Les Sarrasins du Nord
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Description

À l'instar du roi Jean l'Aveugle et du poète Guillaume de Machaut en 1329, des chevaliers de toute l'Europe traversent chaque hiver les forêts glacées de Prusse pour mettre à feu et à sang la Lituanie, où vivent les derniers païens d'Europe. Dans la foulée des croisades en Terre sainte, des seigneurs de France et d'Angleterre prennent les armes pour affronter les "Sarrasins" de la Baltique. La plupart y vont pour l'honneur ; certains rapportent des impressions personnelles sur ces pays lointains et leurs habitants.Tout au long du Moyen Âge, de nombreux auteurs suivent la progression de la foi dans les provinces baltes et commentent le rôle de l'Ordre teutonique, fer de lance de la lutte contre les païens d'Europe du Nord. Les Baltes sont considérés comme des adversaires nobles, et pas uniquement comme des ennemis à convertir ou à tuer. L'on s'intéresse à leurs moeurs et l'on tente de comprendre leur spiritualité. Plus qu'un combat à mort entre christianisme et paganisme, la croisade balte est une étape clef dans la formation d'une culture européenne du rapport à l'Autre, faite à la fois de volonté d'assimilation, de respect et de curiosité. À partir des sources narratives produites en France et en Angleterre entre le XIIe et le XVe siècles, cet ouvrage explore la représentation de cette épopée nordique en Europe occidentale.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782889302840
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0165€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2019
Case postale 5
2002 Neuchâtel 2
Suisse
 
 
 
www.alphil.ch
 
Alphil Diffusion
commande@alphil.ch
 
 
ISBN Papier : 978-2-88930-282-6
ISBN EPUB : 978-2-88930-284-0
 
Publié avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique.
 
La publication de ce livre a été soutenue par la Commission des publications de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Neuchâtel.
 
Les Éditions Alphil bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2016-2020.
 
Illustration de couverture : La bataille de Tannenberg, extrait de Diebold Schilling l’Ancien, Berner Chronik (1478-1483), Berne, Burgerbibliothek, Mss.h.h.I.1, fol. 304.
 
