La Grande Stratégie de l’empire byzantin
382 pages
Français

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Description

Pourquoi donc Byzance a-t-elle survécu deux fois plus longtemps que Rome, son équivalent d’Occident ? Cette endurance extraordinaire est d’autant plus remarquable qu’elle n’était favorisée ni par la géographie ni par une prépondérance militaire. Selon Edward Luttwak, cette performance est due à l’habileté de ses souverains qui ont su s’adapter aux circonstances et inventer de nouveaux moyens de faire face à leurs ennemis successifs. La stratégie reposait donc moins sur la force militaire que sur la persuasion. Et, même au combat, les Byzantins étaient moins portés à détruire leurs adversaires qu’à les contenir. Apparue au ve siècle face à la formidable menace représentée par les Huns d’Attila, vaincus avec un minimum de forces, cette méthode a continué à s’affiner au fil des siècles. Edward Luttwak analyse avec une extraordinaire précision tous les aspects de cet incomparable art de la guerre, étudiant aussi bien la religion et le pouvoir à Byzance que sa diplomatie, ses pratiques dynastiques, ses armes, sa tactique, son système fiscal ou encore ses méthodes d’espionnage. La « résilience » de Byzance : une leçon pour les grandes puissances de demain ?Auteur notamment du Grand Livre de la stratégie et de La Grande Stratégie de l’Empire romain, Edward Luttwak est l’un des spécialistes de stratégie et de géopolitique les plus respectés à l’échelle internationale. Il travaille notamment au Centre d’études stratégiques et internationales de Washington.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 septembre 2010
Nombre de lectures 7
EAN13 9782738198617
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ce livre a paru sous le titre The Grand Strategy of the Byzantine Empire chez The Belknap Press of Harvard University Press.
© 2009, by the President and Fellows of Harvard College
Pour la traduction française :
© ODILE JACOB, OCTOBRE 2010
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9861-7
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Préface

