L Inde et ses avatars
334 pages
Français

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Description

Terre paradoxale, multiple, à l’opposé de notre univers familier, l’Inde est largement perçue à travers les stéréotypes. On trouvera dans ce livre - le premier du genre en français - les repères essentiels pour comprendre un pays à la mesure d’un continent, dont les défis seront inévitablement les nôtres. Les auteurs exposent tour à tour les dimensions socioéconomiques, politiques et culturelles d’une Inde « globalisante » qui a marqué et marquera l’histoire tant par sa philosophie que par son économie vouée à la croissance. Globalisante aussi, car l’Inde ne se limite pas à ses frontières : sa diaspora et ses relations extérieures forgeront un monde bien différent dans les années à venir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 septembre 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782760632103
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mise en page : Yolande Martel ePub : claudebergeron.com
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Vedette principale au titre :
L’Inde et ses avatars : pluralités d’une puissance
Comprend des références bibliographiques.
ISBN 978-2-7606-3208-0
1. Inde – Civilisation – 21 e siècle.
2. Inde – Politique et gouvernement – 21 e siècle.
3. Inde – Conditions économiques – 21 e siècle.
4. Inde – Conditions sociales – 21 e siècle.
I. Granger, Serge, 1964- . II. Bates, Karine, 1972- .
III. Boisvert, Mathieu, 1963- . IV. Jaffrelot, Christophe.
DS480.853.I523 2013 954.05’3 C2013-940982-3
ISBN (papier) 978-2-7606-3208-0
ISBN (pdf) 978-2-7606-3208-0
ISBN (ePub) 978-2-7606-3210-3
Dépôt légal : 3 e trimestre 2013 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2013
Les Presses de l’Université de Montréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition.
Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
IMPRIMÉ AU CANADA
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier les différentes institutions et instances qui nous ont appuyés dans cet ambitieux projet de publication, notamment le Centre d’études et de recherches internationales et le Pôle de recherche sur l’Inde et l’Asie du Sud de l’Université de Montréal, de même que le Vice-rectorat – Recherche, création et innovation et la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal, le Vice-rectorat, la Faculté des lettres et sciences humaines et l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, la Faculté de sciences humaines, le Centre d’études et de recherche sur l’Inde, l’Asie du Sud et sa diaspora, ainsi que le Département de sciences des religions de l’Université du Québec à Montréal. La contribution financière du ministère des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur du Québec est également à souligner. Nous remercions Explorateur Voyages et François Latulippe pour les photos, ainsi que Valentine Deglaire.

