La lecture à portée de main
448
pages
Français
Ebooks
2013
Écrit par
Iléana Landi Goga
Publié par
Société des écrivains
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Publié par
Date de parution
29 novembre 2013
Nombre de lectures
0
EAN13
9782342010626
Langue
Français
Bacau, Moldavie, années 1930. Les jours paisibles de la famille Lipan vont bientôt prendre fin. Le roi Carol, vénal et corrompu, solde la Roumanie aux Russes et aux Allemands avant d'abdiquer. L'été 1941, les alliances se déchirent, et la Roumanie, aux côtés de l'Allemagne, déclare la guerre au communisme arrivé à ses frontières. Ecaterina a quatorze ans, et son entrée forcée à l'internat n'est rien face aux horreurs qui l'attendent. Car après les combats, un coup d'État communiste installe une dictature qui sévira plus de quarante ans...
Publié par
Date de parution
29 novembre 2013
Nombre de lectures
0
EAN13
9782342010626
Langue
Français
Trop tard
Iléana Landi Goga
Société des écrivains
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Trop tard
À ma fille Jessica, mon rayon de soleil.
La vie est vaine La vie est brève
Un peu d’amour Un peu d’espoir
Un peu de haine Un peu de rêve
Et puis… bonjour Et puis… bonsoir
L. de Montenaeken, Peu de choses et presque trop
Avant-propos
Chaque homme a sa destinée. On a l’habitude de dire que tu tiens le destin dans tes mains et que c’est toi qui le fais. Tu serais son propre maître en le façonnant à ta guise, en lui donnant la forme que tu veux, comme le sculpteur devant son bloc de pierre. C’est lui qui suivrait le chemin que tu as choisi et pas l’inverse, c’est lui qui serait à ta merci et c’est toi qui le mènerais où tu veux. Tu n’as plus alors qu’à te laisser porter par le courant, dans la voie que tu as tracée méthodiquement, scrupuleusement, volontairement. Comme ce serait simple.
Mais on oublie la « force du destin », indépendante de notre volonté et de toutes les volontés du monde, car elle est rebelle, indéfinissable, impalpable, unique.
Toute ta vie tu luttes pour corriger ou éviter certaines choses, ces pièges que le sort sème sur ta route, ces bâtons dans les roues qui empoisonnent ton existence. Tu mets tout en œuvre pour t’entourer d’une aura positive pour mettre les meilleurs atouts de ton côté, pour t’attirer la chance et la saisir à pleines mains. Mais cela ne veut pas dire que la réussite et le succès t’attendent au bout de tes efforts avec les bras tendus et que le pari soit gagné.
Nous essayons tous de nous améliorer, de progresser, de forcer le destin et de changer sa trajectoire, de nous créer les conditions optimales afin de gérer notre vie. Nous nous proposons tous un but et faisons le possible et l’impossible pour aller au bout de nos rêves et de nos désirs. Mais il suffit d’un tout petit grain de sable qui ne faisait pas partie du programme et qui n’a pas demandé notre avis, pour interrompre le cours normal et logique de notre vie. Et voilà que toute notre existence bascule et prend un autre chemin si écarté et différent du premier et nous nous trouvons dans l’impossibilité de le contrôler ou de changer son parcours.
Alors viennent les renoncements, les coups sur la gueule, les coups au cœur. Tu es pris dans un tourbillon qui t’aspire. Au début tu te révoltes, tu te bagarres mais avec le temps tu n’as plus la force, car le courant qui t’entraîne est trop fort. La fatigue, la lassitude, l’écœurement s’installent et bien souvent tu baisses les bras et tu te laisses emporter. Une pluie de malheurs s’abat sur ton dos à n’en plus finir. À peine si tu peux maintenir ta tête hors de l’eau pour ne pas couler à jamais, dans un équilibre précaire, sur la pointe des pieds, grâce à l’instinct de conservation.
Et juste au moment où plus rien ne peut te sauver, tu fais appel à l’ultime et l’indispensable support moral : la foi, cette lumière de l’esprit qui te redonne l’espoir et la patience d’attendre que la roue tourne en ta faveur. Celui qui n’espère plus, qui ne s’accroche plus à une idée ou même à un rêve aussi fou soit-il, à une pensée positive, est irrémédiablement perdu. Il sera happé par le néant.
Alexandre Dumas dans son roman « Le comte de Monte-Cristo » a trouvé une partie de la clef magique qui ouvre les portes de l’impossible : attendre et espérer.
Mais l’apôtre Pavel nous a laissé une formule plus complète : « La croyance, l’espoir et l’amour sont les trois dons précieux que Dieu nous a donnés » .
Première partie
Un filet d’eau cherchant sa route
Sur ses petites jambes pas trop sûres d’elles
Voulait grandir coûte que coûte
Rêvait d’être une grande rivière
Aller plus loin, vers ces endroits
Qui paraissaient infranchissables
Et de ses pas bien maladroits
Il avançait, inébranlable.
