La Grande Guerre dans tous les sens
169 pages
Français

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Description

Le livre que vous avez entre les mains est un objet éditorial original. Ni égo-histoire collective ni manifeste, il se veut un lieu où chacun des historiens et chacune des historiennes qui l’ont conçu tente de dire son lien avec la Grande Guerre – de dire quelque chose au moins de ce lien, forgé souvent de longue date. Il ne prend tout son sens qu’à l’aune du groupe qui en est à l’origine : le Centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre. Leurs textes ont vu le jour alors que cet ensemble d’historiennes et d’historiens émergeait du moment commémoratif du Centenaire… Stéphane Audoin-Rouzeau, directeur d’études, École des hautes études en sciences sociales. Nicolas Beaupré, professeur, École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques. Annette Becker, professeure émérite, université Paris-Nanterre. Bruno Cabanes, professeur, Ohio State University (États-Unis). Annie Deperchin, Centre d’histoire judiciaire UMR 8025, université de Lille. Franziska Heimburger, maîtresse de conférences, Sorbonne Université. John Horne, professeur émérite, Trinity College Dublin (Irlande). Heather Jones, professeure, University College London (Royaume-Uni). Gerd Krumeich, professeur émérite, Université Heinrich Heine de Düsseldorf (Allemagne). Anne Rasmussen, directrice d’études, École des hautes études en sciences sociales. Jay Winter, professeur émérite, Yale University (États-Unis). Laurence van Ypersele, professeure, Université catholique de Louvain (Belgique).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 septembre 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738156914
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ouvrage proposé par Denis Peschanski et Henry Rousso

© O DILE J ACOB , SEPTEMBRE  2021
15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5691-4
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Pour Jean-Jacques Becker.
INTRODUCTION
Donner sens à la Grande Guerre ?
Stéphane Audoin-Rouzeau et Franziska Heimburger

Le livre que vous avez entre les mains est un objet éditorial étrange. Ni égo-histoire collective ni manifeste, il se veut un lieu où chacun des historiens et chacune des historiennes qui l’a conçu tente de dire son lien avec la Grande Guerre – de dire quelque chose au moins de ce lien, forgé souvent de longue date. Il ne prend tout son sens qu’à l’aune du groupe qui en est à l’origine : le Centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre. Leurs textes ont vu le jour alors que cet ensemble d’historiennes et d’historiens émergeait du moment commémoratif du Centenaire ; pour mieux les comprendre, sans doute convient-il d’appréhender le groupe lui-même.
Pourquoi avoir demandé d’introduire ce volume à l’un de ceux présents depuis l’origine ainsi qu’à l’une de celles arrivées depuis peu ? Le premier a surtout travaillé sur ce que la Grande Guerre a fait à la France et aux Français, là où, pour la seconde, nationalité, identité et sujet d’étude coïncident mal. Pourquoi, dès lors, les associer ? Parce que certaines significations naissent du croisement des points de vue et des générations.
Le Centre international de l’Historial de la Grande Guerre est une association loi 1901, fondée en 1989, avant même que le musée de Péronne ne voie le jour. Et, plus de trente ans plus tard, force est de constater qu’un groupe issu de sept nations différentes, travaillant sur des sujets variés, poursuit son projet collectif en continuant de se réunir et d’alimenter la production scientifique.
Sans pousser trop loin une plaisanterie discutable sur le consentement nécessaire à un tel effort historique et sur l’absence de toute contrainte, il n’en demeure pas moins qu’une telle durée interroge, tant la dispersion géographique et les contraintes professionnelles multiples des uns et des autres auraient pu jouer en sens inverse. L’amitié construite au fil des années y est pour beaucoup ; le plaisir manifeste de se retrouver également, même lors d’un long week-end de travail au terme d’une semaine bien remplie. Pour autant, c’est avant tout la rencontre de deux dynamiques puissantes qui a véritablement « fait » le centre.

