La lecture à portée de main
75
pages
Français
Ebooks
2021
Écrit par
Jean-Claude Deslandes
Publié par
Nombre7 Editions
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
75
pages
Français
Ebook
2021
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Publié par
Date de parution
17 mars 2021
Nombre de lectures
0
EAN13
9782381533476
Langue
Français
Fièvre de l’or en Cévennes.
Le mercredi 12 novembre 1941, le Potez 662, immatriculé F-ARAY, décolle à 8h30 de l’aérodrome Maison Blanche à Alger, et s’écrase quelques heures plus tard dans les Cévennes. À son bord, outre l’équipage, le Général Charles Huntziger, Secrétaire d’État à la Guerre, et ses collaborateurs. Cet accident tragique est auréolé de mystères. Quelle était la raison du déplacement à Alger ? Pourquoi l’avion ne s’est-il pas posé à Alger ? À ces questions que l’Histoire n’a pas résolues, se rajoute une légende concernant la présence à bord de lingots d’or.
Des malfrats venant de Vichy vont essayer de récupérer cet or. Ils se heurteront à d’autres gens du « milieu » venant de Marseille. L’issue de cette confrontation se terminera de façon tragique. Nombre d’autres protagonistes ayant été concernés par cette quête de l’or y laisseront la vie, ou seront marqués à jamais. La malédiction de l’or entourant ces évènements est une réalité dépassant la légende. Elle continuera à frapper des années plus tard.
Le mystère entourant cet accident reste entier, et les morts ne parleront plus. Dans le même temps, les combats engagés par la résistance contre l’occupant feront de cette terre des Cévennes une terre de souffrance et d’héroïsme.
Publié par
Date de parution
17 mars 2021
Nombre de lectures
0
EAN13
9782381533476
Langue
Français
Fièvrede l’Or en Cévennes
La SAS 2C4L — NOMBRE7,ainsi que tous les prestataires de production participant à laréalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pourresponsables de quelque manière que ce soit, du contenu engénéral, de la portée du contenu du texte, ni dela teneur de certains propos en particulier, contenus dans cetouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à lademande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeurtiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité
Jean-Claude DESLANDES
Fièvre de l’Or
en Cévennes
L’or est doté d’un charme à la vertufatale
Jean de Rotrou. Les sosies. Acte II ; scène 2
César avait raison de dire qu’avec de l’or onpossède les hommes
Voltaire. Dictionnaire philosophique
Vae victis. Malheur aux vaincus
Novembre1941 : Depuis plus d’un an, la France, déboussolée,est à l’arrêt, prisonnière d’elle-mêmeautant que de ses vainqueurs. L’armée allemande dans unecourte guerre très mécanisée a mis les arméesbelges, anglaises et françaises en déroute. Les sirènesdes stukas, autant que les bombes larguées, ont eu un effetdévastateur. Sous la poussée des « Panzer »,les armées se sont défaites les unes après lesautres, malgré la farouche résistance de quelquesunités souffrant d’un manque de liaison entre elles.
Laligne Maginot, colosse inutile et ouvrage formidable, est entréedans l’histoire comme l’exemple parfait du rempart pris àrevers.
Le12 juin 1940, un conseil interallié se tient àBriare. Le Président du Conseil Paul Reynaud, entouréde ses conseillers, a convié à cette ultime réunionWinston Churchill et son ministre de la guerre, Anthony Eden. LeGénéral Weygand aura cette phrase lapidaire : « Iln’y a plus rien à faire ».
Pourla population, l’incompréhension est totale. Ladésillusion sidère les esprits et paralyse les corps.Quand tout est perdu, la panique saisit même les pluscourageux.
Prèsde huit millions de personnes se sont lancées dans un exodesans but précis et vivent en réfugiés dans leurpropre pays, de la Bretagne à la frontière italienne.Tous ne sont pas partis sur les routes, mais c’est unepopulation de 41 millions d’habitants qui a, en un mois,perdu tout repère national, toute référence, etpeut être, pour certains, toute fierté.
