La lecture à portée de main
168
pages
Français
Ebooks
2017
Écrit par
Jean André Eyeghe
Publié par
Connaissances & Savoirs
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Publié par
Date de parution
30 mars 2017
Nombre de lectures
8
EAN13
9782342151909
Langue
Français
Soutenue par des politiques actifs, une propagande tout aussi active et une presse motivée, l'expansion française du XIXe siècle, dont les motivations sont psychologiques, morales et matérielles, attira dans les colonies des ressortissants européens en croissance continue jusqu'aux indépendances. Sans plan préalable avant les dernières décennies de la colonisation (en dépit de l'existence de théories du système élaborées progressivement tout au long de la période coloniale), la mise en valeur se fit souvent en fonction et au gré des contextes, et surtout de la détermination des colons. Au Gabon, en dépit des difficultés liées à la présence d'une forêt dense humide et difficilement pénétrable, la mise en valeur, sans grands investissements dont la qualité et la quantité auraient au contraire et sans conteste permis à cette colonie de se doter d'infrastructures utiles, consista pour l'essentiel à l'exploitation, de 1886 à 1960, de ressources comme le bois (en particulier l'okoumé), le caoutchouc, l'or et à la culture des plantes « industrielles » (café, cacao, cannelle, vanille...). Dans cet ouvrage, l'auteur tout en expliquant la spécificité de l'économie coloniale au Gabon, découvre aussi l'identité de certains acteurs de la mise en valeur ainsi que les rapports qu'ils entretenaient entre eux.
Publié par
Date de parution
30 mars 2017
Nombre de lectures
8
EAN13
9782342151909
Langue
Français
Colonisation et modernisation du Gabon (1886-1960)
Jean André Eyeghe
Connaissances & Savoirs
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Connaissances & Savoirs
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Colonisation et modernisation du Gabon (1886-1960)
À Jeanne BILOGHE-Bi-ANGO et Samuel MVENG ANGO
Remerciements
Nous remercierons très sincèrement Madame Cécile Tang Eyeghe, qui a assuré les travaux de secrétariat, Messieurs les Professeurs Fidèle Allogho-Nkoghe et Rufin Didzambou qui, par leurs conseils et suggestions constructifs touchant autant la forme que le fond, ont contribué de façon efficiente à la matérialisation de cet ouvrage.
Liminaires
Cet ouvrage a été conçu et réalisé au sein de notre Laboratoire, le Groupe de Recherche en Sciences Humaines et Sociales (GRESHS) et particulièrement au sein de l’Unité de Recherche (UR) Sociétés, Civilisations antique et contemporaine. Le GRESHS est un des laboratoires que compte le pôle scientifique de l’École Normale Supérieure de Libreville. C’est un laboratoire pluridisciplinaire créé en mars 2001 et réunissant, par discipline, les enseignants-chercheurs d’histoire, de géographie, de philosophie, de sociologie, de psychologie, des sciences politiques et de didactiques de l’Université Omar Bongo et de l’Ecole Normale Supérieure du Gabon.
Cette recherche est le fruit d’une réflexion née du constat fait à partir de la publication de l’ouvrage du Professeur Nicolas Metegue N’nah, Histoire du Gabon des origines à l’aube du XXI e siècle en 2006. Bien qu’étant une production personnelle, regroupant l’ensemble de ses travaux, il apparaît comme une synthèse des travaux de recherche (thèses et publications) en histoire du Gabon parus depuis les années 1970. La publication de cet ouvrage oblige les enseignants-chercheurs gabonais en histoire à l’adoption de nouvelles postures épistémiques.
C’est en prévision de cette évolution que le Groupe de Recherche en Sciences Humaines et Sociales, dès sa création, orienta ses chercheurs vers l’histoire anthropologique, l’histoire démographique, l’histoire culturelle, des mentalités, des passions… C’est dans cet esprit qu’il faut considérer l’ouvrage du Professeur Dieudonné Meyo-Me Nkoghe, « Les Fang », paru en 2011, qui examine la sociabilité chez les Fang du Gabon en particulier.
Colonisation et modernisation du Gabon de 1886 à 1960 est une publication à la croisée des chemins, et qui fait cohabiter l’histoire de l’économie coloniale au Gabon et celle des relations qu’entretenaient entre eux, les acteurs français. Ce dernier aspect est sans conteste une ouverture à de nouvelles thématiques dont la finalité est d’apporter de nouveaux éclairages à l’histoire du Gabon. Car dans le domaine des sciences humaines et sociales, et dans bien d’autres, rien n’est jamais définitivement acquis.
L’ouvrage aborde ainsi, sans totalement en épuiser la substance, les thématiques de l’identification des acteurs, notamment français, leurs motivations, leurs perceptions de la mise en valeur et les conséquences qui en découlaient et influençaient sans conteste les rapports colons/colons et colons/colonisés ainsi que l’exploitation économique elle-même. À titre d’exemple, et s’agissant précisément des motivations des colons français, si l’historiographie retient que c’est la Côte Ouest de la France, notamment les régions portuaires à tradition mercantiliste qui fournissaient les plus importants contingents d’une part, et d’autre part que les Guerres modifiaient cette architecture des migrations en raison de la paupérisation qu’elles provoquaient dans certaines régions au centre des confrontations, il semble aussi important aujourd’hui de s’interroger sur les motivations des colons originaires des régions qui n’avaient ni de passé mercantiliste ni subi les affres des Guerres. Ceci amène à s’interroger sur les effets de la propagande colonialiste, les niveaux de formation et leurs incidences sur la mise en valeur.
