DES Inconnus sous mon toit , livre ebook

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Lorsqu’elle emménage dans sa nouvelle maison de Saskatoon, Candace Savage découvre avec étonnement que celle-ci a été construite par une famille francophone. Comment les Blondin ont-ils abouti dans un quartier alors considéré comme une véritable place forte de colons britanniques? Poussée par la curiosité, Savage mettra au jour un sombre épisode de l’histoire canadienne.
En 1928, alors que les Blondin achèvent la construction de leur nouvelle maison, le Ku Klux Klan prend d’assaut la Saskatchewan avec un slogan simple : Keep Canada British. Au même moment, un autre groupe puissant, la Loge loyale d’Orange, intensifie sa propre croisade contre les catholiques et les francophones.
En quête de réponses sur le destin des Blondin, Savage fouille les archives gouvernementales, recueille des témoignages historiques et va à la rencontre de leurs descendants. Elle brosse le portrait d’une famille marquée par le déracinement, la misère et l’obligation de s’adapter. Poignant et audacieux, Des inconnus sous mon toit dévoile le passé qui se cache sous les planches d’une vieille maison. Sous le trait de plume virtuose de Savage, c’est aussi le passé enfoui et honteux d’une nation qui refait surface.
Ces événements extrêmement pénibles durent laisser leur marque sur chacun, y compris les ancêtres des Blondin et des Parent. Des générations plus tard, au cœur des Prairies, un petit garçon assis dans une cage d’escalier entendra des voix s’élever dans la détresse. «No French, implorera une femme. No French in this house. »
Bien sûr, j’avais entendu parler des rébellions de 1837; on nous les avait apprises à l’école. William Lyon Mackenzie contre le Pacte de la famille, Louis-Joseph Papineau contre la Clique du Château. Mais on avait toujours présenté le conflit sous des ornements brillamment optimistes, comme une étape de l’inévitable marche vers la démocratie et le gouvernement responsable. Il n’y avait aucune place, dans cette version édulcorée, pour des villages laissés en ruines, pour des coups de feu ou des échafauds. Pour la défaite.
Trois cents morts tombés au combat. Mille quatre cents prisonniers. Trois mille exilés. Douze hommes poussés vers l’échafaud et exécutés.
Ces événements extrêmement pénibles durent laisser leur marque sur chacun, y compris les ancêtres des Blondin et des Parent. Des générations plus tard, au cœur des Prairies, un petit garçon assis dans une cage d’escalier entendra des voix s’élever dans la détresse. « No French, implorera une femme. No French in this house. »
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Publié par

Date de parution

01 octobre 2020

Nombre de lectures

5

EAN13

9782764441886

Langue

Français

De la même autrice
Adulte
A Geography of Blood: Unearthing Memory from a Prairie Landscape , Greystone Books, 2012.
Bees: Nature’s Little Wonders , Greystone Books, 2011.
Crows: Encounters with the Wise Guys of the Avian World , Greystone Books, 2005.
Curious by Nature: One Woman’s Exploration of the Natural World , Greystone Books, 2005.
Prairie: A Natural History , Greystone Books, 2004, nouvelle édition, 2011.
Witch: The Wild Ride from Wicked to Wicca , Greystone Books, 2000.
Beauty Queens: A Playful History , Abbeville Press, 1998.
Mother Nature: Animal Parents and Their Young , Sierra Club Books, 1997.
Cowgirls , Ten Speed Press, 1996.
The Nature of Wolves: An Intimate Portrait , Greystone Books, 1996.
Bird Brains: The Intelligence of Ravens Crows , Magpies and Jays, Sierra Club Books, 1995.
Aurora: The Mysterious Northern Lights , Douglas & McIntyre, 1994.
Wilds Cats: Lynx, Bobcats, Mountain Lions , Sierra Club Books, 1993.
Peregrine Falcons , Sierra Club Books, 1992.
Grizzly Bears , Random House, 1990.
Wolves , Douglas & McIntyre, 1988.
Eagles of North America , Western Producer Prairie Books, 1987.
The Wonder of Canadian Birds , Douglas & McIntyre, 1985.
Wild Mammals of Western Canada , en collaboration avec Arthur Savage, Western Producer Prairie Books, 1981.
Our Nell: A Scrapbook Biography of Nellie McClung , Formac Publishing Company, 1979.
A Harvest Yet to Reap: A History of Prairie Women , en collaboration avec Lorna et Linda Rasmussen et Anne Wheeler, University of Nebraska Press, 1976.
Jeunesse
Hello, Crow! , Greystone Kids, 2019.
Wizards: An Amazing Journey through the Last Great Age of Magic , Greystone Books, 2002.
Born to be a Cowgirl: A Spirited Ride through the Old West , Ten Speed Press, 2001.
Eat up! Healthy Food for a Healthy Earth , Firefly Books, 1992.
Get Growing! How the Earth Feeds Us , Firefly Books, 1991.
Trash Attack! Garbage and What We Can Do about It , Firefly Books, 1990.