Legouvernement français lui-même a erré de ville enville avant d’échouer à Bordeaux. De là, àbord d’un paquebot, le Massilia, il rejoint Casablanca auMaroc. Ne représentant plus rien, n’étant plusrien, il se dissout lui-même, laissant une France sansgouvernement et livrée à la solitude amère desvaincus.
Unvieux Maréchal, auréolé de gloire passée,Philippe Pétain, perçu comme un unique recours vabientôt diriger ce qui n’est plus une République,mais un État, réduit par le vainqueur à unepartie de lui-même dans des conditions humiliantes.
C’estle 22 juin à Rethondes, dans le wagon même oùavait été signé l’armistice du 11 novembre1918, que Charles Huntziger, mandaté par Pétain,signera l’armistice mettant fin au conflit. Le maréchalWilhelm Keitel, rigide dans son uniforme et plein de morgue, ignoreles propositions de la délégation française.D’un ton hautain, il coupe court à toute négociationd’une phrase « La France est vaincue ».Adolf Hitler est venu assister au début de la réunion,et quitte le wagon juste après que cette phrase ait étéprononcée.
Toutétait dit. « Vae victis ». Son rêved’un Reich de 1000 ans n’est plus une chimère.
Prèsde 2 millions d’hommes adultes ont été faitsprisonniers. La France pillée, la France déshonorée,la France abandonnée est prête à se livrer auxpires errements politiques.
Dansce contexte trouble où la loi républicaine estremplacée par un ordre qui se veut moral, ces « Messieurs »du milieu ne tardent pas à s’adapter à lasituation.
Laplupart ont tenu, souvent avec courage, leur rôle de citoyensoldat. Faire le coup de feu était pour eux presque uneseconde nature. La défaite leur paraissant consommée,habiles à prévenir les coups tordus, ils esquivèrentdiscrètement les organisateurs d’un voyage offertjusqu’en Allemagne, avec les lettres KG ( KG, pourKriegsGefangener : Prisonnier de guerre.) dans le dos.Estimant ne plus rien devoir à leur pays, ils reprirent le« travail » en s’adaptant à lasituation.
L’ordre des destins est fixé sansretour. Sénèque
Lemercredi 12 novembre 1941, le Potez 662, immatriculéF-ARAY, décolle à 8 h 30 de l’aérodromeMaison Blanche à Alger. Selon son plan de vol, il doitrejoindre Vichy où siège le gouvernement du MaréchalPétain.
Ce Potez est unmagnifique appareil quadrimoteur à aile basse cantilever quin’a été construit qu’à un seulexemplaire, et mis en service en 1937. La guerre est venueinterrompre un développement commercial qui s’annonçaitprometteur. Cet avion représente une évolution du Potez661, et s’en différencie par des moteurs Gnome et Rhôneplus puissants, développant 680 CV chacun. Ils lui permettentde voler jusqu’à plus de 400 km/h, avec un rayond’action dépassant les 1500 kilomètres. Ilest doté d’une cabine de pilotage fermée, plaçantpilote et co-pilote, côte à côte, avec un« radio » sur le côté.
Comme le Potez 662était basé en zone dite « libre »,cela lui a évité de devenir une « prise deguerre ». Le gouvernement de Vichy l’a réquisitionnéaussitôt l’armistice signé, en juillet 1940. Aprèsavoir été débarrassé de sa peinture decamouflage, il est utilisé par le maréchal Pétainet différents membres du gouvernement, jusqu’à cequ’il soit affecté exclusivement au ministre secrétaired’État à la Guerre, le généralCharles Huntziger.
Officier assezconscient de son importance, Huntziger, qui fut, en 1938, le plusjeune général de l’armée française,fait immédiatement apposer sur l’avion une devise qu’ildit être sienne : « Plus est en nous ».
Cette devise était,en fait, celle de la 2 e armée qu’ilcommandait en 1940. Personne n’a osé lui reprocher cetteappropriation, et de toute façon nombre d’officiers etsoldats d’une 2 e armée qui n’existaitplus étaient en Allemagne pour un long séjour de quatreans. Ils avaient d’autres préoccupations que le devenirde leur ancienne devise, et leur « stalag »( Stalag : camp de prisonnier) comme seulhorizon.
