).
Revenons à la moelle osseuse.
Il s’agit d’un organe dispersé dans le squelette qui le protège et préserve son activité fondamentale pour notre vie. À la différence de tous nos organes qui sont constitués de cellules liées les unes aux autres et qui ne se déplacent pas, la moelle osseuse est un tissu très lâche composé de cellules mobiles et mobilisables, ce qui a facilité l’étude de son fonctionnement, de ses anomalies et la greffe en cas de besoin.
La moelle osseuse assure la production des cellules qui circulent dans le sang et dans notre corps tout le long de notre vie pour lui fournir les nutriments nécessaires, en particulier l’oxygène, et pour le protéger contre les agressions de toutes sortes.
Il n’y a rien de mystérieux dans cet organe.
Pendant longtemps nous n’en avions qu’une connaissance anatomique et morphologique, à vrai dire à peine plus que Galien à Rome. Son rôle dans la production des cellules sanguines fut envisagé pour la première fois par Ernst Christian Neumann en 1868 à Koenigsberg en Prusse devant la présence de cellules nucléées différentes des cellules de la paroi de la moelle, chez le lapin et chez l’homme. Véritable visionnaire, il constata qu’il y avait une corrélation inverse entre ces cellules et celles de la graisse et émit l’hypothèse d’une cellule souche* *1 unique à la base de cette production. Les recherches ultérieures vont confirmer cette hypothèse et la mise en place de culture de cellules de la moelle selon des modalités analogues à celles de bactéries, comme l’avait suggéré Neumann, permettra d’acquérir en quelques décennies une large connaissance de tous les composants de cette véritable usine à produire les cellules sanguines.
Car il s’agit vraiment d’une usine qui fonctionne en permanence, sans interruption.
Elle doit assurer la production de dix types de cellules différentes à partir d’un stock de cellules « souches ». Aucun autre organe de notre corps ne produit une telle diversité cellulaire.
Le déchiffrage de ce fonctionnement s’est fait de manière continue ces dernières dizaines d’années, au fur et à mesure de la découverte de nouveaux moyens d’étude cellulaire et moléculaire.
On y retrouve des processus analogues à ceux de la production industrielle et des mécanismes de contrôle qui se fondent sur un équilibre dynamique entre des facteurs stimulants et des facteurs inhibiteurs.
Les maladies qui peuvent se développer sont avant tout des insuffisances de production faisant suite à des carences en nutriments ou à des anomalies héréditaires ; elles concernent des centaines de millions d’individus sur tous les continents.
Les maladies graves telles que les leucémies ou les lymphomes sont en réalité peu fréquentes. Elles résultent d’« erreurs » moléculaires spontanées ou induites par des facteurs extérieurs.
Là encore, il y a lieu d’être admiratif devant la progression des traitements qui a accompagné la découverte du fonctionnement de la moelle osseuse.
Pour certains d’entre eux, il s’agit d’avancées aussi fondamentales que la découverte de la pénicilline en 1942 : en effet, le processus qui fait dévier les cellules normales et crée une maladie mortelle peut être bloqué par un simple comprimé avalé avec de l’eau qui empêche cette évolution 1  !
*1 . Tous les termes repérés par un astérisque sont expliqués dans le glossaire .
CHAPITRE 1
La moelle osseuse n’est pas mystérieuse

D’où vient la moelle osseuse ?
Les premières ébauches du futur organe qui va fabriquer les cellules du sang apparaissent très tôt chez l’embryon, au cours du premier mois de la grossesse, avant même l’ébauche d’autres organes. Ce sont déjà des cellules qui peuvent capter l’oxygène apporté par le sang de la mère. Dès qu’un réseau vasculaire est créé et permet la circulation, ces cellules primitives vont migrer da

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