L'Armée espagnole , livre ebook

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Présentée à travers l'histoire comme un des piliers de la monarchie espagnole, l'institution militaire est au XIXe siècle le garant d'une « normalisation » politique dont les mécanismes traduisent en réalité son instrumentalisation. L'intérêt de notre incursion dans ce champ largement balisé réside dans la mise en perspective de ses différentes « fonctions » à travers le XIXe et le XXe siècle espagnol. Cet ouvrage est aussi le lieu d'un questionnement sur la mentalité et l'idéologie de l'armée à l'épreuve de la démocratisation du pays.

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Date de parution

18 mars 2016

Nombre de lectures

0

EAN13

9782342047615

Langue

Français

L'Armée espagnole
Arnaud N. Mandy Dibangou
Connaissances & Savoirs

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Connaissances & Savoirs
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
L'Armée espagnole
 
 
 
 
Introduction
 
 
 
L’idée d’une implication de l’institution militaire dans la vie politique espagnole devient un truisme dans l’étude de l’instabilité politique que connaît le pays avant la Guerre Civile de 1936. Cette particularité historique qui offre par ailleurs de nombreuses possibilités d’analyses sociologiques et politiques fait de l’armée espagnole un axe de réflexion privilégié comme en témoigne le nombre très important d’ouvrages réalisés sur le sujet. Notre incursion dans ce champ largement balisé n’est de toute évidence pas une aventure aisée. Cependant la recherche ayant le mérite d’être une entreprise ouverte et sans cesse remise en question, nous espérons à travers ces quelques pages apporter notre pierre à ce somptueux édifice de la réflexion sur l’histoire politique et culturelle de l’Espagne contemporaine.
Il nous a été donné de réfléchir antérieurement sur le «  Pronunciamiento » conçu comme un révélateur de l’implication de l’armée dans la vie politique espagnole.
 
Cette étude qui se limitait chronologiquement au XIXeme siècle mettait en résonance l’armée en tant qu’institution et la régulation de l’atmosphère sociale et politique du pays. C’est donc pour compléter cette recherche antérieure que nous nous proposons de réfléchir à nouveau sur cet « interventionnisme militaire » en l’intégrant dans un nouveau cadre chronologique plus vaste et substantiellement plus représentatif.
 
L’intérêt de cet ouvrage réside probablement dans l’incompatibilité du moins juridique entre « l’action » politique et les prérogatives d’une armée nationale. Les militaires qui ont généralement pour mission de défendre l’intégrité territoriale du pays se lancent dans l’aventure politique avec très souvent le rêve d’un changement par la force de l’autorité.
 
 
 
Chapitre I. Les origines du militarisme en Espagne contemporaine
 
 
 
L’étude des origines de la politisation de l’armée espagnole nous permettra sans doute d’éclairer la trajectoire idéologique d’une institution qui tend à jouer un rôle de premier rang dans la régulation politique du pays. Elle permettra également de comprendre la mentalité de l’armée espagnole au sortir de la Guerre de l’Indépendance.
1. Guerre et Cortes
S’il est vrai que la Guerre de l’Indépendance permet par la légendaire détermination du peuple espagnol, de libérer le pays de l’invasion française, il n’est guère moins évident que l’atmosphère politique qui en résulte porte les germes d’une Espagne affaiblie et en proie au désespoir.
Il faut dire que parallèlement à cette « guerre de libération », se développe un mouvement révolutionnaire déterminé à mener à bien les reformes politiques entreprises au XVIIIème siècle et freinées par le règne de Carlos IV. Dans cette révolution parallèle, on distingue essentiellement trois groupes idéologiques : les afrancesados les jovellanistas et les libéraux.
 