Responsable d’édition : Anne-Caroline Le Coultre


À Sabina, Anaïs et Daphné


Préface
P our qu’un ouvrage scientifique atteigne de l’importance, il faut qu’il soit aussi neuf que solide. Solide pour son érudition, neuf à cause de son regard. Un beau titre y ajoutera du lustre.
La thèse de Loïc Chollet a toutes ces qualités. Elle est très érudite, et ceci en plusieurs langues d’âges différents. Non seulement celle maternelle, mais aussi allemande, haute et basse, tchèque, polonaise et lituanienne, roumaine et russe (par l’entremise de personnes les sachant). Loïc Chollet est donc un Européen complet, roman, germanique et slavo-balte, ce qui est une qualité fort rare. Bien qu’il limite son observatoire au monde francophone y compris anglo-normand, wallon, savoyard, il a tout lu, ou presque, a analysé ses textes avec circonspection, a réuni en sa personne le littéraire avec l’historien, ce qui est exceptionnel et ne réussit pas souvent.
Son titre rend évident le paradoxe du phénomène sur lequel il se penche : une croisade permanente pendant tout le XIV e  siècle, organisée par l’Ordre teutonique contre des « Sarrasins », non pas en Terre sainte ou ailleurs au Proche-Orient, mais contre les Lituaniens au nord-est de l’Europe, païens donc « Sarrasins » eux aussi. Cette activité s’est finalement soldée par un échec, symbolisé par la bataille de Tannenberg en 1410, quand l’Ordre perd la suprématie régionale et doit renoncer à jamais à ses prétentions sur la Basse-Lituanie ou Samogitie. Elle a néanmoins attiré la participation de toute l’Europe chevaleresque dans ce « monde d’honneur et de glace ». Elle était connue en détail, depuis une génération environ. On savait ce qu’était le « Voyage de Prusse ».
Mais la perspective aristocratique, importée, étrangère au pays, n’était pas la seule possible. C’est en cela que l’ouvrage est neuf, donc important. Jusqu’ici, la recherche était centrée sur l’établissement des faits : qui, quand, chemins, finances, déroulement de la guerre en pays ennemi. Loïc Chollet présuppose toutes ces connaissances et choisit une autre approche, plus moderne, plus dangereuse aussi. Il veut savoir comment on parlait (de fait, écrivait) cette expérience, comment on apercevait gens et pays, comment on jugeait le phénomène. En bref : il donne une analyse du discours sur le « Voyage de Prusse ». Dangereuse est cette approche quand elle se limite au phénomène secondaire sans s’occuper du primaire. Loïc Chollet ne tombe pas dans ce piège. Il maîtrise les deux niveaux et les met en relation.
Alors qu’est-ce qu’il voit ? Il découvre une autre réalité qui ne concorde pas avec le contraste voulu et propagé par l’Ordre teutonique et la chevalerie occidentale : ici le noble cultivé qui importe sa manière de vivre en permanente représentation, là le païen féroce, plus animal qu’humain. La recherche récente, aussi bien lituanienne qu’allemande, avait déjà commencé cette révision, Loïc Chollet la poursuit et la perfectionne. Il attire l’attention sur le fait que dans les chroniques, on parle de rencontres paisibles, de pourparlers, de trêves conclues, de courtoisies accordées, de prisonniers échangés, de tolérance religieuse du côté des « infidèles », même de respect accordé aux lieux saints de côté et d’autre. Les nobles étrangers, et encore moins les frères Teutoniques, n’étaient pas incapables de voir et même d’exprimer ce qui de fait était. Mais plus loin, en France, en Angleterre, le simple contraste entre chrétien et païen subsistait, bien au-delà de la conversion du prince de Lituanie devenu roi de Pologne. Les deux visions coexistaient, celle réelle d’abord minoritaire, jusqu’à ce que la principauté soit regardée comme vraiment christianisée, désormais elle-même part de l’ antemurale christianitatis contre les orthodoxes considérés comme schismatiques, les Mongols et les Turcs musulmans.
En même temps, cette thèse est une source concernant toute l’historiographie de l’Ordre teutonique et de tout texte apparenté. En sa grande richesse, elle permet de s’informer sur un grand nombre des acta et gesta de cette période peu connue par le lecteur occidental. Mais elle est beaucoup plus qu’une grande synthèse. Depuis un certain nombre d’années, l’historiographie sur l’Ordre teutonique s’est faite en bonne partie en langue française, voir les travaux de Sylvain Gouguenheim, Kristjan Toomaspoeg, Danielle Buschinger et Mathieu Olivier. Loïc Chollet, Suisse vivant à Neuchâtel près de la frontière linguistique, continue dignement cette lignée et traite ce qui s’est passé il y a plus de 600 ans dans cette région lointaine tant bouleversée depuis en sujet européen, ce qu’il a toujours été et ce qu’il continue d’être de nos jours.
Kronshagen, le 10 janvier 2019
Werner Paravicini