Projet dirigé par Éric St-Pierre, éditeur

Conception graphique et mise en pages : Nicolas Ménard
Révision linguistique : Flore Boucher
Traduction : Michel Saint-Germain
En couverture : Scott Prokop / shutterstock.com
Conversion en ePub : Fedoua El Koudri

Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. We acknowledge the support of the Canada Council for the Arts.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Titre : Des inconnus sous mon toit : une histoire d’exclusion : les francophones des Plaines / Candace Savage ; traduction, Michel Saint-Germain.
Autres titres : Strangers in the house. Français
Noms : Savage, Candace, auteur.
Collections : Dossiers et documents (Éditions Québec Amérique)
Description : Mention de collection : Dossiers et documents | Traduction de : Strangers in the house.
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20200083759 | Canadiana (livre numérique) 20200083767 | ISBN 9782764441862 | ISBN 9782764441879 (PDF) | ISBN 9782764441886 (EPUB)
Vedettes-matière : RVM : Canadiens français—Saskatchewan. | RVM : Minorités—Canada. | RVM : Canada—Relations raciales.
Classification : LCC FC3550.5.S2814 2020 | CDD 305.80097124—dc23

Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2020
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2020

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© Éditions Québec Amérique inc., 2020.
quebec-amerique.com




Le passé n’est jamais tout à fait le passé.
N’avez-vous pas senti comme il rôde partout,
Et tangible ? Il est là, lucide, clairvoyant,
Non pas derrière nous, comme on croit, mais devant.
Henry Bataille
Le songe d’un soir d’amour, 1910