À bord de sonavion, le Général rentre d’Afrique du Nord, aprèsune mission au prétexte assez vague « d’inspection ».Il est accompagné de son chef de cabinet, Jean Labusquière,de son officier d’ordonnance le capitaine de Royère, etde son « valet de chambre ».
C’est lecapitaine François Racaboy qui pilote avec à ses côtésle sous-lieutenant Jean Lefèvre. L’adjudant Gaspard esten charge des communications radio.
À 11 h 55précise, le pilote signale qu’il croise la côte duLanguedoc à dix kilomètres à l’est dela ville d’Agde. Volant en ligne droite, il survole Issoire à12 h 28. Leur arrivée est prévue àl’aérodrome de Rhué près de Vichy, pour12 h 45.
Un des mystèresentourant ce vol de retour commence à peu près àmi-distance entre ces deux derniers points. Le radio signale àla station de Clermont-Ferrand que le pilote a décidéde se diriger non plus vers Vichy, mais vers Marseille. Aucuneexplication n’est donnée. Le plan de vol est donc changépour une tout autre destination. Effectivement, en Lozère, despaysans entendent l’avion et le voient après qu’ileut dépassé Mende et se dirige vers Florac, s’éloignantde son lieu d’atterrissage initial. Le plafond est bas.Marseille est encore loin, et le temps s’est dégradé.Nîmes est à moins de 40 minutes de vol, et possèdeun aérodrome bien équipé. Il suffirait, aprèsavoir passé le col Saint-Pierre de suivre la vallée duGardon pour y arriver. Les villes de Saint-Jean du Gard, et d’Anduzesont d’excellents repères. De façonincompréhensible, le pilote prend de l’altitude eteffectue un virage vers la droite, pensant peut-être rejoindreà nouveau le littoral. Il survole Meyrueis, puis Camprieu, oùil est entendu, volant, cette fois, à basse altitude. Illaisse le mont Aigoual sur sa gauche. Le temps est devenu exécrable.De la neige, mêlée à de la pluie, tombe sur lesCévennes. La visibilité est fortement réduite,et rend le pilotage hasardeux. Pour éviter le relief, il fautà tout prix prendre à nouveau de l’altitude. Lesmoteurs sont sollicités au maximum de leur possibilité,mais le givre, certainement, raidit les commandes et perturbe lalubrification des quatorze cylindres en étoile de chacun desquatre moteurs. De jeunes forestiers faisant partie des « Chantiersde Jeunesse » entendent un avion passer au-dessus d’eux.C’est inhabituel en ces lieux. Le bruit des moteurs s’estpar deux fois brutalement arrêté avant d’êtreà nouveau entendu, mais de façon anormale, commehachée. Certains croient avoir vu, dans une trouée denuages, un avion jaune piquer vers la montagne. Soudain, une énormeexplosion retentit, suivie d’un grand silence.
À 13 h 3,comme l’indiquent les instruments de bord, le Potez a percutéà une altitude de 1350 mètres le massifmontagneux. L’accident s’est produit à environ 400mètres du col du Minier, près d’un lieu-dit« Fabret » sur la commune de Bréau etSalagosse.
C’est àquelque quatre cents mètres près que s’est jouéle sort de l’avion, car passé le col du Minier ilpouvait basculer librement dans la vallée, et peut-êtrese poser dans un champ entre Molière et Le Vigan.
Une fumées’élève sur le versant opposé àcelui où travaillent les apprentis forestiers. Ils sont unevingtaine de jeunes hommes à œuvrer sur ce chantiern° 18 des « Chantiers de Jeunesse ».
Selon lesconventions d’armistice imposées par l’Allemagne,le service militaire a été supprimé. Ces« Chantiers » ont été crééspar Vichy pour rétablir un semblant de service civique destinéaux citoyens masculins dans la tranche d’âge 19-23 ans.
Dans un premiertemps, il fallait prendre en charge les quelque 50 000 hommesmobilisés en juin 1940, juste avant la défaite, etn’ayant, de fait, pas participé aux combats. C’estau général de La Porte du Theil que fut confiéela mission d’organiser ce service civil, rendu obligatoire parune loi du 30 juillet 1940, puis par celle du 18 janvier1941.
Ce« service national » particulier, conçud