Le sens d’un projet intellectuel partagé
Il s’agissait à l’origine d’un projet historiographique, lui-même adossé à une intuition de départ partagée par tous : qu’il était à la fois possible et nécessaire d’écrire une histoire de la Grande Guerre différente de celle qui avait cours alors, en France comme dans le reste de l’Europe. Pour le dire d’un mot : une histoire moins diplomatico-militaire et plus culturelle ; une histoire moins nationale et plus comparée ; une histoire moins en surplomb et donc capable de s’approcher des acteurs sociaux, et de s’en approcher au plus près ; une histoire d’en bas et non d’en haut.
Le contexte joue ici un rôle déterminant, et il mérite d’être rappelé brièvement lui aussi, tant il contraste, en termes d’espérances politiques et sociales, avec le temps plutôt désespéré que nous traversons aujourd’hui. Le projet de l’Historial et de son Centre de recherche se cristallise alors que s’effondre le communisme à l’Est. Le projet en question se trouve donc comme « cerné » par la disparition de l’ultime conséquence du choc politique et idéologique provoqué par la Grande Guerre : nous voulons parler de la victoire du bolchevisme en Russie en 1917 et de ses immenses conséquences sur le reste du monde.
Il est cerné d’autre part par le franchissement d’une étape décisive de la construction européenne avec la signature du traité de Maastricht, fondateur de l’Union européenne. Une construction qui paraît alors heureuse, et qui constitue elle aussi un ultime avatar de la Grande Guerre, tant il est vrai que les racines profondes du projet européen plongent dans son après-coup, avant une réalisation effective et par étapes au cours de l’après-1945, lors du « second XX e  siècle ».
Et donc, au début des années 1990, alors qu’une équipe restreinte encore (Jean-Jacques Becker, Annette Becker, Jay Winter, Gerd Krumeich, Stéphane Audoin-Rouzeau) travaillait sur le musée en construction, le sentiment partagé était que l’on pouvait désormais parler de la Grande Guerre de manière apaisée, toutes différences nationales abolies. « La Grande Guerre est terminée », avait alors l’habitude de dire Jay Winter, qui, le premier, eut l’idée d’un centre de recherche à Péronne. Une telle optique s’est traduite dans la conception même du bâtiment d’Henri Ciriani, qui considérait la destruction de la guerre comme une sorte de contradiction architecturale en soi, et qui a donc conçu son œuvre de manière à en faire un lieu le plus paisible possible (l’eau et son reflet du bâtiment, la blancheur du béton, l’emprise de la mort de masse évoquée de manière allusive seulement grâce aux plots de marbre de sa façade…).
À l’intérieur du musée, cette « Grande Guerre terminée » (ou que l’on croyait telle) exigeait la comparaison : d’où les vitrines parallèles, chacune consacrée à l’une des trois puissances du front ouest et permettant de sortir du piège d’histoires nationales juxtaposées. Ce parti pris a eu un coût : une mise à l’écart des autres fronts, dont le traitement ne paraissait pas alors indispensable. Aujourd’hui, tout au contraire, ce sont eux qui nous semblent déterminants pour la compréhension de cette catastrophe que fut la sortie de guerre. Déterminants pour la suite du XX e  siècle.
Mais, plus en profondeur peut-être, dans le projet muséal et historiographique que nous évoquons ici, il s’agissait d’autre chose : d’une volonté d’approfondir et d’élargir en même temps la manière de regarder la guerre, la manière de la lire et de l’interpréter. Il s’agissait bien d’étendre au plus loin possible l’« objet » 1914-1918.
Aucun doute pour nous sur le fait que la Grande Guerre était bien le portail du XX e  siècle. L’idée paraît aujourd’hui admise, mais, à l’époque, c’était plutôt le second conflit mondial qui était considéré comme le point d’entrée de notre modernité. À l’inverse, nous voulions réintégrer 1914-1918 dans une histoire du temps présent. Après tout, au début des années 1990, demeurait une forme de coprésence entre acteurs de l’époque et historiens. Rappelons que le « dernier poilu » – Lazare Ponticelli – n’est mort que le 12 mars 2008. Et que l’un des plus grands écrivains du premier conflit mondial, Ernst Jünger, a assisté à l’inauguration de l’Historial en juillet 1992.
C’est ainsi que cette historiographie nouvelle de la Grande Guerre telle qu’elle fut proposée, puis défendue et promue à Péronne, a participé d’un mouvement sociétal de fond qui a rapproché de nous la Première Guerre mondiale alors même que le « passage » du temps semblait nous en éloigner inexorablement.

Le sens d’une institution…
Le Centre de recherche est aussi une institution supposant quelques règles de fonctionnement. Voilà qui pourrait sembler aller de soi, mais qui reste fondamental pour expliquer son existence durable. Au moins trois ou quatre fois par an, ses membres se retrouvent pour des événements scientifiques, mais aussi pour le travail à mener en commun. Des projets ambitieux ont pu ainsi être réalisés – comme, au tout début, le feuilleton historique « La Très Grande Guerre » paru pendant tout l’été 1994 dans Le Monde ou, plus récemment, les trois tomes de la Cambridge History of the First World War publiés simultanément en français chez Fayard et traduits depuis à travers le monde entier.
Au moment où la politique de recherche publique pousse de plus en plus aux (très) grandes structures et aux projets à court terme, le succès d’un petit dispositif souple et manœuvrant, disposant d’un financement continu sur le long terme, ne peut manquer de surprendre. Sans le soutien sans faille du département de la Somme qui en assure le budget de fonctionnement comportant un salaire de direction et les frais de déplacement des membres, tout ce développement historiographique n’aurait tout simplement pas pu voir le jour. Notre gratitude est donc grande.
Le Centre de recherche s’est pensé dès le départ comme tourné vers la recherche sur la Première Guerre mondiale à travers le monde, et en particulier vers la jeune recherche. C’est ainsi que, chaque année depuis ses tout débuts, des boursiers du Centre viennent rejoindre ses chercheurs pour le temps d’un échange. Primés pour l’excellence de leur projet doctoral et récompensés grâce au département de la Somme et, depuis dix ans, grâce à la Fondation Gerda-Henkel et aux revenus dégagés par nos publications (les auteurs des ouvrages collectifs ayant accepté d’abandonner leurs droits d’auteur pour ainsi financer les nouvelles recherches), de jeunes chercheuses et jeunes chercheurs tissent depuis trente ans un réseau riche et serré sur tous les continents.
De même, les nombreux colloques internationaux organisés au fil des années, et plus récemment les écoles d’été pour jeunes chercheurs qui ont rythmé le Centenaire en 2014, 2016 et 2018, inscrivent durablement l’instituti

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