PRÉSENTATION
pendant les années où j’ai rédigé ce livre, des amis m’ont souvent demandé de leur décrire mon projet.
— Je cherche la trace des premiers résidents de ma maison dans les années 1920, leur expliquais-je. Ici même, à Saskatoon. Ils avaient de fortes racines françaises. Napoléon Sureau dit Blondin et sa femme, Clarissa Marie Parent.
Je laissais rouler musicalement les syllabes sur ma langue, et cette petite fioriture me plaisait à tout coup.
— Mais tu t’appelles Savage, a protesté une amie. Ça ne sonne pas tellement français. Je sais que tu habites la maison où ils ont vécu, mais habites-tu leur histoire ? En fait, en quoi est-ce que ça te concerne, toi, personnellement ?
J’ai esquissé une vague réponse, puis la conversation a dévié, mais pendant des jours, sa question a résonné dans mon esprit. J’avais le culot de décrire l’expérience de gens morts avant ma naissance et dont la culture était visiblement différente de la mienne. À part la coïncidence d’une cohabitation séquentielle, de quel droit – ou même pour quelle raison – pouvais-je bien fouiller leur histoire ? Question certes valable et digne de considération.
Sureau dit Blondin : ce nom à la consonance exotique, c’était le signe le plus frappant de la distance qui me séparait des sujets de ma recherche. Savage par alliance, née Sherk, je n’étais d’ascendance ni française, ni tout à fait anglaise, comme le suggère mon nom de famille. Les Blondin, par contre, étaient francophones sur toute la ligne, et leur histoire témoigne d’un effort en vue de survivre dignement sur un continent dominé par une ambitieuse majorité anglophone. Mes ancêtres n’ont pas ressenti le choc de la Conquête britannique et de la guerre des Patriotes *. Ils n’ont pas subi l’effondrement économique qui a envoyé près d’un million de Québécois dans les villes industrielles de la Nouvelle-Angleterre au dix-neuvième siècle. À la différence de mes ancêtres, les Blondin ont pris part à ces crises, du simple fait d’être canadiens-français. Sauf qu’ils me concernent malgré tout, ces traumatismes qui ont laissé leur marque sur tout un continent, dont ce pays qui est le mien. Ils font partie de nos récits fondateurs et nous appartiennent à tous.
En fouillant ma relation aux Blondin, je me suis trouvée happée dans une saga multigénérationnelle, de l’Ouest de la France aux plaines de la Saskatchewan, et de l’ère des navires de bois jusqu’au présent. Dans ses détails, ce récit était unique, peuplé d’individus et animé de décisions personnelles. Dans leurs grandes lignes, toutefois, les expériences de la famille s’apparentaient à une étude de cas du processus de colonisation de l’Amérique du Nord. Comme des millions d’autres, les ancêtres des Blondin ont été des atomes humains emportés dans le torrent de l’expansion coloniale européenne. Dès le début du vingtième siècle, cet élan avait entraîné une branche de la famille jusqu’au « dernier mieux » à l’ouest des Prairies canadiennes [ainsi que l’appelait une campagne de publicité du gouvernement fédéral, Ndt], où elle avait croisé sans le savoir mes hardis grands-parents. Dispersés sur des lotissements carrés, les Blondin, les Sherk et des millions d’autres s’étaient démenés pour s’enraciner, et développer un sentiment d’inclusion et d’appartenance.
Avant de me lancer dans cette recherche, j’ignorais à quel point cet effort d’adaptation avait été éprouvant. Au cours de mes seize années d’études, personne ne m’avait jamais parlé de l’odieuse omniprésence de l’Ordre d’Orange au Canada anglais. Personne ne m’avait mentionné l’éclosion brève, mais révélatrice, du Ku Klux Klan en Saskatchewan, ni sa mission de consolider l’ascension des protestants blancs et anglo-saxons. Bien que cette explosion de fanatisme ait progressé puis décliné dans les années 1930, la fumée des croix incendiées a persisté dans l’air pendant des années. Un demi-siècle plus tard, j’allais succomber à la tentation d’adopter un nom de famille anglophone pour échapper à la gêne tenace d’appartenir à une « minorité ethnique ».
Cette histoire me concerne-t-elle personnellement ? Oui, et j’irais jusqu’à dire qu’elle vous touche aussi. L’histoire de la famille Blondin est fascinante et intensément humaine : elle est précieuse en soi. Mais aussi, elle ouvre une fenêtre, un nouveau point de vue sur le passé, et révèle des vérités cachées dans le noir, à demi oubliées.
(Les mots en italique suivis d’un astérisque sont en français dans le texte original. Ndt)


1
LA PETITE MAISON
Toute saison embellit la maison de nos amours.
Jean-Guy Pilon, Comme eau retenue : poèmes, 1954-1963
j ’ ai passé presque la moitié de ma vie, quasiment trente années, avec ma famille dans une modeste maison à charpente de bois située dans une ville tranquille à l’extrémité nord des Grandes Plaines. À cinq minutes de marche vers l’ouest se trouve la vallée basse et lumineuse de la rivière Saskatchewan Sud, qui longe le centre-ville de Saskatoon, situé sur l’autre rive, et l’hôtel Bessborough, aux allures de château légendaire. Ma fille et moi avons eu la chance d’arriver ici par une journée de printemps démesurée, bleue et venteuse, alors que les arbres étaient gorgés du vert des nouvelles feuilles. Je me rappelle encore la joie insensée que nous avons ressentie la première fois que nous avons parcouru notre rue, renversées par l’extravagance de cet accueil.
C’était en 1990. Nous avions atterri à Saskatoon après une halte de cinq ans à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, un lieu remarquable à sa façon, mais pas tout à fait une cité-jardin. Saskatoon était située à dix degrés de latitude plus au sud, mais toujours, théoriquemen

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