Remerciements
C et ouvrage est l’adaptation d’une thèse de doctorat, soutenue en novembre 2017 à l’Université de Neuchâtel. Nombreuses sont les personnes sans qui cette belle aventure n’aurait pas été possible. Je tiens à exprimer toute ma gratitude à mon directeur, Jean-Daniel Morerod, pour sa confiance, son soutien et ses conseils avisés durant cette belle aventure ; aux membres de mon jury de thèse, Olivier Marin, Jean-Claude Mühlethaler, Werner Paravicini et Mario Turchetti, dont les remarques ont hautement amélioré la qualité de ce travail ; à Sylvain Gouguenheim, Sławomir Jóźwiak, Olivier Marin, Rasa Mažeika, Martin Nejedlý, Werner Paravicini et Sobiesław Szybkowski qui ont été mes guides sur les traces des chevaliers voyageant aux confins de la Chrétienté médiévale ; à mes collègues et amis de l’Université de Neuchâtel, Nicolas Balzamo, Olivier Christin, Alain Corbellari, Fabrice Flückiger et Anton Serdeczny pour m’avoir fait profiter de leurs connaissances respectives et de leurs remarques pertinentes.
L’auteur de ces lignes a largement bénéficié de plusieurs séjours en Pologne, notamment à l’Université de Gdańsk, ce qui a été rendu possible par une bourse de recherche du Musée d’Histoire Polonaise (Muzeum Historii Polski), à Varsovie. J’en profite pour remercier Sławomir Jóźwiak, Tomasz Schramm, Sobiesław Szybkowski et Rafał Witkowski pour m’avoir accueilli avec courtoisie et m’avoir permis de me familiariser avec les immenses bibliographies polonaise et lituanienne.
À cet égard, je tiens à remercier mon épouse Sabina pour ses traductions à partir du tchèque et du roumain, ainsi que Rasa Mažeika et Rūta Valaitytė pour leurs traductions à partir du lituanien.
De grande utilité ont été les présentations orales que j’ai eu le plaisir de donner lors de plusieurs colloques, notamment Diversity of Crusading , organisé à Odense au printemps 2016 par la Society for the Study of the Crusades and the Latin East  et Vom Frieden von Kalisch bis zum Frieden von Oliva , organisé à Varsovie par l’Institut Historique Allemand et les Archives Centrales des Actes Anciens, en mai 2013. Les conseils et les remarques dont j’ai pu alors bénéficier sont pour beaucoup dans l’orientation de mon travail.
De même, toutes les personnes à qui je me suis permis de demander conseil et qui m’ont aimablement répondu, qui ont lu des chapitres de ce travail, ou m’ont aidé d’une manière ou d’une autre, méritent ma reconnaissance : Diane Antille, Renate Blumenfeld-Kosinski, Kristian Boulinguez, Tim Brennan, Tomas Čelkis, Barbara Diaz Kayel, François Fahrni, Simon Gabay, Donna Golaz, Elena Guillemard, Isabelle Guyot-Bachy, Catherine Herr-Laporte, Norman Housley, Stéphane Ischi, Zbigniew Kobyliński, Paweł Kras, Kristina Markman, Christine Morerod, Alan V. Murray, Krzysztof Ożóg, Aleksander Pluskowski, Valentin Portnykh, Guillaume Reich, Nathalie Romans, Claire-Marie Schertz-Lomenech, Ludwik Stomma, Jaroslav Svátek, Marek Tamm, Michał Targowski, William Urban, Rūta Valaitytė, Ludovic Viallet, Jan Vojtíšek, René Wetzel, Stanisław Wielgus, Lysanne Wyser. Je remercie également Alain Cortat, Anne-Caroline Le Coultre, Agnès Renucci, Sylvie Vieillard, et toute l’équipe de la maison d’édition Alphil, à Neuchâtel, qui ont accepté de donner une seconde vie à mon texte en l’éditant sous forme de livre. La beauté du présent objet témoigne de la qualité de leur travail.
Enfin, et surtout, j’aimerais remercier ma famille pour son intérêt sans cesse renouvelé, sa compréhension et son soutien sans lequel rien n’aurait été possible : mon épouse Sabina (ma première lectrice), nos filles Anaïs et Daphné, mes parents Anne-Marie et Régis, ma sœur Delphine et son ami David.


Abréviations
ACC
Acta Concilii Constanciensis , éd. H. Finke, J. Hollnsteiner, H. Heimpel, 4 vol., Münster 1896-1928.
BP
Bullarium Poloniae   : litteras apostolicas aliaque monumenta Poloniae Vaticana continens , 7 vol., éd. I. Sułkowska-Kuraś, S. Kuraś, M. Kowalczyk, A. et H. Wajs, Rome-Lublin 1982-2006.
CDMP
Codex diplomaticus maioris Poloniae = Kodeks dyplomatyczny wielkopolski , 10 vol. éd. I. Zakrze

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