Le premier, très attaché à l’autorité napoléonienne, voit en l’envahisseur le seul moyen de parvenir à une réforme rapide et efficace. Le second groupe reste quant à lui radicalement opposé à Napoléon et très enraciné dans les principes idéologiques de Jovellanos, le grand penseur le l’ Ilustración mort en pleine Guerre de l’Indépendance. Ce groupe se composait essentiellement d’intellectuelle très conservateurs qui pensaient d’ailleurs qu’aucune réforme n’était envisageable si l’on y intégrait pas des législations « traditionnelles » des anciens royaumes hispaniques. Le troisième et dernier groupe (les libéraux) envisageait la réforme à partir de l’élaboration d’une constitution écrite et fondamentalement libérale.
Au-delà des divergences fondamentales qui les opposent, ces différents groupes idéologiques sont tous guidés par un désir de réforme profonde du pays sur les plans politique, administratif et économique. Un désir de changement qui se manifeste au sortir de la guerre par une réunion des Cortes de Cádiz dont l’objectif était de réfléchir sur le devenir du pays et d’assoir les bases du gouvernement de la Nation. S’en suit alors un dur labeur législatif qui avait pour but de démanteler l’ancien régime avec toutes ses institutions.
Ce processus législatif débouche en mars 1812 sur la promulgation de la Constitution Politique de la Monarchie Espagnole qui en réalité symbolise le triomphe du libéralisme en Espagne. La Constitution comprend en substance quatre points fondamentaux : la souveraineté nationale, le partage du pouvoir, la proclamation de la religion catholique comme religion d’Etat et le suffrage indirect. Ainsi, la nouvelle Constitution espagnole se démarque très fortement des principes de l’ancien régime absolutiste qui accordait la souveraineté au roi et concentrait tous les pouvoirs en sa personne. Enfin, une série de lois portant sur la libéralisation de l’économie et la justice sociale viennent matérialiser la naissance d’un nouveau système politique en Espagne et marquer par extension le point de départ d’un antagonisme idéologique plus qu’évident entre les partisans du changement et les défenseurs de l’ancien régime déchu.
L’expression nostalgique d’un retour à l’absolutisme se fait de plus en plus grande et la faiblesse des réformes envisagées discrédite profondément la Constitution de Cádiz jugée plus théorique que pratique. Avec une réforme fiscale inachevée, une industrialisation en perte de vitesse et le maintien paradoxal des « privilège de classes » très caractéristiques de l’ancien régime, le changement tant espéré se réduisait à une vaine aventure politique. La désapprobation générale de la politique libérale faisait alors de Ferdinand VII 1 le symbole d’un nouvel espoir, l’espoir d’une Espagne forte et uni autours des ses valeurs traditionnelles.
2. La Restauration de l’absolutisme.
Ferdinand VII revient en Espagne le 22 mars 1814 après avoir signé avec Napoléon le fameux traité de Valencay . 2 Ce traité porte les germes d’un pouvoir déstabilisateur puisqu’en se fondant sur la souveraineté du roi, il outrepasse les principes fondateurs de la nouvelle Constitution espagnole. Plus qu’une simple opposition au nouveau système en vigueur, on peut voir dans l’attitude du roi une volonté de rétablir au gré de la tendance du moment, le régime absolutiste que la révolution évoquée antérieurement n’avait su démanteler complètement. L’anticonformisme du roi n’est pas vain puisqu’il bénéficie du soutien des députés conservateurs. Soutien qui se manifeste par le Manifiesto de los Persas, un document présenté au roi par 69 députés des Cortes. Ce document dressait un bilan négatif de la politique menée jusque-là par le nouveau système et affirmait la nécessité d’un retour à la monarchie absolutiste. Il dit en substance :
La monarquía absoluta… es obra de la razón y de la inteligencia, esta subordinada a la ley divina, a la justicia y a la leyes fondamentales del Estado. Fue establecida por derecho de conquista o por sumisión voluntaria de los primeros Hombres que eligieron sus reyes (…). Por eso ha sido necesario que el poder soberano fuese absolutista para prescribir a los súbditos todo lo que mira al interés común y obligar a la obediencia a los que se niegan de ella. 3
Cette déclaration traduit une vision positiviste du système absolutiste et exhorte le souverain déchu à rétablir ce qui aux yeux des 69 députés susmentionnés représente « l’œuvre de la raison ». On peut également y voir une sacralisation du système par le fondement « divin » qu’elle lui confère. L’idée de divinité n’est pas fortuite, elle souligne le retour de l’influence de l’Eglise dans la gestion politique de l’Etat. Les absolutistes s’assurent alors du soutien de l’Eglise et de la noblesse.
Mais pour garantir le succès du projet de restauration, ils bénéficient également de l’appui de l’armée. C’est d’ailleurs avec l’appui du général Elío que le roi parvint à dicter un décret qui abolissait toute la législation de Cádiz et signait le retour de l’ancien régime. Il faut dire que l’action d’Elío marque le premier acte d’interventionnisme militaire en Espagne. Cependant l’armée reste divisée et les désaccords conjoncturelles entre absolutistes et partisans du libéralisme crée les conditions de l’implosion d’une institution sensée garantir l’intégrité du pays.
2.1. Le problème militaire
Il faut admettre l’existence à cette période d’un mal-être général au sein de l’institution militaire susceptible de générer un mouvement révolutionnaire.
En effet l’armée intègre après la...

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