Résistances à la pénétration et la conquête coloniale au Congo (XIXe-XXe siècles) , livre ebook

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Les résistances à la domination et la conquête coloniale font partie intégrante de l'histoire congolaise. La période allant de la fin du XIXe siècle jusqu'au début du XXe siècle a été riche d'événements : l'expansion coloniale, la mise en place du système concessionnaire, l'introduction de l'impôt de capitation, le travail forcé, le portage, la construction du chemin de fer et l'éveil du nationalisme. Ces événements seront à la l'origine de la remise en cause du système colonial sous diverses formes de contestation à l'ordre établi. Il y a une nécessité de faire une relecture de l'histoire des mouvements de résistance à la pénétration, la conquête et la domination coloniale au Congo. Ce travail structuré autour de trois parties compte six chapitres. La première partie est consacrée à la domination coloniale française et les jalons des résistances congolaises à la fin du XIXe siècle. La deuxième partie porte sur les résistances à l'intrusion et à l'occupation coloniale dans la première moitié du XXe siècle. La troisième partie enfin analyse les lendemains des résistances congolaises à la domination coloniale (1944-1959). L'histoire des résistances à la conquête et la domination coloniale est indissociablement liée à celle de la formation de la société congolaise moderne.

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Date de parution

18 mars 2016

Nombre de lectures

9

EAN13

9782342049527

Langue

Français

Résistances à la pénétration et la conquête coloniale au Congo (XIXe-XXe siècles)
Etanislas Ngodi
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Résistances à la pénétration et la conquête coloniale au Congo (XIXe-XXe siècles)
 
 
 
 
Remerciements
 
 
 
Ce travail de plusieurs années d’enquête n’aurait sûrement pas pu aboutir si nous n’avions pas bénéficié de nombreux concours. C’est l’occasion de remercier l’Université Marien Ngouabi, le Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences Sociales en Afrique (CODESRIA), le Musée Royal de l’Afrique Centrale (MRAC) de Tervuren en Belgique et le Centre d’Etudes Africaines (CEA) de Leiden aux Pays-Bas, pour leurs subventions de recherche.
Nous tenons tout particulièrement à exprimer notre gratitude à Madame Scholastique DIANZINGA, Maitresse des Conférences à l’Université Marien Ngouabi qui avait dirigé ma thèse dont cet ouvrage est le résultat final.
Nos remerciements s’adressent également aux professeurs Hugues MOUCKAGA (Université Omar Bongo) et Maurice BAZEMO (Université de Ouagadougou), pour avoir consacré un précieux temps pour la relecture du manuscrit.
Nos remerciements à tous les enseignants de la Formation doctorale Histoire et Civilisations Africaines de l’Université Marien Ngouabi, pour leurs conseils et encouragements.
Nos remerciements vont enfin à l’endroit de tous ceux ou toutes celles qui m’ont aidé, de près ou de loin, à l’accomplissement de ce travail.
 
 
 
Sigles et abreviations
 
 
 
AEC        Association des Etudiants Congolais
AEF Afrique Equatoriale Française
AIC Association Internationale du Congo
ANC Archives Nationales du Congo
AOF Afrique Occidentale Française
AOM         Archives d’Outre-mer
APPSE Archives privées des Pères du Saint-Esprit
ARSOM         Académie Royale des Sciences d’Outre-mer
ASCO Association Scolaire du Congo
BIEC         Bulletin de l’Institut d’Etudes Centrafricaines
BSRC Bulletin de la Société des Recherches Congolaises
CAOM         Centre des Archives d’Outre-mer
CATC Confédération Africaine des Travailleurs Croyants
CCAH         Cahiers Congolais d’Anthropologie et d’Histoire
CEA         Cahiers d’Etudes Africaines
CFCO         Chemin de Fer Congo-Océan
CFHBC        Compagnie Française du Haut et Bas-Congo
CFSO Compagnie Forestière Sangha-Oubangui
CGAT Confédération Générale Africaine des Travailleurs
CODESRIA Conseil pour le Développement de la Recherche en Sciences Sociales en Afrique
CPSI         Centre d’Etudes des Problèmes Sociaux Indigènes
CRA Centre de Recherches Africaines
DES         Diplôme d’Etudes Supérieures
EIC Etat Indépendant du Congo
FEANF         Fédération des Etudiants d’Afrique Noire de France
JOAEF         Journal officiel de l’A.E.F.
JOC Jeunesse Ouvrière Chrétienne
JEC Jeunesse Etudiante Chrétienne
MRAC         Musée Royal de l’Afrique Centrale
MSA         Mouvement Socialiste Africain
NEA Nouvelles Editions Africaines
PPC         Parti Progressiste Congolais
RP Révérend Père
RDA Rassemblement Démocratique Africain
RPF Rassemblement du Peuple Français
SFIO         Section Française de l’Internationale Ouvrière
SIP Société Indigènes de Prévoyance
UEFA         Union pour l’Emancipation des Femmes Africaines
UFA         Union des Femmes Africaines
UJC Union de la Jeunesse Congolaise
UDDIA Union Démocratique de Défense des Intérêts Africains
UMNG Université Marien Ngouabi
 
 
 
 
Introduction générale
 
 
 