I n t r o d u c t i o n
Les autres Indiens, qui habitent à l’est de ceux-ci, sont nomades, et vivent de chair crue. On les appelle Padéens. Voici les lois qu’on leur attribue. Quiconque parmi eux tombe malade, si c’est un homme, ses plus proches parents et ses meilleurs amis le tuent, apportant pour raison que la maladie le ferait maigrir et que sa chair en serait moins bonne. Il a beau nier qu’il soit malade, ils l’égorgent impitoyablement, et se régalent de sa chair. Si c’est une femme, ses plus proches parentes la traitent de la même manière que les hommes agissent entre eux. Ils tuent ceux qui sont parvenus à un grand âge, et les mangent ; mais il s’en trouve peu, parce qu’ils ont grand soin de tuer tous ceux qui tombent malades [1] .
D éjà au V e siècle avant l’ère commune, l’Occident se faisait une image de l’Inde. Hérodote présente ainsi un pays bien différent de la Grèce de l’époque en décrivant certains habitants comme appartenant à des tribus itinérantes cannibales. Solinus, au III e siècle de notre ère, est tout aussi imaginatif dans sa présentation de l’Inde : un pays peuplé, entre autres, de gymnosophistes, d’ascètes de tout genre et de monstres farfelus avec des têtes de chien, ou bien des « hommes qui n’ont qu’une jambe, et qui pourtant sont fort agiles : quand ils veulent se protéger contre une chaleur trop vive, ils se couchent sur le dos et se donnent de l’ombre avec le pied, qu’ils ont énorme. Vers la source du Gange, il y a des hommes qui, pour se nourrir, n’ont besoin d’aucune ressource : ils ne vivent que de l’odeur des fruits de leurs forêts [2] . » L’Inde, cette contrée paradoxale, peuplée de sages et de monstres, est présentée aux antipodes – et littéralement avec ce monopode au pied tourné vers le haut ! – de l’Occident. Pensée ancienne, imaginaire archaïque, pourrait-on juger. L’Inde demeure trop souvent, pour nos yeux d’Occidentaux, un pays imaginé, paradoxal, se situant à l’opposé de notre univers « connu » : la vision que nous en avons oscille donc entre un pays de sagesse, de richesse « spirituelle », et un pays qui abonde en monstruosités – telles la pauvreté excessive, l’immolation des veuves et l’amputation de membres d’enfants pour faciliter le quémandage. Il est temps de se défaire de ces stéréotypes qui régissent notre perception d’une Inde figée pour envisager une Inde actuelle, qui façonne notre avenir.
L’Inde, le deuxième pays du monde pour la population, laquelle atteint 1,2 milliard d’habitants, peut se vanter, malgré ce que les critiques peuvent en dire, d’être la plus grande démocratie actuelle. De plus, en dépit de divers facteurs socioéconomiques apportant des défis considérables aux femmes, ce pays a tout de même élu à plusieurs reprises une femme – Indira Gandhi – à la tête du pays. Le Canada, les États-Unis et la France ne peuvent se féliciter d’être aussi progressistes à cet égard ! L’Inde n’est plus un pays en émergence ; depuis la libéralisation économique en 1991, elle se transforme rapidement pour devenir une puissance incontournable sur la scène internationale.
L’objectif de cet ouvrage consiste à faire le point sur l’Inde contemporaine, à fournir les outils nécessaires pour déconstruire l’image de l’Inde entretenue dans notre imaginaire depuis de nombreux siècles et à offrir une vision plus réaliste de ce pays. L’Inde est plurielle. Une vingtaine de chapitres ne suffit pas pour expliquer l’effet globalisant de l’Inde sur l’humanité. Mark Twain qualifiait l’Inde de mère de l’histoire et de grand-mère de la légende. Nous préférons lui attribuer le terme « globalisante » parce qu’elle a marqué et marquera l’histoire tant par sa dimension philosophique que par son économie vouée à la croissance. Globalisante, car l’Inde ne se limite pas à ses frontières. Sa diaspora et ses relations extérieures forgeront un monde bien différent dans vingt ans quand la population de l’Inde dépassera celle de la Chine.
Il va sans dire que nous avons tenté de décrire cette puissance globalisante afin de mieux comprendre le monde de demain. En proposant un portrait actuel de l’Inde (partie I), il nous apparaissait important de souligner les caractéristiques sociopolitiques du pays afin de démontrer la complexité de la gouvernance sur un ensemble humain si vaste et diversifié. La culture de l’Inde (partie II) nous permet de croire que sa superposition culturelle au monde demeurera malgré les changements profonds des sociétés au XXI e siècle. La culture indienne, tant par son théâtre et ses films, sa littérature et sa philosophie, fera de plus en plus partie de nous. La puissance internationale de l’Inde (partie III) concerne directement ses voisins et sa diaspora qui continue incontestablement d’être active dans notre mondialisation.
Depuis quelques années, la francophonie s’intéresse davantage à l’Inde par des colloques, des voyages d’affaires ou des échanges culturels. Le Pôle de recherche sur l’Inde et l’Asie du Sud du CERIUM (Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal) organise régulièrement une « école d’été » qui réunit plusieurs spécialistes de l’Inde – tous domaines confondus – où chacun anime une, deux ou trois sessions de trois heures offrant une vision de l’Inde contemporaine qui tient compte de ses différents aspects. Dans le cadre de nos rencontres avec nos collègues, le désir de rassembler en un seul volume les différents points de vue disciplinaires sur l’Inde est devenu impérieux. Nous avons donc réuni une dizaine de spécialistes afin d’offrir à un large public un ouvrage de synthèse en langue française qui pourra alimenter « les idées » que l’on se fait sur ce pays. Nous sommes convaincus que l’Inde agit comme une force globalisante dont l’intensité s’accentuera du fait de sa démographie, son économie émergente et ses besoins immenses.
L’expression « Ma Bharata », la Mère Inde, fait référence à une Inde divinisée, élevée au rang de déesse. Le terme sanskrit Bharata est issu de la littérature védique et, par le fait même, intimement lié à la tradition hindoue. Bien que la généalogie mythique de l’Inde attribue l’origine des Indiens à un empereur du nom de Bharat, l’idée de cette « mère patrie », aussi paradoxale que soit l’expression, se développe davantage au XIX e siècle et est utilisée comme pierre angulaire par les mouvements nationalistes indiens afin de stimuler la ferveur populaire hindoue anticoloniale. Une fois l’indépendance du pays obtenue, cette même Ma Bharata devient le symbole par excellence, non pas d’une Inde laïque, comme le veut sa constitution actuelle, mais plutôt d’un pays fondamentalement hindou et, selon certains penseurs radicaux, dépourvu de tout « colonialisme religieux », à la différence de l’islam et du christianisme.
Cette « Déesse Inde », cette grande « Ma-trice », si l’on joue avec les mots, s’incarne ( avatara – littéralement, « traverser vers le bas »), tel Vishnu – ce dieu hindou dont la fonction est de préserver l’univers –, sous différentes formes selon les besoins du moment. C’est ce que nous avons voulu souligner en choisissant comme titre pour ce livre L’Inde et ses avatars : ce pays se manifeste sous différentes formes selon les besoins ou les attentes disciplinaires de l’observateur. Comme le soulignent plusieurs chapitres, l’Inde est multiple, elle se manifeste sous des aspects fort variés, selon les régions bien entendu, mais également selon la sphère qui est considérée : selon que notre regard se tourne vers l’éducation, l’économie, la politique ou la religion, une facette particulière du pays apparaît. Notre objectif n’est donc pas de présenter une Inde monolithique, mais bien de tenter de donner une image globale de ce pays complexe. Objectif imp

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