1
Aussi loin que ma mémoire me permet de remonter dans le passé, je me souviens d’une enfance tranquille, heureuse, à l’abri des besoins, riche au propre et au figuré, à côté de mes trois sœurs et de mon petit frère. Pas de soucis, pas de misère, pas de manques. Nous ne connaissions pas la faim et le froid, nous avions tout ce qu’il était possible d’avoir, sous l’œil vigilant et protecteur des parents. Leur seul souci était de nous créer le cadre idéal pour nous épanouir et avancer dans la vie du bon pied, nous préparer un avenir tranquille et à l’abri du besoin. Mon père, Dumitru Lipan était un homme intègre et travailleur. L’aîné de quatre enfants, il s’est retrouvé très jeune avec la responsabilité de veiller sur ses deux frères et sa sœur après la mort prématurée de ses parents. D’abord il a suivi les cours du Lycée industriel et il a obtenu le diplôme de mécanicien. Il a fait ses débuts à la Compagnie roumaine des chemins de fer, avec un petit salaire qui devint vite insuffisant car non seulement il avait la charge de ses frères et de sa sœur mais il venait de se marier et son premier enfant, ma sœur Eugénia venait grossir le nombre des bouches à nourrir. Sa sœur sera accueillie par une famille de la campagne et un de ses frères décida de faire sa vie ailleurs. Une vie bien chahutée, de bistrot en bistro, d’une femme à une autre, d’un Casino à un tripot, mais ce n’était plus le problème de mon père. Il restait son dernier frère, Ionel qui n’avait que 10 ans et qui habitera avec nous jusqu’à sa majorité. Involontairement, il sera le grain de sable de mon destin. Mon père avait hérité de quelques terres à la mort de ses parents. Il ne se sentait pas une âme de paysan, alors il a préféré vendre sa part et avec l’argent il a ouvert un petit commerce surtout par passion, car il avait vraiment un penchant pour ce métier. Son petit magasin où l’on pouvait trouver un peu de tout s’est vite développé et devint un des plus importants de la ville grâce au travail acharné de mon père, à son honnêteté et à son sens réel du commerce. Ma mère a toujours été à ses côtés et a su l’épauler dans toutes les circonstances et lorsque le ciel s’est assombri plus tard, ensemble ils ont réussi à remonter la pente. Elle aussi faisait partie d’une famille de quatre enfants élevés avec dignité par leur mère restée veuve à 21 ans. Zoé, ma mère, n’a jamais connu son père, mort à la guerre de 14-18. Pour soulager un peu sa mère et surtout parce qu’elle voulait mener sa propre barque elle s’est mariée à 15 ans. Ses deux sœurs Ecaterina (Tinca) et Profirica (Rica), beaucoup plus grandes, et son frère Nicolae étaient déjà mariés. Et me voilà arrivée à mon tour dans cette famille heureuse et unie. On me baptisa Ecaterina mais tout le monde m’appela Titi. Tous les ans, en même temps que l’augmentation du chiffre d’affaires et l’agrandissement du magasin de mon père, arriva un autre enfant. D’abord Petre, le seul garçon qui a rendu mon père fou de joie à sa naissance, après Ileana et enfin la toute dernière qui n’était pas tellement attendue. L’accident de parcours comme on a l’habitude de dire, Zoé, comme sa mère. Nous habitions dans une maison de location avec mon oncle Ionel et ma grand-mère maternelle Elena. Nous passions la plupart du temps en compagnie de ma grand-mère, fille de prêtre, très croyante et cultivée à qui nous devons notre éducation. D’une grande intelligence, elle avait une sagesse innée et contrairement à ma mère confrontée très jeune à la vie et à ses difficultés, elle lisait énormément et continuait à s’instruire sans cesse et à se tenir au courant de tout. Tous les quatre petits enfants, car ma sœur Zoé n’avait que 3 mois, on se tenait du matin au soir auprès d’elle et on ne se lassait pas de l’écouter. Elle avait une merveilleuse façon de nous raconter des histoires fantastiques qui nous faisaient rêver, des histoires inouïes qui nous tenaient en haleine des heures durant. Elle nous lisait la Bible et à six ans nous savions tous la lire en slavonne. Elle possédait une énorme bibliothèque remplie de livres religieux et philosophiques hérités de son père. Elle nous chantait avec passion, elle adorait cela, d’une voix douce et mélodieuse et chose curieuse, elle nous a transmis ce plaisir à Jana (ma sœur Eugenia), à Ileana et à moi et dans les moments les plus difficiles nous cherchons encore refuge dans le chant. Elle s’est occupée de nous dès le premier âge, a suivi notre scolarité en nous aidant au maximum, elle a participé à nos jeux, à nos sorties, toujours à nos côtés, attentive à notre évolution. Quand je pense à mon enfance le premier mot qui me vient à l’esprit c’est « grand-mère ». Nous l’adorions, nous la divinisions, car elle avait une bonté et une douceur hors du commun et même lorsqu’elle nous faisait la morale c’était doux et paisible, sans aucune rancune ou méchanceté. Mon père était devenu le commerçant le plus réputé de la ville. Les affaires marchaient bien, les enfants poussaient et avaient besoin d’espace. Il fallait penser à faire construire une grande maison pour tout ce petit monde. Il voulait nous offrir la campagne tout en habitant en ville. Il acheta un grand terrain en banlieue, près d’un champ et il le divisa en plusieurs parcelles, d’un côté et de l’autre de la route. Une d’entre elles était destinée à notre prochaine maison, une bâtisse solide, tout en longueur. On pouvait circuler d’une pièce à l’autre comme dans un train, mais il y avait également 4 entrées séparées où l’on accédait par quelques marches car tout le sous-sol était occupé par une énorme c