L’expansion coloniale en Afrique a été manifeste à la fin du XIXe siècle, à travers les voyages d’exploration et de reconnaissance entrepris par les chantres de la colonisation. Cette politique expansionniste va provoquer au fil des années, la ruée des Européens vers certaines régions africaines, brisant, du même coup, les bases des économies tant de la côte que de l’intérieur.
Une donnée fondamentale, dans la deuxième moitié du XIX e siècle, est la volonté manifeste des puissances européennes d’assurer la conquête, la domination et l’exploitation du continent africain Le contact entre les deux civilisations (africaine et occidentale) a parfois été brutal.
Pendant des décennies, le concept de résistance a colporté un fouillis d’opinions, de prénotions et de préjugés sur les tentatives de révoltes et revendications des peuples colonisés face à la domination étrangère. Parler de résistance, c’est rendre compte d’un antagonisme fort entre deux cultures, deux acteurs différents, bien déterminés à s’affronter : l’un dans le rôle de l’agresseur et l’autre dans une posture de riposte collective sur tous les terrains. 1 Ces réactions peuvent être classées en trois grandes catégories : attitude d’opposition ou conflit pour tenter de préserver la souveraineté de la société ; résistance localisée pour tenter de remédier à certains abus du régime colonial et «  rébellions ou révoltes » pour lutter contre le système colonial et ses abus.
On note qu’une sémantique variable est sollicitée pour définir la résistance (singulier) ou d’envisager les résistances (pluriel), comme révolte, rébellion, insurrection, guerre ; donc une intensité, un taux de violence variables minimisés par l’historiographie coloniale pour déprécier l’acte de résistance des populations africaines et magnifier la bravoure de l’armée coloniale.
Les résistances ne prirent pas naissance sur une base nulle, ex nihilo . Le contexte spécifique dominant créé par l’iniquité du fait colonial, aura servi à la naissance et l’explosion de plusieurs mouvements de contestation. Face aux abus de la colonisation, les populations rangées derrière leurs chefs ont montré incontestablement à quel point elles étaient prêtes et résolues à s’opposer aux Européens et à défendre leur souveraineté, leur religion et leur mode de vie. Elles ont plus d’une fois exprimé leur opinion sur la présence des Blancs : refus de ravitailler ou fournir des guides ou des porteurs, refus de payer l’impôt de capitation et de travailler pour le compte des compagnies concessionnaires, etc. 2
Le champ d’analyse des mouvements de résistance s’inscrit dans une perspective de l’histoire contemporaine. L’histoire ne retient généralement que les grandes figures ou hommes célèbres qui ont dominé la scène politique africaine à l’époque de la pénétration coloniale. Samory Touré, El Hadj Omar Tall, Chaka Zoulou, Béhanzin et Rabah sont parmi d’autres figures de la résistance, et qui occupent une place de choix dans l’histoire africaine 3 . Elle laisse dans l’ombre, les résistances des villages, des groupes de villages ou ethnies qui s’opposèrent à leur propre chef aux colonnes militaires afin de défendre la terre des aïeux et sauvegarder leur liberté. Il est clair que la solidarité tribale fondée sur une unité de culture et renforcée par des alliances de mariage ou de guerre pouvait amener les villages à participer à la défense de la communauté menacée.
L’historiographie de cette conquee fut longtemps dominée par des récits d’opérations militaires, chantant les gloires coloniales. L’histoire de la colonisation couvre ainsi des nouvelles pistes de recherche qui invitent à décrire, expliquer, analyser et évaluer le phénomène de la résistance sous un anle plus objectif, par la pris en compte des notions d’enjeux et d’initiatives. 4
Les mouvements de résistance constituent une partie intégrante de l’histoire du peuple congolais. Il s’agit d’un domaine d’étude à explorer pour mieux saisir de manière globale la lutte anticoloniale. La relecture de l’histoire des mouvements de contestation et de protestation à l’ordre colonial s’impose comme une nécessité afin de sortir de ce caractère partisan de glorification de l’action coloniale. Certaines luttes des populations contre le régime colonial sont restées jusqu’ici très mal connues.
Les régimes précoloniaux ont imaginé des mécanismes de répression subtile et diversifiée. Ces mouvements sont riches d’enseignements. Les luttes engagées dans les différents royaumes (Teke, Kongo, Loango) témoignent de la détermination des populations à vouloir en découdre avec les puissances impérialistes. Les expériences de la bataille d’Ambwila de 1665, la montée des syncrétismes religieux à partir de 1702, les affronts contre l’impérialisme dès 1878 sont autant d’éléments qui méritent d’être abordés.
Des rois se sont dressés devant les envahisseurs européens, pour contrecarrer leur projet d’absolutisme brutal et refuser leur autorité, en résistant contre leur volonté hégémonique. Ils ont lutté contre les injustices sociales, l’exploitation et la subordination.
On peut schématiquement distinguer trois temps des résistances à la colonisation, même s’ils peuvent se chevaucher et obéir à des chronologies différenciées selon les espaces : les résistances à la pénétration coloniale, (1880-1899), les résistances à la conquête et l’occupation coloniale (1900-1944) et les résistances à la domination coloniale (1945-1960).
Le refus de l’acculturation de la société va façonner l’environnement idéologique dans lequel les mouvements de résistance, y compris sous forme immédiatement contemporaine des luttes se développeront.
Pour les partisans de l’Ecole coloniale de l’historiographie africaine, notamment : H. Johnston, Sir Alan Burns et plus récemment, Margery Perham, Lewis H. Gann et Peter Duignan, les populations africaines auraient en fait accueilli favorablement la domination coloniale, car non seulement elle les préservait de l’anarchie

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