Tâche immense qui n’a été qu’esquissé par l’ouvrage et qui interpelle les chercheurs en formation. Tâche d’autant plus immense qu’il est à ce jour difficile d’évaluer l’importance quantitative et qualitative du fonds des archives nationales gabonaises par ailleurs fermées depuis de nombreuses années. Ce fait, on s’en doute, oblige à des déplacements dans des centres d’archives français en particulier pour des recherches pointues en histoire du Gabon. Cette difficulté peut cependant être minimisée en développant une synergie entre les laboratoires européens et en particulier français et gabonais intéressés par ces approches de l’histoire du Gabon.
Liste des sigles et acronymes
AJG : Association de la Jeunesse Gabonaise
AEF : Afrique Equatoriale Française
ANG : Archives Nationales du Gabon
AOF : Afrique Occidentale Française
CBM : la Compagnie Bavili-Mbanio
CCEAF : la Compagnie Commerciale de l’Afrique Equatoriale Française
CCFOM : la Caisse Centrale de la France d’Outre-Mer
CCG : la Compagnie Commerciale du Gabon
CCONG : la Compagnie Commerciale de l’Ogooué-Ngounié
CECA : la Compagnie d’Exploitation Commerciale de l’Afrique
CEFA : la Compagnie d’Exploitation Forestière de l’Afrique
CFCO : la Compagnie Française du Congo Occidental
CGFV : la Compagnie Générale du Fernan-Vaz
CHN : la Compagnie de la Haute Ngounié
FIDES : Fonds d’Investissement et de Développement Economique et Social des Territoires d’Outre-Mer
MOA : la Mission de l’Ouest Africain
OBAEF : l’Office des Bois de l’Afrique Equatoriale Française
SACBO : la Société Agricole et Commerciale du Bas-Ogooué
SAFIA : la Société Agricole, Forestière et Industrielle pour l’Afrique
SAIO : la Société Agricole et Industrielle de l’Ogooué
SBC : la Société Bretonne du Congo
SERP : le Syndicat d’Etude et de Recherche Pétrolière
SFN : la Société des Factoreries de Ndjolé
SHO : la Société (Commerciale, Industrielle et Agricole) du Haut-Ogooué
SON : la Société de l’Ogooué-Ngounié
SPAEF : la Société des Pétroles d’Afrique Equatoriale Française
SPPO : la Société des Plantations et Palmeraies de l’Ogooué
SSC : la Société de Sette-Cama
Introduction
La colonisation est un phénomène très ancien et caractéristique de l’humanité. Dès ses origines antiques, elle revêtit, bien que difficile à démêler à ces époques, les deux principales formes qui la caractérisaient encore au XX è siècle, à savoir : la colonisation de peuplement et celle d’exploitation. La colonisation, de l’Antiquité au Moyen-Age, pour le moins, se justifiait par la recherche du « bon pays ». Ce terme, il faut le dire, intégrait dans sa réalité des préoccupations sécuritaire, géographique et surtout économique. Ainsi, la colonisation grecque en Méditerranée occidentale et orientale résultait-elle non seulement des vagues de migrations successives que le pays subissait et qui obligeaient les populations devancières à fuir le danger représenté par les nouveaux arrivants, mais aussi de la volonté de trouver des terres inoccupées à exploiter ainsi que des sites propices aux échanges. En ce sens, Mossé, s’inspirant de cet exemple grec, définit la colonisation comme un ensemble d’« établissements permanents installés par une puissance politique sur un territoire qui lui est étranger. » (C. Mossé, 1970 : 9). À ces époques cependant, seul le lien culturel lie la colonie à la « métropole », les cités grecques étant foncièrement jalouses de leur indépendance.
Au Moyen-Age, l’expansion coloniale s’appuya sensiblement sur les mêmes raisons. Ce fut en effet l’essor démographique en Scandinavie – aujourd’hui encore accepté comme l’une des principales raisons de cette expansion – et son corollaire le déficit de terre et partant la famine qui poussèrent les « Vikings » à la conquête de l’Europe de l’ouest et à la colonisation de l’Island entre autres territoires. Si jusqu’au Moyen-Age, les motifs sécuritaire, géographique et économique, indissociables à cette époque, justifiaient toujours l’expansion coloniale, après cette période, les raisons économiques l’emportèrent définitivement sur les autres. Il faut, à ce sujet, souligner qu’au nombre des causes qui initient l’expansion européenne des XV è et XVI è siècles figure en bonne place la recherche des métaux précieux et en particulier de l’or. Il faut au sujet de l’or indiquer que les échanges en méditerranée étaient dominés, jusqu’à la fin du Moyen-Age, par l’Empire byzantin et l’orient musulman qui pratiquaient en ce domaine le bimétallisme argent/or. L’Occident au contraire n’utilisait que la monnaie d’argent. L’or ayant plus de valeur que l’argent, l’Occident faisait donc avec l’Orient des échanges moins avantageux. C’est pour sortir de la précarité monétaire que l’Europe occidentale en particulier s’extirpe de ses limites géographiques et entreprend « les Grandes découvertes » à la fin du Moyen-Age. (R. Fossier, 1983 : 421).
Pour revenir à l’évolution de la colonisation, il faut dire que même si aux XVII è et XVIII è siècles, l’envoi des populations indésirables et les départs volontaires peuvent faire penser à un nouvel essor des colonies de peuplement, l’exploitation économique restait pourtant la principale préoccupation. En réalité, l’expansion coloniale, qui fait suite aux découvertes, permet aux puissances européennes de se constituer, entre le XVI è et le XVIII siècles, de vastes empires qui ne sont, dans leur grande majorité, que des ensembles de comptoirs disséminés à travers les continents et où les ressortissants européens n’étaient que très peu représentés et parfois pas du tout. Ce furent les crises religieuses et pol