Autrefois largement négligée, comme si l’Empire romain tout entier s’était éteint en 476, la moitié orientale que l’usage moderne appelle byzantine est devenue l’objet d’attentions si grandes qu’on en a même fait le cadre de romans historiques à succès. On s’intéresse beaucoup à la culture de Byzance, mais c’est surtout sa lutte épique pour défendre son empire pendant des siècles et des siècles, contre les incessantes vagues d’assauts de ses ennemis, qui semble éveiller des résonances profondes – tout particulièrement à notre époque. Ce livre est consacré à un volet de l’histoire byzantine : l’application d’une méthode et l’ingéniosité avec laquelle Byzance a employé à la fois la persuasion et la force – c’est-à-dire la stratégie dans tous ses aspects, depuis les niveaux les plus élevés de l’habileté politique jusqu’aux tactiques militaires.
Quand j’ai commencé à étudier de manière approfondie la stratégie byzantine, je venais de terminer un ouvrage sur la stratégie de l’Empire romain jusqu’au III e  siècle, qui suscite encore aujourd’hui éloges immodérés comme critiques acharnées. Ma première intention se limitait à couvrir, dans un second volume, les siècles suivants. Mais j’ai découvert une matière stratégique d’une richesse à tout point de vue supérieure à celle des Romains des siècles antérieurs, exigeant un effort de recherche et de composition sans commune mesure. En fin de compte, ce travail s’étendit sur plus de vingt années, en comptant certes de nombreuses interruptions – je me suis notamment consacré à la mise en œuvre de la stratégie militaire sur le terrain, ce qui n’était pas tout à fait sans rapport avec le sujet. Ce retard excessif eut au moins un avantage : plusieurs textes byzantins d’une importance essentielle qui n’étaient longtemps disponibles que sous forme de manuscrits guère accessibles, ou en éditions désuètes fourmillant d’erreurs, ont, dans l’intervalle, fait l’objet de publications de qualité. Un nombre considérable de nouveaux travaux, importants, ont également été publiés en relation directe avec la stratégie byzantine depuis l’époque lointaine où j’ai engagé ma recherche.
Ces dernières années ont en effet vu fleurir les études byzantines comme jamais auparavant. Une série de travaux d’érudition de très grande valeur ont permis d’éclairer de nombreux points d’histoire byzantine et mondiale jusqu’alors restés obscurs, tout en créant au sein de la discipline une communauté de praticiens passionnée, bienveillante et généreuse. Je n’étais en ce domaine que simple étudiant, et non spécialiste ; je peux pourtant témoigner de cette générosité pour en avoir très largement bénéficié.
Ainsi, quand je commençais à réunir la documentation nécessaire à ce livre, vers 1982, George Dennis, dont la traduction du Strategikon reste le texte le plus lu parmi les traités militaires byzantins, m’a donné une épreuve dactylographiée de son ouvrage depuis lors publié sous le titre Three Byzantine Military Treatises . Vingt-six années plus tard, il m’a envoyé une partie de la Tactique de Léon, dont il prépare l’édition – nous l’attendons d’ailleurs avec impatience ! Cette épreuve m’était indispensable pour achever ce livre ; la générosité est une habitude pour George T. Dennis, membre de la Compagnie de Jésus, qui a répondu à mon appel urgent. Walter E. Kaegi Jr, dont les travaux lumineux sur Byzance sont bien connus, m’a également donné de précieux conseils dès le début de mes recherches.
D’autres m’ont accueilli comme si nous étions de vieux amis ou collègues d’université ; je ne les avais pourtant jamais même rencontrés et ne bénéficiais d’aucune recommandation particulière quand je suis allé les importuner. Peter B. Golden, l’éminent spécialiste des Turcs que je cite maintes fois dans ce livre, m’a apporté de nombreuses réponses, fait de précieuses suggestions et prêté deux ouvrages épuisés et introuvables. John Wortley m’a confié le seul et unique exemplaire de son épreuve dactylographiée de Skylitzès , avec ses annotations personnelles. Peter Brennan et Salvatore Cosentino m’ont donné d’excellents conseils. Eric McGeer, Paul Stephenson et Dennis F. Sullivan, dont les travaux ont inspiré maints passages de ce livre, en ont lu les ébauches et corrigé diverses erreurs, tout en me donnant eux aussi d’importants conseils. John F. Haldon, dont les ouvrages forment à eux seuls une belle bibliothèque d’études byzantines, ne me connaissait pas quand je suis venu abuser de sa bonne volonté en lui soumettant une toute première ébauche ; il m’a accueilli avec bienveillance et m’en a fait une critique détaillée.
Ce livre s’adresse à un public plus large que les seuls spécialistes de Byzance. C’est pourquoi j’ai demandé à Anthony Harley et Kent Karlock – qui n’en font pas partie – de me donner leurs commentaires sur sa version intégrale. Cette longue relecture leur a demandé un travail considérable, dont je leur suis reconnaissant. J’ai tenu compte de leurs appréciations et corrections. À mon troisième lecteur, Hans Rausing, qui n’était pas un spécialiste de Byzance mais un étudiant en histoire érudit et polyglotte, je dois de précieuses observations. Stephen P. Glick m’a fait bénéficier de son savoir encyclopédique en historiographie militaire et de son attention la plus méticuleuse dans la relecture de ce texte ; le livre porte sa marque. Nicolo Miscioscia m’a assisté de ses compétences pendant quelque temps. Christine Col et Joseph E. Luttwak se sont chargés de la préparation de l’ensemble des cartes – recherches de fond et présentation graphique –, ce qui n’était pas tâche aisée en pleine révision des épreuves. Michael Aronson, senior editor pour les sciences sociales aux Harvard University Press, défenseur zélé, à l’époque, de mon livre sur la grande stratégie romaine, n’a cessé de m’encourager à poursuivre mes travaux avec des trésors de patience pendant les vingt années nécessaires à ce deuxième ouvrage ; de son enthousiasme à toute épreuve témoigne également la qualité de l’édition elle-même, résultat d’un travail mené avec l’assistance experte de Hilary S. Jacqmin (Harvard University Press). Ils ont eu l’heureuse initiative de confier à Wendy Nelson (de Bryan, Texas) la supervision de l’édition du manuscrit. Le soin extrême avec lequel elle relut le texte, son talent et son intelligence pénétrante lui permirent de traquer de nombreuses erreurs qui s’y dissimulaient ; avec indulgence, elle m’indiqua les défauts de rédaction et expressions malheureuses à corriger. L’édition corrigée doit beaucoup à Vasilis D. Christaras, d’Athènes. Sa grande culture et sa lecture attentive ont mis au jour diverses erreurs qui avaient échappé à tous les examens antérieurs, pourtant méticuleux. Enfin, j’ai le plaisir de remercier Alice-Mary Talbot, Directrice de la Dumbarton Oaks Research Library and Collection, que je cite elle aussi dans ce livre, ainsi que Deb Brown Stewart, bibliothécaire au département des études byzantines de Dumbarton Oaks, qui m’a sans relâche apporté son aide. Et si je n’avais pas rencontré Peter James MacDonald Hall, qui n’a cessé de me réclamer l’ouvrage en balayant toutes les excuses de mes retards – liées à mes autres travaux –, je crois que je me serais dispersé en vain sans jamais en achever la rédaction.
 
NOTE :
Pour la transcription des termes grecs, j’ai suivi l’ Oxford Dictionary of Byzantium , édité par Alexandra P. Kazhdan et Alice-Mary Talbot, avec l’assistance d’Anthony Cutler, de Timothy E. Gregory et de Nancy P. Sevcenko (trois volumes, Oxford, 1991).
Première partie
L’invention d’une nouvelle stratégie
En 395, lorsque l’administration de l’Empire romain fut partagée entre les deux fils de Théodose I er , la partie occidentale revenant à Honorius et l’orientale à son frère Arcadius , bien peu auraient pu prédire les destinées profondément différentes qu’allaient connaître les deux moitiés de l’Empire.
Défendue sur le terrain par des chefs germains, puis dominée par des seigneurs de guerre germains, ses frontières de plus en plus fréquemment et largement pénétrées par des vagues de populations en migration d’origine principalement germanique, avec ou sans le consentement impérial, puis morcelée sous l’effet d’invasions ouvertes, la partie occidentale de l’Empire perdit progressivement ses rentrées fiscales, le contrôle de ses territoires et son identité politique romaine, étape après étape, dans un enchaînement qui aboutit – comme à une pure formalité – à la destitution du dernier empereur fantoche Romulus Augustus le 4 septembre 476. Il y eut bien, ici ou là, des arrangements locaux avec les envahisseurs, il y eut même quelques épisodes d’intégration culturelle, mais la dernière vision à la mode d’une immigration à peu près pacifique et d’une transformation progressive vers une Antiquité tardive douce et paisible se heurte aux multiples preuves de violences et de destructions, ainsi qu’au recul catastrophique de la qualité de vie, de l’éducation e

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